Christian Malbosse est un pseudonyme mais l'auteur donne des indications assez précises sur son identité puisque l'on apprend au cours du récit qu'il est le neveu de la "comtesse de Ralisse", famille d'aristocrates francais localisés a "Saint-Girons" et a "Marmande". le héros de ce récit autobiographique est donc, semble-t-il, un jeune aristocrate de province assez "vieille France" pour s'engager dans la L.V.F. et puis la division SS Charlemagne pour combattre le communisme.
Christian est un jeune homme dans lequel toute mere verrait volontiers le gendre idéal: sympathique, gentil, courageux, bien éduqué, ayant le sens du bien et du mal, doué d'une santé inoxydable et, pour ne rien gacher, intelligent. Il bénéficie aussi d'une chance de pendu, puisqu'ayant réussi a traverser indemne - physiquement, psychologiquement et moralement ! - l'enfer des combats dans lesquels fut jetée la division Charlemagne (tres peu survirent) sur le front soviétique.
Le fait que Christian ne fasse presque pas mention des péripéties militaires ayant précédé sa période de "soldat traqué" pourrait faire douter de la véracité du récit, mais il donne la clé de ce mutisme vers la fin du livre. Son explication est aussi simple que crédible lorsqu'il dit ne se rappeler que de bribes plus ou moins décousues de l'enfer qu'il a traversé. C'est en effet ce qui arrive souvent aux soldats exposés a des circonstances particulierement éprouvantes physiquement et psychiquement lorsque leur mémoire, dans un souci de résilience, en fait le black-out plus ou moins complet. Parmi les circonstances psychiquement éprouvantes pour un jeune homme manifestement doué d'empathie, il y avait aussi probablement les "dommages collatéraux" des combats enragés dans un pays - l'Union Soviétique de Staline - ou la vie humaine ayant peu de valeur, les populations civiles prises en tenaille entre les combattants étaient souvent les premieres a etre sacrifiées. D'ailleurs, si le récit était une invention, il aurait été simple a son auteur d'y joindre quelques comptes-rendus de combats aussi sanglants qu'invérifiables, cela s'est déja vu.
Ce qui frappe en premier lieu a la lecture du récit, c'est le grand élan de sympathie des paysans allemands pour Christian alors que celui-ci ne leur cache pas son appartenance a la Waffen SS. Ces braves gens prennent sciemment de sérieux risques pour eux-memes et leur famille dans le but de venir en aide a un soldat SS en fuite en sachant que la Waffen SS était le bras armé du nazisme. Cette sympathie est certes sympathique dans la mesure ou Christian lui-meme nous apparait comme un jeune homme sympathique, mais l'on se prend tout de meme a penser que les historiens modernes ont probablement raison d'affirmer qu'une grande partie de la population allemande soutint Hitler quasiment jusqu'au bout.
In fine, "
Le Soldat traqué" est le récit a la fois passionnant et instructif de quelques péripéties de vie d'un personnage attachant dont on regrette d'avoir a prendre congé en refermant le livre, d'autant que l'auteur fait montre d'un véritable talent d'écrivain.