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EAN : 9782080666543
264 pages
Flammarion (30/11/-1)
3.17/5   38 notes
Résumé :
Elle se sentait bien, Jeanne.
Malgré ses quatre-vingts kilos, elle était bien dans sa peau. Et puis il y a eu cette panne d'ascenseur dans la tour. Trente et un étages à monter. Sept cents marches. Elle l'a fait. Mais à quel prix ! Douloureuse prise de conscience : elle a un corps. Volumineux, encombrant. Aux grands maux les grands remèdes : elle va faire un régime. Mot affreux, synonyme de tortures, de crampes d'estomac et de frustrations...
Jeanne va... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Divine est un roman dont j'avais entendu parler à sa parution au tout début des années 90 (j'avais 13 ans). La parution de Divine avait été saluée, y compris dans des journaux plus populaires, parce que c'était le nouveau roman de Françoise Mallet-Joris, parce qu'elle parlait d'un sujet dont on parlait peu, le rapport au corps hors-norme, et le regard que les autres portaient sur ce corps. L'on ne parlait pas encore à l'époque, du moins, pas trop, de la boulimie et du corps qui se doit être constamment désirable donc dans une certaine norme.
Je tiens à le préciser, je n'ai pas aimé ce livre, j'ai souvent bondi en le lisant. Ce qui m'a fait bondir en premier ? Les agressions que subit Divine. Quelqu'un la retrouve régulièrement dans son appartement, la viole (je n'ai pas d'autres mots) et elle ne réagit pas. Il ne s'agit pas de la sidération, non, mécanisme de défense normal. Elle attend le retour de son agresseur – et il revient à plusieurs reprises. Vous qui lisez cet avis, ne venez pas me dire que je ne comprends rien (j'y ai déjà eu le droit une fois). Ne me faites pas croire qu'une victime de viol puisse dire que le retour de son agresseur lui redonne "le goût de vivre". Je ne comprends pas que personne n'ait bondi, à l'époque.
De sexualité, de mariage, d'enfants, il sera question dans ce livre. Je poursuis avec les faits qui m'ont choqué. Sélim, le concierge du lycée, bat sa seconde fille. Attention ! Il la bat discrètement, pour que cela ne se voit pas trop, et si d'aventures, en serrant trop fort, il devait casser le bras de Jacqueline, sa seconde fille ... on ne sait pas trop ce qui se passerait. Jacqueline se confie à Jeanne, son enseignante, qui estime (à juste titre) avoir merdé avec Geneviève, sa soeur aînée. Geneviève est obèse, comme Divine. Contrairement à Divine, Geneviève porte de jolies djellabas. Geneviève est croyante, et se voile. Geneviève, qui veut désormais être appelé Fatima, ne veut pas faire d'études, contrairement à Divine, elle veut se marier et avoir des enfants, et pense, toujours contrairement à Divine, qu'elle y arrivera – son poids n'y changera rien. Bon. Vous voulez une bonne dose de clichés racistes ? Regardez la manière dont est dépeinte la famille de Sélim, regardez surtout la manière dont Jeanne les voit, elles, les jeunes filles. Parce que, figurez-vous qu'il y aurait un pays où les femmes sont « énormes, indolentes ». Pardon ? J'ai bien lu ? Ah oui, j'ai bien lu. J'en reviens à Jacqueline, battue, qui continue malgré tout à tenir tête, avec les moyens du bord, à son père. Et Jeanne ? Je cite : "Jeanne se demande si, malgré sa brutalité, ce n'est pas Sélim qu'elle plaint le plus".
Pourrai-je être amie avec Jeanne ? Non. Mais je ne pourrai pas être amie avec ses amies non plus. Je ne sais pas d'ailleurs sur quelles bases repose leur amitié. Pour Evelyne, je dirai que c'est la durée : elles se connaissent depuis qu'elles ont douze ans. Evelyne est croyante, elle s'est mariée trois fois (passons…. je ne connais pas de catholique pratiquante qui l'ait fait) et aime avoir des relations sexuelles avec son troisième mari. Et tant pis s'il refuse d'offrir un cadeau de Noël aux jumelles. de quoi se plaignent-elles ? Elles ont eu des cours particuliers de maths. Pour moi, je vois de la maltraitance, et quand cela commence comme cela, quand on reproche à des enfants qui ne sont pas les siens ce qu'ils vous coûtent, cela peut mal se terminer dans la vraie vie. Ah mais oui, nous sommes à l'orée des années 90 et je ne suis pas sûre que cela soit perçu à l'époque comme tel. Bon, Evelyne essaie parfois de se gendarmer, mais elle n'y parvient pas – elle ne veut pas se priver de sexe ! Même si nous ne la voyons qu'à travers les yeux de Jeanne, qui la méprise parfois, l'on entend ses paroles, et on la voit mal se mettre en colère, mettre les points sur les i à quelqu'un, y compris à Jeanne. Quant à sa seconde amie, Manon, très proche de la mère de Jeanne dont elle partage les préoccupations, elle me fait penser aux clichés des femmes accaparés uniquement par leur apparence physique, ne sachant pas trop avec quel homme vivre – mais il faut qu'il ait de l'argent. Elle n'a pas besoin non plus de se marier pour désirer avoir un enfant, au grand étonnement de Jeanne – c'est là que l'on se rend bien compte que ce roman a trente ans. Parce que le rapport à la maternité tel qu'il est décrit dans ce récit date d'un autre temps. Ludivine, la grand-mère, a été fille-mère, et c'est pour cette raison qu'elle est partie à Paris – pour cacher son « banal secret ». Elle n'a jamais connu d'autres hommes et en veut à sa fille, Gisèle « mère célibataire » (« les temps ayant changé ») de se marier après avoir été abandonnée. Oui, pour Ludivine, la grand-mère, il fallait rester seule, dans le souvenir de Jean, le père de Jeanne. Ne dit-elle pas à sa petite-fille : « ça ne se fait pas ce qu'elle a fait. Et le souvenir, alors ? On aime une fois, et c'est tout ! » C'est avec « mépris » qu'elle parle de sa fille et ce qu'elle distille n'est pas bon, à mes yeux, pour la construction de cette enfant qui s'appelle encore Ludivine, comme sa grand-mère, et qui choisira de porter son autre prénom à la mort de sa grand-mère.

Je me suis beaucoup écartée de ce que j'aurai dû voir comme le sujet principal du livre, à savoir le rapport au corps, ce corps que Jeanne remplit consciencieusement en mangeant, ce poisson qu'on lui a apporté et qu'elle jette, parce que pour elle, ce n'est pas de la nourriture, ce corps qu'elle n'a jamais entravé, choisissant toujours de porter des vêtements amples et confortables, cette santé insolente qui fait qu'elle n'est jamais malade, qu'elle fume sans aucun problème, se moquant bien d'enfumer les autres – la loi Evin sera voter trois ans plus tard – ce corps qu'elle redécouvre, comme elle s'interroge sur la manière dont les autres la voient, tolèrent aussi des traits de son caractère qu'ils n'auraient peut-être pas supportés si elle avait eu un physique dans la norme. Je suis passée à côté de cette thématique, qui m'a semblé enfoui sous tout le reste, notant bien au passage le paternalisme du médecin scolaire que Jeanne consulte, qui vaut bien celui de sa femme, pour qui rien ne vaut un bon généraliste qui connait bien ses patients, les psychiatres et les diététiciens ne servant à rien, selon elle.
Et pourtant, le sujet de ce livre était intéressant. Il parle du corps des femmes, de ce corps qui doit être désirable pour les hommes, et dans la norme, toujours celles des hommes, pour les femmes.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Lu dans le cadre du challenge solidaire, le combat d'une femme contre son poids, contre tous les préjugés qui en découlent. L'écriture un peu laborieuse ne m'a pas passionné, il est vrai que je suis loin d'être concerné par le thème. Tout le cheminement de cette femme, physiquement et mentalement s'étale dans ces 265 pages. On y ajoute la bonne copine, la mère indigne, l'amoureux non déclaré.
Ça ne devait pas suffire, l'auteure y intègre une histoire de jeune fille voilée, je n'ai pas vraiment vu le rapport avec l'histoire principale.
Bref, il me faudra revenir vers cette auteure si je veux l'apprécier un peu plus.
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Une prof célibataire, obèse, commence un régime. Parallèlement les filles du gardien de l'école commencent à porter le voile : parallèle étrange, un peu artificiel.
C'est un regard d'une modernité intéressante (publié en 1991) sur la grossophobie (quoique bien loin du "body positive"), parlant de boulimie et d'hyperphagie (quoique faisant un peu de la psychologie de comptoir) et dénonçant le médecin paternaliste : "Vous avez commencé un régime sans trop savoir, un peu à tort et à travers, comme toutes les femmes."
Je me suis amusée du discours bien daté qui ne connaissait pas la cuisine "healthy", et qui décrit le poisson et les légumes comme une punition - comparés au cassoulet. Mais amusée aussi des réflexes bien bourges de l'autrice comme lorsqu'elle "lui trouve "l'air voyou" parce qu'il portait un polo ouvert et pas de cravate", comme l'invitation d'une amie à faire les soldes chez Courrèges, comme la femme de ménage dont dispose une célibataire vivant dans un deux-pièces...
Mais j'ai été carrément consternée par les clichés racistes citant "un pays où les femmes sont énormes, indolentes", et choquée par le fait qu'une enseignante mise au courant de violences domestiques en arrive "à plaindre le père" plutôt qu'à avertir la justice. Choquée aussi par une blague de très mauvais goût sur ce fait divers où un assassin japonais avait mangé sa victime.
Pour finir j'ai été horrifiée par des scènes de viol dont la victime "s'enchante" et parle d'une "violence délectable". Quelle femme écrirait ça en 2022 ?
Sinon, j'ai plutôt aimé l'écriture, quelques passages sont même assez élégants, mais avec un curieux écart entre la pensée organisée de l'année scolaire, et les divagations mentales (pas passionnantes) lors des vacances.
Challenge ABC
Challenge solidaire 2022
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Divinedivine volumineuse, divine ronde hédoniste est bien dans sa peau et l'affirme jusqu'au jour où tout bascule suite à une banale panne d'ascenseur. Mais sept cent marches à arpenter chaque jour est une ascension cauchemardesque qui oblige la divine consciente (pour ne pas y laisser sa peau) à se délester de son corps-bouée encombrant et malvenu en de t elle circonstances. Survivra t elle au régime imposé par la tour, cette lente et triste torture (mais paradoxe) véritable descente aux enfers qui la sadise et gomme du même coup son identité?
"Je mange donc je suis" a affirmé Gérard Apfeldorfer le célèbre psychiatre comportementaliste et ce livre nous renvoie à cette approche car comment se situe face au monde celui qui ne mange plus?
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DIVINE
Françoise MALLET JORIS
Les volets de la providence sont décidément insondables
En l'occurrence, pour Jeanne, 35 ans, professeur dans un collège parisien, cette voie est un escalier, celui qu'il lui faut descendre et remonter le jour où des gamins ont saboté l'ascenseur de la tour où elle habite, au 31ème étage
Or Jeanne est grosse, gaiement grosse
Mais cet incident du quotidien lui révèle que pour les autres, Evelyne sa meilleur amie, Didier dont elle est secrètement amoureuse, sa mère, ses collègues, ses élèves, elle est un cas
Elle décide alors, par défi de commencer un régime
Elle maigrit et à sa grande surprise, le monde autour d'elle se modifie : elle n'est plus l'originale dont on tolérait tout, elle se doit de rentrer dans le rang
Est-elle une autre d'avoir changé d'apparence ?
Peu à peu, se régime prendra les allures d'un affrontement à soi, d'une ascèse, d'une tentative de replacer dans l'ordre du monde ces désordres essentiels que sont la faim, le désir, l'amour
Et le second prénom de Jeanne, Ludivine devenu Divine, prend alors tout son sens
Quatrième de couverture
Livre intéressant à lire quant à l'analyse que l'on peut faire sur soi lors d'un événement idiot qui vous transforme, ce n'est pas seulement le changement physique de l'héroïne mais soi-même parfois
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
- Et ça veut dire quoi, tout ça ?
Jeanne a perdu l'initiative de la conversation et s'en trouve décontenancée.
- Que tout n'est pas dans les livres, madame. Mon père, il est tout le temps plongé dans les livres : il a perdu son procès, sa maison, son pays, et tout ça pour devenir concierge...
- Et vous croyez que s'il était resté analphabète ça se serait mieux passé ?
- Il l'aurait mieux supporté, dit Geneviève.
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Douloureuse la perte...Mais plus terrible le manque. L'absence. Non, pas l'absence, car l'absence est perte encore, a un contraire. Ce qui n'a jamais été:cette fenêtre condamnée dans le couloir de notre enfance.
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Tout à coup, elle fut de nouveau dans le désert de l'été, cheminant. La solitude.Dieu, peut être.Dieu, ce vide, ce manque? La chose qu'on ne peut pas retourner, qui n'a ni envers ni endroit, ni densité ni étendue? Le rien qui n'est pas le contraire du tout? Le vide qui n'est pas le contraire du plein? Sont ce là les vraies litanies?
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L'amour maternel était là, comme un dépot dans une banque,une réserve en cas de malheur. Ce qu'on appelle dans certaines familles modestes "une poire pour la soif". Il ne faut pas toucher au magot,mais il donne un sentiment de sécurité. C'est comme une assurance. On sait qu'on l'a, n'est ce pas?On a la soif, aussi.
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Paissez mes brebis...Et depuis elles vont,répandant la bonne parole avec le pain;la bonne et fausse parole qui endort la faim de Dieu comme un enfant,qu'on berce,la parole qui dit qu'on peut être rassasié.
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