Marco Ferreri

Ferreri le provocateur, le réveilleur et l'éveilleur de nos intellects abrutis dans le consumérisme, de nos vies éperdues corps et biens.
Il aura tout moqué, tout conspué avec dérision et scatologie !
Le plus décadent des cinéastes, l'unique touilleur de fange de nos sociétés sans âmes.
Ce livre lui rend hommage et tache de le suivre dans sa folie suicidaire à conspuer nos folies ordinaires.

Unique livre en français, à ma connaissance, sur Marco Ferreri. Publié vers 1986, au moment de la réalisation de "I love You". Donc, les films postérieurs du réalisateurs n'y sont pas abordés ce qui nous prive d'un point de vue général sur son oeuvre, puisque Ferreri est décédé en 1997.
Néanmoins, il a l'avantage de présenter de manière très documentée l'oeuvre du réalisateur. En France, on a connu surtout Ferreri à travers "La grande bouffe", alors qu"il a réalisé à peu près une trentaine de films. Michel Mahéo nous présente donc les différentes périodes du cinéaste depuis les années 50. C'est avec ce qui est considéré peut-être comme son chef-d'oeuvre, "Dilinger est mort" avec Michel Piccoli, qu'il prend conscience de l'impossiblité essentielle de "faire la révolution" et de changer la société par le cinéma. D'où une période de dépression et de remise en question. Il s'en suivra alors des films centrés sur la difficulté de vivre en société , à travers des personnages de plus en plus isolés, à la recherche d'un bonheur introuvable.
La plupart de ses films sont, cependant, emprunts d'une grande poésie, et d'une grande tendresse à l'égard de ses personnages perdus dans un monde qui les dépasse.
Ce livre donne également la parole aux acteurs qui ont travaillé pour lui, de Tognazzi à Depardieu.
Nombreuses photographies tirées des films mais aussi sur les tournages.
A lire pour comprendre ce cinéaste majeur injustement oublié et (re)découvrir ses films.

Du cinéaste milanais, on connaît surtout « La grande bouffe » qui est entré dans l'histoire du festival de Cannes en 1973 avec un parfum de scandale. Affirmant que l'art doit désarçonner, le réalisateur nous a laissé 35 longs métrages en quarante ans de carrière, mais dont une grosse partie a été oubliée. Moraliste implacable, Ferreri (1928-1997) s'en est toujours pris au conformisme et à l'hypocrisie de son temps Cet essai décline les tropismes ferreriens: critique du virilisme hérité de l'Italie de Mussolini, désarticulation du héros à travers la figure du "mâle triste" (voir Depardieu dans « Rêve de singe ») sans oublier une charge féministe puissante (« le mari de la femme à barbe », « Liza », « La chair »). Des films qui ont souvent vieilli mais qui gardent une puissance offensive.