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Critique de Acerola13


Microcosme est un essai composé de neuf chapitres portant sur des lieux du Nord de l'Italie, qui servent tour à tour de prétexte à un subtil équilibre entre témoignages de locaux, description de la géographie et analyse des littératures et de l'histoire régionale, souvent binationale et emplie de paradoxes.

Le premier chapitre se consacre à Trieste et plus précisément au café San Marco, où l'auteur convoque les noms d'Ugo Flumiani, de Fano, de Guido Voghera, de Velicogna, ou encore de Juan Octavio Prenz.

On découvre ensuite la commune Valcellina, et le dialecte typique du Frioul, puis Claudio Magris nous fait redescendre vers la mer et les lagunes et les villes de Grado, Venise ou Aquilée, soulignant la difficulté pour les habitants de la région à choisir entre Italie et Istrie au moment de la redéfinition des frontières de la région.

De l'Istrie on remonte ensuite vers le Monte Nevoso et son royaume sylvestre imprégné de culture slovène, lieu successivement annexé par l'Italie et la Yougoslavie.

Aparté régionale puisque l'on quitte le Nord-Est pour le Nord-Ouest et le Piémont, aux velléités d'indépendance et pourtant qui fut au coeur de la création de l'État italien, et qui questionne sans cesse l'identité italienne et ses frontières.

Après cette digression, Claudio Magris nous fait revenir aux frontières orientales de l'Italie, où une guerre de la linguistique fait rage pour déterminer l'origine des villes : italiennes, slovènes ou croates ? L'auteur s'attarde aussi sur le triste sort d'Italiens stalinistes convaincus qui quittèrent leur pays, séduits par le projet de Tito, et qui furent torturés par ce dernier sur Goli Otok.

De la frontière est, on passe à la frontière nord et au statut particulier du Sud-Tyrol germanophone, qui fut sacrifié par Hitler à son alliance avec Mussolini.

Enfin, l'on revient à Trieste et à son jardin public peuplé de sculptures d'écrivains, de pigeon et de chats indolents.

Le sujet est donc vaste, mais la lecture absolument passionnante, malgré des digressions nombreuses et intellectuelles qui font parfois (souvent !) perdre le fil. Claudio Magris éclaire des pans méconnus de l'histoire italienne, et par son questionnement incessant m'a rappelé Sebald, sans l'ennui que j'avais éprouvé à la lecture de ce dernier.
Une très belle découverte, je relirai sans aucun doute cet auteur dont l'humanité transperce chacune de ses phrases.
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