Critique de Jean-Pierre Andrevon dans l'écran fantastique (septembre 2022) : D'EXCELLENTES NOUVELLES « La pluie a commencé un dimanche de septembre ». Ainsi commence un texte de onze pages qui s'achève par : « Au gré des tourbillons, des trombes, des rafales, des tumultes d'eau, j'étais balloté comme un déchet en pleine tempête et je sus que je ne reverrai jamais ma famille ». Raconté de manière aussi sobre que prenante, la nouvelle "Une pluie sans fin" ouvre le recueil "Sous nos latitudes sombres", signé du Belge Pascal Malosse, déjà auteur de quatre ouvrages (dont un roman) où il explore à pas de chats toutes les phases d'un fantastique qui ignore le gothique pour se recentrer sur le contemporain. Ici, nous trouvons aussi Hermine, la pauvrette, qui avait l'habitude de flâner sur les berges de la rivière traversant la ville et y ramasser des objets jetés ayant quelque utilité pour elle. Mais qu'est-elle devenue quand la municipalité a décidé de combler le cours d'eau ? (La rivière voûtée). On assiste aussi au pire : « La mer se déversa sur la plaine d'une manière à la fois naturelle et majestueuse. Tout ce qu'elle emportait semblait se résigner, s'agenouiller à sa venue… » (Le niveau de la mer). Que d'eau, que d'eau ! serait-on tenté de dire à la lecture de ces 22 nouvelles courtes ramassées dans un mince recueil de 180 pages et se répondent dans l'élément liquide déchaîné ou insidieux qui parait bien vouloir se débarrasser de l'humanité. Avec ces ruelles noyées, ces vieux ports envahis, ces jetées battues par les flots, ces bateaux donnant de la bande (comme le très inquiétant "La Traversée", où un paquebot aperçoit dans la tempête l'écho démantibulé de ce qu'il va devenir), l'auteur suit avec aisance le chemin tracé par un Jean Ray, qu'il peut à l'occasion abandonner pour un retour à la terre ferme où l'on n'est pas mieux loti, témoin certaine visite à un moulin dont les ailes sont faites de chair humaine. Malosse, pas de doute, a de la patte."
"Sous nos latitudes sombres" est un recueil angoissanteshorrifique de vingt-et-une nouvelles toutes plus les unes que les autres.
Parmis ces vingt-et-une histoires, seule une ne m'a pas vraiment plu, toutes les autres m'ont profondément embarqué au point que ma lecture fût frénétique. le format court des nouvelles y est aussi pour quelque chose, ainsi que la fin de chacune qui réserve d'énormes surprises.
Même si ce n'est pas le cas de toutes les histoires, une bonne partie se déroule autour du thème de l'eau et j'ai beaucoup aimé cet aspect.
Du fantastique, à l'horreur en passant par l'angoisse ou la mélancolie, beaucoup de sujets sont abordés avec toujours une touche sombre (comme le titre le fait comprendre) et fait miroir au précédent recueil de l'auteur "Soleil trompeur".
Pascal Malosse m'a précisé qu'il s'était basé sur son enfance à Bruxelles pour l'inspiration de ces histoires.
Je vous conseille vraiment de lire "Sous nos latitudes sombres" si vous connaissez déjà l'auteur vous ne serez pas dépaysé, et si vous ne connaissez pas vous ferez la découverte d'une plume travaillée et captivante.
« Sous nos latitudes sombres » est le troisième recueil de nouvelles que je lis de Pascal Malosse. Une fois de plus, je n'ai pas été déçu. L'auteur reste fidèle à ses univers dépeignant un quotidien qui bascule progressivement dans le fantastique, l'étrange. Cette fois, et à la différence de son précédent recueil « Soleil trompeur », nous explorons les pays du nord, aux atmosphères sombres, où l'eau, la mer, la pluie reviennent de façon récurrente et rappellent certains tableaux impressionnistes tant leur description est texturée. Deux nouvelles sortent du lot et sont proches, à mon sens, du chef d'oeuvre : « La fonctionnaire » et « le puits des âmes » dont la chute est particulièrement soignée et me font penser à certaines nouvelles De Maupassant. « Sous nos latitudes sombres » est donc un ouvrage prenant, atmosphérique mais aussi mélancolique et dont les ambiances vous suivent longtemps après avoir refermé le livre. Un auteur à suivre et dont je prendrai plaisir à découvrir ses prochaines parutions.
Pascal Malosse signe un recueil digne des grands fantastiqueurs belges du 20ᵉ siècle. L'étrange y est prégnant sous des formes raffinées, dans le prolongement du surréalisme pour lequel ce pays d'inspiration est célèbre. Au fil de ma lecture, j'ai eu la sensation de marcher dans les traces secrètes et oubliées de Jacques Sternberg ou encore Jean Muno ("Histoires singulières"). le fantastique sous sa forme classique n'a jamais été aussi moderne ! Mention spéciale aux textes "Tiergarten", "Le moulin charnel" et "L'arbre du roi".
Jack Torrance, gardien d'un hôtel fermé l'hiver, sa femme et son fils Danny s'apprêtent à vivre de longs mois de solitude. Ce film réalisé en 1980 par Stanley Kubrick avec Jack NIcholson et Shelley Duvall est adapté d'un roman de Stephen King publié en 1977