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Ce que j'ai ressenti:…Comme le doux son d'un coup de coeur….
« Où se niche le génie? Où se niche la sagesse? Où se niche le merveilleux? »

Jazzy, ou comment la musique envahit l'espace d'écriture, fait des Harmoniques derrière le contexte d'un conflit européen, se retrouve entre les lignes d'une poésie noire envolée dans les esquisses d'un corbeau, se mêle au lent ronronnement d'un moteur lancé sur l'asphalte, se perd dans les arpèges d'une passion platonique…Tu l'entends ce Jazz qui se nourrit de nostalgie, de violence et de beauté? Marcus Malte nous ballade sur des notes obscures, réveille des douleurs dissimulées et sublime son polar de lyrisme philosophique.

« Ensuite pour se persuader que l'humanité n'a pas engendré que des porcs et bouchers et ogres barbares, mais aussi quelques fées ou enchanteurs dotés du pouvoir de transformer le bruit en son, les cris en notes, les rafales en arpèges, les plaintes en mélodies, les sanglots longs en violons- la vie en harmonie.
Pour continuer à croire qu'il existe autre chose, autre part. »

Cette enquête atypique menée par deux personnages « Black and White » dans une guimbarde jaune est un moment de lecture intense entre humour et drame. le temps d'une playlist enivrante et de quelques jolies références littéraires, on se plaît à démêler une affaire sombre de meurtre impuni, d'une victime qui aurait pu disparaître de la surface de la terre sans bruit, mais la passion de Vera pour la musique et l'adoration d'un homme en voyant ses yeux, aura suffit à lui rendre un peu de son identité et mettre en lumière le temps de 400 pages, les accents slaves.

« Nul autre don que le don de soi. »

Plus que tout, j'adore l'écriture de cet auteur! Je la trouve expressive, sensorielle, magnifique…Elle s'embrase avec panache jusqu'au bouquet final…Encore une fois, je suis totalement conquise…Au delà de son intrigue menée admirablement jusqu'à la dernière note, on sent une volonté dans le style: la force des mots, le plaisir de rendre hommage à la musique et à l'Art. L'intensité qu'il met dans ses descriptions rend cette lecture bouleversante. Comme un air de musique, elle tourne dans ta tête, cette poésie, et tu lis et relis les passages, te délectant de tant de beauté d'écriture et tu t'envoles vers des courants de pensées essentielles… Marcus Malte, en grand géant, orchestre son histoire avec passion, jouant des basses violentes des canons, d'un tempo plaintif d'un saxophone en mal d'amour, de l'harmonie d'une amitié infaillible…

Flambant Coup de Coeur.



Ma note Plaisir de Lecture 10/10
Lien : https://fairystelphique.word..
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La trame générale est connue. le récit aurait pu en être banal, mais c'est sans compter sur Marcus Malte qui propose, telle une ré-orchestration d'un air familier, une partition de haut vol.
Tout d'abord un contexte, bien plus profond que ne laisserait l'imaginer l'introduction, prenant son inspiration dans les pires moments de l'histoire récente de notre continent.
Un duo de choc ensuite, un chauffeur de taxi sans client qui accompagne son ami, pianiste de jazz non violent (à l'opposé du récit, qui lui l'est). Deux personnages assez extraordinaires.
Malte dirige avec maestria tout ce petit monde, ponctuant son récit de morceaux de jazz (pas besoin d'être amateur de genre pour lire le livre, à mon sens, simplement avoir une petite sensibilité musicale).
L'auteur imprime le tempo, claque le timing de ses doigts dans cette histoire d'un pianiste écoutant sa petite mélodie intérieure, en quête de vérité, pour se retrouver confronté à une histoire qui le dépasse.
Parce que Malte est un grand écrivain, sans aucune contestation ! Son écriture est pleine de verve, touchante, sachant être tantôt dure, tantôt irrésistiblement drôle.
Il alterne scènes éprouvantes avec des envolées quasi lyriques, et scènes drolatiques qui font retomber la pression ( ah cette scène d'anthologie du champs de patates, en milieu de roman).
Malte intègre parfaitement la musique à son récit, jazz et blues qui savent transformer souffrance en beauté, ténèbres en lumière.
Marcus Malte, un pro de la (fausse) impro, pour un récit qui reste à l'esprit, une fois la dernière note jouée, justifiant parfaitement le titre du roman.
Merci à Folio et à Babelio pour cette belle rencontre.
Lien : http://gruznamur.wordpress.com
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[Masse critique de janvier]
« Les harmoniques » ou le roman noir à la française, une très belle ballade (avec deux l) dans le plus pur style des classiques de ce genre littéraire.

Mister est pianiste, amoureux de ballades Jazz et de la belle Vera. Un amoureux malheureux car la belle vient d'être assassinée, brûlée vive.
Bob, son meilleur ami, est chauffeur de taxi ; enfin presque ... on ne lui connait qu'un client : le musicien, le seul qu'il emmène en balade. Pour ce roman, sur les traces des assassins de Vera.
Si Bob philosophe et intellectualise tout, Mister, lui, suit son instinct. Or la version officielle de la police, une histoire de drogue comme mobile du meurtre, ne tient pas la route une seule seconde selon lui. Son pif lui dit qu'il faut chercher les coupables ailleurs. Voilà pour l'intrigue.
Mais n'oublions pas le dernier protagoniste du roman: le taxi, une 404 jaune, une dame sans âge mais infatigable, que Bob conduit juché sur des coussins, le siège étant trop défoncé. Indissociable de son conducteur, elle abrite la bande son du livre : tous les standards du jazz jonchent l'habitacle, un monceau de cassettes audio.
Voilà pour l'histoire.

La 4° de couverture nous promet une ballade nostalgique, mais c'est beaucoup plus que cela. Elle sait être rythmée, nerveuse parfois ; puis redevient au détour d'une page une belle alanguie, suivant les mélodies de la playlist.
Le tempo est parfaitement maitrisé par l'auteur. La partition est comme suspendue dans le temps lors des fantomatiques apparitions de Vera ; quelques chapitres disséminés par-ci par-là et chapeautés des titres des chansons de la playlist ; quelques pages en italique qui laissent parler la belle, seule voix féminine du roman, si on excepte Billie Holiday bien sûr.
Voilà pour la musique.

Et les paroles ? J'ai beaucoup apprécié la langue ; elle est belle, riche, précise et vaste à la fois, tous les registres sont présents du plus doux et musical au plus tranchant et sombre. S'agissant d'un roman noir avant tout, le ton peut être parfois cynique et dur.
Mais au-delà de la langue elle-même, ce que j'ai trouvé le plus remarquable est l'atmosphère, l'univers se dégageant du roman. Marcus Malte plante son décor, son ambiance d'une main de maître. Son écriture est très visuelle. L'immersion est immédiate. Par exemple, les premiers chapitres, je m'habituais à la grisaille puis boum! la blancheur de la maison « meringue » qui surgit! Effet garanti.
Les dialogues sont truculents -et oui, l'humour est de la partie - il y a  « du Audiard » dans certaines répliques et pour certains chapitres le comique de situation est jouissif. Je citerais : le chapitre de la 404 plantée (planquée ?) dans un champ de betteraves (ou de patates, seule la présence de la gadoue est confirmée par l'auteur), telle une sentinelle high tech pour espions haut de gamme
ou le film que se joue le barman du club où Mister officie, quand ce dernier vient vers lui en courant pour lui demander de l'aide (comme une pub : 2 amoureux les cheveux au vent qui courent sur une plage l'un vers l'autre.. et le gros plan final sur une paire de menottes roses) : hilarant!
Difficile d'expliquer plus précisément en quoi ces deux chapitres sont à mourir de rire sans faire de spoiler. Ne m'en veuillez pas!
Voilà pour la plume.

Et si je devais reprocher quelque chose ? La fin. Trop longue, l'explication politico-financière du pourquoi-comment n'en finit pas et un peu trop de détails horribles sur la guerre en ex-Yougoslavie à mon goût.
Voilà pour le bémol.

Pour conclure, vous l'avez compris, j'ai beaucoup aimé la balade en 404 et les ballades jouées. L'écriture est belle, les personnages surprenants et attachants, le décor est brossé avec talent. Merci Babelio et Gallimard pour cette belle découverte, je recommande ce très bon roman noir à la bande son magique. Que les amateurs soient avisés, à découvrir !!
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Un roman où deux personnages donnent le ton et un ton tout musical: le pianiste Mister et son ami, Bob le chauffeur de taxi mélomane et philosophe. Un roman et au auteur que j'ai adoré découvrir. Ho, l'intrique n'est pas complexe, n'est pas déstabilisante mais elle possède tout de même une certaine vigueur et une virtualité assumée. le phrasé est ryhtmé, la lecture est musicale. On sent bien tout l'amour de l'auteur pour le jazz et le respect pour ses artisans. Tout au long du récit, cette musique écoutée, cette musique choisie par nos protagonistes vient mettre un peu de baume sur cette triste histoire. Vera est retrouvée calcinée dans un vieil entrepot au fond d'une ruelle. C'était une jeune actrice, yougoslave, qui aimait bien écouter Mister jouer dans son club le Dauphin Vert. La police met la main sur deux jeunes délinquants/petits trafiquants qui avouent le crime. Bravo! Affaire sordide classée. Mais Mister est loin d'être convaincu. Il entrainera Bob, son ami, son chauffeur, son compagnon musical dans une quête qui les mênera vers ce qu'ils ne voudront ni voir, ni découvrir ni réaliser, ni admettre. Marcus Malte nous décrit un monde violent, cupide, puant, crapuleux; il nous décrit une guerre lointaine/contemporaine. Sans jamais nous en mettre plein la vue, juste ce qu'il faut. Saluons la justesse du ton. On imagine trop bien le reste. On imagine avec ces notes qui flottent, un air de jazz en tête.
Je ne suis pas restée insensible à cette poésie et à cette lecture. Une heureuse découverte pour moi que ce Marcus Malte.
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Avec ce polar polyphonique , Marcus Malte nous offre un roman qui oscille entre une enquête parisienne et le conflit des Balkans. La musique est omniprésente, le roman est noir et corsé.

Bob, ancien professeur de philosophie, parlant dix-sept langues, s'est reconverti en chauffeur de taxi. Il charge rarement un client. Il a de petits besoins. Sa vieille 404, sa première voiture, plus proche de l'épave qu'autre chose regorge d'un nombre incroyable de K7 (eh oui, tout est d'époque !) , tout ce que le jazz a donné de meilleur depuis trois quart de siècle. Ce qu'il aime surtout c'est rouler la nuit. Seul ou avec son ami, un jeune Noir immense au grand coeur qu'on appelle Mister. Mister joue tous les soirs du piano au Dauphin vert, un club de jazz parisien. Mais aujourd'hui le colosse d'ébène, comme disent certains, est triste. Triste, c'est peu de le dire : Vera Nad, vingt ans plus jeune que lui et dont il était amoureux, a été tuée. Elle qui avait survécu au massacre de Vukovar (ex-Yougoslavie) , qui était venue chercher la paix et la sécurité à Paris. Affaire rapidement classée par la police pour qui ce n'est qu'un règlement de comptes entre dealers qui a mal tourné et dont Vera, aspergée d'essence, est la malheureuse victime. Mister n'y croit pas, son pif lui dit que l'affaire est bien plus complexe que ça. Les deux compères vont enquêter, à leur façon, pour connaître la véritable raison de cet assassinat et chercher les vrais coupables.

Construit autour du jazz (tempo, paroles, titres), Les Harmoniques paraît classique de prime abord mais se révèle surprenant et d'une grande force. En alternant les récits (le parcours de Vera et l'enquête de Mister et Bob) Malte joue sur deux registres et donne toute sa puissance à ce livre particulièrement noir. Entre burlesque et horreur, ce polar nous fait passer par un arc-en-ciel d'émotions. On sourit , on rit souvent, l'humour étant très présent dans les dialogues, dans les situations cocasses… on tremble parfois, on est ému, très souvent. On retiendra outre des personnages originaux très attachants, un style ébouriffant souvent lyrique, une magnifique écriture qui malgré tout n'épargnera pas le lecteur, notamment lors des passages traitant de la guerre en ex-Yougoslavie et du siège de Vukovar. Un splendide roman noir qui s'ouvre sur l'envie de Mister de voir la mer et se clôt de la même façon… Sonné, on a, nous aussi, des envies de mer au terme de ces 400 pages.

A lire bien sûr en écoutant du jazz. Marcus Malte a tout prévu, il a établi une playlist sur Deezer , cfr le lien :
http://www.deezer.com/fr/playlist/162318621
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Tout commence par un air de jazz et un fantasme, une belle jeune femme accoudée à un piano qui ne quitte pas le musicien des yeux... On l'imagine avec une belle robe, on se dit qu'elle a du chien et alors on a envie d'une belle histoire... Mais la réalité est bien loin, de cette jeune femme, il ne reste que des cendres.
Retour à la réalité avec Mister et Bob, deux amis de toujours, et une vieille 404. Mister, c'est le pianiste du fantasme ci-dessus. Depuis, il veut coûte que coûte découvrir ce qu'il est arrivé à Véra Nad. le cas Bob est un peu plus compliqué : agrégé de philo qui parle 17 langues mais qui fait le chauffeur de taxi sans client dans une vieille 404...

On va alors suivre ces deux néophytes dans une enquête, menée à leur manière. C'est à dire comme un morceau de jazz : beaucoup d'improvisation.

Lire ce roman a été un véritable plaisir. Les deux héros, Mister et Bob, sont drôles, attachants et un rien braques. Et puis Marcus Malte a une vraie belle plume, tantôt drôle, tantôt émouvante, toujours profonde. On passe du rire avec des dialogues cocasses entre Bob et Mister, à une écriture "coup de poing" qui décrit la dure réalité du monde contemporain avec sa mafia et ses guerres.
Car nous découvrons petit-à-petit la vie de Véra Nad, la victime grâce à des petits textes lyriques égrenés au fil du roman, tous nommés en référence à un air de jazz. Originaire de Vukovar, ex-Yougoslavie, elle a fuit en France après avoir connu toutes les horreurs du siège de se ville natale. Ce qui l'a maintenu en vie est sa passion pour le théâtre.

Voici donc un roman très riche et émouvant. En plus d'être un hommage à la musique, il dénonce les horreurs dont l'Homme est capable quand il se laisse aveugler par le pouvoir ou l'appât du gain et parle de la perte et de la solitude avec beaucoup de finesse. Et même si j'ai pu regretter un fin un peu trop "chargée", ce roman est dans la droite ligne des grands auteurs de la série noire.

Lien : http://mumuzbooks.blogspot.f..
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Un roman musical, oui, c'est possible.
Chaque chapitre commence par un titre de morceau de jazz et une explication transposée à Vera.
Vera, c'est une jeune femme morte brûlée vive.
Mister, un pianiste de jazz qui lui vouait une tendresse particulière veut comprendre sa mort. Il enquête avec son ami Bob, ancien professeur de philosophie reconverti en improbable chauffeur de taxi.
Le style est impeccable.
Malgré la noirceur de la situation, les phrases sont belles et imagées. Les dialogues entre Mister et Bob sont chaleureux.
La maîtrise des personnages et des situations est parfaite.
C'est un livre qu'il faudrait prendre le temps de relire un jour en écoutant chacun des morceaux de jazz qui ponctuent l'histoire de Vera.
Je ne suis pas spécialement accro aux polars ni au jazz mais alors, je suis complètement accro à ces Harmoniques.
Décidément, Marcus Malte est vraiment un grand et véritable écrivain !
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On m'avait dit le plus grand bien de ce livre, notamment Domi, la moitié d'Yvan. Collectif Polar aussi. Bref, des gens à qui je fais confiance niveau littérature !

Alors j'avoue que j'ai été un peu désarçonnée lorsque j'entamai ma lecture et que je me retrouvai face à un meurtre à résoudre…

Heu ? Un simple meurtre à résoudre ? Un banal cas de Whodunit ? Un grand black qui cherche à en savoir plus sur l'assassinat violent d'une gentille fille qui venait s'accouder sur son piano ?

Ça commence ainsi, par un truc banal (si un assassinat par le feu peut être considéré comme banal) : le meurtre de la gentille Vera à qui on a fait le coup de Jeanne d'Arc.

Les flics ont même été super rapides et compétents sur le coup puisque trois jours plus tard (non, elle n'est pas ressuscitée comme l'autre) ils ont arrêté les coupables.

Mais Mister, le grand Black pianiste n'y croit pas du tout et aidé de Bob, son pote chauffeur d'un vieux taxi, il va mener l'enquête.

Oui, on commence avec un truc simple, mais j'avais oublié que nous étions avec Marcus Malte et qu'on n'allait pas se retrouver avec le Colonel Moutarde dans le vieux hangar avec l'essence et le briquet !

La petite histoire va s'inscrire dans la Grande… Rien n'est simple, rien n'est facile, rien n'est acquis, surtout pas la vérité que l'on va nous dévoiler au fur et à mesure que nous tournerons les pages.

De plus, l'écriture de Marcus Malte est toujours aussi poétique, lyrique, ses phrases m'emportent souvent très loin et croyez-moi, c'est le petit Jésus en culotte de velours, sa plume, maniant la philosophie et l'humour, même si elle ne se prive pas d'égratigner.

Oui, sa plume m'enchante, et elle chante car ce roman sent bon les airs de jazz et l'auteur a même inclus la play-list pour le cas où nous voudrions écouter les mêmes chansons que nos deux enquêteurs improbables : le grand noir et le petit blanc.

Les deux personnages que sont Mister et Bob sont des gens comme on aimerait avoir dans nos amis, surtout Bob qui est toujours là pour vous aider, lui, son vieux taxi, sa philosophie et ses cassettes audios remplies de vieux chanteurs de jazz.

Un roman qui commence de manière simple et qui devient plus dense ensuite, de par son scénario et de par l'Histoire qu'il nous conte, une que nous n'entendons pas souvent et dont nous ne savons pas grand-chose : l'ex-Yougoslavie.

Un roman bourré d'émotions, une lecture magnifique, dense, belle, émotive, qui ne m'a pas laissée de marbre. J'en ai eu des frissons partout.

Un grand merci à celles qui me l'ont conseillée et à ma binômette de LC qui me l'a fait sortir de mes étagères surchargées !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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«En d'autres temps, d'autres lieux, elle aurait été la jeune femme accoudée au demi-queue qui ne le quittait pas des yeux pendant qu'il jouait.
.....
Mais ni ces temps ni ces lieux n'avaient jamais existé. N'existeraient jamais.
Parmi les restes calcinés, on avait pu identifier son corps grâce à une couronne en or. Fondue.»
Le corps calciné de Vera Nad a été retrouvé, et les deux coupables, ceux qui l'ont brûlée vive, arrêtés. Tout paraît bouclé. Mais pour Mister, un grand noir qui fonctionne à l'intuition, pianiste de jazz au club du Dauphin vert, il y a une autre vérité plus complexe, plus terrible et il va en compagnie de Bob son ami, chauffeur de taxi, "maniant pas moins de dix sept langues", agrégé de philo, et féru de jazz, partir à la recherche de cette vérité qui va effectivement s'avérer effrayante.

Ce qui fait que l'on ne quitte pas ce livre avant d'être arrivé au bout, c'est l'attachement immédiat pour les personnages que ce soit Bob, Mister, Vera, et d'autres, tels Miroslav qui joue de la guitare et chante dans le métro, accompagné de son aïeul aveugle. C'est leur quête gratuite de la vérité , leur fragilité face aux forces du mal auxquelles ils s'attaquent. Ils ne pourront pas en venir à bout mais leur existence fait que ce monde de violence, qui est le nôtre, en devient plus supportable, que tout n'est pas complètement désespéré. Et puis il y a la langue, l'écriture pleine de poésie de Marcus Malte qui enchante et ... le jazz qui irrigue l'ensemble.


«Les derniers accords s'estompèrent. le son décrut progressivement jusqu'à n'être plus qu'un sifflement ténu. Puis plus rien.
Mister dressa un index. 
--- Les harmoniques... dit-il

Miroslav leva les yeux aux plafond, s'attendant peut-être à en voir surgir des créatures extraterrestres.
--- Harmeûniques ? C'est quoi, harmeûniques ?
--- Les notes derrière les notes, dit Mister. Les notes secrètes. Les ondes fantômes qui se multiplient et se propagent à l'infini, ou presque. Comme des ronds dans l'eau. Comme un écho qui ne meurent jamais.
..... Ce qui reste quand il ne reste rien, dit Mister. C'est ça, les harmoniques." 


Même si ce livre n'atteint pas la complexité virtuose de Garden of love cela reste un très beau moment de lecture, une lecture dont on ne se détache pas aussitôt. C'est avec plaisir que l'on s'en rejoue un petit morceau en ouvrant au hasard et il y a toujours une phrase qui vous saute à la figure, qui avait échappé à la première lecture et que l'on a envie de noter.
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C'est ma troisième lecture de Marcus Malte que j'aime beaucoup. Un roman (classé dans Folio policier) « musical » comme son titre le laisse suggérer. le rythme est beaucoup moins effréné que dans Garden of Love et pourtant je trouve cet opus beaucoup mieux maîtrisé. du début à la fin, alors que dans Garden, on pourrait émettre l'objection d'une fin rapide par rapport à la frénésie du départ… Venons-en aux faits !

Cette lenteur sensuelle, jazzy laisse la part belle aux morceaux musicaux choisis, donnés en play-list par l'auteur juste avant de commencer le livre. Et c'est un petit plus pour qui aime la musique !

Mais que sont les « harmoniques » ? « Les notes derrière les notes, dit Mister. Les notes secrètes. Les ondes fantômes qui se multiplient et se propagent à l'infini, ou presque. Comme des ronds dans l'eau. Comme un écho qui ne meurt jamais. » (p. 323).

Mister est un homme tendre, pianiste le soir dans un club de jazz parisien. Il a appris que Véra Nad , son « amie », est morte brûlée vive et que les deux présumés coupables sont passés aux aveux. Mais quelque chose le chiffonne, il en parle à Bob, son meilleur ami. Bob, la soixantaine bien entamée, ancien chauffeur de taxi parisien, qui roule toujours dans une antique 404 Peugeot, jonchée de cassettes des plus grands du jazz. Mister était amoureux de Véra, même s'il ne s'était encore rien passé entre eux, même s'il la connaissait mal, il lui reste le souvenir de leur complicité autour du piano quand elle venait l'écouter certains soirs de blues…

Mister et Bob commencent à enquêter, sans l'aide des flics, ils remontent la filière serbo-croate installée à Paris. Marcus Malte, à travers Mister nous brosse un portrait sanglant et sans complaisance de la guerre qui a ravagé l'ex-Yougoslavie dans les années 1990 et à laquelle beaucoup n'ont rien compris (moi la première)… Les enjeux n'étaient pas que l'épurement de la race : des puissances occultes s'en sont mêlées, des personnalités de pouvoir (connues) attirées par l'odeur sans nom de l'argent : » – Tout est possible dit l'homme, pourvu qu'on y mette le prix ! L'argent se fout des lois mathématiques. Dans notre monde, l'argent est au-dessus des lois. de toutes les lois. L'argent EST la loi !… » (p. 381). Certains passages font frémir car ils sont non seulement d'une réalité évidente mais absolument logiques et …crédibles ! Quel rapport avec la jolie Véra, croate, amoureuse de théâtre et qui posait nue pour un peintre serbe ? Dans sa quête de vérité, Mister va en apprendre plus qu'il ne le cherchait au départ, bien loin au-delà de l'horreur et de la simple barbarie que l'homme sécrète comme un poison sans fin. Car Mister, lui à de l'oreille, il est capable d'entendre ces fameuses harmoniques, ces notes inaudibles et qui continuent bien après que la musique ait cessé…

Mais il y aussi de l'humour chez Marcus Malte et un chapitre avec un quiproquo désopilant. Mister travaille dans une boîte de jazz et le serveur est gay ! Renato est secrètement amoureux de Mister. Mais quand il croit que la réciproque est vraie, c'est à mourir de rire (p. 265 à 275 environ).
Et tous ces chapitres en italiques, qui portent un titre de standard musical où nous découvrons Véra, la Bosnie, les dessous de l'affaire et les liens qui la sous-tendent.
Mais aussi la révolte larvée de l'auteur face à cette boucherie sans nom qu'a été la guerre dans les Balkans : » Parce que le monde savait. le monde ne pouvait pas l'ignorer. le monde observait et attendait parce que le monde est patient, le monde est diplomate. Pourquoi se précipiter ? Des usines de chaussures, des églises baroques : il n'y a plus d'urgence. Et bien sûr quand il est trop tard les commis du monde débarquent aux basques des barbares. » (p136).

Une ballade désabusée, qui ne finit pas spécialement bien où il n'est pas besoin de piocher des images de crimes dans les faits divers, pas seulement, il y a des guerres pour cela ! J'ai beaucoup aimé cette lecture. Et j'ai du mal à la classer en « polar » !
Lien : http://leslecturesdasphodele..
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