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Critique de Allantvers


Envie d'immersion totale, envie de lenteur, envie d'ailleurs?

Ce pavé est pour vous, même si l'épaisseur et la lenteur vous font peur car la focale de lecture, c'est une formidable saga familiale peuplée de personnages qui sortent des pages tant ils sont vivants, leurs traits dominants et leur psychologie fouillés à l'extrême, et la puissance de leurs interactions créent une tension palpable tant la pression sociale et culturelle pèse de tout son poids sur leurs destinées.

C'est une gageure de la part de Naguib Mahfouz de captiver son lecteur (en lui demandant certes un peu d'efforts) dans une intrigue qui quitte à peine les quatre murs de la maisonnée du terrible patriarche Ahmed Abd El Gawwad et qui se cantonne quasiment aux seules affaires familiales - pour les femmes tout du moins, prisonnières de leur logis et de leur isolement, tandis que frères et père cherchent à l'extérieur les dérivatifs au pesant climat de la maison.
Or à travers cette famille c'est tout un condensé de la société égyptienne traditionnelle dans laquelle nous sommes plongés : autour du père dual , tyran domestique à l'intérieur et commerçant avenant et jouisseur à l'extérieur, Amina son épouse a organisé sa cosmogonie et accepté son sort entre les murs de la maisonnée qu'elle n'a pas quitté depuis quarante ans, pendant que ses filles attendent dans l'ombre les maris qui leur seront choisis, et que les frères, quant à eux, poussent chacun comme les branches opposées de l'arbre familial : Yasine vers la paresse et la luxure, Kamal vers la modernité qui poind dans la douleur d'une société en train de secouer son joug.

Cela m'a pris un peu de temps à entrer dans ce livre, mais une fois ferrée l'attachement a été puissant à cette famille qui épouse l'histoire de l'Egypte au lendemain de la première guerre mondiale. A tel point que lire la suite de cette saga magistrale s'impose comme une évidence.
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