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EAN : 9782207236543
504 pages
Denoël (12/01/1990)
3.71/5   91 notes
Résumé :
Au début du siècle, cinq personnes sont massacrées à coup de couteau dans une auberge de Haute-Provence. En 1920, un survivant croit découvrir les coupables, mais deux d'entre eux, un nouveau riche et le propriétaire d'un moulin a huile, sont assassinés à leur tour avant que Séraphin Monge ait pu accomplir sa vengeance. Le justicier Monge entreprend alors de démolir la maison maudite de fond en comble...
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Si la triste destinée de notre héros de la Maison assassinée, Séraphin Monge, va bientôt se trouver enfouie sous une coulée de boue dans les montagnes bas-alpines, sa renommée ne va pas s’arrêter là, les villageois étant persuadés que les restes de ce malheureux ont le pouvoir d'empêcher un glissement de terrain de les engloutir à leur tour…

Rose a épousé Patrice Dupin, à la gueule cassée. Mais son corps se refuse au plaisir et bientôt c’est la vue même de son mari qui l’épouvante. Il va mettre fin à ses jours d’un coup de revolver. Rose fait alors construire un tombeau de marbre rose dans la propriété des Dupin, Pontradieu, dont elle a hérité et monte une expédition pour aller récupérer la dépouille de Séraphin…

Marie a enfanté trois fils avec Tibère, dans l’ardeur d’un plaisir qu’elle partage avec le fantôme de Séraphin auquel elle n'a jamais cessé de penser. Son père sur son lit de mort lui a confié que son mari avait tué Monge, et elle le soupçonne à son tour après la découverte des os des mains de Séraphin enterrés sous la cheminée…Tibère se suicide, alors que Marie va mettre au monde leur troisième fils, Ismaël, né aveugle.

Les deux veuves vont alors unir leur malheur et vivre à l’ombre du tombeau où les os de l’homme qu’elles ont aimés sont enfin réunis. Et un jour le miracle se produit : le petit Ismaël, qui avait été déclaré incurable par tous les médecins de la région, tombe sur une marche du précieux monument et retrouve la vue…

Il n’en fallait pas tant pour le tombeau devienne un lieu de pèlerinage et que le curé retrouve ses oilles. Mais à quelques kilomètres de là le glissement de terrain a repris de plus belle et la vie du village est menacée. C’est alors qu’éclate la seconde guerre mondiale. Et dans sa tourmente, tout devient possible, y compris arracher à leur douce sépulture quelques os miraculeux…

L’humour féroce de Pierre Magnan, son merveilleux talent de conteur, nous offre un récit captivant…On y retrouve tous les ingrédients d’un grand roman, des personnages truculents, une plume riche et sensuelle plongée au cœur des mœurs des villages de Provence où se mêlent faits réels et miracles, passions humaines, ravages de la nature et de la guerre dans une épopée délirante qui traverse le vingtième siècle...sans jamais tomber dans le macabre ! Un chef d'œuvre !
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Pour ceux qui se demandent : Jean Giono a -il-eu une descendance littéraire ? La réponse est évidemment non : il ne peut pas y voir deux Jean Giono, mais par contre, s'il n'a pas des enfants légitimes (en littérature, s'entend), il a eu des enfants naturels qui, s'ils n'ont pas retenu tout à fait sa manière, ont bel et bien gardé son héritage fait de terre et d'eau, de ciel et de montagne, d'hommes et de femmes faits de chair et de coeur, d'amour et de haine, bref un héritage d'une ampleur et d'une richesse immenses.
Au premier rang de ces épigones (en enlevant de ce mot tout ce qui pourrait rappeler une imitation quelconque), Pierre Magnan se situe à la toute première place. Humblement. Car s'il a toujours reconnu tout ce qu'il devait à son maître, il n'a jamais voulu expressément « mettre ses pas » dans les pas de Giono, encore moins enfiler ses chaussures. Même si c'est le même chemin : ces routes de Haute-Provence battues par le soleil et par le vent, et parcourues par des personnages à la fois très simples et très compliqués, frustes et profonds, à la limite du fantastique, mais d'un fantastique quotidien, qui sort des éléments, de la terre et de l'eau, de l'air et du feu.
Pierre Magnan, pour l'essentiel, nous laisse deux ensembles importants : le diptyque de la « Maison assassinée » et les enquêtes du gendarme puis du commissaire Laviolette, auxquels il faut ajouter quelques romans, nouvelles et récits autobiographiques, tous écrits d'une belle plume, sensible et ensoleillée.
Le diptyque de la « Maison assassinée » est composé de deux romans : « La Maison assassinée » (1984) et « le Mystère de Séraphin Monge » (1990). Même décor, mêmes personnages, une intrigue qui se perpétue d'un livre à l'autre, et pourtant deux romans très différents l'un de l'autre : le premier se présentait comme une enquête policière relative à un meurtre commis bien des années auparavant, une enquête sans policier, où l'énigme se doublait d'une quête d'identité, dans le cadre d'une nature aussi belle que rude, comme ses habitants. le second, beaucoup plus romanesque, est en même temps plus fouillé : Séraphin Monge que l'on a vu enfourcher sa bicyclette à la fin du premier roman, a semble-t-il disparu dans un glissement de terrain. Mais, ce mort qui de son vivant était mal aimant et trop bien aimé, est paradoxalement plus présent dans la tête des habitants, particulièrement chez les femmes qui l'ont aimé. Les questions que l'on se posait dans le premier livre trouvent ici quelques réponses, mais d'autres questions surgissent liées à un autre passé, celui de la guerre.
L'auteur joue avec le lecteur : quel est le mystère de Séraphin Monge ? Celui de sa vie ou celui de sa mort ? ou encore son action au-delà de sa mort ? Pierre Magnan, avec finesse, sensibilité et astuce, entoure d'un flou brumeux les questions qui pourraient se poser et les réponses qui ne sont jamais tout à fait convaincantes. Son talent, c'est de marier cette ambiance un peu nébuleuse, proche du fantastique, avec des personnages d'une belle netteté, bien dessinés, parfois abrupts et rudes, parfois doux et aimables (au sens premier : qu'on se prend à aimer). On n'oubliera pas Séraphin, Rose et Marie, et tous les autres héros de cette tragédie antique où les personnages sont menés par une destinée aveugle, où la mort et la vie, inextricablement mêlées, font danser les humains dans une ronde fantasque, tragique souvent, éclairée par moments par des rayons de soleil, rares mais chaleureux.
Et la langue de Pierre Magnan épouse cette histoire pleine de mystère et d'ombres, avec subtilité et sensibilité, avec aussi truculence et réalisme, sans perdre de vue un seul instant l'humanité de ses personnages, leurs défauts, leurs faiblesses, mais aussi leurs forces (surtout chez les femmes) et, par-dessus tout, la puissance d'un amour fou qui va au-delà de la mort.
Pierre Magnan n'est pas Giono, non, il ne cherche pas à l'être. Il se suffit à lui-même. Un grand auteur, chantre de son pays, peintre magnifique d'une région qui ne l'est pas moins. Un écrivain dont les oeuvres se dégustent comme ces petits vins de caractère qu'on trouve du côté de Pierrevert et de Manosque…
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Encore une fois Magnan surprend par cette faculté de faire prendre corps à la Provence et ses provençaux . En donnant une suite a " la maison assassiné" avec la mort de son héro il fait revivre les personnages du livre en donnant plus de consistance à l'histoire.
De nouveaux personnages apparaissent avec des profils bien fouillés.
C'est une histoire incroyable d'amour fou ( et je pense à Giono) qui vire franchement à l'amour mystique morbide et reliquaire.
Magnan rend bien l'ambiance étroite du village replié sur lui-même avec ses cancans, ses médisances, ses jalousies, ses mises au pilori de ceux qui ne sont pas comme les autres Il analyse ( et même psychanalyse ses personnages ) parfaitement les sentiments comme la haine, la culpabilité, l'hypocrisie, la croyance aveugle , l'amour aveugle
Les héroïnes sont des personnages complètement hors normes, entières et névrosées personnes fortes mais très malsaines qui sèment la mort, le malheur autour d'elles par négligence , bêtise et aveuglement . Pourtant cette puissance de vie qui les anime semble leur donner raison
La Provence avec ses vents froids et brusques cette terre difficile qui fait vivre avec parcimonie ses habitants vient bien en soutient des personnages.
on voit,aussi, apparaître dans ce livre le futur commissaire Laviolette , avec son caractère bien trempé, qui sera le personnage principal de plusieurs livres
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Pierre Magnan est un est des écrivains qui me touche le plus. Encore une fois, la charme a opéré. Je ne suis pourtant pas du tout originaire du Sud, mais son langage, ses paysages, les prénoms, les toponymies, les us des uns et des autres sont vrais. Tout me plait : chaque phrase est non seulement merveilleusement bien écrite, mais l'histoire des personnages, de la Provence, la grande histoire même, la sociologie, la psychologie, me réjouit à chaque ligne.
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Aucun ange ne s'est penché sur le berceau de ce Séraphin, il semble que des êtres soient voués à subir les affres d'un destin auquel il ne peuvent échapper. C'est bien là le sort de Monge qui même isolé dans la montagne, tentant d'expier son héritage se voit périr, absorbé par la terre qui l'a vu naître. Quel dommage avec tant de possibilités de passer à côté d'une vie qui aurait pu être remplie de bonheurs simples, et pourtant rien ne sauvera Séraphin, même sa dépouille se verra être le coeur de luttes incessantes. Cette destinée malheureuse Magnan nous l'avait dévoilée dans le premier tome et nous la confirme ici. Etait-elle utile cette suite ? Pour les fans sans doute, elle permet de développer certains points de l'histoire, de confirmer des situations, de rendre justice. Et puis le charme de la Provence de Magnan est bien présent et donne un peu de douceur à la brutalité du récit.

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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ces choses m'ont été révélées à voix égale, sous les manteaux des cheminées, tandis que dehors passait le siècle, passaient les siècles, desquels nul ne tenait compte, se contentant pour vivre des lambeaux de leur temps qu'ils nous accordaient à l'avare. Nous flottions devant les âtres attiédis dans l'approfondissement des nuits, entre réel et imaginaire, entre santé et maladie, entre joie et souffrance. Le frisson du mal d'autrui nous confortait dans notre humble bien-être d'automne.
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Quand Marie revint au monde, après sa maladie, encore flageolante et flasque, et empoignant à deux mains la corde à puits qui permettait de gravir l'escalier abrupt de sa chambre, elle réclama Séraphin.
- ça presse ! dit sa mère. Tu veux qu'il te voie comme ça ? Regarde-toi dans la glace ! Tu es presque aussi laide que moi ! Ta figure on dirait un vieux porte-monnaie tout flapi ! Refais-toi une santé d'abord ! Après on verra...
C'était le plus gros mensonge que la Clorinde Dormeur eût jamais proféré de sa vie.
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Quand le tocsin sonna à Lurs ce jour du 3 septembre vers les sept heures du soir, nous étions tous occupés, l’eissade à la main, parmi nos vignes et nos oliviers. L’août avait été pluvieux, l’herbe avait poussé dru. Il convenait avant les vendanges, avant les olivades, d’en débarrasser les ceps et les souches d’arbre pour faciliter les cueillettes.
À l’appel de cette cloche qui imitait à s’y méprendre l’esclandre joyeuse d’un baptême, on s’arrêta en chœur de frapper la terre, on mit bas l’outil sur lequel on s’efforçait. On eut soudain l’air de se recueillir pour écouter l’angélus, alors que, depuis bien longtemps, cette coutume n’existait plus pour personne.
Au village, tous ceux qui restaient, et les femmes notamment qui triaient la salade pour le repas du soir, tous se précipitèrent sur le pas des portes comme pour un tremblement de terre. Ils restèrent là, figés, le nez en l’air, les yeux tournés du côté du clocher.
Nous, nous étions déjà de vieux hommes. Nous avions fait celle de 14. Ce n’était plus pour nous qu’on craignait, c’était pour nos enfants. Verdun nous sauta à la mémoire, que nous croyions bien tous avoir oublié en vingt ans de bonheur. Lequel d’entre nous, je vous le demande, n’eut pas la tentation de faire sauter trois doigts de la main droite à l’enfant, d’un coup d’accident de chasse ? – vous savez comme les détentes sont sensibles et les chasseurs insoucieux ? Mais bien entendu personne ne s’y risqua. La république de cette époque avait encore des pelotons d’exécution.
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Au village, tous ceux qui restaient, et les femmes notamment qui triaient la salade pour le repas du soir, tous se précipitèrent sur le pas des portes comme pour un tremblement de terre. Ils restèrent là, figés, le nez en l’air, les yeux tournés du côté du clocher.
Nous, nous étions déjà de vieux hommes. Nous avions fait celle de 14. Ce n’était plus pour nous qu’on craignait, c’était pour nos enfants. Verdun nous sauta à la mémoire, que nous croyions bien tous avoir oublié en vingt ans de bonheur. Lequel d’entre nous, je vous le demande, n’eut pas la tentation de faire sauter trois doigts de la main droite à l’enfant, d’un coup d’accident de chasse ? – vous savez comme les détentes sont sensibles et les chasseurs insoucieux ? Mais bien entendu personne ne s’y risqua. La république de cette époque avait encore des pelotons d’exécution.
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– Il file du mauvais coton, le Célestat ! S’il continue comme ça, il finira par avaler son bulletin de naissance. Et alors ? Et notre pain ?
Aussi lui faisait-on un rempart de notre amitié. Quand l’un d’entre nous ne dormait pas, il n’était pas rare qu’il dise à sa femme :
– Fine, ne t’en fais pas. Je vais au fournil tenir un peu compagnie à ce pauvre Célestat.
Deux ou trois même – Dieu leur pardonne ! – usèrent de ce prétexte pour aller un peu essayer de voir si, par hasard, quelque veuve en villégiature ne serait pas sensible à quelque sérénade. Mais ce fut l’exception. Les autres, à trois heures, soulevaient le sac de jute de l’entrée au fournil. Trois heures, c’est l’heure où l’homme seul, oisif ou occupé, ne tient plus que par un fil à la réalité. Il tire en péril sur l’ancre qui le retient à la vie. Tout l’appelle vers l’éternité. Et notamment ce boulanger de Lurs, lequel en avait si gros sur la patate et qui n’avait pas encore l’eau au fournil, de sorte que plusieurs fois la nuit il devait faire le voyage, les seaux à bout de bras, jusqu’à la jasante fontaine.
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