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Critique de berni_29


è pericoloso sporgersi
Cela ne vous rappelle pas quelque chose, à certains d'entre vous qui ont voyagé dans les trains anciens, quand le TGV n'existait pas encore... ? J'adorais cette phrase inscrite sous la fenêtre des compartiments, elle paraissait bien plus que belle et romantique que sa déclinaison française, elle faisait bien moins peur. D'ailleurs, des chanteurs comme Serge Reggiani et Claude Nougaro ont été inspirés par cette sentence qui sonnait comme un swing et en ont fait de très belles chansons.
Pour la beauté du geste est un roman qui parle de trains qui passent, qui ne s'arrêtent jamais ou si peu, mais pas seulement...
Il est difficile de parler de ce court roman sans en dévoiler le dénouement. Aussi, j'en parlerai peu, je resterai à la périphérie, comme quelqu'un qui regarde un train passer.
D'ailleurs, l'auteure, Marie Maher, ne s'est pas trompée dans la manière de dérouler son récit. La violence grandit peu à peu au fil des pages, une violence sourde, qui se tait dans les phrases du livre, on devine à demi-mots les choses, ce qui fut, ce qui a été, ce qui vint, ce qui viendra peut-être...
Les premières pages sont celles d'un enterrement, celui du père, juste quelques temps après celui de la mère.
La narratrice revient sur les lieux de son enfance, cette ville, cette maison si proche d'une ligne de chemin de fer. Elle se souvient que les trains rythmaient les temps de la journée, on finit par ne plus les entendre à force. J'en sais quelque chose, durant mon enfance j'habitais pas très loin d'une ligne de chemin de fer. On n'y faisait plus attention. Mais lorsque quelqu'un venait dormir à la maison, il était forcément réveillé de très bonne heure par le premier train, celui qui partait de Brest pour Paris.
Pour la beauté du geste est un texte empli de pudeur et aussi d'une violence souterraine.
Il y a eu tout d'abord le décès de sa mère. La narratrice est revenue alors dans cette maison une avant-dernière fois, se confrontant à ce père autoritaire, tyrannique, qui ressemble à un mur, ou pire, car les murs au moins eux ne parlent pas...
C'est la déconstruction de la relation d'une fille et de son père...
C'est un roman tout en subtilité, tout en retenue, tout ici est suggéré, laissé à notre imagination au bord des pages, on devine les choses pas à pas, les sensations viennent les unes après les autres et reconstruisent l'histoire comme un puzzle.
C'est court, c'est intense. Derrière chaque fait divers, il y a une histoire avant et après. Celle-ci n'échappe pas à la règle. C'est un accident classé sans suite...
Et puis il y a ce chien gris qui est là encore, qui revient comme une présence fidèle...
Tandis que les trains passent dans le paysage, nous sentons la narratrice en proie à une émotion palpable lorsqu'elle revient une dernière fois pour vendre la maison de son enfance, celle qui recèle encore les bons et les mauvais souvenirs.
Sans doute le passé est douloureux, il faudra bien s'en défaire un jour ou l'autre...
L'écriture aurait-elle un effet cathartique ? Je le crois, je le ressens, je veux le croire.
C'est l'histoire d'une femme qui veut juste maintenant passer à autre chose et nous l'y aidons un peu à notre manière, avec nos mots et nos silences, tandis que le dernier train de nuit file vers Paris et que je referme les volets de ma chambre d'enfant...
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