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Critique de Corpoy


Pour qui a passé les vingt-deux premières années de sa vie à Vichy, a écouté les récits de ses parents, a eu un oncle déporté et un grand-frère trop longtemps soldat appelé en Algérie, ce livre est à dévorer. Oeuvre d'une historienne compétente, pointilleuse et consciencieuse, c'est facile à lire, bien écrit, objectif. Mais quelle drôle d'histoire que celle de la Reine des Villes d'Eaux au vingtième siècle !

L'auteur explique parfaitement pourquoi l'éphémère Capitale d'un Etat ratatiné puis maudit, choisie pour ses grandes vertus hospitalières, pourrait encore se sentir victime d'injustice et d'ingratitude, Paris ayant souhaité ignorer ce Vichy « que l'on ne saurait voir » comme le caca du chat sous le tapis. Facile d'avancer que la cité thermale ne s'est pas libérée elle-même avant la débandade vu les forces en présence et la traque continuelle des opposants qui avait précédée. Peut-être qu'en 1946 aurait-on pu opportunément la rebaptiser « Vichy-Villeneuve » pour la décharger d'un passé qu'elle n'avait aucunement choisi ?

Mais après une nouvelle flambée touristique vint la décolonisation et Vichy, si renommée notamment au Maghreb, a été entraîné vers 1960 vers un soutien marqué à l'Algérie française, l'accueil de nombreux Pieds-Noirs réfugiés et l'Extrême-Droite que la puissance maçonnique locale, avec ses intérêts particuliers et ses combines, a cependant contenu. On peut comprendre l'union des nostalgiques, supporters du Maréchal Pétain et tenants de l'Algérie française mais aussi l'indignation des anciens vrais résistants et partisans de la libération des peuples africains, vichyssois et bourbonnais, sachant que l'arrière-pays, depuis le livre d'Emile Guillaumin, « La Vie d'un Simple », a un passé d'extrême-gauche. Si l'on ajoute la légitime intervention des survivants de la Shoa, les incidents de commémorations divers et contradictoires n'ont rien d'étonnant.

Alors faut-il rouvrir le dossier « Vichy » et convoquer encore et toujours l'ensemble des fantômes comme le souhaite Mme Mallet ? N'existe-t-il pas un contestable business de la mémoire comme la publication d'un « Guide rues par rues Vichy Capitale » en 2014 le laisserait supposer ? Autre réserve : l'absence de référence au film de Marcel Ophüls «Le Chagrin et la Pitié » sachant qu'aujourd'hui la ville de Vichy dont les maires furent souvent médecins, aérée et comme aseptisée, tend à devenir une destination de week-end des plus prisées dans la grande banlieue verdoyante de Clermont-Ferrand.
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