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sur 85 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La narratrice nous raconte le début de son adolescence dans un collège catholique d'une ville qui n'est jamais nommée mais qui selon toute apparence est Beyrouth. Cette école regroupe les filles des « meilleures familles de la ville », qui sont toutes francophones, et quelques-uns de leurs frères, l'institution s'ouvrant prudemment à la mixité. Il est principalement question des premiers frémissements de la sexualité et des rapports claniques des jeunes élèves, sur fond de grandes inégalités sociales dont le premier révélateur paraît être la langue parlée : français avec le moins d'accent possible pour l'élite ; arabe pour les autres. ● La première qualité de cette oeuvre est le style : sa perfection un peu trop classique n'en est pas moins remarquable pour un premier roman. On aurait cependant aimé entendre la langue du peuple qui est évoquée sans être citée ; cela aurait pu rompre l'ordonnancement un peu trop académique de la prose. ● On est dans le roman d'initiation : la narratrice, à treize ans, cherche à connaître les mystères du corps (du « goût ») des garçons et ceux de la sexualité dans les moindres détails, et les ragots de ses amies – qui peuvent à tout moment devenir ennemies – ne lui suffisent pas longtemps. Elle devine aussi la puissance qu'elle peut exercer sur l'autre sexe et a envie de s'en servir. ● Les luttes de pouvoir pour faire partie des filles les plus populaires, qui impliquent d'être dessalée sans pour autant courir le risque d'être considérée comme une « pute », sont finalement assez proches des luttes des adultes. ● Tout cela est très bien raconté et suscite et maintient l'intérêt du lecteur. Un premier roman réussi, une autrice à suivre !
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«Sa seule obsession, c'est le sexe»

Avec ce premier roman qui raconte comment une fille de treize ans part avec avidité à la découverte de la sexualité, Joy Majdalani réussit une entrée remarquée en littérature. Et nous offre un chant de liberté.

La narratrice de ce premier roman a treize ans. Pour elle, comme pour bon nombre de ses copines du Pensionnat Notre Dame de l'Annonciation, il n'y a désormais qu'un seul sujet de conversation qui vaille la peine, le sexe et ses mystères.
Une obsession que l'on peut analyser de trois manières complémentaires et qui donnent à ce parcours initiatique toute sa densité. Si la jeune fille est tant travaillée par ce sujet, c'est d'abord pour des causes physiologiques. Les bouleversements anatomiques qui surviennent avec la puberté donnent l'occasion à toutes les pensionnaires de se pencher sur leur corps et celui de leurs copines de classe, de voir les seins «à la fermeté intrigante» pousser, les hanches s'arrondir, la pilosité gagner du terrain. C'est ce «caractère sexuel secondaire» qui va du reste effrayer le plus la narratrice qui, tout au long du roman, va traquer tous les poils. le moindre d'entre eux devenant le symbole de la disgrâce. Cette exploration ne va du reste pas s'arrêter au sexe féminin. Il faut désormais essayer de comprendre comment fonctionnent les garçons, quel est ce mystère qui fait raidir leur membre. Après les caresses et cette étape initiatique que constitue un baiser avec la langue, il va falloir pousser plus avant le côté tactile, offrir ses seins à la main d'un garçon en échange de la caresse de ce qu'elles prennent déjà comme une transgression d'appeler une bite.
La seconde lecture est celle du roman de formation. Au fil des pages, l'enfance s'éloigne, la naïveté - quand ce n'est pas l'ignorance - et remplacée par une inextinguible soif de savoir, de connaître. Et de franchir très vite les étapes, quitte à se fourvoyer: «Nous prenions le viol pour une libération forcée. Nous imaginions le beau chevalier blond qui abattrait d'un coup d'épée les portes scellées pour nous arracher aux bras étouffants de nos mères.» Fort heureusement, ces voeux restent pieux et tiennent davantage du fantasme que de la réalité.
Ce qui nous amène au troisième niveau de lecture, sociologique. Car l'irruption du désir est aussi marquée par de nouvelles alliances, par la construction d'un réseau, d'une bande de copines, les «Dangereuses», qui vont rivaliser pour s'octroyer la place la plus enviée, quitte à mentir, quitte à trahir. C'est ainsi que Bruna va endosser un faux profil sur internet pour piéger sa copine. Mais, elle ne lui en tiendra pas vraiment rigueur, car «les histoires d'amour torrides qu'elle me rapportait tous les lundis alimentaient mes grandes théories sur ce qui plaisait ou non.»
Il en ira de même avec la belle Ingrid, celle qu'il fallait à tout prix côtoyer pour avoir droit au statut de fille intéressante. Car la «suceuse» pouvait partager son expérience, raconter «ce qu'il fallait faire une fois qu'on nous avait enfoncé l'objet dans la bouche, la position de la langue, des dents, le degré de succion qu'il fallait administrer.» Et si en fin de compte «son tutoriel expéditif ne m'apprit rien et ne fit que me frustrer davantage», elle aura apporté une pierre de plus à la construction d'une sexualité plus libre.
Car Joy Majdalani, derrière ce récit construit avec l'avidité qui caractérise cet âge des grandes mutations, montre une voie vers l'émancipation. Faisant fi des préceptes religieux et des diktats familiaux, il s'agit de s'armer pour s'offrir un meilleur futur. Un premier roman très réussi!


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Merci à Lecteurs.com et aux éditions Grasset de m'avoir permis la lecture de ce bon roman .Une jeune fille de 13 ans ne rêve que d'une chose ,rencontrer un garçon pour y gouter .Elle nous livre ses fantasmes ,ses envies ,ses désillusions de manière assez crue ,ne s'embarassant d'aucunes retenues .Alors tout est bon pour parvenir à ses fins même si c'est pas du goût de tout le monde .Un roman sur l'adolescence et ses premiers émois qui « ne tourne pas autour du pot » .
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La narratrice de ce premier roman a 13 ans et elle est prete à tout pour ressentir le grand frisson de l'amour

L'objet de son désir : le garçon. Idéalisé, objectivé, essentialisé ; sa valeur croît ou décroît selon la popularité de la fille qui le veut.

Un texte joliment insolent entre légereté et gravité entre deux injonctions totalement contradictoire à l'innocence et à l' hypersexualisation .

La jeune romancière réussit avec une belle réussite à décrire avec énormément de justesse le passage à l'adolescence, et en révéler tous les contrastes et les ambivalences. Joy Majdalani, par son écriture fiévreuse et magistrale, met un sacré coup de pied dans la forumillère du récit iniatique adolescent, souvent la tarte à la creme des premiers romans.

Sous couvert de légèreté, ce court texte nous parle aussi de la violence infligée aux corps féminins pour les conformer à un idéal esthétique occidental et des différentes classes sociales qui peuplent Beyrouth et qui jamais ne se croisent.

On l'aime beaucoup, cet incandescent « Goût des garçons »…



Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'histoire d'une adolescente de treize ans dans un collège catholique qui raconte son obsession pour les garçons.

Au début, tout est imaginé, imprécis, interdit mais terriblement attirant et inaccessible. Il faut alors nouer des alliances avec des amies (qui le restent rarement longtemps), subir les trahisons et les effets de groupe, intriguer pour soulever un peu le voile, comploter pour découvrir… tout est permis car seul compte le but à atteindre. Réussir à séduire et à capter le regard, l'attention de celui qui osera.

Fantasmes de bites, de caresses, de langues, de fluides, de désirs, toucher, voir et goûter. C'est frais et ça sonne très juste, c'en est très drôle et touchant. Un livre qui crie : je veux !
Lien : https://www.noid.ch/le-gout-..
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La narratrice , qui a treize ans, fréquente un lycée catholique d'une ville jamais nommée (mais qu'on devine être Beyrouth ) et, tout comme ses camarades de classe ,elle ne pense qu'à ça . le sexe des garçons. "Nous en parlions sans honte: nous voulions d'un désir qui fasse perdre le contrôle." Elle et ses amies en parlent crûment, expérimentent, jaugent, se montrent parfois cruelles, même entre elles. Les amitiés se nouent, se dénouent au gré des fascinations et des intrigues. C'est tout un microcosme qui se montre à nous et que la narratrice analyse avec lucidité, "Il y a des bonnes et des mauvaises façons d'être une jeune fille" pointant les injonctions faites aux femmes en devenir : "Ce n'est que sur ces deux registres qu'il convient d'être une jeune fille. Réticente ou délicieuse. Jamais enflammée."
En lisant, que dis-je, en dévorant ce premier roman saturé de désir, saturé d'énergie, je n'ai pu m'empêcher de penser à une écrivaine aujourd'hui tombée dans l'oubli, mais qui avait fait une entrée fracassante en littérature , Muriel Cerf, en particulier à son roman Les rois et les voleurs.
La même vitalité, la même liberté, l'aisance dans l'écriture et la finesse de l'analyse de l'adolescence , voilà qui augure bien de l'avenir pour Joy Majdalani.
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Ah ! L'adolescence ! Les hormones en ébullition, le corps chauffé à blanc, les neurones qui ne pensent qu'à ça, l'envie de découvertes, de corps qui se cherchent et se trouvent, parfois.

Si tu as la chance d'être un garçon, à l'adolescence, on dira de toi que c'est normal, que tu te cherches, que le corps a besoin d'exulter. Il faut que jeunesse se fasse. Mais gare à toi si tu es une fille. Petite traînée, n'as-tu pas honte de ces pensées impures ? Ton corps, ne le montre pas. le plaisir? Ne le prends pas. Couvre-toi, ma fille, tu n'es pas une salope !

Elles aussi, pourtant, elles ont le feu au ventre. Les filles de treize ans. Enfermées dans les carcans de leur éducation puritaine, qui leur dit que croquer les garçons, ce n'est pas bon. Pourtant, à treize ans, notre jeune narratrice ne rêve que de ça.

On n'est pas sérieux à cet âge-là. On envoie tout balader, on repousse les limites, on se gargarise d'avoir franchi les interdits. On commence à se construire une identité propre, différenciée de celle de ses parents. On tend le bras dans l'espoir de caresser l'interdit, ce continent inexploré, ce corps de l'autre qui recèle de plaisirs imaginés et inconnus.

À l'aide d'une plume crue, brutale, jubilatoire et parfois dérangeante, Joy Majdalani nous raconte les débuts de l'adolescence dans un collège catholique d'une ville jamais nommée. Beyrouth ? Peut-être. Mais finalement, peu importe. Les filles de treize ans rêvent toutes de mordre à pleine dents dans la chair. Tout comme les garçons. Et les injonctions qu'elles reçoivent sont toujours, plus ou moins les mêmes, où que nous nous trouvions.

Un récit qui bouscule, une plume acérée qui libère, un vocabulaire qui heurte. Bref, un roman qui ne laisse pas indifférent.
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Le goût des garçons de Joy Majdalani n'a pas grand-chose du roman. Il s'apparenterait plus au texte libre ou à l'essai. Son objet : le désir des filles qui ne se cachent pas d'en avoir, l'apprentissage d'une sexualité interdite et les fantasmes adolescents.


C'est un texte qui ne se cache pas derrière son petit doigt.
Il se drape dans une langue délicieusement crue, seule capable de dire ce qui est :
les ragots, et les légendes,
les ignorances les plus crasses et les peurs partagées,
les élans et les erreurs,
les embûches et les alliances, délétères, sauvages.


Quelques heures suffisent à la lecture de cette brillante diatribe. On ne peut qu'être ébahi par la langue de son autrice – intelligente et incisive –, la finesse de son regard et la profondeur de ce qui s'y cache.
Sa narratrice, dont on suit les découvertes et les déconvenues avec une joie presque malsaine, nous émeut. Sa ténacité et ses obsessions nous troublent. Après tout, nous les avons un jour partagées. Toutes ou presque.
Nous avons juste oublié.


Si j'ai été quelque peu déçue par le dernier tiers de l'ouvrage qui s'éloignait de ses personnages pour se montrer plus « théorique », j'ai trouvé la réflexion passionnante. J'aurais peut-être aimé la voir s'incarner plutôt que de la lire scolairement, mais le « retour » de la jeune fille, le dernier chapitre venu, clôturait malgré tout magistralement le propos. Il y avait du panache dans ces dernières lignes, de l'audace et un brin d'effronterie.


Le tout donnait à ce court texte les couleurs de l'essentiel. de celui qu'il fallait avoir lu peut-être. Ne serait-ce que pour regarder sa propre jeunesse d'un oeil neuf, d'en trifouiller les ténèbres et de se gargariser de ces égarements
parfois si vite oubliés,
et souvent à jamais inscrits dans notre chair.
Lien : https://www.mespetiteschroni..
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Un bon roman qui parle du début de l'adolescence, les changements du corps, les mystification du corps de l'autre, le début des désirs (déconnectés de la réalité)...

L'auteure raconte ces/ses déboires au collège privé de l'Annonciation. Les intrigues de cour de récré sont particulièrement bien retranscrites et qui est né dans les 90 y retrouvera des similitudes inévitables.

Après, l'auteure est volontiers provocatrice dans son récit en employant des termes crus pour décrire, sans fard, ses désirs, pulsions, expériences...
M'est avis que certaines militantes féministes "Made In 2022" vont tirer à boulets rouges sur ce livre qui est pourtant, selon moi, une ode à l'émancipation ordinaire.

En filigrane, on perçoit le fonctionnement d'une société libanaise séparée en classes le plus souvent imperméables et sclérosée par les traditions.

Un bon premier roman.
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C'est le premier roman de @joy.majdalani … coup d'essai, coup de maître.
Le Goût des garçons est un roman dérangeant en cela qu'il bouscule, de sa langue crue et ses descriptions salaces, ce que le bouillonnement hormonal fait aux très jeunes filles, notamment celles élevées entre elles dans un milieu où les injonctions à la pureté sont légion - en l'occurrence, une institution catholique huppée.
La force de ce court texte - moins de 200 pages - est de convoquer l'immédiateté et la crudité des sensations et pensées obsessionnelles de cet âge, a un style et une réflexion rétrospective sur les attentes contradictoires des pairs et de la société.
Si j'ai été gênée par certaines approximations (la tranche 13-16 ans semble artificiellement concentrée sur l'année de quatrième et laisse croire à une représentativité de ces comportements a cet âge), il reste que c'est un livre fort , jusqu'à ses prises de risque (le sens du mot « viol » lorsqu'il est fantasmé par une très jeune fille par exemple). La publication dans la collection « le courage » des @editionsgrasset n'en est que plus justifiée !
Et vous… qu'avez-vous pensé de ce court roman ? Vous tente-y-il ?
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