AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,59

sur 149 notes
5
10 avis
4
15 avis
3
9 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Nous sommes au Liban dans les années 60. Imaginez une belle demeure entourée d'eucalyptus, d'orangers, de citronniers, de rosiers et assis sur le perron ensoleillé, Noula, qui veille sur le portail ouvert de cette maison et les allers et venus de tout un monde de colporteurs.

Noula, notre narrateur, est le chauffeur et l'homme de confiance du maître de céans, Skandar Hayek. Cette majestueuse villa se situe à Ayn Chir, banlieue de Beyrouth. Elle est le symbole de la réussite du clan Hayek, tisserands depuis trois générations.

« Nous aussi nous vivions comme si tout allait perdurer, comme si le tissus des jours ne pouvait jamais se déchirer et moi, j'aimais sentir se nouer et se dénouer autour de moi les gestes quotidiens parce qu'ils étaient comme la preuve de l'éternité du monde et des choses ».

C'est ainsi que s'exprime Noula. Avec sagesse et attachement à ce clan, il nous raconte comme il fait bon vivre, à cette époque, dans un Liban apaisé entouré de Skandar Hayek, son patron et homme de caractère, l'acariâtre Mado, soeur de ce dernier en conflit fermé avec Marie, la belle mais froide épouse de Skandar, et leurs trois enfants, Karine, ravissante et libre, Noula, suffisant et incompétent, Hareth, rêveur, épris d'aventures. Tout ce petit monde ne peut vivre sans être entouré de son personnel : Jamilé, la gouvernante, les bonnes et le jardinier. C'est un clan, une famille, même si chacun sait rester à sa place.

Les Hayek sont investis dans la politique. Chrétiens, ils s'entendent très bien avec leurs voisins chiites. Ils ont en commun le même respect quant à leurs engagements.

Malheureusement, ce que l'on aimerait inscrit pour l'éternité, peut un jour basculer « sans crier gare ». La mort subite de Skandar va précipiter cette famille vers un abîme sans fond. Noula nous raconte le déclin inexorable de cette famille. Et pour précipiter un peu plus vite cette famille dans le malheur, son déclin va venir faire écho à celui de ce magnifique pays qu'est le Liban. La guerre civile s'invite jusque dans la propriété des Hayek avec toutes ses conséquences.

A ce moment du récit, les femmes sont seules dans cette grande maison avec comme gardien, notre narrateur Noula. La cohabitation est houleuse entre Mado et Marie, les rancoeurs, les jalousies se libèrent pour faire place ensuite, devant l'adversité, à une grande solidarité, une belle dignité face aux milices, à tous les dangers qui guettent les femmes seules dans ce genre de situation. Cette villa est le dernier symbole de la grandeur des Hayek, elles feront tout pour la protéger et la maintenir.

J'ai refermé ce livre toujours sous l'emprise de l'émotion. Je suis tombée sous le charme de l'écriture addictive de Charif Majdalani, une écriture comme je les aime, fluide, douce, raffinée. Une écriture qui prend le temps de nous conter, de nous décrire, des paysages, des scènes qui prennent vie sous nos yeux.

Charif Majdalani est née en 1960, il décrit avec réalisme la façon dont la guerre impacte le quotidien des personnes : cela sent le vécu.

J'éprouve une certaine fascination pour ce pays, née certainement de tous les récits que j'ai entendus que ce soit de voyage ou d'amis libanais. Je me souviens de toutes les discussions, de toutes les désespérances, qu'à susciter la guerre civile de ce si beau pays que l'on appelait « la suisse du Moyen-Orient ». Ce fut pour mon entourage une grande tristesse, un véritable tsunami.

Alors sous la plume de ce génial conteur qu'est Charif Majdalani, le Liban a pris vie sous mes yeux ainsi que la demeure majestueuse des Hayek et le quotidien de tous ses habitants le temps de la lecture d'un livre.



Commenter  J’apprécie          6415
Majdalani, c'est son cinquième et dernier roman que je viens de lire, toujours aussi passionnant.
Une fois de plus , partant d'une histoire de famille, l'auteur nous raconte la grande histoire, celle du Liban, fin des années 50, jusqu'au début de la guerre civile en 1975.
Le narrateur, gardien - chauffeur des Hayeks, Noula alias Requin-à -l'arak ,sera le témoin de la grandeur et de la décadence de cette ancienne famille patriarcale. Skandar Hayek,négociant de tissus, Mado,sa sœur ( la méchante), Marie,sa femme (la diplomate,intelligente,qui gère mari et belle-sœur ), Noula ,le fils aîné ( noceur égoïste et écervelé ), Hareth ,le cadet ( jeune homme épris de liberté et d'aventure) et Karine, la fille ( fière et belle), un défilé de personnages hauts en couleurs.Un monde où se côtoient notables chrétiens, chiites, palestiniens, combattants de l'OLP, divisés aussi, entre eux- mêmes ,en clans, avec des alliances précaires.
A la mort de Skandar en 1969, l'histoire de la famille va basculer peu à peu et se confondre avec celui du pays qui s'enfonce lentement dans la guerre civile.....
Un récit foisonnant, dont le cœur est quand même les femmes, ces femmes qui livrées à leurs sorts, dans une villa coincée au milieu des combats, vont revendiquer leurs droits avec force, intelligence et courage.
Une prose sublime, un talent de conteur hors pair,je décrirais ce livre avec les mots de l'auteur lui-même " un roman ,c'est pour y vivre...bien dedans".
Commenter  J’apprécie          602
La littérature libanaise contemporaine ne déçoit (presque) jamais. Ce petit pays est riche de romanciers hors pair, qu'ils écrivent en arabe ou en français, qui s'y entendent pour raconter leur territoire à travers des fresques historiques qui n'oublient jamais d'y mêler de complexes noeuds familiaux. En un an, sur l'étal des librairies, se sont succédé Hanan el-Cheikh (La maison de Schéhérazade), Rabee Jaber (Les druzes de Belgrade), Jabbour Douaihy (Le quartier américain) ... Et voici le retour de Charif Majdalani qui, après le dernier seigneur de Marsad, poursuit dans une veine semblable avec Villa des femmes. A nouveau, il y est question de la splendeur puis de la déchéance d'une ancienne famille libanaise qui va péricliter après la mort du patriarche. Une chute qui coïncide avec les guerres qui ensanglantent le pays au début et au milieu des années 70. Outre l'écriture imagée et lustrée de Majdalani, le récit gagne en profondeur par la position du narrateur, sorte d'homme à tout faire de la grande maison, témoin et complice, souvent malgré lui, des faits et gestes de ses habitants. Une fois le pater familias décédé, tout va partir à vau l'eau par la faute d'un fils aîné dispendieux et jouisseur alors que le cadet parcourt le monde. Oui, mais il reste les femmes. Et celles-ci vont résister, face à la ruine qui menace et contre les miliciens qui rôdent en plein conflit. Cette Villa des femmes est pourtant composée de figures très contrastées qui se haïssent pour certaines mais leur dignité dans l'adversité est admirablement décrite par la plume de l'auteur. le narrateur, lui, pourtant bouillonnant de désir, est contraint de jouer un rôle d'eunuque, protecteur assez maladroit de ce gynécée turbulent. Majdalani trace des portraits féminins complexes avec une empathie et une tendresse qui ne laissent cependant pas dans l'ombre les défauts et la dureté de ses personnages qui se révèlent bien plus solides et fiables que les hommes qui les entourent ou les défient. Ce conte oriental moderne est l'une des plus belles pépites de la rentrée littéraire.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
Commenter  J’apprécie          320
Une famille, un destin, un déclin. Trois vocables résument ce précieux roman de l'écrivain libanais Charif Majdalani, le tout enveloppé de phrases délicates et recherchées aux effluves orientales.

Hayek, une histoire clanique, solide, dans le Liban des années 60 mais qui va devoir affronter quelques années plus tard une guerre civile. Dans cette maison entourée d'eucalyptus et d'orangers, vivent Skandar le père, Marie l'épouse, Karine/Noula/Hareth les enfants mais aussi l'intrigante Mado, soeur de Skandar, et des employés dévoués comme Jamilé ou Noula, ce chauffeur qui narre l'épopée des Hayek. Au fil des événements, intérieurs ou extérieurs, l'arbre familial verra ses branches se rompre progressivement mais essaiera de tenir grâce à la vaillance des femmes dans un monde masculin, espérant que l'un de la dynastie reviendra pour faire redémarrer les racines.

A travers cette saga, l'auteur nous fait partager l'ambiance libanaise, celle de la sérénité mais, hélas, celle aussi des divisions guerrières. C'est également un voyage à travers l'Asie, de l'Iran jusqu'aux frontières de la Chine en passant par la Jordanie et l'Afghanistan. Et c'est ainsi que ce roman tisse les liens entre ces nations, entre les histoires intimes d'une lignée et les secousses politico-religieuses du Proche et Moyen Orient, la beauté, la tristesse, l'amour, la haine... les passions aussi.

Il paraît que la littérature libanaise ne déçoit jamais. Ce roman de Charif Majdalani en est une certitude.
Lien : https://squirelito.blogspot...
Commenter  J’apprécie          80
Quel roman ! On est pris par le récit parfois palpi­tant, par les descrip­tions de si beaux paysages, par l'évocation de person­na­lités roma­nesques, et puis par cette guerre qui a failli tout détruire. le Liban c'est le pays de mes amis, et cette photo le raconte : entre les gâteaux qu'ils m'offrent et cette nappe qu'ils ont fait broder pour moi, j'ai placé ce livre qui m'a fait revivre les histoires qu'ils m'ont maintes fois racon­tées. Ces grandes familles liba­naises qui, au delà de leur confes­sion, s'entendaient parce qu'ils aimaient leur pays et savaient trouver les alliances pour le tenir en équi­libre. Les grandes familles étaient, chré­tiennes, chiites, druzes ou sunnites. Elles étaient avant tout liba­naise, et ce doux pays aux vergers incom­pa­rables vivaient en se respec­tant. Certes les classes sociales étaient très marquées, et les amours devaient servir à conforter des alliances finan­cières, mais au-​delà de ces contraintes la vie était belle. Les réfu­giés pales­ti­niens, chassés de leurs pays ont apporté les premiers troubles, et puis, on connaît les enchaî­ne­ments tragiques.

Cette grande famille des Hayek* alliée aux Ghosn*, est mise à mal par la mort du patriarche et la guerre qui se passe à leur porte. À l'intérieur de leur superbe villa, Marie la femme, et Mado la belle soeur, qui cultive sa haine pour la femme de son frère se livrent une guerre sans merci. C'est égale­ment une des réus­sites du roman : cette guerre fratri­cide qui suit les aléas de l'autre guerre.

Sans trop dévoiler le roman, le titre « la Villa des femmes » permet de se dire qu'elles arri­ve­ront peut-​être à s'unir pour lutter contre la destruc­tion ambiante. L'avant-guerre, ce Liban des grandes familles nous entraîne dans un monde merveilleux, celui des princes et des prin­cesses, mais au XX°siècle. J'ai adoré la scène où toute la maisonnée galope sur de beaux pur-​sang pour récu­pérer les chevaux qui se sont échappés. On sent le vent, les odeurs , la mer .. on rêve. J'ai adoré aussi la scène ou Mado crache son venin sur sa belle-​soeur : c'est de la tragédie grecque et Médée n'est pas loin. Bref, je suis enthou­siaste et la petite note qui me fait du bien, c'est écrit dans un fran­çais superbe parce que dans ce Liban là, la langue de la civi­li­sa­tion des idées et de la litté­ra­ture c'était la mienne, la nôtre le fran­çais.
Commenter  J’apprécie          50
Le narrateur de ce récit passe son temps sur une terrasse : celle de la "Villa des femmes". Il est le chauffeur et le confident d'un homme d'affaires libanais. Ce dernier dirige un négoce de tissus. Un matin, contre toute attente, ce patron en bonne santé s'effondre devant ses ouvriers. Parmi ses fils, aucun n'est capable de lui succéder : Noula, l'ainé, est peu fiable et vaniteux, Hareth, le cadet, est un rêveur épris de liberté, dont on attend indéfiniment le retour. C'est donc aux femmes qu'il va revenir de prendre les choses en main mais rien n'est simple entre Marie, l'épouse et Mado, la soeur. Sans compter Karine la fille, à la fois indépendante et attachée au domaine.

Noula le chauffeur et Jamilé la gouvernante savent tout, entendent les secrets, mais ne peuvent influer sur le destin de cette famille. D'autant moins que la guerre civile menace...

En l'absence des hommes, l'auteur rend hommage aux femmes qui se battent pour garder cette propriété familiale à la mort du patriarche et nous plonge dans l'histoire du Liban des années 1970.

Ce récit m'a beaucoup fait penser à "La mort du roi Tsongor". La langue est de toute beauté et sublime le texte. Au fur et à mesure des pages, nous apprenons les secrets des uns et des autres, les liaisons cachées, les histoires d'amour malheureuses. Au final : un roman de toute beauté, qui n'est pas sans rappeler la mythologie. On peut en effet comparer le voyage d'Hareth qui repousse sans arrêt son retour à celui d'Ulysse. Donnant à ce roman une double dimension : tragédie antique et récit moderne.
Commenter  J’apprécie          40
Noula surnommé Requin-à-l'arak, est chauffeur comme l'était son père de Skandar Hayek,descendant pour la 3ème génération d'une grande famille chrétienne beyrouthine. Il est le témoin discret des secrets des différents membres de la famille qu'il conduit ça et là dans ce Beyrouth d'avant 1975. Et puis surgit le conflit entre différentes entités de cette société plurielle. Après la fuite à l'étranger du fils cadet, le décès du patriarche et l'effondrement de l'entreprise fondée par l'arrière grand-père à cause de l'incompétence et de l'inconstance du fils aîné, trois femmes se retrouvent dans la grande villa assaillie par les miliciens. Un superbe roman sur le Liban qui retrace dans une belle langue vivante et sensible les débuts de la guerre civile et la grandeur et la décadence d'une famille. Et surtout de superbes portraits de femmes.
Commenter  J’apprécie          30
Un très beau livre nostalgique d'un Liban qui n'en finit plus de s'effondrer comme rongé de l'intérieur par ses propres caractéristiques, travers, qualités et défauts qui dans le monde qui nous enserre deviennent les affreuses métastases qui dévorent les humains dépassés et incapables de guérir…
Commenter  J’apprécie          20
Quand l'histoire familiale rencontre L Histoire...
Quand la grandeur laisse la place à la déchéance...
Un coup de coeur pour ce très beau roman, à la prose remarquable et aux personnages habilement dessinés dont j'ai dévoré chaque page, entraînée par les évènements qui mènent la famille à la ruine au milieu d'une guerre qui ne fera qu'accélérer le processus.
Si les hommes de ce roman sont des figures marquantes (Hareth le rêveur-voyageur, Noula son frère aîné le noceur, Skandar Hayek le patriarche, mais surtout "Requin-à-l'arak", le chauffeur et narrateur qui est à la fois homme à tout faire, protecteur bienveillant et jaloux), les femmes s'affichent fortes, déterminées, libres. Elles font face avec courage, forcent l'empathie, ce sont de vrais caractères (Mado la rancunière, Marie si digne, Karine fière de son héritage et Jamilé, la cuisinière).
Le rythme lent de la narration accentue l'effet mélancolique de ce roman très réussi qui rend hommage au Liban.
J'ai très envie à présent de découvrir d'autres ouvrages de Charif MAJDALANI tant celui-ci m'a séduite.
Commenter  J’apprécie          20
Faut-il parler de la rouerie de l'auteur ou de son ingéniosité dans le récit ? Dans une première lecture, je m'étais fourvoyé en m'inquiétant de mes ignorances sur l'histoire contemporaine du Liban. C'était une erreur ; j'ai retrouvé le livre, lu les premières pages, goûté la musique complexe des phrases, et le charme a de nouveau opéré.
Majdalani a du talent, il est manifeste partout.
Confier le récit au chauffeur de chez Ayek, fait entendre une voix au courant de tout : des vérités officielles, des bruits de couloir, des intrigues cachées, découvertes, puis démenties, un vrai tourbillon où évoluent les clans, des personnages hauts en couleurs, riches de contradictions et de comportements imprévisibles.
Le ton est celui de l'épopée, de la verve humoristique, et le lecteur passe par toutes les émotions.
Il s'agit ici surtout des femmes, de la roue du destin, à l'image d'un Liban d'une grandeur mythique et qui passe par tous les revers de fortune, malgré le courage et les initiatives des protagonistes.
Même au coeur de la fabuleuse puissance financière et morale, règne l'autodérision et la juste appréciation de la situation : « toute notre fortune vient des crottes de chameau ». Les itinéraires géographiques et amoureux ne manque ni d'idéal ni de complexité, évoqués tantôt avec humour, tantôt avec nostalgie ou amertume. Par la suite, au lieu d'énoncer platement les facteurs historiques et personnels d'une ruine progressive bien amorcée, l'auteur et/ou le narrateur, se livre à une méditation lyrique sur le déclin prévisible et inévitable. le rythme et l'ampleur des phrases font ressentir ce glissement. Majdalani n'est plus chroniqueur, conteur ou historien, mais poète. C'est en quoi « villa des femmes » séduit par l'écriture.

Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (315) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1429 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}