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3,8

sur 136 notes
Des destins qui se carambolent, une humanité qui coure à la catastrophe, l'existence en chorale telle qu'elle s'enfuit sur l'autoroute. Avec un bel humour, une jolie succession de jeu de mots qui miment les accidents de nos monologues intérieurs, Marcus Malte entremêle les destins d'un fugitif, d'un tueur sentimental, d'un routier, d'une communiste et d'une patronne, de tous ces gens dits ordinaires qui si bien font entendre cette colère où résonne notre monde. Aires offre une vision attendrie sur sa très réussie galerie de personnages, sur tout ce qu'elle parvient à dire de notre contemporain.
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Aires est ce qu'il convient de qualifier d'OLNI ou « objet littéraire non-identifié ». C'est un roman sans intrigue linéaire, seulement une constellation de destins plus ou moins reliés les uns aux autres qui finissent par se heurter avec une grande violence dans les derniers chapitres. C'est aussi, et surtout, une sorte de thèse sociétale imagée, où l'auteur explore les tréfonds de l'individualisme humain dans l'espoir ténu d'éveiller la conscience de ses lecteurs sur les aberrations de notre société moderne. Publicités, pensées, anecdotes, conventions internationales, extraits de carnets et flash infos se mélangent pour nous donner le tournis et bousculer notre petit confort douillet.

J'admets volontiers que j'ai eu des difficultés à entrer dans ce récit – au point même de le commencer, puis de l'abandonner quelques temps avant de le reprendre à nouveau. Par contre, une fois habituée à la construction étrange du récit, à ces chapitres aux noms de voitures plus ou moins décaties, et au jeu de styles littéraires pratiqué allègrement par l'auteur, allant de la science-fiction la plus caricaturale aux dialogues de vaudevilles, j'ai passé un grand moment. J'ai ri de nombreuses fois à l'humour grinçant de Marcus Malte, à ses blagues dans le texte qui semblent ne s'adresser qu'à lui, à ses références culturelles et historiques totalement décalées et ces jeux de mots brillants sur les noms de ses personnages.

Marcus Malte nous sert ici un livre diablement intelligent dans lequel il ne se prive pas de critiquer avec véhémence notre société, présentant les rares nantis comme des inconscients obnubilés par l'argent et le statut, tandis que tous les autres se font le portrait de la majorité silencieuse, ces gens écrasés par le poids du travail et des sacrifices qu'ils font pour leurs familles, qui sont les véritables héros ordinaires, drôles, attachants et profondément humains.
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Comédie sociale, grinçante sur la vacuité de notre monde moderne.
M.Malte s'empare d'un lieu symbolique de nos sociétés modernes: les autoroutes, bandes de bitume interminables, hors du temps, qui offrent aux voyageurs un moment de réflexion salutaire ou dévastateur.
On croise une dizaine de personnages victimes consentantes des inepties de notre système.
Leurs routes vont-elles se croiser?
Roman polyphonique, sorte de satire sociale où l'auteur déploie un humour noir ravageur et une écriture brûlante.
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Marcus Malte démonte notre société moderne avec une férocité réjouissante et le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a va pas mollo !
Il y a un travail et une recherche sur la langue impressionnants dans ce livre.
Je l'ai dévoré en 24 heures.
Un livre à lire, vraiment.
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Présenté comme un texte historique témoin d'une civilisation disparue (la nôtre), le texte principal de ce roman narre une journée d'été sur des autoroutes et aires d'autoroute françaises.
Les personnages, au volant ou à l'arrêt, partagent avec nous en pensée (ou sous forme de dialogue, s'ils sont plusieurs dans l'habitacle) leur histoire et leurs réflexions sur la marche du monde. Pris isolément, leurs récits n'ont rien d'extraordinaire, mais mis ensemble, ils donnent un patchwork bigarré, intéressant, échantillon de la population sur les routes. Au volant de leur bolide, voiture de luxe, cacahuète ou poids-lourd, leurs destins vont finir par se croiser, se télescoper.
Marcus Malte maintient une distance parfois ironique avec ses personnages. Il adapte la langue pour qu'elle leur colle à la peau (avec une réflexion que j'ai trouvée malvenue sur le niveau de langue d'un jeune couple). C'est généralement bien observé. On ne s'attache pas, même si on peut reconnaître notre société dans les travers décrits dans son "collage".
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J'ai beaucoup aimé ce roman foutraque, caustique et percutant. L'autoroute, allégorie des travers de notre monde destructeur (vitesse, coût, pollution, financement) et de l'absurdité de nos vies. Nous fonçons vers notre fin, en empruntant le plus sûr et rapide chemin pour y parvenir. Cynique, drôle, ce récit politique nous est habilement proposé en puzzle avec son kaléidoscope d'histoires. Jubilatoire et désespérant !
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Aires, la dernière parution de Marcus Malte, m'a fait comprendre mon abandon du prix Fémina 2016, le Garçon. C'est déjà une très haute qualité.
La note **** est une moyenne de mon évaluation au fil de l'eau (de ma lecture, je devrais dire) d'Aires, arrêté momentanément au cours des cent premières pages, repris ensuite et dévoré (et mon ressenti a oscillé invariablement entre le *** et le ***** d'où un **** général et assumé).
Dans Aires, nous regardons évoluer des personnages, tous plus ou moins "locataires" d'une voiture, chacune et chacune investissant un moment donné un tronçon d'autoroute. Les protagonistes sont repérés et introduits par Marcus Malte par leur modèle d'automobile ou de camion : ce point de vue matérialiste étonnant trouvera toute sa signification en toute fin d'intrigue.

Dans Aires, nous avons une peinture sociale et sociétale : un couple de retraités, un ingénieur devenu routier après avoir dénoncé une vérité difficile à entendre, une bourgeoise sans foi ni loi (à part celle du marché), un psychopathe, un randonneur, un duo de jeunes amoureux écervelés, un couple en train d'exploser avec une Claire (r)éveillée et déterminée à quitter un mari pâlot et ratatiné, une Zoé-serveuse intuitive, un père et son fils en escapade fuyante, un homme émouvant qui part retrouver son amour de toujours pour un au-revoir. Certains ont déjà des liens entre eux, d'autres les découvriront au cours de l'intrigue.

Dans Aires, Marcus Malte explore l'humain, ses dérives et ses envies. Il dresse un portrait corrosif et percutant de notre société mondialisée. C'est clair, précis, bien écrit et empli de digressions. Car outre la difficulté de suivre tous ces itinéraires de vie différents, l'auteur n'aide pas son lecteur en ponctuant son récit de ses nombreuses "dérives" littéraires : souvent brillantes et réussies, elles n'en demeurent pas moins des tests de concentration car on peut perdre vite le fil (surtout que le démarrage est délicat et loin d'être simple) ! À croire que Marcus Malte a tenté un Exercices de style à la Raymond Queneau, (du moins le sien propre) ou bien de se prouver quelque chose ! Comme si écrire un gros pavé avec tout plein de personnalités diverses et variées (à la fois identiques dans leur humanité et différentes dans leur parcours de vie ou dans leur cheminement de pensée) n'était pas un challenge suffisant ! Certes, à travers ses "sorties" (tant dans la forme -une nouvelle dans le roman, une tentative de compte-rendu de conférence du travail, des palmarès, des slogans de pubs, des extraits de carnets, des poèmes, des tickets de caisse, un discours politique, etc- que dans le fond : du polar, de la poésie, du roman, du gore...), on (re)découvre tout le talent littéraire de Marcus Malte mais le risque est de noyer le poisson ou de rendre plus âpre la lecture d'Aires. Parce qu'en plus de ces "déroutes", il y a aussi régulièrement des digressions dans le corps du texte. À part ce bémol ou du moins cette retenue, les dialogues et les pensées intimes sont percutants et l'histoire se lit ... La preuve, je l'ai finie !

Mais il est clair que certains babillages m'ont paru too much et inutiles. C'est aussi la raison pour laquelle j'ai apprécié de découvrir et de finir Aires : j'ai enfin compris pourquoi j'avais abandonné le Garçon. J'aime la concision, j'accepte le surplus lorsque je le juge utile à l'intrigue. Dans le Garçon, rien ne m'a encore accrochée (je ne dis pas que je n'y reviendrai pas).
Dans Aires, les destins De Claire, de Frédéric, de Sylvain ou de Zoé m'ont interpellée entre autres. L'analyse sociologique et sociétale de Marcus Malte également : ses sauts dans la réalité attestent d'une vitalité féroce de (d)énoncer en argumentant. Tout y passe : sexualité, politique, loi du marché, harcèlement, addiction, perversité, déterminisme social, futilité du quotidien etc.
Mais il y a aussi une forme de romantisme dans Aires, qui a un côté pendant contemporain d'une oeuvre d'Émile Zola (enfin, c'est mon ressenti).

En bref : Aires est un livre qui ne laisse pas indifférent, qui bouscule et propose une traversée magistrale dans notre monde actuel. À la fois riche, étoffé et tortueux, son contenu exige une forte concentration de son lectorat et aussi une belle patience (pour intégrer tous les personnages, les repérer ; pour apprécier ou dépasser les moments d'"errance littéraire").
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Afficionados des destins qui s'entrecroisent, ce roman est pour vous ! Aires campe les trajectoires de dix véhicules lancés sur les autoroutes de France.

Le roman s'ouvre sur un prologue futuriste déclamé par ce que j'ai voulu voir comme une intelligence artificielle, héritière des Sapiens sapiens. L'IA, comme un choeur grec initie la fable. de Catherine Marie Thérèse Delizieu (notez la patte de Marcus Malte et son affection pour les jeux de mots), légataire d'un empire de l'alimentation pour chien et chat (sorte de Royal Canin fictif) jusqu'à Pierre-Peter, n clochard échoué dans une caravane, en passant par Sylvain Page, shopper addict ou encore Zoé, la candide et bienveillante Zoé, Marcus Malte brosse un portrait de France au vitriol.

Les destins sont lancés à 130 km/h. Rien ne semble à priori les unir et pourtant, ils vont se croiser et s'entrechoquer de bien des manières. Avec maestria, Marcus Malte mène cet imbroglio aussi incompréhensible que l'échangeur de Roissy. Nous restons suspendus au fil des pages qui sont autant de fils tissés par des Parques implacables. Unité de lieu, unité d'espace, unité de temps pour un récit polymorphe et polyphonique : le roman a tout de la tragédie tant tout y est déjà joué d'avance.

Le choeur poursuit inlassablement son chant : c'est celui de la radio qui relie l'ensemble des protagonistes et ne cesse de psalmodier des nouvelles de mauvais augure. C'est glaçant. Et cela m'a beaucoup ébranlée. Rien des vices de notre société ne nous est épargné. du cynisme des puissants aux tares qui naissent de la misère...

Silver économie, licenciements économiques, meurtre en série, sexisme, surconsommation et sur-endettement...il est assez stupéfiant de réunir autant de thématiques sociales dans un même récit. Et c'est tout à fait brillant de placer les intrigues précisément sur un terrain a-social. Parce que celui qui a déjà circulé l'été sur une autoroute française, a pu mesurer le fait qu'il n'y a aucun lieu qui ne mélange mieux les classes sociales. L'autoroute, en ce sens, est plus égalitaire que l'école ou les hôpitaux.

Encore une fois, Marcus Malte porte un engagement en littérature, c'est ce que j'avais apprécié dans son précédent roman Le Garçon. Toutefois, dans cet opus, même s'il est brillant, j'ai eu du mal à rester accrochée. Trop de jeux de mots parfois, trop d'orfèvrerie et de jeux sur les textes, comme ces inserts de classement des maisons les plus chères du monde. Enfin, la crudité des histoires, leur vraisemblance m'a vraiment bouleversée.

Alors, âmes sensibles, bouclez vos ceintures ! Pour les autres, passez la cinquième et foncez !
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Le début me fait un peu penser à la plume de Damasio avec sa Novlangue futuriste qui semble porter un regard rétrospectif sur notre époque. Puis le roman revient à notre temps (années 2000) et s'intéresse aux destinées de nombreux personnages. Je suis presque déçu que le ressort du présent étudié par le futur ne soit pas plus utilisé mais le roman reste très intéressant sans ça.

L'auteur raconte ces vies communes, distillant petit à petit les faits ayant marqué les personnages, ce qu'ils espèrent ou regrettent. On souhaite voir la résolution des très nombreuses intrigues (rédemption, amour, risque) qui nous sera parfois fournie ou non.

Marcus Malte parvient à entrelacer de multiples récits sans vraiment nous perdre et en semant discrètement (trop ?) des indices sur les passés et futurs de ses personnages. Un peu noir, un peu humoristique, un peu poétique, un peu caustique, ce roman peut plaire à tout un chacun tant que l'on est prêt à plonger dans ces vies banales mais uniques.
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Les trajectoires (terme particulièrement approprié pour des récits se passant presque exclusivement dans des véhicules roulant sur autoroutes) de vie de spécimens de la population parfois tendres, souvent poétiques, avec toujours beaucoup d'humour, souvent noir ou cynique, et d'empathie pour ses personnages, donnent à Marcus Malte prétexte à exprimer sa colère, son désespoir face à notre société, ses excès, ses manques, qui nous mèneraient inexorablement à notre fin.
On est dérouté au début par ces tranches de vie d'individus que rien ne relie à priori et qui alternent de chapitre en chapitre. Mais l'auteur sait où il va et il nous y emmène sans faillir pour notre plaisir croissant.
Comme d'habitude chez Marcus Malte la qualité de l'écriture, la langue sont un véritable régal.
Un pur Malte à déguster sans modération.
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