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4,17

sur 324 notes
Malaparte, accompagné des "grands" libérateurs américains, promène un regard terriblement lucide sur l'Italie du frais après-guerre. de Naples à Rome, il dénonce les ravages d'une guerre et d'un peuple qui, après la soumission, a connu la Libération mais aussi et surtout la pauvreté et la faim et toutes les horreurs qu'elles peuvent traîner dans leur sillage.
Bien difficile de faire une "critique" de ce livre brûlot. Parce que ce n'est pas évident de le résumer, parce que les émotions que provoque la lecture sont complexes et finalement, je m'en rends compte, difficilement exprimables. On y trouve des scènes terribles, des métaphores flamboyantes, il y a de la beauté et de l'horreur et beaucoup de beauté dans l'horreur elle-même. Il y a la vieille Europe malade face à la saine Amérique, les vaincus face aux « vainqueurs ». Malaparte est un érudit, sensible à l'art et cet amour de l'art, notamment de la peinture transpire tout au long du récit. Sans jamais être pesante, cette omniprésence de l'art donne un relief particulier aux « horreurs » du quotidien, à ces petits arrangements avec les consciences qu'engendre la faim, aux ignominies devenues la norme d'un peuple libéré certes, mais à jamais vaincu. La peau évoque cette période dont on parle finalement peu, - même dans les livres d'histoire - de la sortie de la guerre. Dans les films, on crie « Vive la liberté ! » et les filles embrassent les soldats au son des flonflons. Dans la réalité, les pays et les hommes sont ravagés et la guerre laisse encore longtemps des traces.
On rencontre des livres parfois sur lesquels il est bien difficile de faire de la prose, même si on les a aimés - peut-être parce qu'on les a aimés d'ailleurs !
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J'aime beaucoup ce roman. En fait, je l'avais découvert à travers la magnifique adaptation cinéma de liliana Cavani dans les années 8o avec Mastroianni. C'est bien plus tard que je l'ai lu, et après un voyage à Nap!es. Ce fut un deuxième choc. Toute la truculence de Naples se retrouve dans ce texte, avec ses excentricités, sa trivialité, son réalisme. Il s'agit de la rencontre entre deux cultures diamétralement opposées : l'Amérique puritaine et l'Italie méditerranéenne. Les soldats americains remontant la botte pendant la deuxième guerre mondiale n'etaient pas armés (si j'ose dire) pour affronter la culture napolitaine. Et on assiste alors aux difficultés de ce militaire italien nommé pour faire le lien entre les deux cultures. Il ne parviendra jamais à réussir sa tâche. Constamment ridiculisé ou incompris par les américains. Tout ceci finit dans l'explosion du Vesuve de 44.
Malaparte, à travers le réalisme napolitain, nous signifie que la vie s'apprécie pour ce qu'elle est, dans l'instant, dans les horreurs comme dans le bonheur. Mais surtout, ne pas juger ce que l'on voit à l'aune d'une culture différente. La peau humaine n'est que cela. Prendre de la distance pour essayer de comprendre. Malaparte nous offre donc une belle leçon de vie.
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Malaparte désirait-il nous léguer ses cauchemars de guerre, espérant s'en délivrer?

Officier de liaison avec les américains après que Mussolini aie retourné sa veste en 43, il nous raconte, déformé par un fascinant expressionnisme à la Fellini, la Naples humiliée, réduite à la 'peste' que constitue la prostitution généralisée des hommes femmes et enfants, sa chevauchée nocturne abordé par des juifs crucifiés, le procès expéditif de jeunes fascistes par les partisans communistes, le soir où il arrive à distraire un soldat mourant, le tribunal des foetus ou la danse lubrique du bossu sous les bombardements...
Et il trouve aussi les mots et la forme comme ces extraordinaires dialogues de sourds!
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Chronique de l'Italie des années 1943-1944 et de la libération progressive de la botte italienne par les armées américaines et françaises, relatée par l'italien Malaparte, alors officier de liaison auprès de l'état major allié. Le récit se déroule en grande partie à Naples pendant la période où les troupes alliées sont bloquées par les troupes allemandes retranchées sur le Mont Cassin (Monte Cassino). Puis on suivra les troupes lors de leur entrée dans Rome (le passage devant le Colisée est savoureux !) puis dans la conquête de la Toscane. Malaparte jouit d'une certaine renommée puisqu'il vient alors de publier "Kaputt" où il retrace son expérience de correspondant de guerre du quotidien "La Stampa" sur le front de l'Est des armées fascistes.

Les batailles, notamment celle, particulièrement sanglante, du Mont Cassin, sont absentes du récit qui se concentre plutôt sur ce qui se passe à l'arrière du front, au travers de diverses scènes, de rue ou de salon, dont l'auteur est témoin. C'est une peinture très sarcastique de la libération de l'Italie à laquelle se livre l'auteur, qui n'épargne ni les italiens aristos qui accueillent dans ce qui reste de leurs palais les officiers américains ou français, ni les habitants des quartiers populaires de Naples, réduits à la misère et qui sont prêts à tout pour sauver "leur peau" , ni ces gradés américains, au comportement désinvolte, qui décidément ne comprennent rien à l'Europe.

En dépit de son côté un peu décousu, j'ai beaucoup aimé cette fresque très visuelle, aux effets picturaux souvent saisissants, qui m'a fait découvrir un pan d'histoire de la seconde guerre mondiale que je connaissais très mal.
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Un tout grand coup de coeur pour ce magnifique roman de Malaparte (mon premier roman de cet auteur).

Tout à l'image du peuple napolitain qu'il décrit presque avec amour, c'est une écriture colorée, mouvementée, généreuse, truculente, fantasque, baroque, onirique mais aussi sensible. En somme terriblement vivante, pour raconter des événements très douloureux.
Malaparte raconte tour à tour les événements de la Libération de l'Italie, l'extrême misère du peuple, le cynisme et l'hypocrisie des Américains, l'entrée hautement symbolique des Alliés dans Rome par la Voie Appienne (comme Marius, Sylla, Jules César, Cicéron, …), pour finir avec la dernière éruption du Vésuve, dieu tutélaire de Naples, en 1944.

Le tout est foisonnant d'images, de délires et d'humour. Sous cette extravagance, je ressens une bonne dose de pudeur de la part de l'auteur, à mi-chemin entre le peuple italien et les soldats US envahissants, pudeur devant les souffrances du peuple napolitain, soumis à une barbarie d'un genre encore inconnu alors, celle du peuple américain.

Un excellent moment de lecture, loin des écrivains aseptisés et prévisibles.
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Avec Kaputt, Malaparte plongeait le lecteur dans la dichotomie d'une vie de luxe autour du gouverneur général Frank à Varsovie aux heures sombres du ghetto, et plus généralement dans les horreurs du front est de la deuxième guerre mondiale. Dans la Peau l'auteur témoigne de ce que le débarquement des alliés et plus particulièrement des Américains dans le sud de l'Italie représenta pour la ville de Naples. On y découvre une population exsangue et affamée - comme elle l'a souvent été au gré du passage des différents “libérateurs” qui se sont succédés dans sa longue et superbe histoire –, vivant dans des taudis et épuisée par une guerre que l'Italie n'avait pas les moyens de soutenir. Tout s'achète et tout se vend, l'honneur, les femmes et les enfants. D'autant plus que les vainqueurs ont de l'argent, des vivres, du matériel, des cigarettes, qu'ils sont beaux et un peu naïfs, autant dire du pain béni pour ces Napolitains qui ont toujours montré de l'ingéniosité et de la malice.
Avec son style si particulièrement suggestif, puissant, son talent à transmettre l'horreur d'une situation, à la rendre fascinante, et même terriblement belle, Malaparte prouve encore son génie d'écrivain et son don de conteur hors-pair.
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C'est un livre très dur, qui se passe durant la deuxième guerre mondiale. Curzio Malaparte nait en 1898 et fera les deux grandes guerres. Emprisonné à deux reprises durant la deuxième guerre, il en sortira vivant. Il deviendra aussi écrivain durant ces années difficiles pour lui, et pour l'Europe toute entière, alors considérée comme un pays et non comme un continent.
Berlin est bombarbée, et des tranchées sont construites un peu partout dans la capitale allemande. Des familles entières sont enterrées. On les noit aussi. Paris est occupée par les Allemands.
L'apparition de la peste le 1 octobre 1943 ne va rien arranger. Il va y avoir des milliers de morts, laissés en plan sur les trottoirs. Les corps pourissent et sont ensuite ramassés et jetés dans les cimetières.
Mussolini est viré de ses fonctions. Il est arrêté et remplacé.
Les Anglais remportent la guerre, et les Italiens vont s'amuser de leur défaite. Ils vont jouer avec leurs armes, et considéreront que perdre n'est pas pire que gagner la guerre.
C'est un roman émouvant, dur, très dur même.
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un récit poignant, on assiste à l, écroulement de l, Italie fasciste et a l, occupation américaine dans l, immédiate après guerre.
dans les.ruelles populeuse de Naples affamé.
hommes et femmes se prostituent ou se livrent à tous les marchandages on vend des enfants, la peste fait rage, le Vésuve se réveille.partout c'est la misère, la famine..
l, auteur et témoin de la déchéance de son peuple vaincu, mais aussi un peuple orgueileux.
le livre sera adapté au cinéma 🎬 en 1981 par
Liliana Cavani avec marcello Mastroianni dans le rôle de curzio malaparte.pour adultes 👍.
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La PELLE, lu en V.O.
Une terrible peste de répand à Naples à partir du jour où, en octobre 1943, les troupes alliées sont entrées en libérateurs.
Une peste qui ne corrompt pas le corps, mais l'âme. poussant les femmes à se vendre et les hommes à piétiner le respect de soi.
Transformée en un enfer d'abjections, la ville offre des visions d'une obscène, déchirante horreur: la fille qui, dans un taudis, ouvrant "lentement la rose et noire tenaille de ses jambes" permet que , pour un dollar, les soldats vérifient sa virginité;
les perruques blondes où rousses des femmes oxygénées et la poudre blanche dont elles se couvrent le pubis parce que "Negros like blondes" ;
les enfants à demi-nus et terrorisés que les mégères au visage couvert de fard vendent aux soldats marocains, oubliant le fait qu'à Naples les enfants sont la seule chose sacrée.

La peste --c'est l'indéniable vérité-- est dans la main charitable et fraternelle des libérateurs, de leur impossibilité à découvrir les forces mystérieuses et obscures qui, à Naples, gouvernent les hommes et les faits de la vie, de leur conviction qu'un peuple vaincu ne peut être qu'un peuple de coupables.

Il ne reste alors rien d'autre que la lutte pour sauver sa peau: non l'âme, comme autrefois, ou l'honneur, la liberté, la justice, mais l'abominable peau.

Insoutenable et splendide roman. Un réalisme à la limite du macabre.
..."avec ses mots, Malaparte se fait du mal à lui-même et aux autres; celui qui parle est un homme qui souffre. Pas un écrivain engagé. Un poète;" Kundera
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Quel est mon sentiment après avoir refermé ce livre?
Difficile à préciser, tout d'abord, tenter de dissocier l'oeuvre de l'auteur.
Outre sont adhésion au parti fasciste, on sait les soupçons d'opportunisme et d'imposture qui sont prêtés à Malaparte, je suis insuffisamment instruit sur le sujet et j'en ferai abstraction ici.

Eh bien ! le livre alors ?
C'est d'abord un tableau saisissant de la pagaille gigantesque qui suivit l'arrivée des troupes alliées victorieuses en Italie et sans doute dans toute l'Europe, avec son cortège de héros, de traîtres, de collabos et de profiteurs. Catégories de destin qui s'avérèrent d'ailleurs par la suite bien moins étanches qu'on aurait pu le supposer, certains ayant, au gré d'opaques circonstances, impunément frayés successivement dans l'une ou l'autre.

C'est aussi l'occasion pour l'auteur de partager son amour pour son pays et ses compatriotes à travers de longues descriptions lyriques de Naples, du Vésuve, de l'île de Capri, de Rome et de la Toscane étayées et enrichies de références historiques, artistiques, littéraires et mythologiques d'une érudition qui, je l'avoue modestement, ont souvent trouvé chez moi un ignorant.

Reste un point délicat et difficile à trancher pour un lecteur lisant en 2018 une oeuvre de 1949, c'est le caractère violemment homophobe qui marque de longs passages. Les mentalités à cet égard étaient certes très différentes à l'époque mais Malaparte, en temps qu'intellectuel, ne peut être complètement exonéré de cette critique.
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