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Critique de Sachenka


La Trilogie du Caire tire à sa fin. Les aventures relatées dans le jardin du passé se déroulent une dizaine d'années après celles du tome précédent. le patriarche Ahmed Abd el-Gawwad se fait de plus en plus vieux, la maladie le retient à la maison bien souvent. Il lui est impossible de rester tard chez ses amis (ou même chez les prostituées) comme c'était son habitude. Son épouse Amina n'est plus que l'ombre d'elle-même. Pareillement pour leur fille cadette Aïsha, qui a perdu son mari et ses deux fils. Elle ne vit plus que pour sa fille Naïma, qu'on veut marier à son neveu malgré leur jeune âge. le reste de la famille se porte plutôt bien. Khadiga est fidèle à elle-même et s'occupe de ses deux fils avec amour. Yasine a réussi – enfin ! – à se ranger et à mener une vie de famille plutôt rangée. Il continue ses virées dans les bars et chez les prostituées à l'occasion mais ça semble sous contrôle. Quant à Kamal, eh bien, il enseigne et écrit des articles (à saveur politique) publiés dans des revues. Son travail l'absorbe et c'est pour le mieux, car il se désespère toujours d'amour pour une femme qu'il ne pourra jamais posséder. Tranquillement, la deuxième génération cède sa place à la troisième.

Le jardin du passé est un ouvrage porte bien son titre. Les personnages ne sont plus très entreprenants. Ils vivent dans le passé. Ils rêvassent, se rappellent le frère Fahmi et les autres disparus. Aussi, ils se rappellent une autre époque, où la vie était plus simple, bien ordonnée, peut-être aussi joyeuse. Surtout, ils se rappellent ce qui était et ce qui aurait pu être. D'autant qu'il ne se passe plus grand chose au niveau familial. Tout le monde est casé (ou presque), la génération suivante est encore un peu jeune. Tout se prête à la réminescence.

À cette époque, vers la fin des années 1930, l'Égypte est théoriquement un état souverain mais les Anglais continuent à y exercer une énorme influence. le roi et ses ministres ne s'entendent pas, la consitution n'est pas toujours respectées, les élections semblent truquées. Bref, la démocratie est bafouée et les libertés, autant. Puis la Deuxième guerre mondiale éclate. On pense à l'Allemagne (pas tant par sympathie pour les nazis que par antipathie des Anglais). Mais, dans tous les cas, la menace de Rommel est écartée et l'ombre britannique se jette à nouveau sur LeCaire. La situation politique du pays est beaucoup plus abordée dans ce tome que dans le précédent. Il faut dire que Kamal n'est plus seul, ses neveux Ridwane, Abd el-Monem et Ahmed s'intéressent à la chose, son travail au journal aidant, les possibilités d'échanges sont plus nombreuses.

Le grand auteur Naguib Mahfouz continue à faire des merveilles. J'admire l'attention qu'il porte aux détails, aux précisions, tant celles qui portent sur l'Égypte et son histoire que sur le quotidien des gens. Surtout, l'attention qu'il porte à ses personnages. Il les respecte, ne les oblige pas à faire des actions que des êtres de chair et de sang avec les mêmes caractéristiques auraient accomplies. Toutefois, il s'essouffle un peu. J'ai l'impression que tout déboule, les événements se passent et sont racontés à la vitesse de l'éclair. Surtout à partir du milieu. Ça sent la fin. En lisant ce dernier tome, je ne peux m'empêcher de faire le parralèlle avec Les Buddenbrook, de Thomas Mann. Cette famille sur le déclin, la nostalgie, plus on avance dans le temps, plus les derniers personnages sont expédiés rapidement… Il faut apprendre à dire Adieu ! C'est sans doute ce qui produit une belle finale.
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