Par quelle aberration s’était-il à ce point entiché de cette fille fantasque dont il devait subir toutes les sautes d’humeur qu’elle accumulait à plaisir ? Il se le demandait parfois quand il était en rage contre elle, à cause d’un contretemps fâcheux.
Ils étaient amis d’enfance ; il était tombé amoureux d’elle à l’âge de seize ans et, depuis, il n’avait jamais pu s’intéresser à une autre fille. Oh ! il avait des aventures, bien sûr, mais cela restait à l’arrière-plan de sa vie. Sans importance. Sur un signe de son petit doigt, il accourait auprès de Christine, empressé, joyeux, fringant comme un jeune chien.
Il avait le courage de passer toutes ces heures sans l’appeler, sans essayer de la rejoindre ? La colère et la déception se disputaient son cœur. Elle se sentit frustrée, insultée dans son orgueil de sultane qui n’admet pas la défaillance de son pouvoir.
Parce que tu le possèdes, parce que tu le fais marcher comme un robot. C’est écœurant. Oh ! tu peux rire. Tu joues avec le feu. Ce garçon te porte aux nues, te passe tous tes caprices et tu le traites comme de la poussière.
Certes, il ne voulait pas la perdre. C’était un fait, il l’aimait. Il l’aimait comme un collégien. Absurdement. Illogiquement. Mais l’amour est-il autre chose qu’absurdité et illogisme ?
Les femmes aiment qu’on les domine.