Alter Homo

Cela commence par la mise en place d'une trame classique : le microcosme d'une unité de recherche en paléontologie, avec les rivalités et guerres de succession que l'on s'attend à trouver lorsque la passion qui pourrait sous-tendre ce choix de carrière fait place aux luttes de pouvoir . Souhaitant le maintenir dans l'ombre, le directeur de l'institut confie à Daniel Simon une mission qui aurait dû être une simple formalité sans intérêt. Ce fut une erreur : l'analyse des ossements découverts va bouleverser profondément toutes les connaissances établies à ce jour. Ces vestiges constituent la preuve qu'une civilisation très évoluée occupait la planète il y a plus de 200 000 ans

Daniel Simon et sa jeune collaboratrice vont se consacrer corps et âme à l'élucidation de ce mystère : qui étaient ces êtres? de quelle façon leur lignée s'articule-t'elle avec celle des humains? Comment vivaient-ils? Et surtout qu'est ce qui a été à l'origine de leur disparition?

La construction de ce roman que l'on pourrait qualifier d'uchronie post-apocalyptique, est fort habile. A partir d'une situation tout à fait ordinaire, les étapes de l‘intrigue sont amenées très graduellement, et peu à peu le lecteur se retrouve au sein d'un récit qui donne le vertige, avec un suspens sans cesse maintenu, sans aucune longueur, ce qui rend la lecture très agréable. Les allers et retours entre les différentes périodes sont très bien coordonnées de sorte que l'on ne peut s'y perdre

Les personnages sont attachants et l'on ne sait d'eux que ce qui est nécessaire pour ne pas révéler le fin mot de l'histoire. Leur histoire personnelle est mise au second plan, juste là pour rappeler que quelque soit l'époque, il est toujours difficile de trouver l'équilibre entre vie de famille et vie professionnelle quand celle-ci est passionnante, et cela que l'on soit homme ou femme.

Les civilisations perdues constituent un thème classique dans le domaine de la science fiction et sont l'occasion de livrer un certain nombre de message d'avertissements sur le mode «ne faites pas les mêmes erreurs que nous, protégez la planète». Les informations que nous délivrent actuellement les médias concernant l'évolution de notre environnement prennent ici un relief particulier. Ce destin est-il inéluctable?
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Voici mon avis concernant "Alter Homo" de Romain Mageau.


Jetons tout d'abord un oeil à la couverture.

Sur la couverture, nous pouvons voir une jeune femme, affublée d'un chapeau destiné à la protéger du soleil. Elle est agenouillée dans la poussière et semble être absorbée par sa découverte : un os qui émerge de la terre. Un crâne en filigrane a été ajouté en arrière-plan. Un crâne humain, un crâne quasiment édenté. En lisant le résumé, on fait le rapprochement entre cette illustration et l'un des thèmes du roman : l'étude du passé, la paléontologie.
Le crâne en arrière-plan me suggère un danger. Mais après lecture du résumé, je me dis que je me suis certainement trompée et qu'il ne s'agit que d'un simple symbole se rapportant à la recherche Ô combien fascinante sur les origines de l'homme ou plutôt sur l'homme des origines, à savoir : l'homme préhistorique.
C'est donc avec cette dernière idée en tête que je me suis plongée dans l'histoire. Après avoir tourné la dernière page, je me suis rendu compte que, finalement, ma première intuition avait été la bonne : il est bien question de danger dans ce roman. J'irai même jusqu'à dire "dangers". ;-)



Parlons un peu des personnages.

Robert, Daniel et Charles Simon : paléontologues de pères en fils. Chacun ayant contribué en son temps à la recherche des origines de l'homme en découvrant des restes humains ayant permis de faire avancer les connaissances dans ce domaine. Nous ne faisons la connaissance de Robert et Daniel que l'espace du prologue. le troisième Professeur Simon de la lignée, Charles, occupe une place plus importante dans le roman. Il est LE spécialiste de l'homme du Giffre. Au départ, je pensais même qu'il serait le principal protagoniste de l'histoire et que l'intrigue graviterait autour de lui jusqu'à son dénouement. Je m'étais mis le doigt dans l'oeil ! Certes Charles Simon a un rôle d'une certaine importance dans ce roman car il accompagne durant plusieurs années la jeune Emma Morton, étudiante en paléontologie qu'il a choisie en tant qu'assistante sur le terrain, mais assez rapidement il passe le flambeau à cette demoiselle qui devient la véritable héroïne de l'histoire.

Emma est dotée d'un caractère fort, d'une très grande curiosité et surtout, d'une ouverture d'esprit très large. C'est d'ailleurs pour cette dernière particularité que le professeur Simon l'a choisie. Elle a tout ce qu'il faut pour devenir une très grande paléontologue et elle nous le prouve au fil des pages. Emma sera la digne héritière spirituelle du professeur Simon qui misera tout sur elle, allant jusqu'à la considérer comme sa propre fille. Elle aura sur ses épaules la responsabilité de continuer la "dynastie Simon" en prenant la suite des opérations et en menant à bien la mission que son mentor lui avait confiée : tout connaître de l'Homo Giffrensis, briser le mystère qui l'entoure et révéler une vérité fracassante à l'humanité concernant ses origines.

Ce sont les deux personnages que je retiendrai car ils me semblent être les deux plus importants et ce sont ceux qui m'ont le plus marquée. J'ai beaucoup aimé le travail qui a été fait par l'auteur pour nous amener à cette impression presque étrange de bien les connaître, surtout Emma.



Mon avis concernant ce roman :

La paléontologie faisant partie des sujets qui m'ont toujours fascinée, cette histoire partait déjà avec un bon point mais aussi avec beaucoup d'attentes.

Je n'ai pas été déçue : l'auteur a réussi à me transporter dans tous les sens du terme. C'est avec un certain plaisir non dissimulé que je me suis retrouvée sur des sites de fouilles et que j'ai participé à une découverte qui était censée bouleverser l'humanité et qui a réussi à me surprendre aussi.

Pour être plus claire, je dirais que je me suis gentiment laissée porter par la première moitié de l'histoire avant de me prendre une grosse claque en abordant le tournant dramatique de l'intrigue. Une véritable chute de plusieurs mètres qui a provoqué une véritable tempête dans mon cerveau. Mais que se passait-il ? Ce n'était donc pas ce que cela paraissait être ? Et c'est à ce moment-là que je me suis dit que l'auteur avait fait un travail remarquable ! Moi qui pensais être en train de naviguer sur une rivière tranquille (très agréable certes, mais sans grosse surprise) je me suis retrouvée face à des rapides qui m'ont entraînée à vive allure en direction d'une immense chute d'eau. Tout a semblé s'écrouler instantanément.

J'avoue avoir été un peu déstabilisée sur le coup par cette énorme surprise. Mais après digestion de ce revirement brutal de situation, mon enthousiasme a grimpé d'un cran supplémentaire.

Ce roman pourrait donc être découpé en deux parties bien distinctes. La première partage avec nous les recherches, les fouilles et les découvertes "physiques". La deuxième nous livre les secrets enfouis au coeur des objets découverts sous une forme très particulière dont je ne dirai rien de plus pour ne rien dévoiler. ;-)

Le style de l'auteur est très agréable, j'ai vraiment pris un très grand plaisir à dévorer ce récit. Tout est très bien décrit. On se fait mener par le bout du nez sans s'en rendre compte.

Les thèmes traités sont très nombreux : préhistoire, fouilles paléontologiques mais aussi écologie, "fin du monde", post-apocalypse, vie en société, transmission des savoirs, évolution... Un joli mélange qui fait de ce roman un ouvrage d'anticipation très réussi.



En conclusion :

Un roman qui nous fait voyager dans le temps mais aussi un véritable message d'avertissement à l'humanité toute entière qui ravira les adeptes des romans d'anticipation et plaira aux lecteurs friands de retournements de situation.

Un grand merci à l'auteur, Romain Mageau et aux éditions Voy'[el] pour m'avoir permis de découvrir ce titre lors d'un partenariat avec Ex-Tenebris.
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Je dois dire que mon premier contact avec Alter Homo, sur les cent premières pages, ne s'est pas fait sans heurt. L'absence de repère-spatio temporel, tout comme l'absence de descriptions précises des personnages et des lieux, m'ont fortement dérangée, tout comme la relative lenteur de la mise en place. Durant ces cent premières pages, on suit les découvertes paléontologiques de plusieurs personnages mais, la plupart du temps, nous n'assistons pas directement aux points culminants des fouilles, ceux qui devraient faire vibrer nos petits coeurs en même tant que ceux des héros (principalement Charles, puis Emma), et on n'en apprend la nature qu'au cours de conférences donnés par les personnages, principe qui sera répété presque jusqu'à la fin. Si on ajoute à cela que beaucoup de dialogues sont rapportés au style indirect, j'ai eu beaucoup de mal à me plonger dans l'histoire et à me sentir concernée.

Pourtant, je dois avouer qu'il n'en a pas été de même pour la seconde partie, où Romain Mageau réussit un tour de force scénaristique. Avec le recul, je me rends compte que certaines failles dont je parlais trouvent leur justification dans ce "cliffanger" et, par ailleurs, j'ai beaucoup aimé la façon dont il est amené. Au début, je pensais vraiment qu'il s'agissait d'incohérences scientifiques quand Emma faisait son exposé sur Giffresis, puis j'ai percuté et je me suis exclamé "ah, bravo !". Ensuite, je n'ai plus réussi à lâcher le livre et, même si j'ai encore trouvé quelques petites choses qui m'ont chiffonné, ce fut une très agréable lecture, à la fois pessimiste et optimiste (vous comprendrez à la fin comment un livre peut-être les deux à la fois). Je ne peux trop en dévoiler sans vous gâcher l'intrigue mais je pense que l'attente en vaut vraiment la chandelle. Bon, je vois ce que vous vous dites : "tu dis que c'est bien mais tu refuses de dire pourquoi". Ah, je savais que cette critique serait ardue à écrire et j'ai vraiment hésité avant de la faire !

Néanmoins, je continue de penser que Romain Mageau s'est un peu piégé lui-même par les choix de narration qu'il a fait. Son retournement de situation est intelligent et bien amené, et la suite du roman m'a paru beaucoup plus chargée en émotions et mieux écrite, tant pour les parties se situant dans un lointain passé que celle poursuivant la longue vie d'Emma. C'est une impression de lectrice mais pouvoir enfin révéler le pot aux roses lui a permis de s'exprimer pleinement sans craindre désormais de trahir le retournement de situation sur lequel reposait toute l'intrigue. de même, on pourra lui reprocher quelques écarts avec la science (notamment des langues : oui, la façon dont Hagi parvient à traduire les textes est impossible ou, du moins, repose sur une explication partielle sur le plan linguistique) et la logique (les noms des personnages) afin de ne pas trahir trop vite le point épineux. Si on est bien dans de la SF, mieux vaut garder l'esprit ouvert et se rappeler qu'il y a aussi le mot "fiction" qui apparaît dans l'intitulé.

Alter Homo est un court roman passionnant, surtout dans sa seconde partie, mais il est à réserver avant tout aux lecteurs patients.

Pour finir, il y a quand même un petit point qui m'a chiffonné : je ne comprends pas cette manie de remplacer "découverte" par "invention" et "découvrir" par "inventer". Plus que n'importe quoi d'autres, c'est vraiment ce qui m'a donné envie de passer ma liseuse par le carreau durant la première partie. J'ai été éplucher le CNRTL et je ne comprends toujours pas. À l'aide ! (edit : après intervention de l'auteur sur le site d'origine de ma chronique, ce terme serait bien employé en paléontologie)

Pour conclure, je tiens à remercier Voy'el pour son offre numérique toujours aussi pertinente. S'il n'y avait eu que la version papier, je n'aurais jamais pu m'offrir ce livre et, même si je reste critique comme toujours, ce fut une très belle découverte.
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J'ai acheté ce roman à l'automne dernier quand Voy'el traversait une petite période critique. J'ai tout de suite été attirée par la couverture puis par le résumé. Comme beaucoup, je rêvais d'archéologie lorsque j'étais enfant... Février étant le mois dédié à cette maison d'édition via l'événement "un mois, une maison, un achat", je l'ai sorti de ma PAL avec une certaine fébrilité, je dois l'avouer. Et je n'ai pas été déçue !
Très vite, le lecteur se retrouve dans le bain "archéologique", jusqu'au lexique spécifique assez déconcertant en première lecture (ex : le terme "invention" utilisé pour parler d'une découverte).
Je me suis sentie dans un premier temps un peu décontenancée par les choix narratifs : de nombreux dialogues indirects, quasi aucune description pour étayer les évocations mentales du lecteur... Pourtant, le rythme, quoique lent en apparence, était prenant : j'avais envie d'en savoir plus !
L'auteur a su manier les retours dans le temps, on découvre peu à peu le pourquoi du comment avec notamment un coup de théâtre très bien amené qui justifie certains choix surprenants au premier abord...
Difficile de vous en dire plus sans déflorer ce roman que je conseille vivement !
Lien : http://jeanneselene.blogspot..