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Le syndrome de l'écrivain raté. Je me contente d'écrire des chroniques sur des bouquins, j'y rencontre même un certain succès, des assidus et assidues à mes mots, à mes saloperies, à mes obsessions. Et si j'écrivais un livre, comme un vrai écrivain. Je m'installe à mon bureau, sort une feuille blanche, aussi immaculée que les neiges éternelles, aussi laiteuse que mon sperme après maturation de plusieurs jours. Je me sers un verre de Quilmès, sentant les encouragements dans les yeux et le sourire d'Ana. Mais rien n'y fait, ni son cul ni ses jambes ne remplissent les pages d'un quelconque intérêt. Allons boire un verre dehors. Allons voir les étoiles scintiller dans le ciel, cette lune plonger son regard dans le décolleté d'Ana pendant que je lui soulève sa jupe. Je n'arrive pas à écrire mais peut-être que je pourrais quand même la baiser, pour vider ma frustration et gicler un flot d'inspiration à sa figure encore souriante. Marian et son insolente jeunesse. Elle me prend pour un Dieu avec mes critiques salaces et bourrées de mon sentiments, abandonnant les images éculées du romantisme pour les remplacer par de l'instinct, du primitif et de l'Amour, avec un grand A comme bAise et bAnde. Elle veut que je lui corrige son manuscrit, la prétentieuse. Mais que veux-tu, elle a une belle paire de jambes et un sourire qui rend si bête un homme assoiffé par une envie irrépressible de lui écarter ses cuisses. Dès les premières pages, j'ai la conviction de tenir en main l'instrument de ma renommée, un chef d'oeuvre qu'elle ne pourra pas signer de sa propre main trop frêle, trop jeune. Elle ne le mérite pas, alors que moi… Moi, je bascule dans la folie, je m'enferme dans mon bureau, retape les pages de son manuscrit et échafaude un plan diabolique, à mon sens. Je m'apprête à faire un crime parfait. Marian ne doit plus être. Je dois la séquestrer jusqu'à ce qu'elle comprenne que c'est uniquement pour son bien si je lui « emprunte » ses mots, ses phrases, ses idées. Jusqu'à ce qu'elle me remercie même parce qu'elle tombera forcément amoureuse de moi, un jour. Jusqu'à ce que j'en ai marre de lui ramasser la merde qu'elle défèque si odieusement dans cette cave insalubre qui lui sert de cachot temporaire. Et un jour, je serais encore plus célèbre que Bukowski, plus respecté surtout et plus admiré par une horde féminine prête à baiser mes pieds et à descendre mon pantalon en lin. Lien : http://leranchsansnom.free.f.. + Lire la suite |