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EAN : 9782070360208
589 pages
Gallimard (27/01/1972)
3.79/5   365 notes
Résumé :
Le pilote continuait son cercle, reprenait l'Alcazar à la tangente ; la bombe était tombée au milieu de la cour. Les obus de l'Alcazar suivaient l'avion, qui repassa, lança la seconde grosse bombe, repartit, s'approcha de nouveau. La main de nouveau dressée de Marcelino ne s'abaissa pas : dans la cour, des draps blancs venaient d'être étendus en toute hâte : l'Alcazar se rendait. Jaime et Pol boxaient de jubilation. Tout l'équipage trépignait dans la carlingue. Au r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Il m'a fallu lire L'Espoir de Malraux une bonne demi-douzaine de fois, pour l'agrégation de lettres d'abord (programme XX°s) et plus tard, par pure perversité. Mais inexplicablement, les lecteurs de Babelio ont échappé à l'exposé savant de mon avis sur ce roman.

D'abord, c'est un roman sans femmes. Même "La Condition Humaine" leur faisait une petite place : militantes, maîtresses, épouses, et même Chinoises opprimées. Ici, les hommes entre eux discutent, se battent, vivent la grande épopée antifasciste des années 36-38, date à laquelle le roman s'achève, un an avant la déroute finale, la victoire de Franco et ... le désespoir.

Ceci fait de L'Espoir une sorte de roman philosophique entrecoupé de magnifiques scènes épiques de guerre, ce qui n'était pas le cas de "La Condition Humaine", qui était une illustration romanesque du tragique pascalien et abondait non en scènes épiques, mais en moments d'angoisse cosmique.

De quoi parle-t-on ? de quoi philosophe-t-on ? de la question de la fin et des moyens : peut-on atteindre un but vertueux par des procédés immoraux ? Comme l'ennemi fasciste franquiste incarne le Mal sans visage, mécanique, aéroporté, bombardant depuis le ciel les Républicains, il est bien naturel qu'il soit mauvais, et emploie de mauvais moyens pour ses buts mauvais. Mais les Républicains, porteurs d'espoir, combattants de la gauche, donc du Bien (incarné par Staline ou Trotsky, au choix), s'ils veulent vaincre le Mal et être plus forts que lui, doivent utiliser les mêmes moyens que le Mal : des moyens guerriers, la violence, l'oppression, la terreur (nous savons bien que la gauche a horreur de cela). Tout le roman va relater cette métamorphose des Bons en armée, en milice, en escadrons qui se serviront des armes du Mal pour lutter contre lui, au risque de perdre leur âme pure et leurs idéaux élevés.

Ce roman est un document irremplaçable pour l'histoire des relations entre la Gauche et la Vertu, et aide à comprendre à quoi conduit la confusion de la morale et de la politique. Cette transformation de la foi de gauche en église de gauche a provoqué beaucoup de conversions au communisme, à l'époque. C'est un beau livre, très daté certes, mais finalement très lisible encore par sa charge mythologique et ses qualités de style.
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Après avoir vu le Potemkine, Malraux écrivait : « Il y a le cinéma avant et après Potemkine ». Est-ce qu'il aurait aimé qu'on écrive à propos de son bouquin : « Il y a une littérature de guerre avant et après l'Espoir » ? Franchement, on n'en sait rien, mais ça y ressemble.

Justement, c'est ce qui m'a emmerdé. Se taper presque 600 pages sur la guerre d'Espagne, ça ne permet pas de mieux comprendre ni la guerre, ni l'Espagne, ni leur jonction, ça fait juste comédie triste avec plein de personnages sans relief et des affrontements d'opinions qui ne permettent pas même de mieux se comprendre soi-même. J'aurais mieux fait de lire la page Wikipédia. LOL, je rigole, Malraux écrit bien quand même et ça se voit qu'il a vécu des trucs qu'il nous livre en larges tranches de gigot de vie :

« [La mort] a perdu pour moi toute… réalité métaphysique, si vous voulez. Voyez-vous, mon avion est tombé une fois. Entre l'instant où l'avant a touché le sol, et l'instant où j'ai été blessé, très légèrement –pendant le craquement, je ne pensais à rien, j'étais frénétiquement à l'affût, un affût vivant : comment sauter, où sauter ? »

Mais comme dans tout bon film hollywoodien, il se croit obligé de mettre les scènes au violon, avec les vieux poncifs sur les soi-disant grandes valeurs de l'homme (« L'amitié, dit-il, ce n'est pas d'être avec ses amis quand ils ont raison, c'est d'être avec eux même quand ils ont tort... ») ou les exposés de l'engagement politique aux relents vachement forts d'éducation judéo-chrétienne (« Il n'y a pas d'autre justice que la vérité. Et la vérité disait Sophocle, peut plus que la raison. de même que la vie peut plus que le plaisir et plus que la douleur. Vérité et vie est donc ma devise, et non raison et plaisir. Vivre dans la vérité, même si l'on doit souffrir, plutôt que raisonner dans le plaisir ou être heureux dans la raison ») –sans que cela ne lui semble jamais contradictoire au Malraux, lorsqu'il dit que les prêtres ça pue la bouse.

J'ai noté pour finir quelques phrases marrantes qui font du bien et qui souligneraient presque –si la vie de Malraux ne le contredisait pas- l'inanité de toute action politique :

« Moi, ce qui me plaît, […] c'est qu'ils ne croient pas qu'ils sauvent la démocratie chaque fois qu'ils font tourner une hélice. »

« Si chacun appliquait à lui-même le tiers de l'effort qu'il fait aujourd'hui pour la forme du gouvernement, il deviendrait possible de vivre en Espagne. »

« Autrefois, les nôtres étaient disciplinés parce qu'ils étaient communistes. Maintenant, beaucoup deviennent communistes parce qu'ils sont disciplinés. »

« J'ai vu les démocraties intervenir contre à peu près tout, sauf contre les fascismes. »
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Lire André Malraux est difficile. Sans être une épreuve ou un supplice, ses textes sont anguleux, âpres et parfois arides. Il manque de la rondeur et de la fluidité. En attaquant l'Espoir, c'est le sentiment que j'ai eu, celui du texte sec, sans enrobage qui aide à faire passer la lecture.

Pourtant, j'ai senti de l'intérêt à m'accrocher et à découvrir l'investissement de Malraux dans ce roman. On y trouve le Malraux-journaliste, le Malraux-pilote de guerre et surtout le Malraux-militant, avec ses phrases qui marquent comme un slogan tel que : « le Christ est un anarchiste qui a réussi ».

L'Espoir est édité en 1937, un an après le début de la Guerre d'Espagne. Malraux est un héraut. Il veut interpeller les démocraties de l'Entre-deux-guerres. Car, pour lui, c'est une guerre injuste qui se déroule sur la terre d'Espagne. Un gouvernement de gauche et d'extrême-gauche, élu démocratiquement, est confronté à une rébellion de la Droite et des fascistes. Les révolutionnaires ne sont pas ceux que l'on croit !

C'est une guerre déséquilibrée parce que les moyens militaires du gouvernement sont de bric et de broc alors que ceux de Franco sont de la dernière technologie et employés par des troupes expérimentées. Pourtant, le coeur semble être du côté des Républicains. C'est l'armée révolutionnaire qui se bat contre l'Ancien régime soutenu par des pays étrangers. Malraux la comparera, dans son avant dernier chapitre, à l'armée de Valmy.

Pour revenir à mon sentiment du début de ce billet, que ce texte est difficile! Les personnages sont nombreux, on ne peut s'accrocher à l'un d'eux en le suivant au fil des parties. Chaque chapitre nous envoie aux quatre coins de l'Espagne, des champs de la Sierra aux rues de Madrid en passant par Valence et Barcelone. C'est déboussolant. Cela donne une longueur dans la lecture. On ne lit pas une histoire, on lit des destins. C'est peut-être cela que cherchait Malraux ?

Pour le témoignage qu'apporte l'Espoir sur la guerre civile espagnole, il est intéressant de le lire. Cependant, il faut garder en mémoire que Malraux ne propose que des histoires, et que ce qui n'est pas suffisant pour comprendre les événements historiques dans leur globalité
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Il y a longtemps que j'ai terminé « La condition humaine » d'André Malraux. Ce livre n'a pas fait une grande impression sur moi à l'époque. Je me souviens que l'histoire était un peu déroutante. Je le trouvais peu captivant, son sujet était ennuyeux, je n'aimais pas le style réservé et je pensais que les personnages étaient froids et sans intérêt.

C'est pour cette raison que j'ai hésité longtemps à aborder « L'espoir », le deuxième ouvrage du même auteur pour moi. le livre se trouvait déjà sur ma « liste à lire » pendant quelques années. Finalement, je n'ai pas pu remettre la lecture plus longtemps. J'ai emprunté le livre de nouveau et ce temps j'ai effectivement commencé la lecture.

L'histoire se déroule en Espagne pendant la guerre civile. En fait, on suit quelques histoires différentes dans lesquelles les personnages principaux luttent contre les forces fascistes. le lecteur assiste aux événements par les yeux de chaque personnage principal, il y a un aviateur, un commandant, et cetera. Ils sont surtout des étrangers.

L'auteur ne donne pas une vue d'ensemble sur le déroulement de la guerre civile. C'est alors que le lecteur fait un plongeon dans chacun de ces histoires diverses sans introduction. Il suit les événements et les combats dans lesquels le personnage principal est impliqué, ensuite on abandonne cette histoire et on plonge dans une autre pour revenir plus tard à la première, et ainsi de suite.

Malheureusement, l'auteur ne donne pas des informations sur les personnages principaux, sur leurs milieux et sur leurs motivations non plus. Par conséquent, on ne comprend pas toujours toutes les raisons pour lesquelles ils sont là, tous ces étrangers en Espagne, et pourquoi ils se battent contre les fascistes. le livre contient beaucoup des personnages. C'est aussi pour cette raison que je ne me suis pas identifié à quelqu'un de cette collection de personnages principaux. C'est dommage, avec plus des informations sur les personnages principaux, le livre aurait été probablement plus captivant.

Dans son ensemble, j'ai quand même bien aimé le livre. On perçoit l'ambiance de cette époque d'une façon authentique. le style de la narration est fluide et les conversations sont vives. Pour conclure, je trouve « L'espoir » intéressant et bien écrit. Il m'a aussi poussé à chercher plus des informations sur le contexte historique de cette guerre civile affreuse.

Après cette bonne expérience, devrais-je relire « La condition humaine » ? Peut-être je l'apprécierai plus …
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.c..
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Je n'ai jamais vu Guernica (le tableau, pas la ville) "en vrai", mais ce qui m'a frappé en premier c'est la largeur, l'étirement de la toile, qui met en tension tous les éléments à l'intérieur. Et dans ce "roman", c'est un ressenti similaire. Il y a plein d'éléments étranges, bizarres, violents, foutraques, disparates, drôles, durs, intelligents, moralisants, démoralisants et tout ça est étiré, étiré en largeur. Pas de longueurs, non de la largeur qui me donne l'impression que tout cela est en bandelettes, des collages bandelettes où rien en soi n'est si profond que ça, ni approfondi, mais ce collage prend de la densité au fil des pages...
Certes, les personnages ne sont pas pour ainsi dire attachants, sont-ils faits pour ?, je ne crois pas. Ils sont parfois des caricatures, mais il faut bien comprendre aussi que dans une guerre, il est probable que s'étirent les personnalités, les sentiments aussi... Je ne sais pas.

Ce qui est épatant, mais vraiment épatant, c'est que ce "roman" a été écrit quasiment en simultané avec le vécu de Malraux. 1937 ! Alors pourquoi ne pas en avoir fait juste un témoignage, comment ou pourquoi romancer une réalité vécue... Besoin de prendre une distance ? Alors qu'il est évident que son histoire, "L'Espoir", au final est un cri désespéré. Parce que la réalité qui suivra sera une cuisante débâcle. Les fascistes ont gagné. Espoir vain.

Malraux n'a-t-il jamais voulu écrire une suite ou un post-espoir un peu plus tard dans sa vie ?... Vraiment étrange, tout ça.

Sinon ce livre n'est pas un livre facile, mais il est impossible que certaines des bandelettes (du cadavre, de la momie de l'espoir) ne vous touche pas un peu.
Il y en a de délicieusement cocasses, dans cette constitution de résistants malhabiles, ridicules, mal fagotés, mal organisés... (C'est assez pathétique, notez.)
Il y a des moments organiques, de chair douloureuses, mais pas tant que ça. (Aucun moment de sexe, pas du tout de soupape par le sexe, ou de violences sexuelles dans cette guerre dans ce livre de Malraux...), des moments intellectuels aussi...

Une chose encore, ce livre, pourtant écrit de façon contemporaine s'il en est, est rédigé au passé (excepté dans les nombreux dialogues), il aurait gagné en force s'il avait été au présent. Plus direct, plus captivant. (Le côté captivant n'est pas une des qualités de ce texte. Hélas.)

Sur de nombreux points, ce livre est un chef-d'oeuvre, et tout à fait édifiant. Je ne lui mets pas cinq étoiles parce que je n'ai pas réussi à être happé et bouleversé alors qu'il y aurait de quoi dans son contenu. Sa forme a dilué mes émotions, mon plaisir de lecture.
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critiques presse (1)
LActualite
15 mars 2021
C'est avec L'espoir, son roman sur la guerre civile espagnole, qu'André Malraux s'est le plus dévoilé, notamment par sa réflexion sur les différents ressorts de l'engagement.
Lire la critique sur le site : LActualite
Citations et extraits (77) Voir plus Ajouter une citation
Ces mouvements musicaux qui se succèdaient, roulés dans son passé, parlaient comme eût pu parler cette ville qui jadis avait arrêté les Maures, et ce ciel et ces champs éternels; Manuel entendait pour la première fois la voix de ce qui est plu grave que le sang des hommes, plus inquiétant que leur présence sur la terre, - la possibilité infinie de leur destin; et il sentait en lui cette présence mêlée au bruit des ruisseaux et au pas des prisonniers, permanente et profonde comme le battement de son coeur.
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[...]Il est mauvais de penser aux hommes en fonction de leur bassesse...
- Quand on contraint une foule à vivre bas, ça ne la porte pas à penser haut. Depuis quatre cents ans, qui a "la charge de ces âmes " , comme vous disiez ? Si on ne leur enseignait pas si bien la haine, ils apprendraient peut-être mieux l'amour, non ?
Ximénès regardait les flammes lointaines :
- Avez-vous regardé les portraits ou les visages des hommes qui ont défendu les plus belles causes ? Ils devraient être joyeux - ou sereins, au moins... Leur première expression, c'est toujours la tristesse...
- Les prêtres, c'est une chose, et le cœur c'en est une autre. Je ne peux pas m'expliquer là-dessus avec vous. J'ai l'habitude de parler, et je ne suis pas ignorant, je suis typographe. Mais il y a autre chose : j'ai parlé souvent avec des écrivains, à l'imprimerie, c'est comme avec vous : je vous parlerai de curés, vous me parlerez de sainte Thérèse. Je vous parlerai de catéchisme, vous me parlerez de... comment déjà ? Thomas d'Aquin.
- Le catéchisme a plus d'importance pour moi que saint Thomas.
- Votre catéchisme et le mien c'est pas le même : nos vies sont trop différentes. Je l'ai relu à vingt-cinq ans, le catéchisme : je l'avais trouvé ici dans un ruisseau (c'est une histoire morale). On n'enseigne pas à tendre l'autre joue à des gens qui depuis deux mille ans n'ont jamais reçu que des gifles.
Puig troublait Ximénès, parce qu'intelligence et bêtise étaient réparties, chez lui, autrement que chez les hommes dont le colonel avait l'habitude.
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On n'enseigne pas à tendre l'autre joue à des gens qui depuis deux mille ans n'ont jamais reçu que des gifles...

... Et à propos des prêtres, je vous dirai une chose : On n'enseigne pas aux pauvres, on n'enseigne pas aux ouvriers à accepter la répression.
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Mon vieux, l'homme n'a pas l'habitude de mourir, mets-toi bien ça dans la tête.
Pas du tout l'habitude de mourir. Alors, quand ça lui arrive, il s'en souvient.
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Le grand intellectuel est l'homme de la nuance, du degré, de la qualité, de la vérité en soi, de la complexité. Il est par définition, par essence, antimanichéen. Or, les moyens de l'action sont manichéens parce que toute action est manichéenne. A l'état aigu dès qu'elle touche les masses ; mais même si elle ne les touche pas. Tout vrai révolutionnaire est un manichéen-né. Et tout politique.
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« La condition humaine », d'André Malraux, c'est à lire en poche chez Folio.
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