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Jorge Semprun (Préfacier, etc.)
EAN : 9782907563789
66 pages
Climats (30/11/-1)
4.12/5   8 notes
Résumé :
Quatrième de couverture - En février 1943, Claude-Edmonde Magny écrit cette Lettre sur le pouvoir d'écrire à Jorge Semprûn. Dans son « homélie » adressée au « jeune poète », elle explique avec force en quoi consiste le pouvoir d'écrire : « Ecrire est une action grave, qui ne laisse pas indemne celui qui la pratique. Une fois engagé dans cette voie, il n'est pas de retour en arrière qui soit possible, pas plus d'ailleurs que lorsqu'on est engagé dans un progrès spir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce tout petit livre qui est dans ma bibliothèque depuis 1993, était épuisé depuis longtemps. Les éditions Flammarion/Climats ont l'excellente idée de le rééditer, il sortira fin d'août.

1943. Un jeune homme qui a fui la dictature espagnole se sent invité par l'écriture. Cet homme c'est Jorge Semprun « la langue française est devenue ma seconde patrie » dit-il mais il se sent des scrupules et a des doutes sur sa vocation littéraire.
Une aide et des réponses à ses questions, à sa quête, vont venir sous la forme d'une lettre, d'une femme, critique littéraire, Claude-Edmonde Magny.

Que dit-elle dans sa lettre ?
Elle dit la foi qu'elle a en la valeur des livres, une foi « tenace ».
Elle se désole de ces écrivains qui n'ont qu'une hâte c'est en avoir fini avec l'acte d'écrire, de « soupirer vers l'instant où l'on sera , enfin, par delà les mots. »
Elle met en garde contre l'impression de simplicité de l'acte d'écrire, par exemple croire à la lecture de Laura Malte Brigge « que Rilke n'a eu qu'à y verser telles quelles les angoisses qu'il avait éprouvées à se promener dans les rues de Paris »
Elle le met en garde envers toute facilité qui peut venir à celui doté d'un trop grand talent, car écrire nécessite un engagement, écrire c'est « se rattacher en quelque façon que ce soit à ce qu'il y a d'essentiel en vous. »

Cette lettre ne renferme pas uniquement des conseils.
C'est à une belle balade en littérature que Claude-Edmonde Magny convie le futur écrivain, elle va lui fournir les armes à « une offensive vers la création littéraire » Elle se fait aider par Balzac, Kafka,DH Lawrence, Gide, Cocteau et Proust.
Ses convictions, ses préférences éclatent à chaque page « Ecrire est une action grave, et qui ne laisse pas indemne celui qui la pratique. » Avis aux amateurs !!!
Cette lettre ne parviendra qu'en 1945 à Jorge Semprun lorsque qu'il rentrera de Buchenwald et qu'il ira frapper à la porte de Claude-Edmonde Magny.
Cette lettre le suivra partout, mais, pour survivre alors, il choisira de s'éloigner de l'écriture, pourtant la lettre restera pour lui « le seul lien, indirect, énigmatique, fragile, avec celui que j'aurais pu être : un écrivain »
L'oeuvre que Semprun écrira ensuite fut une belle réponse à Claude-Edmonde Magny.
C'est un texte tout de passion et de sincérité. Un petit livre dont on a aucune envie de se défaire une fois lu.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Il faudra vingt ans à Jorge Semprún pour s'affranchir de la déportation et décider d'entrer en littérature avec le grand voyage. Son amie Claude-Edmonde Magny lui avait écrit une lettre en 1943 afin de l'aider à voir clair dans son désir d'écrire. Lettre qui ne l'a jamais quitté et qui lui rappela toujours ces mots de l'agrégée de philosophie : «Nul ne peut écrire s'il n'a le coeur pur, c'est-à-dire s'il n'est assez dépris de soi.»

Quel cadeau pour le jeune écrivain ! Tant de lucidité, d'honnêteté et de générosité en une quarantaine de pages, voilà une amitié.

L'amie du groupe Esprit pense que Semprún, qui fait alors de brillants pastiches de Mallarmé, n'est pas sorti des limbes de la création littéraire. Elle met en garde contre les tentatives d'être profond, contre les oeuvres qui font semblant de l'être, «comme celles de l'acteur qui marmonne en aparté, leurs lèvres remuent mais nous n'entendons rien.» Et si quelqu'un est à même d'entendre «quelque chose», c'est bien cette femme-là, qui décèle les plus minces parts d'inauthenticité chez Balzac ou Flaubert, Gide ou Wilde.

Il y a des vérités qui gisent au fond de nous, enfouies. Comment un écrivain en vient-il soudain à faire le livre réussi ? Magny invente pour Socrate un discours éclairant : «C'est que notre âme, ô Ménon, est comme un immeuble très haut où l'architecte trop confiant dans le progrès aurait oublié l'escalier et où l'ascenseur, brusquement, se trouverait bloqué.» Elle souligne les vérités sur la vie ou la mort, appréciez cette formulation, impossibles à formuler en un langage qui leur préexiste, sinon celui précisément qu'élira pour elles la création littéraire. L'humus d'où jaillit la création littéraire correspond, selon elle, à l'inconscient freudien que les psychanalystes ont mal exprimé. Elle considère que pour faire «remarcher l'ascenseur», la prise de conscience n'est pas suffisante, il y a la nécessité d'une transmutation esthétique qu'on ne peut guère, sans doute, définir autrement que par son résultat.

Et la condition pour cela est de se libérer.

[...].

Suite sur le blog "Marque-pages" (lien ci-dessous)
Lien : http://www.christianwery.be/..
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[...] À défaut de me montrer digne des préceptes de cet écrit, je vais tenter de dire pourquoi il doit être lu. À travers un petit parcours littéraire personnel, Claude-Edmonde Magny retrace sa conception de l'écriture particulièrement exigeante et dangereuse également. le terme « pouvoir » du titre s'entend ici dans deux sens : à la fois le pouvoir, la magie de l'écrit – qu'il faut apprendre à maîtriser et surtout ne pas prendre à la légère – et le pouvoir, le comment de l'écriture. Tout en idéalisant l'acte d'écriture, l'épistolière n'en fait pas un don divin et inaccessible, mais explicite au contraire quelle est selon elle la condition pour parvenir à cet art et y être bon. Cette idée est résumée dans la formule reprise sur le bandeau promotionnel et dans la préface de Jorge Semprún à qui était adressée cette lettre : « Nul ne peut écrire s'il n'a le coeur pur, s'il n'est assez dépris de soi. » Ce qui peut paraître simple est en réalité quelque chose de très difficile et prend vraiment tout son sens au terme de ce texte. Celui-ci doit être lu selon moi, car au-delà des conseils d'écriture, il replace la littérature à un certain niveau et la « débanalise » ; il véhicule toute une conception forte de la littérature.
Lien : http://minoualu.blogspot.be/..
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Ce texte est constitué d'une lettre écrite à un (alors) jeune poète espagnol, Jorge Semprún, par l'éditrice et critique littéraire Claude-Edmonde Magny en 1943. Déporté à Buchenwald, le jeune auteur ne la lira que deux ans plus tard. L'essai est aujourd'hui réédité accompagné d'une belle préface de Jorge Semprún. Il propose une vision particulièrement exigeante de la littérature, n'hésitant pas à critiquer l'écriture féminine comme trop souvent faite uniquement de sensibilité (!). Mais même si l'on n'est pas toujours d'accord avec les idées défendues par Claude-Edmonde Magny, difficile de ne pas savourer la superbe déclaration d'amour à la littérature que sa lettre contient en filigrane.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Vous vous souvenez de ce que Rilke écrit à Rodin : " En faisant de la poésie on est toujours aidé et même emporté par le rythme des choses extérieures ; car la cadence lyrique est celle de la nature : des eaux, du vent, de la nuit. Mais pour rythmer la prose, il faut s'approfondir en soi-même et trouver le rythme anonyme et multiple du sang...". Et ce rythme " anonyme et multiple ", ce n'est pas celui de l'homme individuel, subjectif, encombré de ses petites particularités et préoccupé du souci de sa différence.
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... c'est pour leur bonté aussi que j'aime les gens les plus saugrenus, les plus inattendus, Retz, par exemple, que je lis en ce moment avec délices, pour me reposer de Balzac. Oui, plus que pour la fermeté de sa langue ou le charme primesautier de son esprit, je l'aime pour son amour et sa compréhension du petit peuple, unique peut-être à son époque, et qui explique sa popularité que n'importe quel machiavélisme ; pour le discernement de ses aumônes qui vont non point aux mendiants professionnels ou aux miséreux (qu'on ne pourrait soulager qu'en changeant la structure même de la société et sans doute aussi celle de l'univers), mais aux humbles, momentanément menacés de verser dans la misère, ceux que Péguy a appelés les pauvres ; pour la magnificence avec laquelle, ayant à rendre, en quelque sorte « la monnaie de sa pièce » à La Rochefoucauld qui avait fait de lui un portrait méchant, il l’exécute en quelques phrases...

2546 – [Climats, p. 39/40]
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L'acte d'écrire n'aboutit à l'angoisse et à l'impuissance que chez ceux qui ont voulu écrire sans une ascèse préalable, en s'appuyant sur les ressources du seul langage, et sans consentir à y engager les forces profondes de leur être ; ou encore qui ont cru que l'exercice de la fonction littéraire suffisait à lui seul pour réaliser cette ascèse. La littérature devient chez eux une sorte de Catoblepas qui se dévore et se nie soi-même, non par bêtise, comme le croyait Aristote, mais au contraire par excès de subtilité. On oublie trop chez nos Articoles qu'écrire est un jeu dangereux, qu'il faudrait sans doute réentourer de tabous, de prohibitions, comme toute opération magique (et il y aurait la même chose à faire pour la sexualité), sous peine de voir se multiplier parmi nous les apprentis sorciers qui finissent par douter de la valeur de cette magie qu'ils ont voulu pratiquer maladroitement ou avec des mains impures. Écrire est une action grave, et qui ne laisse pas indemne celui qui la pratique. Une fois engagée dans cette voie, il n'y a pas de retour en arrière qui soit possible – pas plus d'ailleurs que lorsqu'on est engagé dans un progrès spirituel quelconque. Le « Il faut monter ou se perdre » du curé de Bernanos demeure vrai pour toutes les formes de vie intérieure quelles qu'elles soient.
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La magnificence de Balzac l'homme, cette qualité qui agrandit son oeuvre jusqu'aux étoiles et lui donne sa résonance épique, par-delà tous les ridicules, toutes les démesures, tous les tics ou travers du style, c'est cette grandeur d'âme qui le fait ne se préférer à rien, ne pas se retrancher dans son égoïsme d'artiste.
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Chez les écrivains qui n'ont pas réussi à s'élever au degré de la vie intérieure à partir duquel la création devient possible, il n'y a jamais de « dessin dans la tapisserie », pas de message communiquer au public, pas même un secret qui serait personnel à l'auteur et que, tel Midas, il crierait à des roseaux, comme le fait Montherlant dans La reine morte, ou Wilde dans son théâtre et plus encore dans le Le Portrait de M. W.H.

3225 – [p. 123]
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Video de Claude Edmonde Magny (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claude Edmonde Magny
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