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EAN : 9782804016555
Espace Nord (25/06/2002)
3.82/5   11 notes
Résumé :
"Nous deux" : Un jour, j’ai écrit l’histoire de ma mère. Je l’ai écrite après sa mort car, de son vivant nous n’avions pu, elle et moi, nous parler de l’amour et de la haine qui nous unissaient, qui faisaient de nous deux quelque chose de confondu.

"Da Solo" : Un vieil homme, arrivé très loin dans les années, presque à la fin. Il est seul, sans sa femme Lyse qui est partie la première, et sans sa fille Lisa qui parfois vient le voir.
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Que lire après Nous deux - Da soloVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Voilà encore deux récits très forts, insoutenables par moments.
C'est de la littérature belge, et je vous assure que j'en suis fière. Nicole Malinconi a obtenu le très reconnu prix Rossel pour le premier (« Nous Deux ») et le deuxième (« Da Solo ») ne démérite absolument pas !
Littérature belge signifie très souvent humanité, profondeur, sensibilité, style simple et en même temps spécifique. Ici, tout y est.

Malinconi nous raconte sa mère et puis son père.
« Nous Deux » relate, à travers les mots de sa fille, la souffrance d'une femme toujours insatisfaite, son éducation dans un petit village de Wallonie, sa rencontre avec un Italien immigré, la naissance de leur fille et l'amour absolu qu'elle lui porte, délaissant l'homme (« Un amour de consolation de la vie entière ») et enfin sa fin après une vieillesse détruite par la maladie d'Alzheimer.
Pas de chronologie, mais des faits jetés sur le papier, des pensées intenses, vraies. La vie de « dans le temps » nous saute au visage, les lessives, le ménage, la cuisine, la couture. Et l'enfant !

« Da Solo » est un récit qui nous crie sa solitude, nous broie sous la tristesse mais nous remet sur nos pieds malgré tout. Car le père, après la mort de la mère, renoue avec sa fille. La relation absolue entre la mère et la fille s'est défaite et c'est seulement à ce moment que le père et la fille se retrouvent, se découvrent. le père raconte, en un long monologue, sa vie d'Italien émigré du pays de Chianti vers le pays de Meuse, après un détour par Ostende, « La reine des plages » et par Dresde la torturée.
Magnifique ! Terrible, sage, plein de résignation et de vie malgré tout.

J'ai adoré ces deux textes, et je vois que Marguerite Duras elle-même ne s'en est pas remise (une lettre adressée à l'auteure est insérée à la fin de l'ouvrage).

Je rends hommage à cette auteure, Nicole Malinconi, qui a trouvé les mots justes, les mots tangibles, les mots sonnants, les mots durs, les mots constructifs, les mots doux, les mots de la vie, tout simplement.

Merci à Babelio à travers son opération Masse Critique et aux éditions "Espace Nord" pour cette lecture essentielle.
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Dans « Nous deux », Nicole Malinconi raconte sa mère. Elle nous parle de la vie de celle-ci, de sa jeunesse dans un petit village à son départ avec sa soeur pour « la capitale », de son mariage avec un immigré italien dans les années 40, de sa relation fusionnelle avec sa fille (l'auteure, donc), totalement exclusive du mari et père (il n'est question que de « l'homme » dans le texte), de sa vieillesse dissoute dans la maladie d'Alzheimer. Nicole Malinconi n'a écrit cette histoire qu'après la mort de sa mère « car, de son vivant nous n'avions pu, elle et moi, nous parler de l'amour et de la haine qui nous unissaient, qui faisaient de nous deux quelque chose de confondu ».

Par fragments, sans chronologie, elle éparpille les tranches de vie, utilise le langage de sa mère pour raconter les frustrations de celle-ci, ses blessures, ses souffrances, sa déprime, ses avis, ses pensées, les tâches du quotidien.

Les phrases sont courtes, descriptives, les mots sont durs, incisifs, ne ménagent personne. Il n'y a pas de pathos, l'auteure reste à distance, et c'est d'autant plus fort. En particulier, pour en connaître un bout sur la maladie d'Alzheimer, je peux vous assurer que ces mots sont douloureusement justes. A plusieurs reprises, je me suis retrouvée à penser que « mais oui, c'est exactement ça ».

« Da Solo » est qualifié de roman, mais ce texte, à l'écriture plus fluide et plus douce que le précédent, entre tellement en résonance avec « Nous deux » que son narrateur ne peut qu'être le père de Nicole Malinconi. le vieil homme revient lui aussi sur sa propre vie, sa jeunesse en Toscane et son désir d'aller voir « derrière les collines », son arrivée en Belgique, son travail de serveur de restaurant, sa déportation à Dresde jusqu'à la fin de la deuxième guerre, son mariage, son inexistence en tant que père et mari dès la naissance de sa fille, la maladie de sa femme et ses « retrouvailles » avec sa fille après la mort de celle-ci. Des retrouvailles qui leur permettront enfin de faire connaissance, de s'expliquer, de se comprendre et de s'aimer.

Récits ou romans, ces deux textes forment un diptyque où il est question de difficultés de communication, de regrets, de nostalgie, de solitude, de vieillesse et de fin de vie. Il y est aussi beaucoup question de mémoire et de parole, et du désarroi ressenti quand les deux se perdent dans la maladie : si ce qui n'est pas dit n'existe pas, alors qui/que devient-on quand la parole s'efface ? Et la question ne se pose pas que pour le malade, mais aussi pour son entourage.

Des mots sur du papier, c'est forcément réducteur quand il s'agit de fixer des vies entières avant qu'elles ne s'échappent des mémoires. Mais quand ils sont forts et déchirants comme ceux de ces deux textes, c'est, d'après moi, le plus beau des hommages.

PS: merci à latina et daniel_dz, dont les billets ont attiré mon attention sur ce livre.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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💜 “Au fond, on finit tous.”

💜 Deux histoires, deux personnes, et pourtant une même solitude. Dans ces deux histoires, il s'agit de vieilles personnes, entourées de leur famille, leurs amis, de personnel médical, il y a une présence, un monde qui tourne autour d'elles, peut-être malgré elles même, mais il y a surtout cette profonde solitude. L'une a perdu la mémoire, assise devant sa fenêtre à attendre, mais attendre quoi ? Elle oublie tout, les choses, les personnes, les émotions passées, il y a le présent, il n'y a plus que le présent, il n'y a ni d'hier ni de lendemain. Il y a cette peine, incommensurable, cette absence de lucidité, qui resurgit pourtant, parfois, et alors jaillit la douleur. de ce qui a été et qui n'est ni ne sera plus.
L'autre se souvient. Tout est parti avant lui. Sa femme. Ses amis. Il est seul. On ne lui rend plus visite, on le laisse seul avec ses souvenirs, à ressasser, pas partager, on repense à avant, tout ce qui a été, était-ce bien? Était-ce mal? C'est ainsi pourtant. Il y a la douleur d'avoir perdu celle qui a partagé sa vie, et de rester malgré tout. Pour quoi faire ?

💜 Nicole Malinconi raconte la chute lente comme personne, l'effritement, la perte. de soi, de tout. Il faut avoir le coeur bien accroché, il faut être fort pour lire ce livre.

💜 Un roman qui vous met à fleur de peau, qui dérange parfois, mais tellement vrai qu'il est nécessaire.
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Nous deux: récit de l'auteure sur sa mère: sa mort à l'issue d'une longue maladie et sa vie assez difficile. Cette existence est présentée par fragments, par épisodes au fil des souvenirs de la narratrice. Les sentiments de celle-ci sont assez mêlés: haine et amour de l'enfant, désarroi de la fille face à l'avancée de la maladie de sa mère et de sa décrépitude physique et mentale, souffrance quand la mort survient finalement. Les phrases sont assez courtes, tout comme les chapitres, ce qui donne une impression de rythme saccadé, interrompu puis repris, et traduit bien les pensées et sentiments de la narratrice. Pour cette raison, je trouve ce texte fort par son thème et la façon dont l'auteure a su le transmettre: avec une certaine distance narrative, mais aussi avec une grande force émotive.


Da solo: après les deux voix féminines, c'est une voix masculine qui s'élève: celle d'un immigré italien parti de rien et celle, surtout, d'un père. le thème de la vieillesse et de l'usure du corps qui empêche de faire ce qu'on veut et de vivre comme dans sa jeunesse revient dans ce texte avec une grande force. le personnage raconte sa vie au fil de ses souvenirs et son quotidien. On comprend sans peine que ce dernier lui est difficile, dans une certaine solitude, face à ses voyages passés et à ses combats journaliers pour vivre et offrir une meilleure vie à sa fille. L'auteure a vraiment su mettre des mots justes et forts sur ces sentiments, ces ressentis et me les transmettre. Ce texte-ci m'a vraiment touchée par l'écho à la vieillesse de certains de mes proches que j'y ai senti.
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2 récits de bilan de vie, l'un partagé par la fille sur la vie de sa mère, l'autre par le narrateur lui même.

C'est un peu comme un album photo où l'on tourne les pages en découvrant des fragments de vie qui font remonter des souvenirs avec plus ou moins d'émotions. Parfois la sensation de tourner en rond, de revenir sur les mêmes pages souvent plus douloureux.

L'écriture est belle, assez imaginée, les phrases et les chapitres assez courts pour "Nous deux".

La fille revient sur la relation assez difficile avec sa mère, le manque de communication devenu à ce jour impossible, quelques regrets. On y sent l'impuissance face à la décrépitude du corps face à la maladie, l'être qui part avec que le corps ne meurt.

Dans "Da Solo", c'est une voix masculine mais le récit est similaire, la solitude qui s'installe la vie compliquée d'un immigrant intégré qui fait tout pour sa famille, y compris ne plus revenir dans son pays. le manque de communication et d'amour, le questionnement de la fin de vie, là encore les regrets...

Deux récits réalistes, nostalgiques, heureusement poétiques.
Lien : http://keskonfe.eklablog.com..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Heureusement que je t’ai.
Heureusement qu’on s’a.
Si je ne t’avais plus.
Si je ne t’avais pas eue.
Quand je ne t’aurai plus.
Dans la vie, je n’ai que toi.
Quand je t’ai eue.
Quand tu ne m’auras plus.
Si tu ne m’avais pas.
Je n’aurai eu que toi.
Je t’aurais.
Tu m’as eue.
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Alors je caresse les cheveux gris défaits. Je pense: le corps de ma mère. Cette chair-là. C'est comme retrouver un terrain après un désastre. Quand il ne reste que du silence et plus rien à dire. Quand le silence emplit les oreilles comme une terre. Et qu'on pleure sur l'horreur et sur ce qui est perdu; sur le mensonge aussi de ce que l'on croyait impérissable.
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Videos de Nicole Malinconi (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicole Malinconi
Le mercredi 10 mars 2021, Nicole Malinconi se prêtait au jeu de la rencontre "en librairie" de façon virtuelle en dialoguant avec la libraire Maya Orianne, de la librairie "A livre ouvert" à Bruxelles. Elles y évoquent le récit de Nicole Malinconi paru aux Impressions Nouvelles en janvier 2021, "Ce qui reste".
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