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EAN : 9782874594731
Chloe des Lys (01/01/2010)
5/5   5 notes
Résumé :
"Elle laisse ses canaris voleter en liberté dans le logement. Madame Chapman porte un numéro à l'encre noire sur son poignet. Elle ne supporte pas les cages"
Que lire après Un, deux, trois, soleil !Voir plus
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Un, deux, trois… Soleil ! - Lu et vu par Christian VAN MOER

Le starter vous lâche dans la course. Au trésor ? Au bonheur ?...
Comme l'écrit justement Marie-Claire George-Janssens, qui préface joliment l'oeuvre de Josy Malet-Praud :
Il est certes des ciels plombés d'injustice, de misère, de menaces, d'hypocrisie, de colère, des ciels sans espoir, des ciels de mort et de vengeance. Viennent aussi les jours de soleil, de soleil d'après l'orage, de soleil espéré, les jours de rire, de coeur en balade.
Il est bien réconfortant d'espérer avec l'auteur que le soleil finira bien par faire revenir le beau temps après la pluie.
Sous le titre Un, deux, trois, Soleil ! sont réunis 22 textes de facture variée, de longueur inégale, émouvants, surprenants, originaux qui, sans jamais l'enfermer dans l'édification ou la moralisation, déroutent le lecteur vers une réflexion ou une rêverie.

LES PRINCIPAUX THÈMES
- le soleil après l'orage :
Honneur au titre du recueil donc… le thème de l'orage – meurtrier ou salvateur, vaincu ou triomphant – est bien présent chez l'auteur. du sommet de l'Olympe, par la foudre, Zeus se rappelle au bon souvenir des hommes et trace toujours les messages divins au tableau noir du ciel.
- L'ange gardien :
Il illumine l'univers de Josy Malet-Praud, et j'ai trouvé les récits qui illustrent ce thème particulièrement émouvants.
Divin ou humain, homme ou femme, objet de respect ou de dérision, l'ange gardien est là quand il le faut, mais ses pouvoirs sont limités : il fait ce qu'il peut.
Ainsi le père Gautier éloigne la jeune prostituée de l'avilissant trottoir ; Denis le S.D.F. sauve son jeune compagnon d'infortune de l'hypothermie fatale ; Galeo Ligalei – lisez Galileo Galilei, bien sûr – dessille les yeux de la « sage » Gabrielle dont le vote doit déterminer l'avenir de l'Humanité ; et saint Joseph empêche le crash d'un A320.
Par contre, malgré ses efforts, la doctoresse n'est pas parvenue à sauver le petit Juan et la maman de Sofia ne pourra sans doute pas éviter à sa fille de mourir de son cancer du sein.
- L'émancipation de la femme :
Pour la femme dans l'ombre, effacée, soumise, trompée ou exploitée, la lumière peut un jour venir.
Ainsi, la tapineuse retrouve la joie de vivre dans sa Pologne natale ; la jeune maîtresse d'un médiocre employé de banque est désabusée grâce à une facétie du Destin ; une femme au foyer modèle trouve la force de se libérer d'un tyran domestique ; une autre épouse parfaite, jusque-là uniquement préoccupée par le bien-être des siens, découvre enfin l'existence et l'importance de son « moi ».
- La condition humaine :
Pour décrire la condition humaine, l'auteur reprend, sous la forme d'une allégorie originale, le mythe du paradis perdu, du jardin d'Eden dont l'homme, créature divine, est violemment expulsé.
Dans le ventre de la mère – Nidville – Moha est un foetus divin ; c'est « le Tout, la Conscience, la Connaissance, la Mémoire, le Mystère de l'Origine et de l'Avenir de l'Humanité.» Mais avec le traumatisme de l'accouchement, tout bascule. En devenant homme, l'image de Dieu voit « sa conscience s'effilocher rapidement et sa mémoire égarer une à une toutes les clés du mystère.»

Hommes ou femmes, avec leurs qualités et leurs défauts, les personnages de cette auteure sont attachants. Si quelques-uns viennent de l'ailleurs, vous reconnaîtrez aisément tous les autres pour les avoir déjà croisés ou côtoyés. Et ce qui vous sera peu à peu dévoilé, à travers leur histoire, c'est l'espérance derrière l'inquiétude, la sensibilité, l'humanisme de l'auteur.

L'écriture de Josy Malet-Praud est impeccable. Sa langue est irréprochable et son style, travaillé sans outrance, élégant et attrayant. Elle a le don de dévoiler pudiquement le fond de sa pensée et maîtrise l'art de la métaphore pour typer un personnage ou décrire une situation.
Jugez plutôt.
- La pensée :
… il est des jours et des lunes, des saisons et des années où la poussière et la misère s'inclinent devant la dignité.

Elle laisse ses canaris voleter en liberté dans le logement. Madame Chapman porte un numéro à l'encre noire sur son poignet. Elle ne supporte pas les cages.

Les scientifiques donnent des clés pour ouvrir des portes. Mais… derrière se tiennent le bien de l'Humanité et le pire qui puisse lui arriver. Il suffit de si peu pour que les bonnes intentions débouchent sur l'enfer. L'Histoire sait de quoi je parle.

… l'Humanité crève de la vanité de croire en son éternité.

Et parce que cet Ancien aurait échappé à la peste de l'amertume et du renoncement, il sourirait.
Il dirait aux hommes de demain qu'ils ont encore le choix.

Alors, comme aux temps incertains de l'enfance, je convoque la lumière des jours plus heureux, l'antidote au poison lancinant des blessures tragiques.

Chassé de l'Olympe, tombé dans le Chaos, je suis né, m'acquittant du droit de passage dans l'Existence par la perte irrémédiable de la Conscience.

… dans les favelas d'Amérique Latine, des enfants qui n'ont rien, trouvent sous nos yeux déroutés par l'incompréhension, du bonheur à chanter en choeur et à danser au milieu de l'inconcevable.

… au milieu des sondes, des perfusions de la chimio, des petites têtes aux cheveux disparus, ce sont eux, enfants au destin peut-être éphémère, qui mènent la fête, nous rassurent et nous soutiennent dans – leur – épreuve.

- L'image :
Herbert, à moitié couché sur le tapis vert, maintint sa position précaire, grosse otarie en équilibre sur le rebord du billard noir.

Judith, une belle fille ronde à l'âge des moissons, cheveux longs ramassés en un faux négligé sur le haut de la tête. Echappées de l'ouvrage, des mèches rousses projettent des reflets mordorés sur un visage au teint de lait.

Un boulet de sarcasmes s'engage dans sa trachée : elle est prête à ouvrir les hostilités.
Les mots désobligeants et les reproches piétinent comme les sabots impatients des chevaux, juste avant qu'on soulève la barrière du champ de course.

Dans les yeux de Maria Rosa, j'ai vu passer la flèche incendiaire qui vise le coeur et le marque à jamais au fer rouge. Dans ses iris d'ébène, les cratères du désespoir se former.

Aux aguets derrière les meurtrières de ses rideaux faits main et jaunâtres comme la peau asséchée de son visage batracien, elle faisait le plein des petits riens de la rue qu'elle passait au tamis de son acidité, et rejetait aussitôt en paquets de scandales sous les portes des maisons du quartier.

J'ai su que c'était Lui et l'amour contenu sous la trappe de l'absence a jailli du fond des temps comme les laves incandescentes d'un volcan.

Lien : http://christianvanmoer.skyn..
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L'avis de Carine-Laure DESGUIN
Lien : carinelauredesguin.over-blog.com

Des personnages qu'on n'oublie pas ...

Dix vies au moins ! Il faut avoir vécu dix vies au moins pour connaître aussi bien, des hommes et des femmes, toutes les harmonies arc-en-ciel, les aspérités chaotiques de leur moi et les coulisses de leur inconscient.

Une écriture toute musicale rythme au métronome les gammes de ces histoires et, dans chacune, c'est un film en trois d'que nous regardons ...

Parce qu'il faut avoir lu des milliers de livres, effiler des dictionnaires, pour dégainer autant d'adjectifs en toupie et de substantifs pimentés, bien aiguisés. Tous ces mots enrichissent les textes et font éclater devant les yeux du lecteur de bien jolies images : les personnages se balancent dans notre dimension, s'accrochent aux filets de nos émotions et ne tombent pas, jamais.
Vous dites : "Ce soir l'air embaumait la liberté, j'avais une identité"
" Je suis rentrée chez moi, là-bas, à Varsovie"

En une dizaine de pages, l'auteur sait raconter l'histoire d'un destin et dès lors, nous savons pourquoi Daniel Rosso ne sera plus jamais le même lorsqu'il lut en dessous de la fresque cette signature: "Laurence, petite fille de Maryse Roussel"
Josy Malet-Praud doit aimer les enfants, pour leur ouvrir les portes vers un monde de rêves et alors, Anaïs se forge un espoir d'avenir : elle domptera une colonie de coccinelles ...Et les enfants de ce quartier désargenté applaudiront, dans un cirque improvisé ....Parce que : "Il y aura d'autres vies demain"

Dans "Une escale à Montmartre", nous zonons avec Denis, Belin, la dope, la solitude. La mort aussi. Et un mystère... " L'enveloppe renfermait également une photographie ..."

Dans les ruelles de Pise, la "Messagère" s'égare et lit tout à côté d'une porte "Galeo Ligalei-Maestro di Percoso" ; qui est-il, ce Maître du parcours ? Et pourquoi pouffe-t-il de rire en annonçant à cette "Messagère " à quel point c'est drôle, de s'égarer un 6 septembre, jour de la Saint-Michel, l'Archange du droit chemin...
Entre les doutes de cette "Messagère" , les certitudes de ce vieillard sémillant, tout cela dans cette demeure aux allures fantomatiques, l'auteur écrit :
" Les scientifiques donnent des clés pour ouvrir les portes . Mais, derrière, se tiennent le bien de l'humanité et le pire qui peut arriver ..."

Et des ciels orageux qui assombrissent le quotidien des couples, l'auteur connait les ficelles...Dans "Elle, la Carabosse et l'Amazone", chaque femme se reconnaîtra. Et c'est tout simplement beau, quand on peut lire :
" Après tant d'années, elle s'est encore trompée : il n'a pas cessé de la regarder"

" Un, Deux , Trois, SOLEIL", c'est vingt-deux textes plus inattendus les uns que les autres; tous mettent en scène l'humain et ses besaces pleines de ressentis , face au destin qui se dévoile si gai; ou si peu lumineux ..
Derrière ce coucher de soleil, ce sont 198 pages qui s'ouvrent vers des horizons de toutes les couleurs; parce que les humains sont comme ça : de toutes les couleurs !

On ne referme pas ce très très beau livre; il reste toujours ouvert; le soleil se lève toujours quelque part ...

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Lu et commenté par PAIA -/ Edmée de Xhavée
Lien : edmee.de.xhavee.over-blog.com

Un livre à lire et relire ....

Un… je l'ai lu d'une traite au soleil de l'été, dès sa réception. Chaque histoire me laissait le coeur en tumulte. de joie, de compassion, d'espoir, de plaisir. Soulagement aussi. Ou amusement enchanté. Et je continuais de tourner et tourner les pages pour un encore, encore ! essoufflé et avide.

Deux … je l'ai relu. Cette fois je ne courais plus à la suite de la houle finale qui bouleverse, mais je me suis laissée porter par les mots, les fabuleuses descriptions, l'art de voir l'ordinaire avec un regard qui le colore d'extraordinaire, un talent pour décomposer l'instant intense. Ou encore cette délicieuse fantaisie qui relie le réel au rêve, le divin à l'âme de ceux qui ont un coeur d'enfant.

« L'orage grondait tout autour de l'A320 qui fusait droit devant, dominant avec sérénité le magma de nuages noirs où des dieux s'entredéchiraient à coups d'épées phosphorescentes. » « Les yeux de Maria Rosa ont débordé de larmes, des bouillons d'amour mort dévalant la pente soyeuse de ses joues encore enfantines. » « C'était la collusion de l'eau de Javel et de la citronnelle sur le second palier, l'union sacrée de la pâte fraîche, du basilic, du parmesan, au coeur du bric-à-brac de l'étroite cuisine. »

Souvent l'auteur nous décrit un simple fait : une naissance sortant du mystère et entrant dans la vie en payant son dû, l'invincible optimisme d'une fillette qui sait que les demains sont toujours emplis de merveilleuses surprises, les mauvaises nouvelles qui mettent la vie entre deux cruelles parenthèses de fil barbelé, une bousculade d'émotions contradictoires qu'un époux dérouté cherche à traduire, Méduse que l'on voit attablée à une terrasse et dont on se souvient trop du regard pour s'y plonger encore, une délicate mosaïque de souvenirs … Ces simples faits sont vus au ralenti et sont étirés au point d'avoir la force d'une vie entière. Ils ont des odeurs : le sang, le bitume, le basilic, le savon bon marché, le café frais…

Trois … j'ai tenu à vous le présenter, cet éventail d'émotions, cet envoûtement des mots si bien assemblés par l'auteur qu'il ne peut être que naturel. Et la magie ne se tarira pas dans les oeuvres à venir, suggère cette aisance à peindre des tableaux avec des mots.

SOLEIL ! 198 pages de grandes histoires courtes et ensoleillées. Il est toujours là, l'astre d'or, parfois brûlant dans sa gloire, parfois filtré par des nimbes de larmes, voire caché par la sombre colère de Zeus. Mais il est là.

Paia

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Par Christine BRUNET - http://www.christine-brunet.com

" Un, deux, trois, soleil... un jeu de gamins à la récréation... Si le titre est le reflet du contenu, me suis-je dit, je vais découvrir de l'espièglerie, des jeux, des cris d'enfants...
Déçue ? Non... Josy nous propose tout cela version "Malet-Praud" dans une succession de nouvelles quelques fois espiègles, souvent douces-amères, toujours surprenantes. L'auteur peint en touches précises et colorées une galerie de héros marqués par le destin, jamais insipides, toujours extra-ordinaires.
A chaque fois, le soleil se lève sur les uns et se couche sur les autres: question de dignité, de valeurs, de conscience, d'honnêteté, de générosité ou d'égoïsme.
Entre ces pages trop courtes, Josy Malet-Praud joue... Elle joue au chat et à la souris avec le lecteur (et qui joue le chat selon vous?). Elle nous prend par le bout du nez et nous oblige à sentir et ressentir chacun de ses mots, chacune de ses images: impossible de lâcher les lignes, de s'évader du texte ! Elle nous rattrape toujours par un petit rien... mais qui fait la différence. Son arme absolu? Son style. Poétique, imagé, tout en rondeurs et légèreté, il nous livre des tranches de vie, des tranches d'espoir, d'humanité, de passé ou d'avenir.
Une nouvelle préférée ? "Lettre à ma douce", probablement... un délicieux instant d'égocentrisme.
Si je devais résumer Un, deux, trois, soleil, je dirais qu'il s'agit d'une histoire de dignité, une fresque de l'âme humaine."
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Ah, le joli livre que voilà !
Josy nous entraîne dans sa ronde. Ce recueil contient une vingtaine de nouvelles, aux styles et aux univers très différents. de l'histoire d'une trop jeune prostituée à celle de la mère de famille débordée en passant par la déchéance d'un sans-abri, Josy campe avec minutie et finesse des personnages plus vrais que nature. Cette auteure est une vraie éponge qui aspire les ambiances, les ciels, les paysages et les restitue avec poésie. En quelques pages, à chaque histoire, elle transporte le lecteur. Je la soupçonne de s'assoir à la terrasse d'un café, de regarder les gens et de leur donner vie ensuite sous sa plume. le trait est fin, non dénué d'ironie parfois (Lettre à ma Douce), mais toujours tendre.
L'écriture est fluide et enlevée. Les mots sont choisis, soupesés, avec minutie et donnent de la puissance au récit. L'analyse et la construction sont précises.
Ce livre donne à rêver, à sourire, à s'émouvoir aussi. Un reflet de la vie.
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