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Critique de Zephirine


Que voilà un premier roman réjouissant, qui mêle avec drôlerie et subtilité le conte et le réel. Rajoutez à cela un vent têtu et brutal, le Mistral, qui « dure trois, six ou neuf jours », et vous comprendrez qu'on ne peut sortir qu'ébouriffé et un peu sonné de cette lecture.

Le point de départ est un incident banal : un violent orage a emporté un muret dans un verger de cerisiers et voilà que son propriétaire et le narrateur son voisin vont creuser et mettre à jour des vestiges archéologiques. Peu enclin à voir des archéologues débouler sur son terrain, le vieux paysan accepte tout de même de poursuivre les fouilles clandestines. Ce qu'ils vont découvrir va les mener bien loin jusqu'aux origines de la région, ce Lubéron pétri d'histoire et de légendes. La source que les deux voisins découvrent, semble avoir des vertus miraculeuses, un peu fontaine de jouvence, un peu hallucinogène, à moins que ce ne soit le soleil qui, en tapant sur le ciboulot de nos deux découvreurs, ne leur fasse prendre des vessies pour des lanternes et des pierres pour une déesse païenne.
Ces découvertes sont prétexte à des recherches historiques, et c'est là que se dévoile le talent du romancier qui devient conteur ou historien pour les besoins de l'histoire.
Olivier Mak-Bouchard connait bien sa Provence et le Lubéron, il nous ouvre les portes d'un pays façonné par l'histoire des peuples qui l'ont habité. C'est aussi le « gipoutoun », ce pays fantastique tissé de légendes. On apprend à connaitre le Ventoux, ce géant de calcaire qui règne sur la région, on croise aussi Hannibal qui, avec son armée et ses éléphants, a traversé le pays.
Au fil des pages s'invite le Hussard, ce chat silencieux, un peu « Arlésienne » et qui apparait selon son bon vouloir. N'oublions pas la faune qui peuple les collines et les falaises, comme le circaète Jean-Le-Blanc ou le loup. Leur histoire s'entremêle avec celle des bêtes des contes comme la chèvre de Seguin ou encore la » cabro d'or » gardienne du trésor d'Abderrahmane.

« le dit du Mistral » nous ramène aux contes de notre enfance, il est aussi imprégné des odeurs de la Provence et balayé de Mistral. Un roman de grand vent pour les amoureux des légendes, ceux qui n'ont pas peur de suivre des sentiers mystérieux.
Et puis on ne peut évoquer ce roman sans parler de la langue. Chaque chapitre s'ouvre sur une citation d'un natif comme Giono ou Mistral ou bien d'un visiteur tombé en amour comme Pétrarque. Il y a aussi tous ces proverbes et ces mots en provençal semés dans le texte et qui lui donnent l'accent et cette saveur inimitable. Les découvrir, les faire rouler sur la langue, c'est comme déguster les treize desserts du réveillon du Noël provençal.
Pour parachever ce voyage, on retrouve, sous les rabats de la couverture, une carte de l'auteur, et le croquis de ces lieux chargés d'histoire et de mystère.

Alors, même si ce roman n'a pas les vertus d'une fontaine de jouvence, il a le pouvoir de nous replonger dans les histoires et les contes de l'enfance.
J'ai vraiment aimé la verve de l'écriture et ce mélange subtil des genres. Un roman aussi inventif et plaisant, ça fait du bien !

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