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EAN : 9782330027094
524 pages
Actes Sud (08/01/2014)
3.79/5   138 notes
Résumé :
Mystérieusement disparue à la sortie du métro en compagnie de sa baby-sitter, la petite Moira n’arrivera jamais au goûter d’anniversaire où l’attend son père.
Ses parents placent d’abord tous leurs espoirs dans les appels à témoins, puis se déchirent à mesure que l’enquête policière piétine. L’homme, seul, continuera la lutte. Après une dizaine d’années de recherches et d’innombrables impasses, une petite araignée en bronze, et l’alliage particulier de son mé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai rarement eu l'occasion jusqu'ici d'arpenter l'Amérique du Sud et en particulier l'Argentine dans mes pérégrinations littéraires. Pourtant ce pays ne manque pas de plumes de qualité à l'image d'un Raul Argemi, d'un Mallo Ernesto , d'un Orsi Guillermo ou plus récemment d'un Molfino Miguel Angel. Autant d'auteurs, que j'aurai l'occasion un jour de chroniquer.

Aujourd'hui, c'est à travers le roman d'un jeune auteur que nous partons pour le pays du football et du tango. Mais n'allez surtout pas imaginer en tournant les premières page du « Jardin de bronze », que va vous être donné à voir et à sentir la chaleur de cette Argentine que nous savons chaude, chatoyante, dansante et sensuelle. Non l'Argentine dans laquelle nous entraîne Gustavo Malajovich est orpheline des couleurs de la vie, elle est triste, sombre voire glauque. Car l'affaire qui nous concerne va plonger le lecteur dans un dédale sans fin qui conduit à la folie et au désastre.

Elle a quatre ans. Elle s'appelle Moira et elle est le lien qui unit encore Fabian et Lilas. Un couple comme tant d'autres qui sauve les apparences, qui oscille entre conscience d'une histoire qui touche à sa fin et l'espoir qu'elle puisse trouver un second souffle. Pourtant cela fait un moment maintenant que Lilas semble distante, lointaine, l'esprit torturé, et quand un sourire s'affiche encore sur son visage c'est une bataille inespérée que remporte Fabian.

Ce sourire va définitivement s'éteindre le jour où Moira, partie pour prendre part à un goûter d'anniversaire, disparait avec sa baby Sitter.

Malgré une mobilisation conséquente des forces de l'ordre pour retrouver rapidement la petite, les recherches restent infructueuses. Aucune trace, aucun indice, aucun témoin pour orienter les investigations. le temps passe, puis les fatidiques 48h au delà desquelles les chances de retrouver une enfant disparue s'amenuisent de manière drastique.

Les heures deviennent alors des jours, des semaines et des mois. Reste des parents qui se déchirent, reste l'immense obscurité de cette absence qui ronge et dévore. Jusqu'au moment où l'un préfère s'enfuir dans le vide absolu de l'éternité laissant l'autre continuer seule sa quête obsédante .

Fabian, architecte, lâche alors son boulot pour aller travailler sur des chantiers, là où il ne pourra penser à rien , et quand il pense malgré tout, c'est à Moira. Il erre au milieu des vivants accroché aux souvenirs de sa fille.

Jusqu'au jour où un détective privé prétend être en mesure de retrouver la trace de son enfant. Parce qu'il n'a plus d'autres options, Fabian va s'accrocher à cet espoir. Ensemble il vont finir par trouver des indices infimes et parvenir à découvrir le cadavre de la baby Sitter qui a été assassinée de plusieurs balles. Bien que l'affaire soit relancée par cette découverte majeure, celle ci n'amorce pas un virage capitale pour sa résolution. Et le temps reprend son cours.

Une dizaine d'année plus tard, ce que la découverte du corps de la baby sitter n'avait pu précipiter, une petite araignée en bronze, retrouvée par hasard, va le faire et relancer toute l'histoire.

Cette enquête au long cours conduira Fabian jusqu'au bord d'un fleuve, jusqu'à un jardin mystérieux où est figée une image ancrée dans son passé . Une image, à partir de laquelle va progressivement se faire jour une vérité insoupçonnée et terrifiante. Lui qui durant toute ces années n'a pas vu, n'a pas su , va être confronté à une réalité dévastatrice qu'il aurait préféré ne jamais découvrir.

Ce premier roman est remarquable de maitrise, et Gustavo Malajovich s'annonce véritablement comme une plume particulièrement prometteuse . Avec « le jardin de bronze » il embarque son lecteur dans un voyage obsédant, au coeur d'un cauchemar personnel qui n'aura de cesse de l'enfoncer toujours plus profondément dans l'obscurité de l'âme humaine.

Une errance qui conduira le lecteur à la rencontre de personnages interlopes ,enfermés pour certains derrière le décors de cette Argentine de carte postale, à l'image de cette sans abri un peu folle , ou de ces junkies dont Fabian croisera la route en déambulant dans les quartiers sombres de Buenos Aires.

Mais c'est aussi un roman hanté par cette absence insupportable qui met l'existence en précipice. Une absence qui reste accrochée en filigrane à chaque mot de l'auteur, et qui infuse au fil des pages cette atmosphère de plus en plus étouffante et oppressante, à mesure que l ‘on se rapproche du dénouement de cette histoire.

Assurément Gustavo Malajovich est un écrivain dont on reparlera, tant il use d'une écriture d'une grande maturité, inscrivant celle ci dans une forte dimension psychologique qui donne toute sa profondeur au roman.

La littérature argentine vient de s'enrichir d'une nouvelle plume, et non des moindres !
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Etoiles Notabénistes : *****

El Jardín de Bronce
Traduction : Claude Fell

ISBN : 9782330056896

A ce jour, il semble que ce "Jardin de Bronze" soit le seul ouvrage paru en notre langue de Gustavo Malajovich. Il s'agit d'un "pavé", où les détails abondent - l'auteur a une formation d'architecte et c'est, d'ailleurs, la profession de son héros, Fabián Danubio - et dont certains passages sont, je l'avoue, sur le fil des longueurs inutiles. le roman n'en demeure pas moins intéressant, voire passionnant à certains moments - et la chute doit être appréciée comme il se doit.

Cette impression de longueurs inutiles vient peut-être tout simplement de la plus grosse partie du roman, qui s'attache à décrire le véritable calvaire du couple Danubio (Fabián et Lila) lorsqu'ils comprennent que leur petite fille de quatre ans, Moira (rappelons, comme le fait l'auteur, que ce nom est l'une des appellations du Destin), pourtant accompagnée de sa nurse, Cecilia, une jeune Péruvienne des plus sérieuses, n'est jamais arrivée à l'anniversaire auquel elle avait été invitée un après-midi.

Certes, au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans le livre, on comprend mieux cette insistance de l'auteur. En outre, il a eu l'excellente idée d'animer cette partie-là avec un personnage que, en ce qui me concerne, j'ai jugé tout bonnement génial : Doberti , le détective privé en quête d'une affaire qui le change un peu de ses habituels conjoints trompés et de ces gens qui ont égaré tel ou tel objet de valeur hélas ! non assuré à sa juste valeur.

Il s'immisce dans l'enquête sans aucune gêne et il faut bien dire que, si elle progresse et si des pistes s'ouvrent devant lui et devant Fabián (bientôt tout à fait abandonné à sa solitude par une épouse fragile qui se suicide en se jetant de la fenêtre de leur appartement), c'est bien grâce à ce petit bonhomme aimable, mal fringué, à la frange qui ne retombe, paraît-il, que d'un seul côté du front, donnant ainsi l'illusion que l'un de ses yeux est plus haut que l'autre, et toujours prêt à faire montre d'audace lorsqu'il flaire quelque chose de surprenant ou de simplement insolite.

La police n'apprécie guère ce qu'elle considère plus ou moins comme une intrusion. Il faut bien admettre que, sur l'affaire Danubio, elle semble avoir mis le paquet, allant jusqu'à rameuter un inspecteur très connu mais qui appartient au département des Vols et non des Homicides, ce qui ne manque pas d'étonner Fabián et d'intriguer fortement Doberti. Silva, tel est le nom de l'inspecteur en question, est incontestablement une "pointure" dans son métier mais que vient-il faire là, qu'apporte-t-il en fait ? Il donne en tous cas beaucoup de conseils à Fabián, notamment après la découverte (grâce à Doberti) du cadavre de Cecilia. Et l'un de ses conseils majeurs est, justement, de laisser Doberti dans son coin et de se remettre en toute confiance à la seule action de la Police.

Mais la Police n'avance pas. On peut même dire qu'elle piétine. Et tout cela dure une bonne dizaine d'années. Jusqu'au moment où, sur le conseil de Doberti, qui n'a jamais oublié cette affaire, et avec son aide là-encore, Danubio décide de se mettre lui-même en chasse et de traquer jusqu'à la mort celui qui a détruit son foyer à tout jamais.

Cette volonté, renforcée par l'assassinat de Doberti, mènera Fabián très loin, tant physiquement, puisqu'il s'enfonce bien loin de Buenos Aíres, au sud, jusque dans la province d'Entre Ríos, que moralement car ce long et accablant voyage l'entraîne du même coup à découvrir bien des choses, à en comprendre certaines qu'il considérait sans importance et à effectuer une relecture de son passé à la lumière ténébreuse du "Journal", soigneusement tenu depuis des années, par l'assassin-ravisseur.

L'ensemble se tient mais il y manque tout de même quelque chose : je ne sais trop quoi exactement. Ce qui est étrange, c'est que l'on s'émeut et que, pourtant, tout ce qui se rapporte à Doberti excepté pour moi, on reste froid, détaché. On ressent bien l'excitation de la traque et, en parallèle, on se voit suivre tout cela d'un oeil presque indifférent. le personnage du ravisseur et sa folie sont admirablement décrits mais de façon quasi clinique. de la chaleur, de l'espoir, de l'authenticité surtout, on n'en trouve que chez Doberti.

Cela n'enlève évidemment rien à la qualité du travail de l'auteur : les péripéties de son intrigue sont bien agencées et même si l'on comprend un peu trop vite - c'est-à-dire, toujours à mon sens, un peu trop loin du final - le secret qui a motivé ses actes, la chute n'est pas loin de redresser tout cela. le problème, c'est que Malajovich voulait une fin heureuse. Et qu'il l'a écrite ... ;o(

Dommage pour les cyniques comme moi ou qui me lisent.

Pour autant, ne passez pas à côté de ce "Jardin de Bronze" : il est prometteur et permet de grands espoirs aux amateurs de romans noirs. ;o)
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Je ne lis plus trop de polars/thrillers et encore moins lorsque l'intrigue tourne autour d'enlèvements d'enfants car mon coeur de maman se serre instantanément. Si je n'avais dû trouver ce roman dans le cadre du challenge Multi-Défis, je reconnais que jamais je ne me serais dirigée vers ce dernier. Et pourtant, j'en sors agréablement surprise…

J'ai de suite été happée par le récit. Les personnages sont attachants, l'histoire est tragique mais elle ne vire pas au pathos et le tout rend une intrigue authentique, captivante. Comment cette petite fille de 4 ans a-t-elle pu se volatiliser ainsi en compagnie de sa Nounou sans que personne, et encore moins la police, n'ait un début de piste ou d'explication ? Un détective privé ayant eu vent de cette affaire décide alors de s'en mêler et propose ses services gracieusement à Fabian, le papa désormais seul, perdu et désespéré. Tous deux enquêtent alors parallèlement, à leurs risques et périls… Et forment un duo assez cocasse.

Arrivé au milieu du roman, le lecteur patauge un peu, des longueurs s'installent. Mais après tout, l'enquête également. Car la recherche de sa fille se compte dorénavant en années pour Fabian. de fait, on le retrouve 8 ans plus tard. Cette disparition est toujours une affaire non classée et désormais elle prend la poussière, la police n'ayant déniché aucune nouvelle piste depuis un certain temps. Les divers protagonistes se perdent de vue, le temps creusant les liens à peine visibles qui les avaient réunis jadis lors de l'enquête. Jusqu'à ce qu'une petite araignée s'immisce dans l'histoire et dirige Fabian sur une piste, relançant le récit qui commençait à s'alourdir...

J'ai trouvé la seconde partie un peu longue parfois. Je commençais à me lasser de ce mystère a n'en plus finir et j'étais pressée d'enfin découvrir le comment du pourquoi. de connaître quel était ce lien qui réunit notre affaire à celle du début du roman, car personnellement je n'ai rien vu venir. J'ai finalement eu une révélation en même temps que le personnage principal et je suis restée interdite. On se refait alors tout le fil de l'histoire en rembobinant, le récit prend une substance insoupçonnée et certaines zones d'ombres s'éclaircissent. J'ai beaucoup apprécié cette note de folie artistique, cette obsession fantasmagorique… Je n'en dirais pas plus sur l'intrigue en elle-même.

Tout le long de ce récit, j'ai trouvé les émotions justes et bien dosées. J'ai réussi à ressentir une réelle empathie pour Fabian et vers la fin du roman j'étais en colère, frustrée tout comme il l'était. Sa situation et sa position en fin de roman n'est franchement pas évidente et j'ai vraiment apprécié le sens que l'auteur a donné à l'intrigue générale. Avec ces zones d'ombres, ces non-dits, ces secrets…

Challenge Pavé 2021
Challenge Multi-Défis 2021
Challenge ABC 2021-2022
Challenge Les Globe-trotteurs
Challenge Monopoly
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Décidément, la collection « Actes noirs » de la maison d'éditions Actes Sud tient amplement ses promesses. Pour nouvelle preuve, ce « page turner » dû à Gustavo Malajovich, Argentin, essentiellement scénariste pour la télévision. Il fait débuter son roman dans le Buenos Aires de 1999, dans une petite famille, un couple, une fille. La mère est en dépression. le père dans une remise en question à bien des niveaux de sa vie, aussi bien professionnelle que sentimentale. Un jour, leur enfant, quatre ans, disparaît. Voilà donc le postulat de base d'une intrigue qui semble, d'un prime abord, très classique. Mais l'auteur approfondit la psychologie des parents, leurs réactions (parfois radicales, déconcertantes, incompréhensibles) face à l'absence de leur enfant. Au long des semaines, des mois, des années qui passent, Malajovich nous présente de véritables caractères (un détective privé, Doberti, est réellement attachant avec sa tabagie et son humour pourri) qui viennent émailler le déni, le désespoir, l'acceptation d'une situation intenable pour un père, esseulé. Mais jamais le deuil de l'enfant ne se fera et pour cause…
Plus de cinq cents pages pour un premier roman et, n'ayons pas peur des mots, un coup de maître. L'Argentine de la capitale n'est pas l'Argentine des forêts, des maquis. Elle est un pays de contrastes extrêmes, qui peut mettre en présence un inspecteur trop fouineur, une belle Péruvienne, une famille absente, des paysans violents, un « monstre » tapi dans un jardin, toute une kyrielle de personnages originaux … Avec des changements de style, de rythme, de narration, il sait changer d'atmosphère et de cadre avec une très grande virtuosité. Si bien que les derniers chapitres s'annonçant, le lecteur prend très vite conscience d'avoir été emmené dans les péripéties de cette aventure par un auteur puissant, par un habile conteur, par un nouveau maître du roman policier.
Décidément, Actes Sud reste une des maisons d'éditons les plus vigilantes à la qualité de ses textes, dans cette collection comme dans les autres.
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Un polar argentin !

Une petite fille disparaît, avec la jeune fille censée s'en occuper.

Son père part à sa recherche. Et ça va durer des années.

Polar très intéressant, très riche. La quête d'un homme qui a vu sa vie basculer lors de la disparition de sa fille, et qui va déployer tous les efforts possibles pour la retrouver.

Bien entendu, sinon, il n'y aurait pas de livre, l'histoire est très complexe, et le lecteur découvre, au côté du père, ce qui s'est réellement passé. Une galerie de portraits bien fournie, bien décrite.

Le dénouement est assez surprenant.

Il est fait référence à une trilogie. La fin du livre ouvre effectivement la porte à une suite, mais je n'ai rien trouvé, malgré mes recherches. Je suis preneur d'info à ce sujet. le livre date de 2014, je crois, donc il n'est pas trop tard.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Je ne supporte pas de lire les journaux. Les nouvelles sont toujours les mêmes. On change les visages et les hommes, mais l'histoire est toujours pareille. Quelqu'un vole et on ne le trouve pas, quelqu'un meurt assassiné et il ne le mérite pas. On se préoccupe pour le gouvernement, l'insécurité, le piètre niveau du football. Les vieillards ne sont pas respectés, les entrepreneurs abusent des augmentations, les femmes sont battues et les films sortent avec de bonnes critiques. Ou de mauvaises. L'actrice à la mode aujourd'hui ressemble à celle qui était à la mode hier. Tout se répète jusqu'à la nausée.
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[...] ... - "J'ai quelque chose," lui dit Doberti. "Tu es occupé ?

- Raconte.

- Apparemment, en 1995, il y a eu trois cas de jeunes filles de la région qui ne sont pas rentrées chez elles. L'une a disparu pendant les heures de lycée, les deux autres dans des fêtes, la nuit. Ensuite, par intermittence, il y a eu d'autres cas dans une zone de plus en plus vaste. Une mineure de seize ans et deux de dix-huit. La police a été désorientée pendant un moment jusqu'à ce qu'elle puisse établir un rayon d'action de ces gens, mais il lui était difficile de devancer les événements. Pendant deux ou trois ans, l'affaire n'a eu ni queue, ni tête. Jusqu'à ce que, l'an dernier, on établisse un lien entre un conseiller municipal de la zone, Parodi, et ces types. C'est là qu'a surgi le nom de Chaco. En réalité, Chaco s'appelle Lionel Garcilaso, et l'année même où ont commencé les disparitions de jeunes filles, il s'était installé dans la zone. Il était propriétaire d'une concession automobile qui vendait des camions Scania. On suppose que c'était une couverture.

- On suppose ?

- On n'a jamais rien pu prouver. On dit qu'il emmenait les filles là-bas avant de leur préparer des faux papiers pour les faire sortir du pays.

- Et on n'est pas allé le cueillir ?

- C'est là toute la question. Chaco s'est éclipsé de la concession. Quand la police a procédé à une perquisition, elle n'a rien trouvé. Rien de rien, le ménage avait été fait.

- Alors ?

- Au moment précis où ils allaient mettre la main sur Chaco, la piste a été coupée. A ce niveau, deux possibilités : ou Chaco a quitté le pays et réside maintenant ailleurs, ou il est encore ici, caché jusqu'à ce qu'Interpol se calme.

- Les disparitions ont cessé ?

- L'année dernière.

- Et qu'est-ce qui s'est passé pour Cecilia ?

- Je n'en sais rien. Sur ce point je suis en désaccord avec l'officier Blanco, ton amie. On ne voulait pas séquestrer Cecilia, elle était mêlée à une histoire quelconque avec ces gars et ils se sont débarrassés d'elle.

- J'ai du mal à imaginer que Cecilia ait été mêlée à quoi que ce soit.

- Il n'y a pas de boîte à secrets qui ait autant de doubles fonds que l'âme d'une femme," dit Doberti. ... [...]
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Chaque disparu est le début d'un cri qui ne s'arrête plus. La mort est plus libératrice parce que, tristement, elle donne une réponse. Mais quelqu'un qui disparaît reste une question posée à jamais. (p 90)
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[...] ... La sonnette retentit.

S'il s'était agi d'une sonnerie normale, il ne l'aurait peut-être pas remarquée. Mais l'insistance attira son attention.

Dring dring dring dring dring ... dring dring.

Cinq coups courts, une pause et deux pour conclure.

Fabián avait entendu cette combinaison une infinité de fois, dans la musique de dessins animés, ou dans des courts-métranges des Trois Stooges. Il ne savait pas quelle était son origine, ni qui l'avait inventée. Elle venait couronner une scène comique de vaudeville ou un numéro de cirque.

Dring dring dring dring dring ... dring dring.

Il ne put éviter d'imaginer un clown, ou Chaplin, qui l'avait toujours profondément déprimé, voire Pepito Marrone [= artiste comique argentin, disparu en 1990] produisant ce son.

C'est le côté déplacé et inattendu de la sonnerie qui l'arrêta.

Qui pouvait appeler ainsi ? Quelqu'un qui se trompait, incontestablement. Un vendeur de sodas ou un rémouleur qui arpentait le quartier.

Il attendit un instant. La sonnette retentit de nouveau, cette fois en version abrégée, mais, à l'évidence, c'était le même doigt inquiet qui était à l'œuvre.

Il décida d'aller répondre. Si c'était un rémouleur ou un fournisseur d'eau minérale, il lui dirait qu'il ne voulait rien, merci, pas aujourd'hui.

Ensuite, il reviendrait dans la salle-de-bains, s'assiérait à nouveau sur le couvercle des toilettes et avalerait les cachets.

- "Bonjour. Fabián ? Fabián Danubio ?" - Il ne reconnut pas la voix qui l'appelait par l'interphone. Une voix ferme mais qui prenait une tonalité flûtée à la fin de la phrase, comme si elle voulait reprendre son envol.

- "Qui est-ce ?

- César Doberti."

Ce nom ne lui disait rien.

- "Je t'ai donné ma carte à l'enterrement.

- Pardonne-moi, je ne me souviens pas de toi.

- Non, bien sûr. Je suis enquêteur privé." ... [...]
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Il ressentait à présent dans sa chair ce qu'il s'était contenté jusque-là d'imaginer de loin : chaque disparu est le début d'un cri qui ne s'arrête plus. La mort est plus libératrice parce que, tristement, elle donne une réponse. Mais quelqu'un qui disparaît reste une question posée à jamais.
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