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Critique de Levant


Cet ouvrage de Bernard Mahoux nous plonge dans la vie tumultueuse du très jeune Raimon Trancavel, fils du baron du même nom, revenu en son pays, la vicomté d'Albi, Carcassonne et Béziers, après un long exil. Il vient y reconquérir les terres de son père, spoliées par le Roi de France dans sa croisade contre les Albigeois.
En digne héritier de son père, dont il veut venger la mort, le jeune rebelle s'érige en protecteur des Cathares, même s'il ne partage pas vraiment leurs rites. L'Eglise romaine est à leurs yeux corrompue, soumise aux lois du pouvoir, de l'argent, de la luxure. Sous prétexte de combattre l'hérésie qu'ils incarnent, le Pape a convaincu le Roi de France de se faire son bras armé pour éradiquer ceux qui se proclamaient comme seuls Bons Chrétiens.
Le Retour du rebelle est un épisode de cette tragédie. Il débute par la célèbre bataille de Muret en 1213 qui a marqué le début de la fin de cette fameuse épopée cathare. Mais auraient-ils survécus à eux-mêmes, ces Bons Hommes, quand le dogme prêche l'ascétisme outrancier. Au point de renoncer à toutes les satisfactions du corps, y compris, et surtout, à celle de l'acte sexuel, même dans une intention de perpétuation. N'étaient-ils pas condamnés à l'extinction du seul fait de cette extrême austérité de vie ?
Cet ouvrage nous ouvre aux dilemmes et aux doutes qui ont germé dans les consciences de ces êtres convaincus de vérité, mais usés par les rigueurs des années de guerre. C'est une épopée dont on connaît l'issue. Elle a donné lieu à une page d'histoire de notre pays nimbée de spiritualité, de secret, dans une ambiance faite de guerre, de cachot, de torture, de bûchers, sur décors de paysages arides, de châteaux forts perchés sur des pitons rocheux inaccessibles.
Encore faut-il se méfier du filtre du temps et faire la part des choses entre histoire et légende. Se méfier aussi de notre époque qui a tendance à charger de mysticisme et de surréalisme des événements qui manqueraient d'effets spéciaux et ne seraient pas très vendeurs. Dans ce domaine, l'ouvrage de Bernard Mahoux reste empreint d'objectivité et ne pêche ni par misérabilisme ni par magnificence. Il faut bien toutefois enrichir quelque peu la romance et exalter le héros. Mais cela reste crédible.
Confrontés à l'obscurantisme d'une religion imposant son monopole dans la gestion des consciences, on ne peut que se prendre de sympathie pour ces adeptes de rigueur et de pureté. Alors pourquoi pas la doctrine des Bons Hommes ? Les grandes religions monothéistes que nous connaissons aujourd'hui ne sont-elles pas elles-mêmes que des sectes qui ont réussi ?
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