L'amitié du monde n'est pas une chose vaine; ton âme refroidit dans l'indifférence de tes rues, de tes murs.
Comme les bêtes qui craignent la chaleur, tu attendras le soir pour partir. Tu te sentiras tressaillir comme un homme ivre. C'est une joie puérile que d'être libre ! La vie est là, tout autour, présente et invisible, dangereuse, Écoute-la; Tu lui appartiens.
Si les battements de ton cœur résonnent trop violemment, allonge toi, la poitrine contre le sol, et donne ton cri à la terre. Il ne s'agit pas de réussir, ni de gagner.
Heureusement la vie n'est pas aussi stupide. Tu découvriras, les yeux écarquillés de honte que le but n'est pas d'être aimé mais d'aimer:
aimer la lumière qui tremble sur la berge
aimer les départs sous la brume
aimer le soleil qui ruisselle dans les arbres
aimer cette maison enveloppée de silence
aimer le geste tendre du printemps qui arrive
aimer les ports où ton cœur lève l'ancre
aimer la pluie comme un baiser qui n'en finit pas
aimer flâner dans le regard d'une femme
aimer, enfin, vivre, rire et jaillir comme un jet de sang chaud.
Alors, toi qui m'écoutes, tu crains de crouler sous le poids du monde, alors qu'il t'appelle et te fait confiance.
Tu dois l'admettre, il est impossible de voler les ailes repliées.
Oui, la vie de Jean Galmot est un étrange histoire.
Durant de longs mois, peuplés de joies intimes et de nuits chaudes, j'ai marché vers lui les yeux éblouis...Cet homme m'a confié, le temps d'un rêve et pour la vie entière, toutes les richesses des mondes mystérieux qui nous entourent. C'était un poète. Et quand il parlait de la mer, des fleuves, de la nuit tropicale, ou de la solitude des hommes, on restait longtemps sans rien dire.
Pour lui, j'ai écrit ce livre.
Christophe Malavoy . Un camion pour deux.