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Parallèlement au mépris des pompes du régime soviétique et des discours mensongers des apparatchiks et de l'intelligentsia soviétiques, un jeune orphelin découvre l'amour pur et lumineux. En vieillissant cet amour se transforme. Désormais seule sa joie de vivre compte pour ne pas être rattrapé par la morosité d'une idéologie pétrifiée. Puis se remémorant une jeune femme, un camarade infirme ou un opposant idéaliste (qui veut sauver l'humanité) — des brefs instants de pure grâce côtoyant parfois l'enfer — il reconnaît sa perception du monde moins égoïste mais plus encore désabusée sur les hommes.

Merveilleuse écriture de Makine qui nous explique que dans son pays l'histoire politique et l'amour des femmes sont indissociables.
Merci à lolokili pour cette magnifique lecture.

Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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Bribes d'une vie.
Admirable « Livre des brèves amours éternelles » dont le narrateur compose une poignante symphonie intime, assemblage lumineux d'évanescents fragments de son existence.

Retours en arrière (flashback diraient judicieusement les angliches) grandioses ou minuscules, parfois absurdes, ces instants de grâce belle ou cruelle se cristallisent en huit récits indépendants, reliés néanmoins par le cheminement spirituel d'une seule et même âme qui a déjà tant vécu.

Cet éblouissant voyage dans sa mémoire prolonge ma découverte d'Andreï Makine amorcée dans L'archipel d'une autre vie. J'y ai retrouvé la superbe harmonie des phrases unissant l'austérité soviétique aux ors baroques d'une Histoire enfuie, paradoxe fascinant qui à nouveau m'a transportée.

Le Testament français patiente au sommet de ma pile, m'est avis que je ne vais pas longtemps lui résister.


Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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Dans un pays lointain coule un long fleuve, un fleuve qui se nomme Amour où les âmes suivent le flot tranquille du clapotis de l'eau. Parfois sereines, parfois rugueuses, ses eaux lèchent le rivage de l'Amour. Et l'Amour, je connais un gars qui en parle très bien. Pas moi, je te rassure. Dans un coin immensément loin de cette Sibérie, j'ai croisé ce gars aux yeux immensément clairs, Andreï Makine qui m'avait émerveillé lors d'une première rencontre, comme quand on croise le regard d'une femme sublime sur un quai de gare, transsibérien oblige... Je m'étais donc mis en condition, chapka et caleçon molletonné, vodka au frais, Tchaïkovski sur la platine.

Andreï Makine écrit des histoires d'amour qui se joue en un regard ou un silence. Elles sont certes brèves mais elles deviennent éternelles. du genre qu'on n'oublie pas dans une vie, même et surtout dans les putains de vie. A tout âge, aussi. Des bribes de souvenirs reviennent à la surface. Dans une chambre, à la terrasse d'un café, au pied d'une colline… Une rencontre d'un jour mais qui devient celle d'une vie. Une rencontre, un souvenir, vivre dans cette rencontre, mourir dans ce souvenir.

Je m'assois donc sur un banc, le regard posé sur ce lac où un cygne s'ébat dans la calmitude de cette fin de journée. le silence en impose, je l'écoute. le ciel pleure ses flocons de neige, les histoires d'amour sont souvent tristes. Je contemple le vide qui s'avance devant moi, le livre à la main. Des brèves histoires de vie, d'hommes et de femmes, de rêves aussi. Un livre sur les brèves amours éternelles. Chut. le silence enveloppe la tristesse de ce banc, de ce pauvre type assis sur ce banc, de ce cygne qui regarde un pauvre type assis sur un banc. le silence d'un amour, le fil d'un roman au fil des saisons. Insaisissable Amour.

Quelques fulgurances toujours aussi magiques sortent de la plume de l'auteur. C'est pour vivre ces moments-là que je poursuis mes lectures. L'Amour par procuration. Même si ses brèves sont trop brèves et que l'ivresse des grandes steppes ne m'a pas autant enivré que lorsque j'ai traversé l'archipel d'une autre rive le regard lumineux d'Andreï attire toujours mon regard de lecteur, du moins tant que la bouteille de vodka ne s'est pas totalement évaporée de la chaleur de deux corps nus dans la taïga.
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De brèves amours éternelles (un délicieux paradoxe qui s'explique très rapidement à la lecture du livre), la luminosité des paysages enneigés ou des villes sous le soleil estival, les idéaux amoureux et sociaux de l'enfance qui s'étiolent peu à peu à l'adolescence, des chapitres comme des courts récits ou des tableaux, l'histoire de l'URSS en parallèle de celle du narrateur et de ses amours ; ce livre d'Andreï Makine est tout cela à la fois et tellement plus aussi. Pour moi, il fut un émerveillement renouvelé à chaque chapitre, un éblouissement par le biais du regard amoureux du narrateur, une douce amertume quand vient le temps des désillusions adolescentes, une tristesse lancinante illuminée par de fugaces bonheurs aux visages féminins.

Ce livre, si difficile à classer dans un genre (roman à épisodes, recueil de nouvelles, récit autobiographique, mémoires amoureuses ?), est également pour moi difficile à transmettre dans cet article tant j'en retiens des sensations et une lumière qui m'habitera encore longtemps plutôt que des faits à narrer. J'éprouve la « bienheureuse inaptitude à réduire » ce roman à lui-même. Je ne peux que vous le conseiller avec force et vous souhaiter autant de bonheur que moi à la lecture de ce chef-d'oeuvre.
Lien : http://minoualu.blogspot.be/..
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L'histoire de Dmitri Ress , chapitre après chapitre, est contée comme des «nouvelles» que l'on pourrait lire indépendamment si ce n'est qu'elles respectent l'ordre chronologique de la vie de Ress avec la politique de la Russie en toile de fond.
Je compare l'écriture de Andreï Makine à un poème symphonique et, comme un poème ou une musique aimés, je veux le lire et l'écouter encore et encore.
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Huit nouvelles regroupées sous un titre oxymorique.

Un narrateur, qui présente beaucoup de similitudes avec le jeune Andreï Sergueïevitch Makine, se souvient avec émotion , et relate des rencontres où l'amour tient une place importante, rencontres fugaces, fragiles, mais empreintes de grâce, nourries d'un bonheur infini et indéfinissable. Amours éphémères, singulières, qui resteront, vivaces, ancrées dans sa mémoire, des parenthèses qui redonnent souffle à sa vie , amours embellies par une plume magistrale, nées dans un environnement géographique, politique, économique souvent hostile, marqué par l'emprise implacable de l'histoire, par le régime totalitaire de l'URSS à cette époque.
Nous côtoyons, tout au long du récit, des personnages intéressants, touchants, profondément humains, de très jeunes filles, d'autres un peu plus âgées, vaillantes, attirantes, qui évoluent tantôt dans une lumière virginale, tantôt émergeant des méandres de l'ombre…
Huit épisodes qui évoquent, chacun à leur façon, mais toujours avec puissance et grâce, l'art d'aimer, avec intensité, passion, avec déraison, avec compassion, avec abandon. Des souvenirs d'autant plus puissants et intéressants car furtifs, mais tous, ont laissé une empreinte indélébile, car les amours évoquées sont celles qui marquent à jamais la vie d'un homme, d'une femme, car elles sont toutes vitales et façonnées de Vérité.

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Je suis toujours étonnée de mon incapacité à rédiger une critique après un livre que j'ai aimé et surtout qui m'a “parlé” avec sa simplicité, la joliesse de ses phrases, la pureté qu'il dégage et un titre qui prend tout son sens une fois la lecture finie !

L'Amour est ici abordé avec délicatesse et tendresse. Celui d'un enfant, orphelin et que peu de bonheur touche chaque jour ; puis celui de l'ado et enfin de l'adulte qu'il est devenu. Tous ces moments, parfois fugaces mais intenses ont fait de lui ce qu'il est.

Il a pris conscience très trop de ce manque dans les régimes totalitaires qui n'étaient que façade. Il parle de l'amour qu'un rebelle au régime soviétique, et longuement emprisonné, a ressenti et jamais trahi pour une jeune fille “rentrée dans le rang” et femme d'apparatchik.

Quelle est belle cette langue française si bien écrite par Andreï Makine ! J'en redemande !

Challenge MULTI DEFIS 2021
Challenge RIQUIQUI 2021
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Publié l'an dernier, "Le livre des brèves amours éternelles" est un roman de l'écrivain d'origine russe Andreï Makine, notamment auteur de "Testament français", "La Musique d'une vie", "La femme qui attendait" ou encore de "La Vie d'un homme inconnu".

Il y a cet orphelin dont le regard croise celui d'une femme pleurant son amour perdu dans les tribunes assignées aux deux défilés annuels. le jeune garçon grandit parmi les ruines d'une Russie aux idéologies fatiguées, multipliant les rencontres. Ress, Maia, Vika, Léonora, Jorka, Kira, autant de femmes et de compagnons d'un jour au contact desquels il apprendra qu'il est possible de se réfugier dans la plénitude d'un instant, même fugace.

Je remercie Emmyne d'avoir mis ce roman sur ma route grâce à son billet ! Cela fait maintenant 3 jours que j'ai terminé ce roman et que je me demande quelle serait la meilleure façon d'en parler pour vous donner envie de vous précipiter en librairie.
Mon coup de coeur est double car si j'ai découvert avec émerveillement le parcours de ce jeune narrateur, je ne l'aurais sans doute pas autant apprécié s'il n'était pas porté par une écriture aussi magnifique !
Né en Sibérie et arrivé en France à l'âge de 30 ans, l'auteur a choisi de prendre la plume en français. Un pari risqué mais un résultat qui force l'admiration. Rares sont les écrivains francophones contemporains pouvant prétendre à une pareille maîtrise de la langue.
Mais ces histoires dans L Histoire se dessinent avec une telle fluidité qu'à peine terminées, je n'avais d'autre envie que de m'en laisser conter à nouveau.

Le récit s'ouvre sur l'histoire de Ress, un dissident ayant voué sa vie à la propagande antisoviétique. Si les multiples condamnations et souffrances dont il fut l'objet tout au long de sa vie n'ont fait que renforcer son insoumission et sa colère vis-à-vis du régime en place, elles lui ont aussi laissé une santé chancelante qui à tout instant semble annoncer sa chute.
Comment cet homme a-t-il réussi à rester debout durant tant d'années ?
C'est qu'il y a eu une femme longtemps auparavant...
Il est d'ailleurs beaucoup question de femmes dans ce roman et à sa façon de les entourer d'une telle grâce, on sent combien l'auteur leur est attaché.
Dans chaque chapitre, le narrateur balaie la grande Histoire, source d'un désenchantement perpétuel, pour s'arrêter avec nostalgie sur ces liens invisibles tissés avec des êtres pourtant brièvement connus.
Je garderai longtemps en mémoire la vive émotion ressentie à travers le portrait de Jorka, cet homme défiguré dans sa jeunesse par des éclats d'obus qui n'aura vécu qu'un seul petit instant de bonheur par procuration.

Le narrateur évoque ces moments de joie aussi furtifs que marquants, lesquels le préservent d'une haine contre son pays, le définissent et participent à entretenir en lui un certain rapport au monde.
Loin de la violence et des cris, il prend le parti d'une autre forme de révolte, celle qui invite à se placer en retrait pour revisiter ce qu'il reste au-delà des échecs, comme lorsqu'il se promène dans cette pommeraie héritée de l'ancien régime qui ne donnera aucun fruit mais arbore pourtant une végétation luxuriante.
S'attacher à l'essentiel, prendre le temps de savourer la douceur d'un instant, aussi éphémère soit-il. C'est une noble invitation que vous lance "Le livre des brèves amours éternelles". Acceptez-la :)
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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Je referme « le livre des brèves amours éternelles », dernier livre d'Andrei Makine et je ne peux m'empêcher de penser à la chanson de Georges Brassens « Les passantes » (voir lien ci-dessous): « Je veux dédier ce poème à toutes les femmes qu'on aime pendant quelques instants secret …à celles qu'on voit apparaître, à celles qu'on ne retrouve jamais…. » Tel un hymne aux femmes, aux rencontres amoureuses, à ces images de femmes qui toute une vie peuvent nous hanter, peuvent nous faire basculer.

Le livre des brèves amours éternelles c'est un peu cette chanson, composé de scènes comme autant de rencontres où l'auteur s'arrête quelques instants sur ces femmes croisées au hasard de l'enfance, de l'adolescence, sur ces femmes qui par amour ont tout perdu mais qui restent dignes, debout, après la perte, devant les difficultés de la vie dans un pays où quoiqu'il en soit vivre est un réel combat, d'ailleurs ce n'est pas vivre mais survivre. Avec ces premières images de la féminité, de la beauté, de la douceur jusque là inconnue, Andrei Makine nous invite à un retour en arrière sur son enfance douloureuse de solitude et de manque d'amour alors qu'il était placé dans un orphelinat russe et il va nous faire partager son émerveillement devant la grâce de ces jeunes filles et jeunes femmes entraperçues.


Mais le livre des brèves amours éternels c'est aussi l'occasion pour l'auteur de revenir sur ce pays qu'il a quitté, c'est revenir sur un régime capable d'affamer et de contraindre au silence, de tuer la révolte des poètes mais aussi un régime capable d'emmener ses orphelins au plus haut de leurs études, comme ce fut le cas pour Andrei Makine, lui même titulaire d'un doctorat de lettre.


Dans un style toujours parfaitement maîtrisé et superbe, Andrei Makine nous emmène dans son voyage préféré, celui du retour aux sources, retour à ces premiers émois amoureux, mais aussi retour sur ce pays qu'il a quitté il y a de nombreuses années, et où il ne cesse de retourner grâce à la littérature pour mieux dénoncer le terrible régime qu'il a fuit.

Un beau livre écrit dans une langue française riche, précise, sensuelle, pleine d'émotion et de poésie, mais pas le meilleur de Makine

Lien : http://www.youtube.com/watch..
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A travers l'évocation pleine de charme et d'émotion de femmes aimées, l'auteur nous fait vivre l'éveil à l'amour d'un jeune orphelin, de l'époque soviétique aux lendemains de la perestroïka. le souvenir de ces femmes est lié à des périodes de l'histoire de la Russie, de Staline à l'époque contemporaine : la propagande, l'utopie communiste, la répression, l'emprisonnement des résistants politiques, la chute du Mur de Berlin, de Staline à l'époque contemporaine.

Dans un pays totalitaire désenchanté où se sont fracassés les espoirs d'une patrie idéale les femmes restent parées de toute leur beauté et demeurent l'ultime rempart contre la misère, la compromission, l'asservissement, la laideur..: ce qui restera, c'est d'avoir pendant un certain temps été aimé. Ce qu'on gardera en mémoire, c'est une passion, même courte, quelques moments de pure tendresse ou de jouissance partagée, des amours longues ou brèves mais ce sont elles, qui resteront éternellement dans le coeur de l'homme quand les idéologies se seront depuis longtemps effondrées.

Makine décrit la beauté de la nature dans une langue sublime (à mon avis il manie la langue française avec une maestria et une émotion que doivent lui envier la majorité des écrivains français), pleine de poésie et de sensibilité.

S'il n'a manifestement aucune nostalgie du régime soviétique on ressent cependant la nostalgie de ses années de jeunesse et en tous cas, le rejet de la société russe d'aujourd'hui.

Un très beau roman, qui se lit vite mais qu'on a immédiatement envie de relire...

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