Un roman mystérieux,captivant ,sur l'amour,la trahison,la dignité,la rancœur et la haine, d'un des plus grands maîtres des lettres argentines.
Barboza, un type étrange,orphelin de mère, ayant perdu son père à l'âge de douze ans et élevé par charité par un éleveur de moutons et lainier est le personnage malléen de cette histoire.Une incarnation romanesque de ces hommes en qui Mallea ne voyait que "fiction d'humanité,représentation d'humanité ,comédie d'humanité".
Le récit débute avec Barboza,habitant d'un bled perdu,qui le quitte pour se rendre en bus au nord du pays,avec destination et but qui nous seront dévoilés peu à peu....Durant le voyage l'homme revient sur son passé, sa rencontre avec une jeune fille, Silvia, qui deviendra sa femme...,sept ans auparavent.Une femme qui aurait pu être son salut et qu'il conduira lui-même à une solution extrême....
Ce livre est loin d'être une banale histoire conjugale qui finira mal.L'histoire n'est qu'un prétexte pour Mallea pour parler de l'Homme,"empêtré dans sa propre instabilité,dans sa méconnaissance de lui-même, qui doit affronter les zones obscures de sa personnalité sans savoir ce qu'il cherche,ou ce qu'il veut ,et qui se retrouve entraîné par ses ténèbres intérieures,vers d'autres extérieures,encore plus périlleuses pour lui".
Un magnifique récit où l'imagination et la réflexion du lecteur sont sans cesse sollicitées,nous tenant constamment en éveil jusqu'au coup d'éclat final.
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Mais un homme, ce n'est pas simplement son être.Un homme c'est l'être de son histoire.Et, lui Barboza, ce sont les faits qui le guident; il est plongé jusqu'au cou dans les faits.Personne , même s'il le désire, n'est en mesure de faire marche arrière. Le temps nous pousse avec force; il nous pousse et nous entraîne vers l'avant. Une fois que cette chose qui n'est pas nous s'empare de nous, elle fait de nous d'autres nous, les victimes affligées de ce premier pas auquel nous avons consenti.p.15
Il passa une semaine d'angoisse à se demander, dans sa maison d'Insaurralda ,à quoi tout cela pouvait bien aboutir. lui qui jusqu'alors aimait tout prévoir, voyait maintenant que son univers venait de se décomposer en perspectives hasardeuses,impossibles à prévoir.comment en était-il arrivé là? Cela ne lui ressemblait pas.Ce n'était pas à son image. Cela avait plutôt l'air de quelque chose qui lui aurait été dicté, venu d'on ne sait trop où pour s'imposer à lui, pour le dominer. Et c'est à ce futur incertain qu'il était brutalement promis! Impossible, de reculer! Une autre volonté que la sienne, une autre force, un autre destin supérieur s'était mis en branle et lui n'était plus que le subordonné de sa propre existence après en avoir été le farouche capitaine.p.20
Le problème de vivre décalé,c'est qu'on est constamment seul, ou à une distance infinie de ses semblables, comme les planètes dans l'espace infini.Et ce sont précisément ceux qui se plaignent de la solitude qui ont choisi d'être solitaires...p.23
"La vie, déclara-t-il, c'est cela, le moment unique où l'on est en compagnie de quelqu'un. La vie, c'est être plongé dans quelque chose."
[...] la paix ne serait pas la paix s'il n'y avait pas la guerre qui permet de la définir comme son contraire.
Eduardo Mallea :
Les RembrandtOlivier BARROT, à Cabourg, présente le dernier
roman de l'auteur argentin
Eduardo MALLEA, "
Les Rembrandt", publié aux éditions Autrement. BT page de couverture du livre et BT
peintures de Rembrant.