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Critique de A2livres


Dans ce deuxième volet du cycle de Goth*, ne vous attendez pas à trouver une seule histoire car vous en lirez des dizaines. Flashbacks, récits du passé des personnages rencontrés, péripéties, souvenirs de jeunesse, mythologies… Ces nombreuses histoires, narrées par les uns et les autres, sont autant de parcelles d'un royaume et de ses habitants que de faces d'un kaléidoscope. Les couleurs et les formes s'imbriquent, réfléchissent, rebondissent et créent des textures, des formes, des vies. Les chemins se croisent, les personnages s'accompagnent pour un temps, vivent et meurent, s'opposent puis s'allient… le résultat ne cesse d'intriguer. L'univers proposé par Céline Maltère m'inspire, me saisit.

L'imaginaire de l'autrice est toujours aussi foisonnant, et tout à la fois dérangeant, tordu, empreint de perversion. le roman défie nos valeurs, notre culture, notre morale. Si bien que l'on oscille souvent entre fascination et sidération.

Alors de quoi parle Les Vaniteuses ? Plusieurs thèmes centraux sont abordés comme le poids de l'héritage familial avec l'ombre du père, le fameux Goth, qui imprègne la chair de ses filles et Katarina ne fait pas exception. Il y a encore quelque chose d'oedipien, inversé, dans cette relation au père après sa mort, ou plutôt d'« électrien » (complexe d'Électre) si on peut dire. Sauf que dans ce cas, elle s'emploie à oublier cette personne, et non la venger, avec un résultat final guère différent de la version de Giraudoux cependant…

D'autre part, si le récit se déploie dans un moyen-âge sombre et sanglant, certains thèmes abordés font directement écho à des sujets contemporains comme le véganisme dont j'ai adoré l'approche et trouvé intéressante la manière extrême de le pratiquer à la fin, le traitement de la question du viol avec culpabilisation de la victime par l'homme de religion, le féminisme et l'émancipation de la femme, l'homosexualité féminine…

Parlons aussi de l'héroïne : Katarina Toque. J'avoue avoir préféré la soeur Kationa du premier tome. Bien que cette-dernière soit impitoyablement meurtrière et tortionnaire, elle agit avec une passion qui ne laisse pas indifférent. Katarina est plus mesurée, même si elle commet quelques atrocités ici ou là, afin d'assoir son autorité de reine ou d'atteindre ses objectifs. Elle agit davantage par obsession, ce qui agace un peu et la rend moins attachante à mes yeux, car le levier n'est pas émotionnel.
En revanche, j'aime sa liberté, de penser, de procéder. Elle décide, et tous obéissent sans poser de questions. Même s'ils s'étonnent, ils la considèrent comme plus clairvoyante qu'eux, lui consent des pouvoirs supérieurs, inaccessibles à leur compréhension. Elle est la reine, elle sait ce qui est bon pour son royaume et ses sujets, et tous la suivent sans protester, la servent avec confiance, voire dévotion. Même si elle s'entoure de chevaliers loyaux, d'une femme aimante, d'hommes et de bêtes fidèles, elle semble cependant infiniment seule. Ses combats, elle les mène la plupart du temps en solitaire, après avoir pris conseils ou consulté des experts.

En parlant de combat justement, Katarina, comme sa soeur Kationa, ne part pas en guerre afin d'agrandir son royaume, dans une perspective de conquête de territoire. Elle ne combat pas non plus avec des armes qui tranchent, détruisent et éviscèrent. Elle se bat avec sa volonté, sa puissance mentale, et autres forces intérieures. Les combats n'en sont pas pour autant moins durs, impitoyables, sanguinaires. Et vous ne vous lasserez pas de ces combats-là, je peux vous l'assurer. Mais pourrait-on dire que les filles souveraines de Goth mènent des batailles féminines, différentes de ce qu'aurait accompli un roi ? Espérons que le troisième tome portant sur la soeur Katia, confirme cette intuition.

Pour conclure, je ne peux que vous conseiller une nouvelle fois de lire ce roman grandiose qui surprend encore, ensorcelle, irradie de puissance, écoeure par moment, fait éprouver pitié et émerveillement, questionne, déconcerte et ravit.

*Ce deuxième volume peut très être lu indépendamment du premier.
Lien : https://www.facebook.com/A2l..
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