il passe, s’efface, saisit au vol tes paroles qui émiettent
leur appel sur fond d’absence, d’effacement et de souci,
toujours prêtes à surgir de l’abîme blanc, à te dire
l’impossible, si facile et familier, à te prendre, te
reprendre, t’entreprendre,
pour se cacher derrière toi, devant ce que tu es, loin
devant, à côté, invisible à force de proximité,
attirant vers soi ton souffle dans le sien qui le fait naître,
le retient, le reçoit, le refait, et le désire plus que toi,
seul aimé
chacun de tes pas s’avance donc à l’aveugle vers le dernier
que tu ignores, toute trace évanouie quand tu te retournes
pour mesurer le chemin parcouru, ta marche comme happée
par une lumière naissant sous tes pas,
lorsque devant toi tu ne peux voir que cette absence adorable
qui t’attire par une sorte de myrrhe
qu’expire ton intime, si tu la reçois, la respires, et t’y abîmes
au fond du temps, avec une confiance infinie
en sa bonté
Dans le laboratoire de Poésie Pratique, Jean Mambrino