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EAN : 9782379411250
300 pages
L'Arbre vengeur (19/08/2021)
2.93/5   7 notes
Résumé :
Il y a un réel défi à oser aborder la figure du révolutionnaire Saint-Just avec le prisme de la littérature sans renoncer à en éclairer la dimension politique. Arnaud Maïsetti s’est approché de cet astre qui n’en finit pas de brûler pour nous raconter, pas à pas, le parcours d’un jeune homme à la beauté ambiguë qui usa d’une langue emportée pour dénoncer, dénoncer sans fin et jusqu’à la lie l’injustice faite à l’homme.

Longeant l’Histoire avec les li... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'archange de la Terreur.
Il y a plus sympathique comme surnom. Il faut dire que lorsque j'interroge mon imaginaire et mes souvenirs de cours d'histoire, ma représentation de Saint-Just s'incarne à travers l'image de têtes qui tombent et roulent comme des billes devant une foule jamais rassasiée, le portrait d'un triste sire à la pâle figure, les discours d'un jeune tribun exalté pour ne pas dire fanatique : un guillotineur de particules. Danton, les frères Robespierre, Marat, Camille Desmoulins votèrent la mort du roi mais c'est Saint-Just qui porta en premier l'accusation du peuple trahi. « Un roi doit régner ou mourir ». La séparation des corps au sens propre, défiguré…
Dans une langue magnifique qui adopte le lyrisme absolu de Saint-Just dans toute sa démesure, Arnaud Maïsetti nous fait connaître l'idéaliste qui se cache derrière la caricature. Comment le plus jeune député des Montagnards, qui finira lui-même décapité à l'âge à de 26 ans à la sauce Thermidor avec Robespierre, a pu, par son éloquence et son exaltation devenir un personnage central de la Révolution ?
La perte du père, des années de pension, un passage en maison de correction, un amour perdu, le terreau ne manquait pas pour en faire un exalté ambitieux de la première heure. Il ne pouvait finir que bourreau ou martyre. Il fut un peu les deux.
L'ambition de l'auteur n'est pas de réhabiliter le personnage. Saint-Just n'a rien de sympathique mais sa haine viscérale de l'injustice et son obsession d'égalité laissent songeur. Arnaud Maïsetti ne réécrit pas une histoire qui a eu lieu mais l'historien qu'il n'est pas s'efface derrière l'écrivain pour exorciser une âme damnée à ses principes.
Une lecture parfois dérangeante, ce qui me la rend précieuse, et qui s'accélère au rythme des épisodes révolutionnaires, quitte parfois à oublier un peu trop son personnage dans la seconde partie, dépassé par l'histoire.
Les éditions de l'Arbre Vengeur se signalent une nouvelle fois par cette publication hors des sentiers battus…de Varennes.
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Il peut sembler difficile d'écrire avec lyrisme sur la Révolution, plus encore sur la Terreur, les Romantiques du XIX ème siècle l'ont déjà fait : Büchner avec une tragédie de l'homme accablé si profondément seul face au monde qu'il n'a plus la force de lutter, Dumas dans des romans historiques aux péripéties qui s'inscrivent dans le cadre de l'histoire de Michelet, Hugo évidemment avec son roman-monde et somme sur le Titan Quatre-Vingt-Treize ; Michelet évidemment, qui pour moi fait partie des écrivains romantiques. Plus récemment, les Onze de Pierre Michon évoquent le Comité de Salut Public - une référence que l'auteur a lu, puisqu'il évoque un tableau impossible de ces membres du Comité, sujet du roman de Michon.
Oui, la tâche pourrait sembler ardue. Mais Arnaud Maïsetti l'a relevée pour moi, en livrant un très beau roman, grâce à une écriture toute personnelle et subjective. C'est une biographie, certes. Mais c'est plus que cela, c'est une biographie avec une part d'émotion, où le Narrateur se livre dans de courts chapitres réflexifs, mélancoliques voire poétiques. Il ne questionne pas directement sa méthode d'écriture, il ne se présente pas comme un historien qui détaillerait ses sources, parlerait de ses archives ; mais comme un rêveur, qui rêve devant les portraits de Saint-Just, cherchant à retrouver l'homme, ses désirs et sa matérialité, derrière les mythes, derrière la figure mythologique même de l'Archange de la Terreur, ou celle de la légende noire du monstre assoiffé de sang. Il nous présente donc un jeune homme amoureux, poète, idéaliste mais aussi ivre d'action, dévoré d'ambition, charismatique et bon orateur, courageux chef de troupe mais non politicien affairiste. Un jeune homme finalement, plus jeune que tous les autres, qui doit tout faire trop vite dans cette période où les idées de la veille peuvent être dépassées par les événements. Saint-Just est donc une étincelle puis une flamme qui brûle et qui se brûle, face à la froideur glacée et raisonnante de Robespierre. le Narrateur le dit, il avait d'abord pensé à titrer son livre "Saint-Just et les solitudes", car il est seul, si seul, sans véritable ami, personne ne le comprend vraiment.
"Saint-Just et des poussières", car il ne reste que peu de choses de lui : le portrait d'un jeune blond qui a fixé une image d'adolescent rêveur - tel Rimbaud, quelques manuscrits, mais peu, des discours politiques mais sans la flamme à nouveau qui pouvaient les animer, et surtout des cendres devenues poussières. Il a été emporté et dévoré par le souffle de l'histoire.
Cette belle écriture pose donc des questions sur la postérité, l'écriture de l'histoire et celle d'un mythe, sur l'oubli et la mémoire, sur le destin éphémère de chaque homme finalement.
En parlant de morts et de massacres, en racontant L Histoire, le Narrateur parle finalement d'amour et de présent, et donc de vie.
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Saint-Just et des poussières, juste des poussières ? Celles qui nous restent peut-être, qui demeurent de la révolution française ? Pas simplement des poussières alors. C'est une sorte de biographie que nous avons ici, Arnaud Maïsetti accompagnant, dans et par l'écriture; l'existence brève et tumultueuse de Louis Antoine Léon de Saint-Just, né en 1767, il aura vu, aura connu, aura activement participé à l'un des basculements les plus décisifs de l'Histoire. Il fit notamment parti des élus du Comité de salut de Public, il disparaîtra, guillotiné, à l'âge de 27 ans – appartiendrait-il donc, rétrospectivement du moins, au dit « Club des 27 » ?

Faire le récit de cette vie va de pair avec l'évocation des troubles qui ont émaillé la fin du XVIIIe. Revenir aujourd'hui, au travers du roman et de la littérature, sur ces évènements ne peut ne peut bien évidemment pas s'écrire sans un travail et une réflexion sur la langue, l'histoire et les représentations de l'époque ; autant de questions que nous explorerons ici.
Du Bien écrire

Saint-Just et des poussières est de ces romans qui prônent et portent la volonté d'un bien écrire, dès l'amorce et au fil des pages, on y décèle un véritable travail de composition scriptural, tant au niveau des phrases, des rythmes ainsi que de la multiplicité des temps verbaux, avec l'usage parfois (mais rarement) d'un vocabulaire recherché[1], mais également – et c'est peut-être l'un des faits scripturaux les plus notables dans le roman – la répétition, un même mot se trouvant répété dans la même phrase, créant des effets d'insistance, il y a un jeu qui s'instaure parfois au travers de figures de style de répétition comme la polyptote ou l'antanaclase.

Arnaud Maïsetti use de l'ensemble de ces procédés sans pour autant verser dans un quelconque passéisme, en effet, la tentative de restitution de cette époque trouble et troublée ne pouvait s'opérer au travers de la fameuse écriture blanche devenue norme écrasante aujourd'hui. C'est à une autre norme que recourt l'auteur, à d'autres références. Nous ne pouvons bien évidemment pas ignorer la proximité (scripturale du moins) d'un Pierre Michon dont les productions, de par le succès qu'elles ont connu, se sont également constituées comme norme scripturale.

La suite à lire sur litteralutte : https://www.litteralutte.com/saint-just-depoussiere/
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J'ai d'abord eu du mal à entrer dans le récit en raison de son style. L'écriture avec des maximes philosophiques et poétiques est parfois difficile à suivre. J'y ai lu parfois des fulgurances qui m'ont touchée et d'autres fois une écriture un peu ampoulée et surfaite. Une fois habituée, j'ai surtout été intéressée par la vie de Saint Just que je ne connaissais pas. On comprend aussi mieux ce qui a pu se jouer dans les suites de la Révolution de 1789 et durant la Terreur par le récit qui en est fait au fil des mois. J'ai apprécié la singularité du livre même s'il m'a paru un peu long.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Nous avons de l'histoire une idée vague et défaite. Nous savons qu'elle a eu lieu. Nous supposons les hommes et les dates. Nous supposons les mots, nous imaginons les foules en armes, le sang craché et tombé à cause des mots. Nous pensons en être issus. Nous regardons les murs des villes, les rues qui portent les noms de ceux qui autrefois ont dit les mots et craché le sang.
(page 9)
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Une nuit avait passé, et si on ne sait rien de cette, que les historiens n’ont sous les yeux qu’une porte battante entre deux jours, aucun document à commenter doctement, on peut rêver cette nuit, sûr au moins que Saint-Just ne fit aucun rêve. Qu’il passa la nuit à la bougie, à scander l’air auprès de quelques amis des phrases qu’il avançait devant lui comme un somnambule, étonné lui-même par elles et la force qu’il avait de les dire. Saint-Just voit l’occasion où nous ne voyons que les coulisses obscures. L’occasion d’éprouver les Gellé, les mondes vieux. (…) On bat le rappel des troupes. On convainc. On dessine des hypothèses, des perspectives. Quand le jour se lève, on est plein de courage. On vote en levant haut la main. Des amis qu’on ignorait avoir autour sont là pour voter comme un seul homme.
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On dit que la Terreur est la Révolution elle-même, son régime, son principe : son devenir fatal comme il en est de toute révolution. On dit : c'est le bloc dans lequel est taillé l'édifice funeste de ces années. On dit cela comme on crache, la nuit, en l'air.
On ne voit pas les mille anfractuosités par où passe chaque jour de ces jours, et que ce bloc est moins pierre que fleuve, labile et redoutable, aux courants irréguliers, torrents filant et roulant sur cent rochers âpres, s'enfonçant parfois sous la terre même, rejaillissant plus loin, plus faible ou plus large, plus emporté ou parfois presque étale comme un lac.
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Si le père prit les armes pour conquérir des titres, le fils les ramassa aussi pour en déposséder le monde. Comme on ne tue pas le père sans s'arracher une part de sa peau, il portera le nom de Saint-Just comme un crêpe violacé, un mauvais coup de l'histoire. C'était la sienne dans la mesure où c'était celle de son père : et contre l'histoire aussi il fallait prendre les armes, contre son nom.
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IL PARAîT QUE LE TEMPS PASSE, le temps que passe ce qui défait le temps : il paraît que tout passe, et c'est faux. Le passé demeure, seul et intact. Il suffit de se baisser. On tendrait les mains et on le ramasserait. Il est là. Il ne nous attend même pas.
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Videos de Arnaud Maïsetti (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Arnaud Maïsetti
Arnaud Maïsetti vous présente son ouvrage "Brûlé vif" aux Éditions de l'Arbre Vengeur. Rentrée littéraire janvier 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2674310/arnaud-maisetti-brule-vif
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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