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Critique de spleen


spleen
04 septembre 2016
Depuis combien de temps n'avais-je lu un roman d'Andreï Makine, sans doute pas depuis le Testament Français en 1995 ,et je me demande bien pourquoi il a subi , malgré lui, malgré moi, ce long purgatoire ...

Je me suis laissée captiver par ce roman qui débute de manière plutôt ordinaire dans la période du "communisme vieillissant " par la curiosité d'un jeune garçon envoyé pour un stage imposé de géodésie dans la taïga sibérienne et qui suit un homme dont le comportement lui semble inhabituel . Une traque que le jeune homme vit comme une aventure hors du commun, il culpabilise presque de voler des moments d'intimité au fuyard .

Mais c'est bien l'innocence ou la naïveté du débutant , car il se fait piéger comme un bleu par l'homme , alors au coin du feu du bivouac après avoir écouté l'histoire du jeune homme, le plus âgé débute son récit et là, commence petit à petit l'éveil du lecteur .

Pavel Gartsev a vingt ans dans les années 1950, période stalinienne tardive et s'étant engagé dans l'armée , il effectue avec ses camarades des manoeuvres de préparation à une troisième guerre mondiale nucléaire , lorsqu'il est désigné pour accompagner une équipe à la poursuite d'un prisonnier fugitif .

Un commissaire politique, le commandant, un jeune officier blanc-bec voulant prouver sa bravoure, et un vieux sergent et son chien partent donc avec Pavel sur les traces du fugitif à travers la taïga , l'affaire devant se régler rapidement ...

Une chasse débute, mais le gibier est finalement plus rusé que ses poursuivants et la traque se prolonge , pas question de revenir bredouille au camp.

Peu à peu, une évolution se fait dans le mental des soldats mais également dans l'esprit du lecteur, nous quittons un roman d'aventure et une critique politique évidente pour une réflexion plus profonde.

Devant la difficulté, les masques tombent, les aspirations intimes s'expriment , les ressentiments surgissent , la bestialité éclate ouvertement entrainée par celle des autres mais il se passe aussi autre chose de bien plus secret , le plaisir de la chasse fait place au bonheur, certes fugace , de la vie dans la taïga, loin des contraintes et des regards, et ils entrevoient sans la nommer une forme de liberté, celle qu'ils n'ont jamais connue, interdite par le régime et leurs fonctions et surtout celle du soi-disant gibier qui se joue d'eux, beaucoup plus habitué à la taïga et à ses pièges que les militaires .

Pavel, qui n'a pas l'expérience des autres subit cette prise de conscience de plein fouet, on sent que le retour en arrière va être difficile ...

Chacun fuit la sombre réalité : il a deux choix : celui de rentrer dans le rang et de se fondre dans la masse comme un "pantin" sans espoir de bonheur ou de courir vers la liberté quelque soit les obstacles et peut-être y rencontrer l'amour, le vrai .

Vous choisissez quoi , vous ? moi c'était déjà plutôt évident et cela devient lumineux grâce au talent d'Andreï Makine .


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