AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Melopee


Je commence à être au point sur les recueils de nouvelles avec quelques lectures récentes toutes plus satisfaisantes les unes que les autres. Et c'est ce qui est intéressant c'est que chaque micro-récit prend une résonance particulière à mes yeux. Ainsi, "Chaque geste que tu fais", a été une lecture plus laborieuse que les précédentes, plus exigeante également mais non moins enrichissante.

Ce sont sept nouvelles qui composent ce recueil, toutes puissamment enracinées dans l'Australie contemporaine. Les personnages y sont seuls, comme portés par une indépendance profonde qui les poussent à s'isoler. La première m'a par exemple marqué car le jeune narrateur, âgé de 16 ans, va aller à contre-courant de l'éducation reçue pour suivre un ami le temps d'une partie de chasse. A partir de ce banal événement, les personnages se rapprochent - les hommes de la famille qui l'initient et lui-même, en proie au doute - et le loisir devient enjeu social, confrontation et prétexte à se dépasser. On sent doucettement la tension monter et on se met à la place du personnage, un peu mal à l'aise de cette étape fondatrice qui semble le passage "obligé". Les autres nouvelles sont sur le même ton à la fois froid et méthodique mais aussi intense car les personnages ne s'épargnent pas et vont frontalement à la rencontre de leur destin.

Je ressors de ces récits avec un sentiment mélangé. D'une part j'ai beaucoup aimé la diversité des situations, les caractères incisifs des personnages mais je suis aussi un peu restée en marge de ces histoires. C'est comme si l'Australie qui m'était contée perdait un peu de l'aura que j'avais trouvé dans Récits du bush de Paul Wenz. Cette Australie-là elle aurait très bien pu être l'Amérique ou bien la France. Mais ce n'est pas négatif pour autant puisque les personnages, quasi emblématiques, prennent le pas sur les paysages. Ainsi, le narrateur de la nouvelle "Enfant soldat" est déstabilisant dans son comportement, faisant le tour de ses connaissances avant de partir pour la guerre du Vietnam. Dans la nouvelle "Ce lieu et ce temps", c'est deux personnages qui prennent le chemin d'un enterrement où tous se comportent normalement, non affectés par la douleur de la perte. Un rassemblement quelconque? Que fait le narrateur, embarqué lui aussi pour faire "figuration"?

Voilà un recueil complexe qui m'aura tenu dans la durée puisque j'ai dû le digérer, nouvelle après nouvelle. Non que le style soit particulièrement ardu mais, comme je l'ai évoqué, j'ai eu du mal à pleinement embarquer dans ces histoires. Néanmoins, ça me donne le goût de lire d'autres ouvrages de David Malouf car il semble reconnu par ses pairs (comme Doris Lessing) et s'essaie à de nombreux genres (romans, pièces de théâtre, livrets d'opéra). Peut-être y trouverais-je mon bonheur?!
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}