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En 1965, Malraux se remémore des évènements de sa vie, sans suite chronologique ; le fil conducteur est la vie face à la mort. Il raconte quelques expériences personnelles, avec tout son talent de romancier et l'exaltation de son goût pour l'aventure : la traversée d'une tempête dans un vieux coucou des années 1930, une attaque au char d'assaut en 1940, un interrogatoire par la gestapo, un simulacre d'exécution, toujours des scènes où il se trouve en danger. Mais il ne raconte presque rien de sa vie intime. Dès les premières lignes il montre une forme de mépris pour le quotidien et l'intime : « Que m'importe ce qui n'importe qu'à moi ? » ; dans le dernier, et terrible, chapitre consacré aux camps nazis, il en exprime son dégoût : « A la grande dérision sinistre qu'apporte la mort s'est substituée la dérision quotidienne de la vie ». le quotidien c'est l'oubli de la mort et Malraux est obsédé par la mort. On apprend quasiment rien de sa vie personnelle à part le suicide de son grand-père et de son père. La grande majorité de ce livre analyse les grands mouvements de la politique internationale avec un tropisme pour l'Asie (il s'attarde finalement peu sur le cas de la France, peut-être la réserve du ministre d'Etat). Au cours de ses voyages, il se remémore ce qu'était l'Inde, l'Indochine, la Chine, le Japon dans sa jeunesse et leurs métamorphoses. Il le fait sous la forme de conversations qu'il aurait eues avec diverses personnes : « Comme l'Asie retrouvée après trente ans dialoguait avec celle d'autrefois, tous mes souvenirs survivants dialoguent », évidemment ce sont des dialogues remodelés, sans trahir les idées de ses interlocuteurs, ils ne font que refléter ses propres préoccupations. Parmi les personnalités les plus célèbres : De Gaulle, Mao, Nehru. J'imagine que les gaullistes seront plus intéressés par sa conversation avec De Gaulle et les maoïstes avec Mao, mais à mon avis c'est avec Nehru que la discussion est la plus dense et la plus ample, toute sa visite en Inde contient la quintessence du livre qui mélange de graves réflexions sur le sens de la vie et de la mort, la religion, l'art, la culture. Peut-être que Gandhi était la personnalité du vingtième siècle pour laquelle il avait le plus d'admiration. Malraux n'était pas un agnostique indifférent, la spiritualité était fondamentale pour lui ; si elle restait un mystère, elle donnait un sens. Il l'aborde de loin et par les voies obliques de l'art et de la culture, mais les relations qu'entretiennent les différentes civilisations avec la mort occupaient une grande part de sa réflexion et sur ce point l'hindouisme l'attirait particulièrement, plus que le christianisme ou le bouddhisme. + Lire la suite |