AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Laurence64


Une maison dans un lotissement. Un couple heureux. Deux gamins âgés de six ans et quatre ans.
Lui, il la trouve belle sa femme. Il le lui dit. Il continue à la trouver belle malgré ses trente-neuf kilos, son foulard qui ne dissimule pas les cheveux qu'elle n'a plus.

Pourquoi? Pourquoi le sort le frappe-t-il, lui, eux, elle qui n'est déjà plus?
Et pourquoi les voisins d'en face continuent -ils d'être heureux? le petit mot de condoléance n'entame pas leur vie.
Seul les comment trouvent réponse. Les pourquoi se cognent à l'inexplicable, à la désespérante absence de sens. Lorsqu'il s'agit de donner sens au malheur, l'esprit dérape. Lorsqu'il s'agit de modifier l'irrévocable,la déraison pointe.

En quelques quatre-vingts pages maîtrisées, dans une langue parlée impeccable, Marcus Malte narre la lente dérive de l'esprit qui refuse la plus dure des épreuves.
Toujours plate, la tonalité du texte, évitant hystérie et colère, colle toujours plus à une apparente normalité sans cesse démentie. Et c'est dans les ellipses que l'effroi prospère.

De la fixation sur la gaufre nourricière qui élimine le conflit alimentaire avec ses deux gamins, à la fixation sur la maison d'en face abjectement heureuse, le long monologue de l'époux questionne le moment qui l'a projeté dans le deuil, qui a pulvérisé son existence.
Et si le malheur s'expliquait pas un mauvais choix initial? S'il avait suffi d'acheter l'autre maison, celle des voisins d'en face qui vivent tranquillement sans paraître mériter mieux? Une grossière erreur de choix impardonnable. Et si tout était encore rattrapable? S'il suffisait de traverser la rue, de s'installer là-bas?
Insensiblement, l'histoire ordinaire glisse vers l'horreur froide d'une paranoïa que rien ne peut arrêter.

La douleur ne rend pas meilleur. Elle creuse ses galeries jusqu'à ce que l'esprit ne soit plus que crevasse.
Magistral!
Commenter  J’apprécie          514



Ont apprécié cette critique (44)voir plus




{* *}