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Critique de Lamifranz


Je sais, chers amis et amies Babélionautes, que vous aimez les romans historiques. A l'occasion de précédentes chroniques, j'ai pu constater qu'une grande majorité d'entre vous, euh, une majorité d'entre vous, enfin, plusieurs d'entre vous m'ont accordé des "j'aime" affectueux à défaut d'être innombrables. Et ceux qui ne l'ont pas fait y ont pensé très fort, j'en suis assurément assuré. Donc, vous aimez les romans historiques, mais aimez-vous L Histoire, je veux dire, les études historiques, écrites par des historiens ou à défaut des écrivains adeptes de Clio (la muse de l'Histoire, pas la voiture) ?
C'est en effet un genre littéraire particulier qui fait moins appel à l'imagination mais plus à la rigueur et au souci de la vérité. Il faut avoir une belle plume, un sens bien établi de l'ordre, et aussi un certain talent didactique, parce que l'on présente un travail de documentation, de compilation à des lecteurs avides de savoir; c'est plus qu'une transmission d'informations, c'est un partage de connaissances... le genre a ses maîtres, depuis Jules Michelet jusqu'à Jean-Christian Petitfils, en passant par Fernand Braudel, Georges Duby, Jean Favier, ou ces immenses vulgarisateurs qu'étaient Alain Decaux et André Castelot. Et je ne parle ici que des Français.
Claude Manceron (1923-1999) s'est spécialisé dans l'étude de la Révolution et de l'Empire. Son oeuvre maîtresse Les Hommes de la liberté (1972-1987) couvre toute la période qui va de la mort de Louis XV (1774) à la prise de la Bastille (1789) La mort l'empêcha de continuer cette gigantesque fresque qu'il comptait mener au minimum jusqu'en 1797 (mort de Gracchus Babeuf) et peut-être même au-delà.
Les Hommes de la liberté forment un ensemble de cinq volumes : Tome 1 : Les Vingt ans du roi, 1774-1778, Tome 2 : le Vent d'Amérique, 1778-1782, Tome 3 : le Bon Plaisir, 1782-1785, Tome 4 : La Révolution qui lève, 1785-1787, Tome 5 : le Sang de la Bastille, 1787-1789.
Claude Manceron n'est pas un historien de métier. Son approche de l'Histoire est plus celle d'un écrivain soucieux d'apprendre quelque chose à ses contemporains que celle d'un historien présentant une thèse, un mémoire, un travail certes sérieux et important, mais exempt de vie, de mouvement, de couleur. En 1972, il y avait de la part de ces historiens "officiels" une forme de mépris envers les tenants de la "petite histoire", ou ceux qui, comme Manceron, privilégiaient davantage les humains dans toute leur vérité, et pensaient que L Histoire était faite par des hommes, avant de l'être par des idées.
L'Histoire, vue par Manceron, est donc, au jour le jour, une suite de petits faits qui, mis bout à bout et en perspective, donnent une idée générale assez complète, non seulement de l'époque, mais de l'atmosphère et de la psychologie des personnages, petits ou grands, qui la peuplent. C'est cette vision particulière de l'Histoire, doublée d'un don de conteur très affirmé qui fait de cette fresque un chef d'oeuvre absolu, pour qui veut connaître cette période, et percevoir, bien avant 1789, les racines profondes de la Révolution.
Pour ma part j'ai avalé ces cinq livres (répartis en trois tomes aux éditions Omnibus) avec avidité et gourmandise, et j'engage vivement tous ceux et celles que le sujet intéresse à en faire autant. Et que le volume ne vous rebute pas, ça se boit comme du petit lait...
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