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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai beaucoup aimé me plonger dans ce récit qui suinte l'odeur de la terre, celle qui vous glisse entre les doigts lorsqu'elle est sèche, celle pour laquelle, l'homme et la femme se dépassent parce qu'ils en tirent la nourriture, avec toute la dureté de la ruralité et le côté sauvage des paysages de la Haute Provence dans les environs de Forcalquier.

Je n'écrirai aucun commentaire sur le mystère qui entoure l'arrivée de Sébastien Monge.
Notre amie « Nameless » a fort bien résumé ce récit et je la remercie de sa chronique incitative qui m'a donnée envie de lire ce livre dont je n'avais vu, jusqu'à présent, que la version cinématographique, réussie d'ailleurs après avoir lu le livre. Patrick Bruel ne m'a pas quitté tant il a su incarner Sébastien Monge bien que ce dernier soit blond dans l'oeuvre de Pierre Magnan.

Dans une écriture ciselée de mots inusités de nos jours comme triqueballes, haquets et fardiers et de quelques mots en patois, Pierre Magnan nous offre une tragédie réunissant tous les ingrédients indispensables à la réussite de son énigme policière. La vengeance, l'amour, la violence des éléments, les passions humaines, le mystère et la mort le tout saupoudré de superstitions et de croyances invraisemblables ! A l'image de mes arrières grands-parents qui étant de l'assistance publique, portaient le malheur et se retrouvaient mis à l'écart du village : L'infamie impactant aussi leurs enfants.

J'ai été particulièrement éblouie par l'écriture de l'auteur qui a quitté l'école à douze ans, j'en suis restée sous le charme pendant toute ma lecture. Pierre Magnan sait si bien mettre en scène cette nature sauvage en accord avec la scène qu'il dépeint sous nos yeux, passions humaines et déchainement de la nature s'accordant parfaitement dans ses chapitres. Il sait s'appuyer sur la violence des éléments pour mieux faire ressortir la violence qui caractérise les passions humaines.

On ressent fortement l'amour qu'il porte à sa région, il y a du Giono chez Magnan qui d'ailleurs fut son maître et ami, mais sans lyrisme. Ici, pas de place pour le lyrisme, il y a une mission qui n'appelle aucune poésie. Il y a aussi l'amour de la langue de Molière, celle qui se parle « ave l'assent », celle qui nous ancre dans une région. C'est un conteur exceptionnel comme ceux de notre enfance, pour moi ce fut Henri Vincenot. Un bain de jouvence que cette écriture, un peu comme un retour aux sources !

J'ai trouvé ces quelques lignes qui évoquent le vent nommé La montagnière. Ce vent qui est confondu avec le mistral mais qui se met à souffler durant toute la nuit et qui descend du nord-est :

« Pontradieu était devenu le rond-point du tumulte. Sept cent cinquante arbres croissaient dans le parc, sans compter les cèdres qui le débordaient en désordre. La plupart d'entre eux dépassaient trente mètres de haut car leurs racines plongeaient dans la rivière souterraine qui double la Durance. La montagnière y vrombissait à travers bois comme sur un buffet d'orgues. Elle y écrasait son accord tonitruant qui n'en finissait pas de s'amplifier Toute la malédiction de la nature déchirait cette rumeur continue qui se déversait en cataracte dans les oreilles et rendait chacun prisonnier de soi-même ».


J'ai eu la surprise de découvrir que Pierre Magnan était aussi le créateur du commissaire Laviolette qui est, aussi, indissociable du regretté Victor Lanoux.


C'est une belle découverte et nous devons rendre hommage à ce site qui nous permet de remonter le temps pour découvrir ou redécouvrir des auteurs de talents.
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Cela faisait un moment que je voulais lire cet ouvrage car, comme la plupart des ouvrages de Pierre Magnan, cela se passe tout près de chez moi.

Ici, cela commence par l'assassinat de toute une famille dans une ferme près de Lurs, la famille Monge. Toute ? non, seul un bébé de trois semaines du prénom de Séraphin est épargné. En ce début de XXe siècle, le petit Séraphin est élevé par des Bonnes Soeurs avant d'être appelé sous les drapeaux pour accomplir son devoir de citoyen durant la Première Guerre mondiale, dont il reviendra indemne au pays et où il apprendra qu'il a hérité de la maison de ses parents puisque tous les terrains ont été vendus mais personne n'a voulu de cette dernière car ils la croyaient hantée.
Aussi, Séraphin, en côtoyant les gens du village, apprend-t-il ce qu'il est advenu de sa famille car personne, jusque-là, n'avait osé lui dire la vérité. Séraphin savait seulement qu'il était orphelin et rien de plus mais une fois au courant de ce qu'il est en réalité advenu de sa famille, assassinée cruellement à l'arme blanche, Séraphin n'aura plus qu'une idée en tête : découvrir la vérité et ce qu'il s'est réellement passé ce funeste soir.

Le livre se base essentiellement sur cette quête qui est mêlée d'embrouilles et de fausses pistes. le lecteur n'est pas au bout de ses surprises car, tout comme Séraphin, il apprend de nouveaux éléments, vrais ou faux d'ailleurs, au fil des pages.

Un ouvrage entraînant, aux multiples rebondissements et à l'écriture fluide et limpide. A découvrir !
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Un drame dans l'arrière pays provençal, magnifiquement écrit. L'auteur Pierre Magnan mérite d'être lu tant la qualité de son écriture simple et puissante nous impressionne. La pureté des sentiments décrits nous rend humbles et nous laisse bien retourné par cette histoire émouvante qui va se dévoiler par étapes bien surprenantes.
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Pierre Magnan (1922-2012) est né à Manosque. Oui, comme Jean Giono, qui fut son mentor et son ami. A quinze ans, la rencontre avec le romancier de la Haute-Provence fut une révélation : « percuté pour la première fois par une émotion inconnue », il suivra Giono jusqu'à sa mort, ayant appris auprès de lui le goût de la littérature, et l'amour de la terre natale.
Il n'est donc pas étonnant que les lieux décrits dans les romans de Magnan ressemblent à ceux de Giono : ce sont les mêmes. Si les intrigues diffèrent (celles de Pierre Magnan tirent plus vers le policier) l'ambiance générale est la même, les personnages riches de la même matière, à la fois tellurique et humaine, et cette osmose entre la terre, le ciel et l'eau qui compose le cadre des romans de Giono.
« La maison assassinée » (1984) est un roman policier de terroir. En 1896, dans une auberge familiale du village de Lurs (dans la région de Forcalquier), une famille entière est massacrée. En 1920, Séraphin Monge, le seul survivant de ce massacre (il était à l'époque un bébé de trois semaines) revient au village. La maison, inhabitée, est maudite et passe pour être hantée. Séraphin la détruit pierre par pierre. Il est hanté par l'image de sa mère. Certains indices le mettent sur la piste du ou des meurtriers. Mais, dans son désir de vengeance, il semble qu'il soit devancé par un autre justicier…
L'intrigue est en place. Elle brasse le passé et le présent. La guerre qui n'est pas si loin (deux ans à peine) a marqué les esprits et parfois les corps. Les personnages sont souvent animés par des peurs paniques, ou des superstitions ancestrales, il y a des secrets cachés dans les pierres. Séraphin avance dans l'inconnu, il est entouré de silhouettes inquiétantes, paysans retors, châtelains bizarres… Ce qui n'arrange rien c'est que plusieurs femmes lui tournent autour, dans quelles intentions ?
Comme chez Giono, le fait divers devient une tragédie « à l'antique ». La vengeance de Séraphin, toute légitime qu'elle soit, ne sera pas sans effets, sur lui et sur son entourage. L'auteur joue finement avec son héros, comme il joue avec le lecteur, les embarquant l'un et les autres dans une enquête où les fausses pistes ne manquent pas, où les chaussetrapes et les faux semblants foisonnent. C'est un véritable roman policier palpitant et passionnant.
Et en même temps c'est un roman de terroir, profond et émouvant. On pense à Giono, on pense aussi à Henri Bosco, dans ses drames paysans (« Malicroix », « le Mas Théotime »), où le banal se mêle à l'extraordinaire, et le quotidien à l'universel. La connexion entre la terre et ceux qui vivent sur elle est palpable.
Le style d'écriture n'est pas pour rien dans cette impression : langage fortement imagé, parsemé de mots en patois, dans cette langue colorée et ensoleillée, l'auteur met le lecteur dans sa poche et peut l'entraîner avec lui dans l'aventure.
Roman policier sans policier (le héros et le lecteur mènent l'enquête), « La Maison assassinée » tient toutes ses promesses. L'auteur revient sur cette histoire dans une « suite » parue en 1990 : « le mystère Séraphin Monge »
Au cinéma, une belle adaptation (quoiqu'un peu molle) de Georges Lautner, en 1988, avec Patrick Bruel, Anne Brochet, Agnès Blanchot, Ingrid Held, Yann Collette…

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le livre est magnifique. On est dans un roman de terroir particulièrement agréable à lire. L'auteur nous fait découvrir la région avec le même amour que Pagnol avec la sienne. L'écriture est agréable et simple, quoique parsemée de mots en patois, ce qui facilite l'immersion dans cet univers à la fois léger et glauque.
L'histoire est prenante, mais il faut attendre la moitié du livre pour avoir une accélération de l'action. La première partie est plus descriptive. On s'attarde sur la région et les ressentis du héros. Tout cela est magnifiquement fait, à l'exception peut-être des rêves récurrents de Séraphin, dont je me serais bien passé. L'image de sa mère morte a des effets étranges sur lui et l'auteur insiste trop dessus à mon goût.
Les personnages sont intéressants. Bien que perpétuelle victime, le héros n'est pas forcément le plus attachant. Il inspire de la pitié surtout, car il est malheureux comme les pierres, incapable de tourner la page malgré toutes les occasions qui lui sont offertes. C'est un homme beau, un colosse d'une force incroyable, mais il reste mou devant les autres, figé par les images qui le hantent. J'ai trouvé bien plus attachant le personnage de Patrice, la gueule cassée qui lutte contre le suicide et qui lui, essaie de s'accrocher à la vie. Cet homme porte une gentillesse et une force tranquille impressionnante malgré ses malheurs.

En résumé, je ne peux que conseiller à ceux qui n'ont pas lu ce livre de le faire, car il est passionnant. Les amateurs d'histoire prenante et de terroir ne peuvent pas être déçus.
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Comme beaucoup de gens, j'avais vu le film à la télévision et en avais gardé un goût doux-amer. Magistralement interprété et mis en scène avec application. Je ne connaissais pas encore Pierre Magnan.
J'ai fait connaissance avec ce dernier à travers les Enquêtes du Commissaire Laviolette, et j'ai découvert une écriture incomparable. Riche, proche de la terre, quelquefois un peu difficile à appréhender car je ne connais pas ou peu le vocabulaire provençal. Mais la limpidité du récit le dispute à la description des paysages tout autant que les portraits des personnages.
L'intrigue - un homme jeune revient de la guerre 14/18 et tente de retrouver (et punir ?) les auteurs du massacre de sa famille - aurait pu verser dans le pathos et le larmoyant, mais c'est sans compter l'immense talent de Pierre Magnan qui réussit à donner une véritable humanité à des gens qui l'ont perdue. Un livre étonnant.
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C'est le film avec Patrick Bruel qui m'a incité à lire ce livre.
Excellent roman, on est vite pris par l'histoire.
Séraphin dont ses parents, sa famille a été assassinée revient vers l'âge de vingt ans dans sa région, dans la maison de ses parents. Il veut savoir ce qui s'est passé vingt ans auparavant.
Superbe intrigue, on s'attend à tout sauf à ce qui s'est vraiment passé.
Ce roman m'a fait rêvé, ayant souvent passé des vacances dans cette si belle région de France, les Alpes de Haute Provence, le prieuré de Ganagobie, Sisteron, Banon et Forcalquier.
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je viens de découvrir cet auteur recommandé par un ami à travers ce livre qui m'a enchanté. Autant captivée par l'histoire ce mystérieux Séraphin que par cette écriture, à la fois authentique et recherchée, enrichie d'un vocabulaire inconnu pour moi, ancien et poétique. Je viens de le finir et comme d'habitude, pour ne pas me séparer trop vite des livres que j'aime, je vais sur Babelio pour partager les avis, et je m'aperçois qu'il y a non seulement une suite mais aussi une adaptation ciné, de 1988! Heureuse d'avoir connu cet auteur
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Sombre, ténébreux, torturé, Séraphin Monge est un héros perdu. Troublé, il sème le trouble, et rien ne pourra l'apaiser que l'accomplissement de sa vengeance. L'intrigue policière confine à la tragédie dans ce roman noir. L'ambiance du petit village de Provence, au lendemain de la Première guerre mondiale, est très réaliste;il s'en dégage quelque chose de lugubre et de pesant. le récit est concis, lourd, tendu, la tension tient le lecteur jusqu'à la dernière page.
Lien : https://undeuxtroispetitscai..
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Un policier… Même si j'ai débuté ma découverte de ce genre littéraire il y a de cela quelques mois, j'avais peur de m'y lancer à cause du rythme. La plupart sont assez lents et je leur reproche de ne pas emprunter la rythmique qu'on peut trouver dans les thrillers. Avec ce livre, je fus comblé au-delà de mes espérances et je sais par avance qu'il restera dans ma bibliothèque pendant un très long moment. J'aime beaucoup les histoires qui ont le don de m'entraîner dans un passé lointain. Certes, je n'ai pas pu connaître ces époques mais lorsque je prends connaissance du contenu de l'un de ces livres, j'aurais tendance à me sentir à ma place. Je m'imagine parfaitement les lieux, l'ambiance et les ressentis des personnages évoluant au sein de ce genre d'intrigue. Par moment, je me dis que j'aurais bien aimé y vivre. En tout cas, cette lecture m'a régalé sur plusieurs niveaux et bien sûr, je m'en vais faire mes fameuses listes.

Points négatifs :

- Jusqu'à un certain moment de la lecture, je commençais à me demander si je n'allais pas enfin avoir mon premier coup de coeur de l'année. Plus je m'enfonçais et plus j'étais heureux et puis bon, un homme qui refuse toutes les avances des demoiselles qui lui tournent autour, inutile de dire à quel point j'étais heureux. Néanmoins, j'ai quand même trouvé une petite scène de galipette et forcément…

- J'ai trouvé quelques coquilles dans cette édition mais comme cela ne vient pas de l'auteur mais de la maison d'édition, je ne vais pas m'amuser à pénaliser l'ensemble dans ma note finale.

Points positifs :

- Lorsque je lis un romancier policier, j'aurais tendance à agir comme si j'abordais un thriller. Rapidement, je mets mon cerveau en ébullition pour tenter de trouver le coupable avant que l'on me communique son nom et j'étais parti sur deux hypothèses voir trois. A la fin de cette histoire, j'étais très content de constater que je ne me suis pas trompé sur l'identité du criminel. C'est que je deviens rudement fortiche à ce jeu mine de rien.

- La taille des chapitres. Ces derniers peuvent être assez gros – plus de vingt pages pour certains, voir trente – et comme leur contenu n'était guère ennuyeux, au final, je me suis régalé. C'est aussi pour cette raison que cette lecture a été assez rapide.

- le vocabulaire de cette histoire. On évolue clairement sur des terres agricoles et le vocabulaire concernant cet univers se veut très riche. J'ai pu apprendre plein de mots voir plein d'expressions et par moment, j'avais plutôt l'impression de lire un texte qui sortait tout droit d'un terroir. J'aime ce type de littérature et si l'auteur m'avait proposé cent pages supplémentaires, je pense que je n'aurais pas craché dessus. D'ailleurs, je pense que je vais tenter de me dénicher une autre histoire de cet auteur pour voir si cette plume était permanente chez lui ou temporaire. Si c'est la première option qui se présente, j'en connais un qui va être comme sur un petit nuage.

Pour conclure, je ne sais pas si je vais encourager les visiteurs de mon blog à foncer sur cette lecture au vocabulaire bien particulier. Néanmoins, si vous êtes des amoureux du passé comme je le suis, n'hésitez pas un seul instant.
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