C'est dans l'adversité que l'on voit le mieux ce que chacun a de vertus.
Pour les amours défunts, la mémoire est une torture sans fin...
(le caporal Peyrac était militant socialiste à la Belle Époque, il écrit ses lignes en décembre 1914)
Mes nouveaux compagnons sont d'attachants blancs-becs, verbe haut et regards effrontés de gosses au vice précoce qu'on envoie ici pour se "régénérer". Ah, les beaux citoyens de demain ! Ils étaient voleurs, les voilà tueurs ! Ce sont eux, pourtant qui me sauvent et me maintiennent en lisière de la vie. Si j'arrive à les ramener entiers, ils feront sauter cette société-immondice qu'on les a chargés de défendre.
(l’état d’esprit du personnage principal dans les derniers jours de guerre)
Longtemps, j’ai cru que le devoir fondait l’homme. Je me demande aujourd’hui s’il n’est pas simplement une tromperie magnifique de l’esprit pour mener le corps où il ne veut pas.
La guerre a épuisé l’homme (...) Je suis un homme qui a été.
Dans le ciel, il n'y avait plus que les engins mortels des hommes et les obus.
La guerre avait-elle tué Dieu aussi ?
(Le 11 novembre 1918 le personnage principal se situe dans un endroit forcément non loin de Verdun et de Metz car le front n’a pas progressé au niveau des Vosges durant les derniers mois de guerre)
Est-ce que je me bats pour l’Alsace et la Lorraine ? C’est le théâtre où j’opère en ces premiers jours de novembre 1918, et je dois bien avouer qu’il n’est, comme tous les autres, qu’une scène de souffrances et de fureur qui désormais me fait horreur.
La guerre était finie.
Voilà le plus beau et le plus vieux des mensonges.
La guerre était finie pour celles et ceux qui ne l'ont jamais connue. Qui l'a décidé ainsi ? La paix n'est jamais l'affaire des combattants.
Pour ceux qu'elle touche un jour, la guerre continue toujours.
Elle ne s'achève qu'avec notre mort.
La guerre, c'est nous.
L'agonie de Ramirez resonnait en moi sans que rien ne parvienne jamais à la faire cesser. Il poussait des cris affreux montant vers le ciel fermé. De quoi faire honte à Dieu.
Mais où etait-il?
Le ciel était vide comme les orbites creuses d'un cadavre livide.
Dans ce ciel, il n'y avait plus que les engins mortels des hommes et les obus.
La guerre avait-elle tué Dieu aussi?
L'écriture peut être un écrin, elle est souvent aussi un dépotoir.