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José Correa (Illustrateur)
EAN : 9791032916803
240 pages
Éditions de l'Observatoire (03/11/2021)
4.38/5   12 notes
Résumé :
En 1945, Louis-Ferdinand Céline laisse derrière lui ses manuscrits et toute une vie pour fuir jusqu'au Danemark, où il trouve refuge, loin de la France qui réclame sa peau et le tête du docteur Destouches. Mais son sursis ne sera que de courte durée...Rattrapé par le gouvernent français qui réclame son extradition et son jugement immédiat, Céline est incarcéré pendant plus d'un an à Copenhague, avant d'être assigné à résidence à Korsør, sur les bords de la Baltique,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Christophe Malavoy, est déjà l'auteur d'un essai ("L.F Céline Même pas mort") et d'un scénario de BD ("La cavale du Dr Destouches") sur L.F Céline.

Cette fois, il est surtout question de l'exil danois de l'auteur du "Voyage au bout de la nuit".

En s'appuyant sur les romans de Céline, mais aussi sur ses lettres et sur des ouvrages de référence, Malavoy se met dans la peau de Céline pour raconter son parcours, ses inquiétudes, ses espoirs, parler de ses soutiens en France et au Danemark…

Si vous lisez Céline, vous serez en terrain connu, les lieux, les personnages (Lucette, le Vigan, le chat Bébert…) parleront aux céliniens.

Je pense en effet, que c'est surtout aux lectrices et lecteurs passionné(e)s de Céline que cet ouvrage s'adresse, les illustrations de José Correa ajoutent beaucoup, les nombreux portraits, les paysages s'accordent parfaitement au sujet.

Un beau et bon livre à recommander sans hésitations aux enthousiastes de Céline !
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Comme je vous l'avais annoncé dans la chronique concernant la lecture de Mort à Crédit le cas de Louis-Ferdinand Céline m'intéresse et j'ai trouvé intéressant de le découvrir dans ce très bel ouvrage illustré dans lequel Christophe Malavoy prend l'esprit et la plume de Céline pour raconter ses années noires (pour lui), celles de la fin de la seconde guerre mondiale, quand le vent a tourné, que les comptes allaient se régler et qu'il a senti que cela risquait de lui chauffer aux fesses si ce n'est à sa vie. Dans un premier temps direction l'Allemagne puis le Danemark car la patate chaude personne n'en voulait et puis il faut des visas, de l'argent, un logement, une cachette. le voilà donc errant de logements en incarcération jusqu'à une maison sur les bords de la Baltique, une maison isolée où avec Lucette et Bébert (le chat) sans compter tous les autres animaux que le couple recueille, ils vont préparer et attendre le procès par contumace (trop malade dit-il pour se déplacer) qui va se dérouler en France et qui va décider de son sort.

Incipit :

"Une idée !... Ils me donneraient moi un prix Nobel ?... Ça m'aiderait drôlement pour le gaz, les contributions, les carottes !... mais ces enculés de là-haut vont pas me le donner !... y en a que pour tous les vaselinés de la planète !... Les Mauriac et Cie... (p9)"

Christophe Malavoy en endossant de façon très réussie le style de Céline donne à cet ouvrage un ton très particulier et une forme originale. Céline par lui-même ! Et on sent qu'il se régale le bougre, lui qui tente de se faire le plus discret possible pendant cette période d'épuration, de traque, en lui donnant ainsi la parole Christophe Malavoy le laisse se justifier et comme il le fait dans Mort à Crédit, il se lamente, se donne le beau rôle et ne peut s'empêcher d'injurier, de se plaindre de tous ses maux, d'être une victime. le monde n'a rien compris à ses écrits, à sa façon de penser, à ce qu'il était un défenseur de la paix sans oublier de porter un jugement sur les écrivains "amis" ou "ennemis" (Marcel Aymé, Jean-Paul Sartre etc...), de déflorer leurs propres attitudes pendant la guerre (dénonciateur toujours) ou de leurs comportements vis-à-vis de lui. Tout l'agace, tout l'horripile, tel un Harpagon il compte et cache son or partout ou le confie à  plusieurs personnes sûres (mais plusieurs car toujours méfiant) car il sait combien l'exil coûte cher même s'il bénéficie de relations bienveillantes ou de combines..

Je dois vous avouer que je me suis laissée parfois attendrir (il fait pitié) par ce pauvre Ferdinand Destouches (de son vrai nom d'état civil) si souffreteux suite à ses blessures de la première guerre mondiale, de cet homme qui se montre si dévasté par le manque d'incompréhension et de justice qui ne lui sont pas rendus. Mais comment oublier l'homme aux propos antisémites (dont il se défend d'ailleurs et faites lui confiance pour avoir des arguments). Mais c'est un malin et il se défend, il argumente, il prouve même de toute sa bonne fois et j'ai retrouvé la verve de l'écriture si particulière que j'avais découverte dans Mort à Crédit.

Mais il me faut parler des illustrations de José Correa qui parsèment le récit qui sont de toutes beautés, que ce soient les portraits de l'écrivain ou des personnes (avocats, écrivains, acteur(rice)s etc...) dont LFC parlent sans compter ou celles illustrant les propos tenus et ses "galères" sans oublier certains de ses écrits.

C'est un homme à la fois inquiet, malade qui n'hésite pas à se comparer à d'autres grands exilés tels Victor Hugo et qui pense qu'un jour justice lui sera rendue et qui ne doute pas que les maisons d'éditions s'arracheront ses écrits (il en a caché certains et détruits d'autres avant de fuir) :

"Mais qui voudrait encore m'éditer ? ... Il y avait bien des malins qui venaient, reniflaient ma prochaine production.... j'intéressais encore, le nouveau Céline ça pouvait rapporter gros, je n'étais pas encore mort.. (p175)"

C'est un ouvrage documenté et illustré qui ravira tous les curieux mais également les admirateur(rice)s de l'écrivain (j'ai pas dit de l'homme), de l'homme de lettres avec son écriture reconnaissable inimitable et pourtant ici si bien imitée ici, réussissant à le rendre présent, dialoguant parfois avec le lecteur ou le prenant à témoin, tel que l'on peut l'imaginer, avec sa gouaille, sa misanthropie au bord parfois de la folie, ne trouvant grâce qu'en lui, qu'en sa danseuse, son chat et ceux qui le défendent. Humaniste il se dit..... Qui était-il vraiment ? Qu'en penser ?

J'ai beaucoup aimé et je le recommande vivement à ceux qui ne veulent pas lire ses romans de par sa réputation mais qui veulent découvrir son écriture et sa vie car à travers ce récit il évoque non seulement cette période d'incertitudes mais également son enfance et quelques épisodes de son existence.

Même s'il me répugne à le dire, cet homme m'intrigue et la prochaine fois je ferai le voyage au bout de la nuit en sa compagnie..... Ca promet !
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Ce livre est un exercice de malhonnêteté intellectuelle tout à fait réussi.

Céline, dont les pamphlets (ou plutôt les torchons) antisémites "Bagatelle pour un massacre", "L'Ecole des cadavres" et "Les Beaux draps" n'ont pas été pour rien dans l'antisémitisme ambiant de la fin des années trente et surtout sous l'Occupation.
Comment ne pas ressentir du dégoût en le voyant transformé, par Malavoy, en "martyr" de la Libération ?...
Quelle sinistre comédie de découvrir à longueur de pages un "pauvre" Céline, objet de la haine des autorités à la Libération...Sa santé; son pognon, sa haute appréciation qu'il a de lui-même...Curieux, insupportable, après les massacres de masses des Juifs, des Tsiganes, des handicapés, des homosexuels...Aucun mot sur les millions de victimes des massacres de masse...seul l'assassinat de Denoël, son éditeur, l'a peiné,

C'est un sommet d'indécence que ces larmoiements, ces plaintes sur ses conditions d'exil et d'emprisonnement au Danemark...certainement plus supportables que celles imposées à l'objet de sa haine, les Juifs.

Et pas de limite dans l'ignominie : il se compare aux écrivains exilés comme Zola, pour ses prises de position dans l'affaire Dreyfus et Victor Hugo, pour son républicanisme intransigeant sous le Second empire...lui, Céline, c'est pour haine raciale et approbation de la politique raciale nationale socialiste...c'est tout à fait différent !

Céline médecin : son poste, au dispensaire de Bezons, il l'a obtenu par un courrier rappelant aux autorités que le médecin précédent était d'origine juive...

Malavoy omet également la présence de Céline à la table d'Otto Abetz, ambassadeur d'Allemagne sous l'Occupation.

Céline fréquentait, dans les années d'avant guerre, le "gratin" de la "pensée" antisémite, notamment Darquier de Pellepoix qui lui a "gracieusement" fourni de la documentation pour "Bagatelles pour un massacre"...Pour mémoire, Darquier de Pellepoix a dirigé, sous l'Occupation, le Commissariat Générale aux Questions Juives qui s'est impliqué avec ardeur dans la proscription et la remise à l'occupant des Juifs de France.

Céline qui écrivait en 1938 : "les Juifs, racialement, sont des monstres, des hybrides loupés, tiraillés qui doivent disparaître"...

Ha ! les amnésies ciblées de Christophe Malavoy ! Celui-ci règle en quelques lignes cette question : ce sont des erreurs du passé...difficile à admettre après Auschwitz.
Etrangement, dans ce livre, à chaque mention d'un Juif...le mot "rabbin" est accolé devant le nom...très étrange quand on se souvient que les nazis imposèrent, dans les papiers d'identité, devant chaque nom de famille juif le prénom Israël pour les hommes et Sarah pour les femmes.

Et les gens de lettres n'ont pas son talent...à ses yeux. Pour Céline ce ne sont que des envieux...Insupportable.

Un livre infect qui est un sommet de mauvaise foi.

Christophe Malavoy, je le préférais sur les écrans...il y a longtemps.

Aucune étoile pour "ça".
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Dans ce bel ouvrage, Christophe Malavoy se glisse dans la peau de l'auteur et nous fait (re)découvrir l'exil d'un des plus grands écrivains français.
On lit, (mais on écouterait presque) la confession de Louis-Ferdinand Céline sur comment s'est déroulée cette période sombre de son histoire, de juin 1944, moment où il décide de quitter la France avec Lucette et Bébert, jusqu'à son retour en France après son procès : qui il a rencontré, où il est allé, ce qu'il pensait des politiques de l'époque, des gens qu'il côtoyait... On endure avec lui la dureté de la campagne danoise, la difficulté à vivre, l'injustice qu'il ressent, la prison... Et on replonge parfois dans son traumatisme de la Première Guerre Mondiale.
Ses mots sont accompagnées d'illustrations magnifiques de José Corréa.

Louis-Ferdinand Céline est mon auteur favori. La lecture de #voyageauboutdelanuit a tout renversé sur son passage et a bouleversé la jeune lectrice que j'étais alors. Il y a eu un avant et un après.
Lire cet ouvrage m'a beaucoup touchée car j'avais l'impression de l'entendre se confier, qu'il était là en face de moi, à raconter, pester et ruminer!
C'était une véritable immersion!

C'est un très bel ouvrage, très intime, très réussi.

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Livre qui a attiré mon oeil alors qu'il était encore dans une caisse verte de la FNAC avant de rejoindre son rayon. Je ne suis pas Célinien, son oeuvre m'attire peu. Mais le personnage m'a toujours intrigué. L'ouvrage bénéficie de plus de nombreux dessins de grande qualité. le personnage est ambigu, médecin des pauvres, antisémite à une époque où malheureusement on pouvait l'afficher sans grand problème, écrivain novateur. ... le livre à caractère autobiographique est passionnant. La période de l'après guerre et de son épuration est complexe et on ne peut y appliquer nos filtres actuels. Un excellent téléfilm sur le procès de Laval il y a quelques jours apportait lui aussi une vision sur ce personnage plus complexe que je ne le pensais. Un livre qui force à la réflexion et c'est déjà beaucoup.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
On comprend mieux pourquoi le pouvoir est disputé si âprement ! Non seulement on paye jamais de sa poche mais on s'en met plein les fouilles !...Une mode qui se démode jamais !...Oui !...Le monde est un immense bazar où les bourgeois pénètrent, circulent, se servent...et sortent sans payer !...Les pauvres seuls payent...
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Mais qui voudrait encore m'éditer ? ... Il y avait bien des malins qui venaient, reniflaient ma prochaine production.... j'intéressais encore, le nouveau Céline ça pouvait rapporter gros, je n'étais pas encore mort.. (p175)
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Elle a tout fait pour que je vive, c'est de naitre qu'il aurait pas fallu
Chamfort En France on laisse en repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin
Chateaubriant On vit avec un coeur trop plein dans un monde trop vide et sans avoir usé de rien on est désabusé de tout
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Une idée !... Ils me donneraient moi un prix Nobel ?... Ça m'aiderait drôlement pour le gaz, les contributions, les carottes !... mais ces enculés de là-haut vont pas me le donner !... y en a que pour tous les vaselinés de la planète !... Les Mauriac et Cie... (p9) 
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Christophe Malavoy . Un camion pour deux.
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