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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce roman nous raconte deux histoires, l'une dans les années quatre-vingt et l'autre à l'époque actuelle qui ont pour fil rouge Fiona tandis que se profile celle de Nora dans les années vingt..

Chicago, début des années quatre-vingt, après une période de liberté et d'insouciance, le SIDA fait son apparition dans le quartier de Boystown où vivent Yale Tishman et ses amis et l'hécatombe va commencer avec la maladie et la mort de Nico, dans des conditions douloureuses pour chacun et pour des raisons différentes.

Alors que son compagnon Terrence est effondré et se voit éjecté de la vie de Nico par les parents de celui-ci : profondément intolérants, ils ont mis leur fils à la porte quand ils ont compris ses préférences sexuelles alors qu'il n'avait que quinze ans. Et là, ils ont remis le grappin sur Nico, préférant l'hospitaliser au nom du qu'en dira-t-on, dans un hôpital non qualifié pour traiter la maladie, mais tellement plus conforme à leur désir que rien ne filtre.

A la mort de Nico, si Fiona, sa petite soeur, n'avait pas été là il n'aurait même pas pu assister aux « cérémonies », notamment un enterrement aux antipodes de ce qu'aurait aimé Nico.

On va suivre, surtout, l'histoire de Yale, son compagnon Charlie, d'une jalousie maladive alors qu'il n'est pas exemplaire, et peu à peu le petit groupe va se trouver dans la tourmente. L'auteure décrit très bien ces années où le SIDA s'abat sur la communauté gay, les difficultés rencontrées dans la prise en charge d'autant plus balbutiante que nous sommes sous la gouvernance Reagan, qui n'a aucune empathie pour les homosexuels, réduisant au maximum les crédits pour la recherche, fermant les lits destinés aux patients atteints par le virus : en gros, ils ont la punition qu'ils méritaient…

Rebecca Makkai décrit très bien la culpabilité de ces jeunes, leurs difficultés à reconnaître qu'ils sont atteints, ou la hantise de faire les tests, de même que les manifestations de militants, ACT UP, les sittings devant les mutuelles qui les excluent, la manière dont la police les matraquent, ou encore les militants d'extrême droite qui « cassent de l'homo » …

C'est la partie du livre que je préfère, car elle est très forte et rappelle des souvenirs, c'était mieux en France, mais pas évident quand même. On tâtonnait, autant que maintenant avec le Covid, devant ce mal mystérieux, ce virus très photogénique il faut le reconnaître, avant de mettre en évidence des tests et de s'entendre sur des noms scientifiques.

Il a fallu que des stars meurent pour que l'on fasse quelque chose, notamment aux USA, et les gens de ma génération se rappelleront sûrement la mort d'un sublime acteur américain : Rock Hudson, qui faisait aussi rêver les femmes…

En ce qui concerne l'année 2015 et ce qui arrive à Fiona, la soeur de Nico qui s'est beaucoup démenée pour la cause dans sa jeunesse et se retrouve confrontée à la disparition de sa fille, après un passage dans une secte, c'est intéressant, certes, mais moins prenant. L'alternance des chapitres apporte une bouffée d'oxygène permettant de respirer et de continuer à suivre l'évolution de Yale.

J'ai bien aimé ce roman, où les personnages, les lieux, les hôpitaux, les musées ont été inventés par l'auteure en fonction des personnes et des spécialistes qu'elle a rencontrés pour composer son livre.

Elle transmet aussi son amour de l'art, de la photographie, et de la peinture notamment, avec une autre héroïne, Nora, la tante de Fiona, qui a fréquenté des artistes peintres dans les années pré et post première guerre mondiale à Paris, et son amour de jeunesse Ranko Novak, ou Modigliani, Soutine, Foujita avec au passage une comparaison entre les effets dévastateurs de la guerre sur ces jeunes hommes et ceux des années quatre-vingt…mais ne divulgâchons pas…

Un roman qui fait réfléchir sur un virus, une maladie qui a provoqué beaucoup de dégâts et prouve au passage qu'il est très facile de réécrire l'histoire, quand on a tous les éléments en mains, alors qu'il est si difficile de faire face jour après jour à ce que l'on ignore encore, et de décréter telle ou telle mesure.

Un bémol toutefois, il y a des longueurs, on étouffe parfois au cours de cette lecture car trop de détails, cela finit par lasser un peu, car ce livre est un pavé…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Les Escales qui m'ont permis de découvrir de roman et son auteure.

#LesOptimistes #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Alternant entre le Chicago des années 80 et le Paris actuel, Rebecca Makkai, avec ses Optimistes, se donne pour objectif de nous entraîner dans une épopée sur le sida, sa découverte, ses effets dévastateurs sur la communauté gay de Chicago quand beaucoup ne voulait pas croire qu'une maladie pareille puisse exister et/ou n'osait pas faire le test et où ils furent nombreux à tomber comme des mouches.
Parmi eux, une galerie de personnages dont certains auraient sûrement mérité un traitement plus approfondi comme Nico, le premier au sein de la bande d'amis a succombé à la maladie et qui servira surtout de pilier au personnage de Fiona, sa soeur, rapidement identifiée comme « fille à pédés » et qu'on suivra jusqu'à Paris en 2015 où, ayant perdu sa fille de vue, elle espère la retrouver du côté de Saint-Denis.

La partie Chicago-80s/90s est – et de loin – la plus réussie, les années SIDA, son impact, les conséquences et l'hécatombe qu'elles ont entraînés y sont parfaitement documentés.
Basé avant tout sur la force de l'amitié et beaucoup moins sur la lutte qui a suivi la découverte de la maladie (Act Up n'est cité qu'une ou deux fois et on assiste rapidement à une de leur action coup de poing, un détail parmi les 560 pages du livre). Rebecca Makkai fait donc le choix de traiter son histoire sous l'angle de la fraternité, la force de la communauté, laissant les luttes qui secouèrent ces années charnières de côté.

L'autre face du livre : Paris vu par une Américaine durant les attentats, ne présente par contre pas un intérêt démesuré sinon celui de savoir ce que sont devenus Fiona et ses quelques très rares amis toujours vivants.

Pitch dans l'ensemble pas inintéressant mais malheureusement que c'est verbeux ! Que de (longs) passages répétitifs, babillards, tournants en rond, alourdissants le propos pour finir par nous offrir un rythme aussi punchy qu'un paresseux sous kétamine.
J'ai eu bien du mal à venir à bout de cette oeuvre, pourtant assez sympathique, mais trop, beaucoup trop de pages inutiles. Sur les presque 600 que compte ce livre, une bonne moitié est superflue. Après un bon écrémage, comme ces Optimistes auraient gagné en attrait !
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Ce roman débute en 1985, au moment où Yale Tishman enterre son ami Nico. Dans Boystown, quartier dédié aux LGBT de Chicago - première ville à leur reconnaître un milieu de vie -, on guette les taches violacées sur les visages. La maladie du Sida est présente avec cette épée de Damoclès de maladie inconnue et sans remède. L'auteur utilise des mots justes et très réflectifs sur cette question du poids de la maladie. de la mort et du deuil. du coup, on finit la lecture imprégné du thème de l'hécatombe dans le milieu gay, alors que cela ne pourrait être qu'une intrigue secondaire.
Car il y a en parallèle et en 2015, l'aventure de Fiona qui part sur les traces de sa fille, aperçue pour la dernière fois sur le pont de l'Archevêché. Ce récit à Paris captive, tient en haleine avec tous les ressorts d'un bon polar. Il faut avouer que si ce parallèle historique peut à priori paraître déstabilisant, les références au passé de Fiona auront l'avantage d'apporter un éclairage supplémentaire et plus contemporain sur les épreuves traversées par les amis et sur les dommages collatéraux du virus. le lien érudit et parallèle entre l'es histoire est cette passion de l'art et des galerie, explique avec une érudition et précision sans faille par auteur. Ce pavé contient en fait trois histoires en une et brille par sa qualité de recherche historique qui en fait un bijou littéraire.
#Netgalley #lesoptimistes
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1985 à Chicago, la vie semble sourire à Yale : en couple avec Charlie, il vit une relation stable tout en étant entouré d'une joyeuse bande de copains avec qui il profite de la vie dans le Boystown, le quartier gay de la ville. Et son travail semble enfin sur le point de décoller avec un mystérieux héritage que la grand tante d'une de ses amies veut léguer et qui pourrait bien revenir à la galerie qui l'emploie. Mais la menace du SIDA devient soudainement concrète avec la maladie puis la mort de Nico, un de ses meilleurs amis...

La grande force des Optimistes est de nous faire revivre la fin de la (courte) période d'insouciance du début des années 80 quand les gays qui commençaient tout juste à pouvoir vivre un peu plus librement sans se cacher furent soudain confrontés à une épidémie de SIDA qui allait tout décimer sur son passage et répandre maladie, mort et angoisse. L'atmosphère du Boystown, l'insouciance joyeuse de la petite bande qui gravite autour de Yale, la solidarité et l'amitié entre ces jeunes hommes et Fiona, la soeur de Nico, amitié qui souvent remplace des relations familiales devenues inexistantes quand les parents les ont reniés, et puis très vite la nostalgie, les regrets ou les remords avec les premiers morts et la certitude que cette époque est en train de finir, tout cela est parfaitement rendu par Rebecca Makkai et plonge le lecteur dans un abime d'émotions.

Ce récit alterne avec une seconde période, située de nos jours, centrée autour du personnage de Fiona, la "bonne copine", soeur de Nico, une des premières victimes de l'épidémie, qui alors qu'elle avait à peine la vingtaine a plus ou moins sacrifié sa vie pour aider son frère et ses amis gays, a vécu les maladies, les morts, l'angoisse de cette période où les mutuelles pouvaient refuser de prendre en charge les soins et où les hôpitaux ne savaient que faire face à ces jeunes malades victimes d'une maladie encore quasi inconnue. Même si on comprend vite la volonté de l'auteur de nous montrer aussi l'impact qu'a pu avoir cette maladie sur ceux qui ont survécu et à quel point elle a pu les empêcher de se construire ou de vivre leur vie, cette partie m'a semblé moins forte. L'intrigue secondaire autour de la recherche de la fille de Fiona, qui a quitté la maison, s'est enrôlée dans une secte et a coupé tout contact avec ses proches paraît bien ténue et on a du mal à s'intéresser à ces histoires de détective privé, de recherches sur Internet et de quête désespérée pour Fiona de reconstruire la famille qu'elle n'a pas vraiment su ou pu bâtir.

Plus que cette construction alambiquée et qui n'apporte pas grand chose (le récit mêle aussi une 3e intrigue autour d'oeuvres d'art et d'un amour lui aussi brisé mais par la première guerre mondiale) et surtout qui malheureusement entraine quelques longueurs pour le lecteur, je retiendrai de ce roman l'émotion que nous fait ressentir l'auteur, la construction par petites touches de personnages qu'on a l'impression de connaître depuis toujours et auxquels on ne peut que s'attacher. Magnifique Yale, si complexe, balloté par les événements et cherchant tout simplement à survivre, et surtout Fiona, jeune fille grandie trop vite, elle aussi emportée par la tourmente et qui sous des airs de fragilité se révélera le ciment et le soutien indéfectible de la bande. La reconstitution historique, très juste et minutieuse, est aussi parfaite et importante pour ne pas oublier à quel point cette épidémie fut totalement négligée à ses débuts aux Etats-Unis car finalement elle était vue comme une "punition" bien méritée par certains conservateurs ou religieux. Un beau roman qui aurait sans doute gagné à être plus condensé et resserré, les intrigues secondaires paraissant bien fades face au sujet principal.
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C'est Philip Roth je crois qui disait qu'il fallait le recul d'une génération pour écrire de manière pertinente sur une époque. Une remarque que m'a évoqué ce roman, qui visite avec beaucoup de pertinence et de sensibilité les "années sida", et les traces que leur ahurissante violence ont laissées.

"Les optimistes" s'ouvrent en 1985 dans le milieu gay de Chicago sur une célébration d'enterrement, celui de Nico, frère de Fiona, premier de la bande d'amis à tomber au champ d'horreur dans une guerre sourde qui ébranlera jusqu'au plus stable : Yale, qui voit partir dans la tourmente son couple, ses illusions et son avenir.
En parallèle, on suit Fiona trente ans plus tard à Paris, sur les traces de sa fille en révolte contre sa mère car elle porte en elle comme un virus invisible les stigmates de l'engagement sans failles de sa mère auprès de son frère et de ses amis.

Certes, il y a des longueurs dans cet épais roman, mais ce sujet me touche particulièrement, et on tient là un de ces romans américains contemporains comme je les aime, qui captent l'air d'un temps, avec des personnages parfaitement incarnés dans des scènes criantes de vérité, souvent poignantes.

La tragédie du sida et ses ravages auprès d'une jeunesse non armée méritait sa fiction. Il y en a eu et il y en aura sans doute d'autres, mais celle-ci me parait particulièrement juste, en ce qu'elle ravive de très mauvais souvenirs.


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Une histoire en deux temps.
La première démarre à Chicago, avec l'arrivée du virus du sida dans la communauté gay de la ville et la deuxième à Paris, 30 ans plus tard avec la recherche d'une fille par sa mère.
Quel rapport entre les deux ?
Le souvenir de ces jeunes hommes mort beaucoup trop jeunes et l'impact que cette perte a eu sur ceux qui restent.
La partie des années 1985 est vraiment, pour moi, une réussite. on replonge dans cette époque où le virus fait son arrivée et cible particulièrement la communauté homosexuelle masculine, et est vue comme une punition pour leur mode de vie déjà stigmatisée. Et pourtant on découvre des personnages tellement humains et tellement "normaux" avec les mêmes envies, la même joie de vivre, les mêmes doutes et les mêmes craintes.
Chronique d'une époque tellement bien racontée.
Par contre l'intrigue de 2015 m'a beaucoup moins intéressée, et je trouve qu'elle n'apporte pas grand chose de plus au récit.
Ce livre reste une ode à l'amour sous toutes ses formes.
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Chicago, années 1980. Yale et Charlie sont en couple exclusif depuis plusieurs années lorsqu'ils assistent à une soirée rendant hommage à un de leurs amis, Nico, qui vient d'être enterré. Cette soirée est un pied de nez au fait qu'ils n'ont pas pu se rendre à l'enterrement par refus des parents du jeune homme, ne voulant pas faire savoir au monde que leur fils était gay, et qu'il est mort de cette terrible maladie qui commence à faire des ravages un peu partout aux Etats-Unis. C'est par l'intermédiaire de Yale, à partir de cette soirée, que nous suivrons l'irruption brutale du SIDA dans le milieu gay de Chicago, et les tensions, désillusions, drames que cela entraîne, non seulement pour lui, mais aussi pour son entourage proche : Charlie, son compagnon, mais aussi Terrence, Julian, Teddy, Asher… Dans le même temps, nous suivrons Fiona, petite soeur de Nico, très proche des amis de son frère, en 2015, à Paris, alors qu'elle est à la recherche de sa fille, qui est partie sans lui donner aucune nouvelle, et dont elle vient enfin de trouver une trace. Quel lien entre les deux histoires, exceptés Nico et l'amitié entretenue entre Fiona et Yale, me direz-vous ? Et bien Fiona, lorsqu'elle part à Paris, se fait héberger par Richard, ami de la bande et devenu grand photographe vivant désormais outre-Atlantique : elle va, de fait, non seulement rechercher sa fille, mais encore se remémorer son passé, et les années qui ont bouleversé leur univers à tous. Les deux temporalités et narrations vont ainsi se mêler, toujours alternativement, un chapitre après l'autre, tout au long du récit.

Les Optimistes est un roman que j'ai trouvé particulièrement réussi en ce qui concerne la description des années 1980-1990. La période est en effet remarquablement campée par le personnage de Yale, tour à tour sensible, touchant, parfois drôle, en tout cas terriblement réaliste, et en tout cela extrêmement attachant, qui permet de raconter avec beaucoup de justesse, sans à aucun moment entrer dans un pathos larmoyant qui aurait pu faire perdre en crédibilité à l'histoire, cette terrible période qui verra la mort, en premier lieu, de nombreux jeunes gays dans le monde entier.

J'ai été moins convaincue par la partie concernant Fiona, même si j'en ai bien compris l'intérêt : elle permet, avec une remarquable justesse elle aussi, de mettre en évidence les sentiments complexes des « survivants », ceux qui ont vécu le drame, plus ou moins directement – ici, Fiona s'est occupée, non seulement de son frère malade, mais aussi, ensuite, de certains de ses amis, qui étaient également ses amis, ou encore ceux qui sont séropositifs et vivent depuis de nombreuses années sous trithérapie -, et qui ont parfois du mal à vivre en dehors de celui-ci, malgré les années passées.

Une lecture touchante donc, que j'ai vraiment appréciée, même si l'une des deux parties m'a moins intéressée : les plus de 500 pages du roman ont été, malgré tout, lues en seulement quelques jours, preuve de l'intérêt que j'y ai porté. Je remercie les éditions Les Escales et NetGalley de m'avoir permis de découvrir ce roman.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Cela fait déjà deux mois que j'ai terminé ce roman et je suis encore incapable de dire si j'ai beaucoup aimé ou si j'ai simplement passé un moment agréable avec cette lecture.

Je préfère prévenir tout de suite, la prise en main n'est pas des plus aisée, il m'a fallu bien 150 pages avant de commencer à trouver du plaisir à la lecture de ce roman complexe. Et même après, la lecture pourra sembler pesante à certains lecteurs, de par le sujet déjà, pas des plus joyeux contrairement à ce que pourrait faire croire le titre, mais surtout parce qu'il s'y trouve de longs passages où il ne se passe pas grand chose. Personnellement, cela ne m'a pas gênée, je peux apprécier des romans contemplatifs ou très lents, du moment que la plume est agréable. Et j'ai trouvé la plume de Rebecca Makkai à la hauteur. Mais je sais par contre que ça peut en rebuter plus d'un et si vous êtes à la recherche d'un roman où il y a beaucoup d'action, passez votre chemin pour celui-ci car les 600 pages, même si j'ai globalement apprécié ma lecture, je les ai vues - et senties - passer.

L'auteure nous plonge dans les années 80, à Chicago, en pleine expension du SIDA, considéré encore à l'époque comme une maladie dont seuls les homosexuels peuvent être touchés, ce n'est pas pour rien d'ailleurs qu'on la nomme le "cancer gay". L'épidémie est bien présante, galope à la vitesse de l'éclair dans la communauté homosexuelle, les gays se scrutant à la moindre lésion suspecte, bien conscients qu'attraper le virus signifie la mort dans l'année. Comme il s'agit d'une maladie ne touchant qu'une minorité, qu'une frange bien déterminée de la population, elle n'intéresse finalement pas grand monde, après tout c'est de leur faute et de leurs moeurs dissolues qu'ils finissent pas tomber malade, il faudra attendre que les hétérosexuels soient à leur tour touchés pour que la recherche avance, mais ça c'est une autre histoire.
Le roman s'ouvre sur l'enterrement du frère de Cecilia, fauché dans sa vingtaine par ce terrible virus. Ses copains se regardent les uns les autres, se demandant lequel sera le prochain.
Nous retrouvons ensuite Cecila, trente ans plus tard, à Paris, à la recherche de sa fille partie sans laisser d'adresse où la joindre.
Les deux époques finiront bien entendu par se rejoindre, répondant en écho l'une à l'autre.

Comme je l'écrivais au début de ce billet, il m'a fallu du temps pour entrer dans ce roman dont le rythme est lent, très lent même parfois. Il ne s'agit pas du genre de livre qu'on peut lire à la vitesse grand V car l'écriture est riche et le détail semble être la norme. J'ai eu la chance d'avoir une journée complète devant moi pour le terminer (sans raconter ma vie, mon compagnon était en télétravail et moi en congé, quoi de mieux à faire alors que de lire le temps qu'il termine sa journée), ce qui m'a alors permis de me plonger à bras le corps dans la seconde moitié. Je pense qu'il s'agit typiquement du genre de roman qui a besoin qu'on s'y implique et s'y immerge totalement.
Quant aux personnages, même s'ils sont très bien décrits et qu'on a le temps de s'y attacher, je n'ai pour ma part pas réussi. Je suis malheureusement restée simple spectatrice - ou plutôt lectrice - moi qui aime me tenir à leur côté en général.

En résumé, un roman que j'ai trouvé intéressant et instructif mais dont l'écriture m'a laissée en dehors de l'histoire, malgré le talent de l'auteure. A découvrir si les rythmes lents et les moments où il ne se passe pas grand chose ne vous rebutent pas.
Pour ma part, je relirai avec plaisir un autre roman de Rebecca Makkai.

Lu en février 2021
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Parce que j'avais adoré Chapardeuse, son premier roman, je n'ai pas hésité face à ce second roman de Rebecca Makkai sorti cette année.

Un bon gros pavé, une bande d'amis, deux trames de récit.

La première : Chicago, 1985-90. Yale enterre son ami Nico, décédé des suites du Sida. Il sait que pour lui et son groupe d'amis, issus de la communauté gay de Chicago, le pire est à venir. Face à l'arrivée de ce mal qui décime les homosexuels et les stigmatise d'autant plus aux yeux de leurs familles et de la société, les amitiés se soudent. Cette partie suit l'histoire de Yale, de son quotidien entre Boystown et le monde de l'art et de son amitié avec Fiona, la soeur de Nico.

La 2e trame se déroule en 2015. Nous y suivons Fiona, 30 ans après l'histoire de Yale, partie à Paris sur les traces de sa fille, enrôlée dans une secte sans laisser d'adresse. Hébergée chez un ami de jeunesse, elle va retrouver malgré elle des pans de son passé, entre douleur et nostalgie.

J'ai mis du temps à entrer dans l'histoire, surtout pour celle de Fiona, mais une fois attachée aux personnages je n'ai pas vu passer le récit et je n'ai surtout pas voulu qu'il se termine. Epoque terrible que celle de l'arrivée du Sida dans les années 90, thématique que j'avais déjà parcourue chez Irving ou dans des films tels que les excellents Dallas Buyers Club et 120 Battements par minute. Ici, l'objet du récit n'est pas le militantisme. C'est une fiction élaborée autour d'un sujet réel, historique et documenté qui se concentre sur l'intime de ces deux personnages. Autour d'eux, l'univers des angoisses, débats et dénis autour des premiers tests, le lien social parfois brisé avec la famille et le milieu professionnel, les politiques qui ferment les yeux mais aussi et surtout toutes ces belles choses qui font le pouvoir d'une communauté : la place de l'amitié lorsqu'il ne reste plus rien et de la fête et des paillettes comme ultime témoignage d'une époque qui se termine.

Malgré quelques longueurs, un gros brassage émotionnel et un bel hommage à ceux qui furent au centre de cette hécatombe.
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J'ai douté au début de l'histoire que le livre me plaise. Je ne sais pas pourquoi. Et en fait j'ai été happée par l'histoire, par ses personnages légers qui vivent le pire, par ses personnages malmenés qui ne cherchent qu'à vivre. C'est beau, et sans qu'on s'en rende compte on plonge avec eux dans la maladie, dans l'observation du corps dans ses moindres détails cherchant ce que l'on craint, dans l'observation des autres voyant ce que l'on craint, dans l'amour qu'on redoute de donner, de recevoir,... C'est très juste, c'est horrible et beau à la fois. Je recommande.
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