AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fabienne2909


Attention à l'objet non identifié qu'est ce « LoveStar », et que nous propose l'Islandais Andri Snaer Magnason !

Dans un futur non identifié et qui pourtant semble très proche, le monde tel que nous le connaissons a pris fin avec le dérèglement climatique : Paris a été envahi par les sternes arctiques, Chicago, envahie par les mouches à miel, n'est plus qu'une immense jungle suintante de miel.
Dans cet univers, Istar, l'entreprise islandaise gérée par LoveStar, a pris le dessus en ayant anticipé le changement et travaillé sur la communication et la transmission de données via les ondes. Un nouvel homme moderne est donc né, un homme connecté, presque télépathe, mais asservi par les trouvailles marketing de LoveStar (gare à ceux qui oseraient ne pas y recourir, l'exclusion sociale est garantie) : pour quelques couronnes islandaises, des hommes sont programmés pour vous couvrir de compliments, d'autres le sont pour aboyer des publicités (d'où leur nom d'aboyeurs), d'autres sont des hébergeurs clandestins qui, sous couvert de l'amitié, sont en fait chargés de vous faire acheter des biens dont vous n'avez pas besoin, regarder des navets tout en faisant des compte-rendu détaillés de vos goûts. L'application ReGret vous permet de vous rassurer sur vos choix en vous informant de ce qui serait advenu (en bref, que des horreurs) si d'aventure vous en aviez fait un autre… le service LoveMort quant à lui permet d'envoyer votre dépouille dans les airs pour qu'elle revienne dans la couche d'ozone sous forme de feu d'artifice (et ainsi débarrasser la Terre des cimetières et faire oublier le pourrissement des corps). Il n'y a pas un domaine que LoveStar ne couvre pas, même celui de l'amour, puisque le service inLove calcule, à partir des ondes émises par les êtres humains, qui est leur âme soeur (soit l'application à la lettre du concept « peace and love » : une fois que le monde sera dominé par l'amour, il n'y aura plus de guerre, et la félicité règnera).

Dans cette société connectée, les jeunes Indriði et Sigríður s'aiment d'un amour fou et absolu. Problème : ils s'aiment en dehors de l'application inLove, et un beau jour Sigríður reçoit une lettre l'informant qu'elle a été « calculée » et que son seul et unique n'est pas Indriði… Les amoureux décident de se dérober à l'obligation faite à Sigríður d'aller dans le Nord rencontrer son promis, et là la machine à broyer qu'est Istar se met en place : harcèlement, intimidations, déclassement social… Tout est fait pour qu'Indriði et Sigríður se déchirent, et se séparent.

Parallèlement à cette histoire d'amour contrariée, LoveStar est dans un avion, une graine dans la main, ce qui le rend passablement perplexe, d'autant plus qu'il est annoncé qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre. Suspense, suspense… Que va-t-il se passer ?

Il y a du George Orwell et de l'Aldous Huxley dans cet ouvrage (et probablement d'autres auteurs de science-fiction/anticipation, mais mes limites en ce domaine sont vite rencontrées !) inclassable et foisonnant. Trop peut-être (voire même sûrement). En effet, l'auteur a mille idées à la minute, qu'il case toutes soigneusement dans son roman. le résultat est un monde futuriste plutôt cohérent, gérée d'une main dictatoriale par LoveStar. le message de l'ultra-communication, du marketing débridé qui mène à la dictature et à la déshumanisation, ainsi passé à l'aide de modèles dézingués (les Mickeys de compagnie agressifs qui dévorent les enfants, le Grand Méchant Loup qui n'a pas réussi à être programmé pour être méchant, etc.) finit par être bien compris.
De plus, certaines idées sont plutôt drôles, d'autres beaucoup moins. Mais une grande froideur règne sur l'ensemble, et surtout… qu'est-ce que c'est long et compliqué ! Déjà, l'auteur met 140 pages à aborder l'histoire qui est présentée comme étant la principale (celle d'Indriði et Sigríður) pour raconter en premier lieu, et dans le détail, celle de son monde, ce qui peut se justifier, mais il introduit des concepts qu'il explique toujours quelques pages après les avoir introduits, ce qui fait qu'on ne comprend rien pendant ces passages-là.

En outre, il choisit d'alterner les histoires de LoveStar et d' Indriði et Sigríður, mais de manière non chronologique, ce qui n'aide pas non plus à se retrouver dans l'histoire. Ce sentiment de confusion, entretenu sur toute la longueur du roman, devient à la longue assez désagréable. On a le sentiment que l'auteur en fait trop, veut trop bien faire, sans toutefois réussir à insuffler suffisamment d'humanité (peut-être était-ce voulu, au final), ce qui rend la lecture malaisée. Une fin bâclée ne vient pas rattraper ces défauts, faisant de LoveStar un roman au sujet trop ambitieux par rapport au traitement qui en est fait.
Commenter  J’apprécie          321



Ont apprécié cette critique (29)voir plus




{* *}