Vorace, le feu dévore tout sur son passage. Les flammes restent en vie tant qu'elles consument un bout de bois, un matelas, des rideaux. L'être humain est aussi un produit inflammable qui fait crépiter le feu longtemps. Ils survivent tous les deux de la même chose, et quand ils se rencontrent, l'un veut détruire l'autre, l'un veut consumer l'autre.
Son regard est gris, après tant d'heures passées à deux cent mètres de profondeur à respirer des fumées toxiques, privé du soleil et du ciel. Le jour où il quittera ce travail, il s'est promis de contempler le ciel tout le temps qu'il lui sera possible.
Nous mourons, nous sommes brûlés jusqu'au dessèchement, broyés en grains uniformes puis jetés dans les égouts par des étrangers. L'acte œcuménique est pour les autres, ceux qui après les cendres retourneront à la poussière. Pour les moins fortunés, il reste l'immondice des égouts comme tombeau.
Le feu se multiplie toujours en feu. L'oxygène le maintient vivant - comme l'homme. Sans oxygène, le feu s'éteint, comme l'homme. Le feu a besoin de s'alimenter pour rester en vie - comme l'homme. L'homme meurt par manque d'air. La flamme aussi
A la fin tout ce qu'il reste, ce sont les dents
Ronivron croit que l'homme doit retourner à la poussière, car c'est de la poussière qu'il est né. Il n'approuve pas la crémation. Dans son esprit, il faut devenir poussière. Car les cendres sont perverses : lorsqu'il n'y a plus qu'elles, il n'y a plus aucune trace.
Je suis devenu pompier parce que j'avais le courage d'aller là où personne ne voulait.
Cela fait tellement longtemps que je fais ce métier que je peux sentir l'odeur d'un corps brûlé à des kilomètres.