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Critique de motspourmots


"Pour que quiconque entrevoie ce bleu lumineux et profond, il lui faudrait vivre exactement mon expérience. Partir en Corse dans le but d'y rencontrer un ami, ne pas le trouver au rendez-vous, puis dormir dans cette horrible maison d'hôte et, de bon matin, s'accouder à la rambarde du pont surplombant les gorges du Golo. Seule cette expérience lui donnerait accès au bleu que je vois ce matin".

Jérôme Magnier-Moreno est peintre et son roman se compose de touches de couleurs qui sont autant de sensations et d'instants comme photographiés sur le vif. On imagine que pour lui, chaque souvenir est relié à une ou plusieurs couleurs, comme le jaune de la boîte aux lettres à laquelle il confia les exemplaires de son manuscrit un beau jour de 2016, plus de dix ans après avoir commencé à relater cette escapade corse de 1999. Quelques jours de marche et de pêche à la mouche prévus en compagnie d'un ami, Olivier, rencontré lors de leurs études d'architecture, un être assez fantasque et imprévisible pour que son absence au rendez-vous n'inquiète pas plus que ça notre narrateur. Quelques jours essentiels, d'introspection et de retour sur lui-même, qui vont marquer à jamais la suite de son parcours.

Le moins que l'on puisse dire c'est que ce roman n'est pas commun. Plus qu'un livre, c'est une oeuvre d'art. Et comme toute oeuvre d'art, il peut laisser perplexe, ouvrir des abîmes de réflexion, faire sourire ou grincer des dents. On peut être sensible, comme je l'ai été à la palette du peintre dans laquelle l'écrivain trempe sa plume. Et en même temps un peu agacée par les moments plus crus dont nous gratifie ce héros un peu paumé alors qu'on aurait préféré qu'il continue à nous faire profiter du paysage en silence. Question de sensibilité sans doute...

La Corse et ses paysages sont comme une pommade sur les blessures des corps et des âmes, tout comme l'écriture semble l'avoir été pour l'auteur, des années après ce voyage et les événements qui l'ont marqué. Et cet ouvrage, en lui permettant de lier écriture et peinture (dessins de couverture), ses deux modes d'expression favoris, revêt certainement une importance qui dépasse largement le simple objet éditorial et que l'on pense percevoir entre les lignes.

"J'écris quotidiennement depuis si longtemps maintenant, depuis les débuts de mon adolescence, l'écriture fait tellement partie de moi, de ma manière de vivre, que j'utilise les mots exactement comme d'autres le feraient d'une caméra ou d'un appareil photo."

Et la balade fut loin d'être désagréable entre bleus, verts, rouges et jaunes qui donnent envie de se laisser aller à la contemplation et de laisser la nature combler nos vides et lisser nos cicatrices.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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