J'ai beaucoup tardé à m'atteler à ce retour de lecture, parce que je n'arrivais pas à cerner pourquoi je n'ai pas eu le coup de coeur attendu. J'ai lu nombre de critiques depuis la parution de ce roman, dont la plupart très enthousiastes, notamment d'ami(e)s dont les goûts sont proches des miens. Et comme souvent dans ce cas-là, mon attente est devenue trop forte, ce qui a engendré une (toute relative) déception. J'ai vu notamment çà et là des références à "La couleur des sentiments", un des livres que j'emporterais sur mon île, et non, désolée, mais "
Alabama 1963" n'a pas suscité en moi le même enthousiasme.
"Mais pourquoi diable a-t-elle mis 4 étoiles, alors qu'elle n'arrête pas de nous rabâcher que ça ne lui a pas tant plu que ça ?" vous croyez que je ne vous entends pas maugréer dans mon dos ? Attendez, je vous explique bientôt. Mais d'abord je vous remets vite fait en mémoire de qui et de quoi on parle, au cas où vous n'auriez lu aucune des 496 critiques précédentes, on ne sait jamais.
Plusieurs fillettes noires ont disparu dans les environs de la ville de Birmingham, Alabama, en cet été 1963. Comme la police ne manifeste pas un entrain démesuré à les retrouver, y compris après la découverte du cadavre de l'une d'entre elles, la famille d'une des jeunes disparues se tourne vers Bud Larkin, archétype du détective de série B, déglingos, m'enfoutiste, et en plus...blanc pétri de toutes les idées racistes de l'époque. Pas forcément l'idée du siècle...
Heureusement pour eux, par un incroyable concours de circonstances (premier passage où j'ai un peu tiqué), Adela Cobb va venir travailler comme femme de ménage chez lui. Evidemment elle est noire, et évidemment aussi, les relations vont être compliquées entre eux au début. Mais très sensible à la détresse des parents des jeunes disparues, Adela va insister jusqu'à ce que Bud se remue le derrière pour enquêter. Vous en savez assez sur la trame, évoquons un peu plus les personnages. Bud est un ancien flic qui traîne des casseroles, il est complètement désabusé et balade son mal-être entre son bureau-bauge, et son troquet favori où il retrouve d'anciens collègues. Je l'ai déjà croisé maintes fois, il ne m'a donc pas vraiment interpellé. Adela m'a effectivement évoqué un peu les bonnes de "La couleur des sentiments", quand elle décrit ses différentes patronnes blanches et leurs travers (parfois sympathiques, comme la vieille Gloria que j'ai beaucoup appréciée). On fait connaissance avec quelques-unes de ses copines, et avec sa famille, trois enfants et un beau-frère parasite.
Le contexte historique (ségrégation, discours de
Martin Luther King, assassinat de Kennedy) est évidemment évoqué, mais de façon un peu trop anecdotique à mon humble avis. C'est d'ailleurs la principale raison de l'absence d'une cinquième étoile. Il m'a manqué de l'épaisseur à ce niveau-là, je trouve que si déjà les auteurs ont choisi précisément 1963 il aurait été bienvenue d'étoffer un peu, quitte à rajouter une cinquantaine de pages.
Mais j'arrête de faire ma grincheuse, parce que tout compte fait, j'ai quand même passé un très bon moment avec ce roman, l'écriture est dynamique (beaucoup de dialogues), les personnages attachants pour la plupart, et l'enquête, si longue à démarrer se révèlera finalement passionnante. J'ai soupçonné la conclusion avant la fin, mais ce n'est pas bien grave.
Je voulais d'abord mettre 3,5 étoiles, mais tout bien pesé, le roman présente quand même bien plus de qualités que de défauts, il a malheureusement souffert d'une comparaison difficile à soutenir. Alors comme je suis dans un jour de grande générosité, j'ai poussé jusqu'à 4. Mais vu le nombre de notes maximales, j'ai presque l'impression d'avoir été pingre !