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Ego monstre tome 1 sur 2
EAN : 9782876785632
205 pages
L'Aube (25/04/2000)
4.62/5   8 notes
Résumé :
Un long conte poétique du conteur et résistant afghan Majrouh, assassiné en 1988 lors de son exil au Pakistan.
Que lire après Ego monstre, tome 1 : Le voyageur de minuitVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Fallait-il qu'elle soit prophétique, gênante parce que trop belle et aimée des Afghans cette voix de Sayd Bahodine Majrouh pour que deux assassins soient mandés pour la faire taire un soir où il a ouvert sa porte. Mais le nom du poète reste connu et ses textes circulent alors que les assassins tombent dans l'oubli.
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Nous les égarés du néant,
délirants de la raison,
nous avons mené nos vies,
nos vies qui étaient trop belles jusqu'à ce jour,
aux mégapoles de l'enfer,
là où l'on fait taire les paroles qui sont trop vraies,
qui sont trop libres,
de celui qui barre la route aux porteurs de dieux errants,
celui qui combattait le monstre d'ego -
on doit parler à l'imparfait
nous, ombres des prisons de solitude -
de celui qui a désigné tous ceux
qui veulent faire de nos cerveaux
les cercueils de l'espoir.
Bahodine tellement poète,
que son verbe brûle encore les apparences.
Ne restent que des mots chuchotés à notre oreille par la femme
qui a pour seules possessions -
mais ce sont des richesses infinies -
un sachet de myrte entre ses seins,
et les vers de Majrouh,
les vers du livre du temps,
pour nos mémoires assassinées
à la même heure que Bahodine Majrouh.

Savoir avoir honte.


Sayd Bahodine Majrouh (1928-1988, assassiné en exil à Peshawar) je le lis en Anglais et en Français, mais je trouve – je ne connais pas le Persan Dari – que les traductions françaises de Serges Sautreau sont remarquables.
Mes mots se sont mêlés aux siens et au souvenir que j'en ai.
Lisez ce poète exceptionnel, que mes mots seuls ne peuvent dire,




Le Voyageur de Minuit (Ego-Monstre I) (texte français par Serge Sautreau) Phébus
Le Rire des Amants (Ego-Monstre II) (texte français par Serge Sautreau) Phébus
Le suicide et le chant. Poésie populaire des femmes pashtounes, traduit du pashtou et adapté par André Velter et l'auteur)  Gallimard,
Chants de l'errance (traduit du pashtou et adapté par André Velter et l'auteur),  La Différence

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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
L'Ordre bouleversa tout.
On apprit à connaître une activité d'un type nouveau, qui fut nommé travail. Jusqu'alors, on engageait une action par désir ; on la poursuivait par agrément ; on la menait à son terme pour le plaisir. On savourait la joie comme le repos, l'ouvrage exaltant comme l'oeuvre accomplie. Le travail, en revanche, s'avéra d'emblée marqué du sceau de l'effort, du pénible, du rebutant ; entamé dans le non-consentement, il se déployait en souffrance et s'achevait par dégoût. Ainsi s'érigea le joug. Ainsi, la geôle dont l'humanité domestique n'a jamais su se libérer.
Sous la férule du Chef Illimité, il fallût bâtir murailles et hautes tours, creuser fossés, faire forteresse de la Cité, édifier en son sein un aberrant palais de marbre.
... Les enfants ne jouaient plus. Ils n'avaient plus permission de rire. Ils ne furent plus voyants. Ni les amants ne se promenaient entre bois et jardins. Il était à toute occasion interdit de... Interdit de s'amuser, de plaisanter, de sourire, de s'embrasser dans les bosquets. Interdit, tout ce qui déplaisait au Grand Conquérant. Et ce qui déplaisait par-dessus tout au Guerrier Invincible, au Conquérant du Monde, au Chef illimité, c'étaient les rires et les jeux, les cris joyeux et libre des enfants, les chants des oiseaux, les baisers des amants.
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En lieu et place de ses vestiges se dressait une ville dont la renommée avait conquis le monde. On s'y rendait en traversant l'immensité des prairies les plus vastes, des forêts les plus denses, des monts et des vallées brassant leurs fleurs sauvages, leurs lacs et leurs rivières aux ondes transparentes, leurs torrents fracassants descendus des hauteurs où rêve la neige bleue.
Chevaux en liberté par les herbes et le vent, cerfs, chevreuils, biches, troupeaux de grâce dans l'éclat des graminées, animaux sans frayeur qui venaient jusqu'au bord de la ville jouer avec les enfants et manger dans leurs mains : voilà ce que trouvait le voyageur, avec les trilles des oiseaux sous l'ombre des jardins.
En ce temps-là, on n'inventait pas la cage.
En ce temps-là la ville était sans porte.
En ce temps-là, on ne dressait pas muraille, on ne creusait nul fossé.
La ville était un parc ; la ville était fleurs, bosquets, maisons sobres, discrètes, agréables à l'oeil, reposantes à vivre.
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Le Voyageur de Minuit aimait à se retirer, à s'isoler, se taisant des jours entiers.
Il se laissait captiver des heures durant par la grâce d'un feuillage. Il goûtait sa danse dans les bras de la brise. Il ne se lassait pas du chant des oiseaux.
Il était fou, évidemment.
Certains pensèrent à l'enfermer.
D'autres s'y opposèrent. Il était fou, pour sûr, mais nullement dangereux ni susceptible de faire du tort à quiconque. Il divertissait les enfants et les simples. Et puis, il contait bien, le Madjnoûn : ses histoires, ses délires de fou déclenchaient l'hilarité.
Seuls les enfants étaient attentifs au fil secret de ses récits.
Seuls, ils écoutaient avec l'âme.
Seuls ils trouvaient un sens où les autres riaient.
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Que faire ? Je suis le Voyageur de Minuit. J'ai longtemps déserté les distances et les hommes. J'ai parcouru le monde habité, les pays dévastés, le silence, la solitude. Comment me faire entendre d'eux depuis ces latitudes ? Et dire à leur Cité la menace implicite ?
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Celui qui pousse les hommes à aimer la mort ne saurait prendre goût aux nourritures terrestres, aux fruits de la beauté vive. Celui qui invite à l'écoute outre-tombe, lui-même jamais n'ouvrira son coeur à la force qui danse, à la joie qui jaillit, à l'amour qui s'élève en chant.
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