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Henri Mondor (Éditeur scientifique)G. Jean-Aubry (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070103263
1659 pages
Gallimard (12/06/1945)
4.29/5   21 notes
Résumé :
Ce volume contient les oeuvres suivantes : Poëmes d'enfance et de jeunesse - Poésies - Vers de circonstance - Les Poëmes d'Edgar Poe - Proses de jeunesse - Poëmes en prose - Crayonné au théâtre - Variations sur un sujet - Un Coup de dés - Quelques médaillons et portraits en pied - Richard Wagner - Préface à "Wathek" - Le "Ten o'clock" de M. Whistler - Contes indiens - La Musique et les lettres - Proses diverses - Les Mots anglais - Thèmes anglais - Les Dieux antique... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Stéphane Mallarmé (1842-1898) occupe une place à part au XIXème siècle. Il est célèbre, mais il a la réputation d'un poète hermétique. Autrefois, j'avais lu quelques-unes de ses oeuvres, mais elles m'avaient laissé perplexe. Aujourd'hui, j'ai voulu redécouvrir cet auteur avec un œil neuf.

Surprise pour moi: dans ces oeuvres complètes, j'ai découvert surtout de la prose ! Certes, de la poésie, j'en ai trouvé aussi un peu. Mais, il faut le dire, de nombreux petits textes ne méritent pas de passer à la postérité.

Par contre, quelques-uns des poèmes sont d'une richesse extraordinaire et d'une qualité exceptionnelle: ce sont surtout ceux qui sont parus dans le "Parnasse Contemporain" (à partir de 1866). On peut difficilement aborder d'une manière simple et intuitive ces textes très travaillés.

Dans ces vers, la structure même des phrases et le choix des mots sont particulièrement complexes. Pour les comprendre et les accepter tels qu'ils sont, il faut les lire et les relire; il peut être utile aussi d’en lire un commentaire détaillé. Dans ces conditions, le lecteur peut saisir l’état d’esprit et surtout l’intention de Mallarmé, sous-jacents à son texte – qui paraissait initialement obscur – et, alors, l’étrange beauté de la poésie lui apparaît enfin. Comment pourrait-on apprécier le magnifique "Don du poème", par exemple, si on ne voit pas le parallèle entre "l’enfantement" de ce texte et la maternité de l’épouse du poète ?

L'exigence de Mallarmé envers lui-même était extrême, il refusait toutes les facilités, il avait une très haute idée de l'idéal (représenté par l'Azur). Mais sa volonté de perfection se heurtait souvent à son état dépressif chronique et à ses angoisses d'impuissance artistique. Paradoxalement, ses poésies les plus belles (et parfois les plus subtiles) ont été écrites dans les affres devant la page blanche. C'est clair notamment dans le poème intitulé "L'azur".
Je ne prétends pas avoir tout saisi dans la poésie de Mallarmé "l'obscur" ! Mais ma relecture m'a ouvert de nouveaux horizons sur ce très grand poète.

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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
AUTRE ÉVENTAIL

de Mademoiselle Mallarmé


Ô rêveuse, pour que je plonge
Au pur délice sans chemin,
Sache, par un subtil mensonge,
Garder mon aile dans ta main.

Une fraîcheur de crépuscule
Te vient à chaque battement
Dont le coup prisonnier recule
L’horizon délicatement.

Vertige ! voici que frissonne
L’espace comme un grand baiser
Qui, fou de naître pour personne,
Ne peut jaillir ni s’apaiser.

Sens-tu le paradis farouche
Ainsi qu’un rire enseveli
Se couler du coin de ta bouche
Au fond de l’unanime pli !

Le sceptre des rivages roses
Stagnants sur les soirs d’or, ce l’est,
Ce blanc vol fermé que tu poses
Contre le feu d’un bracelet.

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POËMES EN PROSE

RÉMINISCENCE

ORPHELIN, j'errais en noir et l'œil vacant de famille : au quinconce se déplièrent des tentes de fête, éprouvai-je le futur et que je serais ainsi, j'aimais le parfum des vagabonds, vers eux à oublier mes camarades. Aucun cri de chœurs par la déchirure, ni tirade loin, le drame requérant l'heure sainte des quinquets, je souhaitais de parler avec un môme trop vacillant pour figurer parmi sa race, au bonnet de nuit taillé comme le chaperon de Dante ; qui rentrait en soi, sous l'aspect d'une tartine de fromage mou, déjà la neige des cimes, le lys ou autre blancheur constitutive d'ailes au-dedans : je l'eusse prié de m'admettre à son repas supérieur, partagé vite avec quelque aîné fameux jailli contre une proche toile en train des tours de force et banalités alliables au jour. Nu, de pirouetter dans sa prestesse de maillot à mon avis surprenante, lui, qui d'ailleurs commença: « Tes parents ? — Je n'en ai pas. — Allons, si tu savais comme c'est farce, un père... même l'autre semaine que bouda la soupe, il faisait des grimaces aussi belles, quand le maître lançait les claques et les coups de pied. Mon cher! » et de triompher en élevant à moi la jambe avec aisance glorieuse, « il nous épate, papa », puis de mordre au régal chaste du très jeune : « Ta maman, tu n'en as pas, peut-être, que tu es seul ? la mienne mange de la filasse et monde bat des mains. Tu ne sais rien, des parents sont des gens drôles, qui font rire. » La parade s'exaltait, il partit : moi, je soupirai, déçu tout à coup de n'avoir pas de parents.

p.278-279

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POÈMES D'ENFANCE ET DE JEUNESSE

SOLEIL D'HIVER
à Monsieur Éliacim Jourdain.


PHÉBUS à la perruque rousse
De qui les lames de vermeil,
O faunes ivres dans la mousse,
Provoquaient votre lourd sommeil.

Le bretteur aux fières tournures
Dont le brocart était d’ors fins
Et qui par ses égratignures
Saignait la pourpre des raisins,

Ce n’est plus qu’un Guritan chauve
Qui, dans son ciel froid verrouillé,
Le long de sa culotte mauve
Laisse battre un rayon rouillé.

Son aiguillette, sans bouffette,
Triste, pend aux sapins givrés,
Et la neige qui tombe est faite
De tous ses cartels déchirés.

p.21
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APPARITION
(...)
J’errais donc, l’oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.

(Vers et Prose, 1893)
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AUTRES POËMES

I. OUVERTURE ANCIENNE D'HÉRODIADE
LA NOURRICE
(Incantation)


ABOLIE, et son aile affreuse dans les larmes
Du bassin, aboli, qui mire les alarmes,
Des ors nus fustigeant l'espace cramoisi,
Une Aurore a, plumage héraldique, choisi
Notre tour cinéraire et sacrificatrice,
Lourde tombe qu'a fuie un bel oiseau, caprice
Solitaire d'aurore au vain plumage noir...
Ah! des pays déchus et tristes le manoir!
Pas de clapotement! L'eau morne se résigne,
Que ne visite plus la plume ni le cygne
Inoubliable : l'eau reflète l'abandon
De l'automne éteignant en elle son brandon :
Du cygne quand parmi le pâle mausolée
Où la plume plongea la tête, désolée
Par le diamant pur de quelque étoile, mais
Antérieure, qui ne scintilla jamais.
Crime! bûcher! aurore ancienne! supplice!
Pourpre d'un ciel! Étang de la pourpre complice!
Et sur les incarnats, grand ouvert, ce vitrail.

p.41
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Videos de Stéphane Mallarmé (39) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stéphane Mallarmé
Stéphane MALLARMÉ – Le Poète et la Chine (CREOPS, 2014) Une conférence de Laurent Matuissi donnée le 6 juin 2014 au Centre de Recherches sur l’Extrême Orient de Paris-Sorbonne à l'occasion de la publication de son essai 'Mallarmé et la Chine'.
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