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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quelle ambiance, quelle putain d'ambiance ! Comment vous la rendre ? Associez des riffs de jazz, le goût suave d'un verre de J&B, la gueule mi-ange, mi-brute d'Alain Delon, la tension d'un film de Melville et vous obtiendrez quelque chose d'approchant. J'ai été emporté par le flow du style de Manchette. le récit tout en action est décrit par des phrases courtes et rythmées. Ici, pas de place pour la psychologie. Les états d'âme des personnages sont indiqués par de menus signes : une mâchoire crispée, des poings serrés, une roseur sur les joues, une immobilité inquiétante. Comme dans ses romans précédents, Manchette précise les marques des voitures, des armes, des cigarettes et des alcools. Pour introduire un personnage, il écrit par exemple : « un type lisait le Monde diplomatique dans une 404 (…)» Il glisse des références au cinéma et à la musique, évoque Régis Debray. Mais il est surtout question de politique, de complot d'État, de relations internationales et de terrorisme. La violence est omniprésente et souvent spectaculaire : « le crâne de Dubofsky, fendu, troué et mis en morceaux comme une coquille d'oeuf dur, heurtait le trottoir avec un bruit grumeleux.» Même l'amour revêt une certaine forme de bestialité, on saisit sa proie plus qu'on ne la séduit. Ah oui, j'ai oublié de vous donner le synopsis : Martin Terrier souhaite mettre un terme à sa carrière de tueur à gages. Il part récupérer Anne, son amour de jeunesse à qui il a demandé de l'attendre dix ans. Grâce à son pécule, il projette de se retirer avec elle dans un endroit calme, sans conflit, au climat doux. Mais très vite, cela va s'annoncer plus compliqué que prévu. Alors qu'il s'engage sur l'autoroute, il s'aperçoit qu'il est suivi.. La suite est une longue fuite en avant...


Un roman culte que j'ai pu déguster dans une version audio : la voix grave d'Éric Elmosnino et les extraits de jazz et d'opéra ont sublimé le texte.
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C'est un des avantages des rencontres babéliotes. Quand quelqu'un me demande en ami, je vais d'abord farfouiller sa bibliothèque pour voir ce qui s'y trouve. Et une fois, je suis tombé sur des piles de JP Manchette. Qu'est ce que c'est que cet auteur au nom que n'auraient pas renié les producteurs de Groland ?
Un libraire avait aussi décidé de mettre en avant monsieur Manchette , ce qui scella notre rencontre.
Et ce fut une belle rencontre, pleine de bouts de cerveau évaporés dans la nature ou sur des murs aux couleurs psychédéliques des années 70. Pleine de rebondissement dans cette histoire qui suit un sérial killer ayant décidé de se ranger et de retrouver l'amour de sa jeunesse, Anne , à qui il avait demandé 10 ans de patience.

Bon , je me suis "culturé" sur JPM . le papa du néopolar, le pourfendeur des riches, de la religion ...
Je n'ai pas senti ce coté politique ici mais ai bien appréhendé le style singulier de l'écriture.

C'est un texte brut, sans fioriture qui nous est livré. le héro? C'est Lino Ventura dans ses films les plus durs , on est en plein dans le cinéma des années 70, auquel Manchette a apporté sa pierre ( Je suis une vraie buse en cinéma à part The Big Lebowski que je connais par coeur et bien entendu ma rencontre avec Manchette ne m'avait rien évoqué du septième art).
C'est une plongée dans le monde des années 70, il y a même des Nuts.
Il y a sans doute plusieurs niveaux de lectures possibles et l'étude psychologique de Terrier, puisque c'est ainsi que se nomme l'ancêtre du nettoyeur, est bien plus profonde que les phrases ne sont longues.
Froideur, professionnalisme rigueur certes mais aussi névrose, obstination ,troubles et fatalisme . Un peu comme Léon le nettoyeur de Besson.
Un livre direct, sans chichi, qui laisse peu de place à l'empathie mais qui livre un bon moment de lecture et qui transporte le lecteur dans ces films où les méchants se cassent, accompagnés par une bande son orchestrée par une chanteuse qui pousse des mélopées aiguës .
A très vite Mr Manchette !

PS / puisque j'ai parlé des amis babeliotes, je ne comprends pas les gens qui invitent...puis disparaissent à jamais . L'abonnement est moins cher quand on a plein d'amis ???
Prenez soin de vous et dites aux cons d'arrêter de l'être dans la sphère publique sinon on va tous être recloitrés !
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J'ai découvert Manchette par la lecture de "Fatale", il y a quelques années, et puis plus rien jusqu'à aujourd'hui. Après avoir terminé "la Position du Tireur Couché", je me demande bien pourquoi j'ai attendu si longtemps pour réitérer l'expérience.

Certes, le scénario n'a rien d'exceptionnel : un tueur à gage implacable veut prendre sa retraite pour retrouver la femme qu'il aime, à qui il a demandé de l'attendre pendant dix ans. Evidemment, tout ne va pas se dérouler comme prévu...

Mais qu'il est agréable de se laisser embarquer par l'écriture sèche, si singulière de Manchette. J'aime tout particulièrement la façon dont il traite ses personnages, qui ressortent à la fois terriblement humains et en même temps hermétiques à toute analyse psychologique. L'âme humaine est un mystère pour Manchette, il nous donne à voir les actes mais ne les explique pas, pas plus qu'il ne les juge.

L'évocation de la France de la fin des années 70, par petites touches (le décors, les objets, les lieux etc...) est assez savoureuse. C'est finalement très cinématographique comme littérature. Et puis la personnalité de l'auteur est toujours présente, par la mise en place d'une certaine critique sociale, même si cet aspect est moins présent que dans "Fatale", qui demeure à ce jour mon seul point de comparaison. Mais certainement pas pour très longtemps...
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En 1981, Jean-Patrick Manchette fait paraître "La Position du tireur couché" chez Gallimard dans la mythique collection policière "Série Noire" (n°1856).

Synopsis:

... A 20 ans, Martin Terrier, bête à manger du foin mais beau gosse, sans un sou vaillant en poche ni formation professionnelle, s'est tracé un avenir en or: dix ans pour faire fortune coûte que coûte, ailleurs qu'au pays ... Partir, revenir ... en quelque sorte se venger d'une petite bourgade qui n'a jamais fait bon accueil à une famille pauvre, la sienne.
Une promesse est arrachée à sa petite amie de l'époque: "Attends moi..!" lui dit t'il. Anne, une gosse de riches, dont il rêve comme d'un bon parti, mais socialement inaccessible,.
Les mythomanes, quelquefois, ne se trompent qu'à moitié.

... le même homme, 10 ans plus tard, la trentaine débutante.
Son job: tueur à gages. Depuis tant d'années. L'argent coule désormais à flots.

... Aujourd'hui, il prend sa retraite. C'est ainsi, il l'a décidé, nul ne fera obstacle. Son commanditaire n'accepte pas ce congé unilatéral, prétend qu'une dernière mission, au moins, l'attend encore et qu'il ne peut s'y résorber.
Martin s'entête: il rentre au pays ... Anne Freux s'est mariée avec Felix Schrader.

Rien, ici, n'est fondamentalement original. Et pourtant. La suite appartenant au roman, elle débouchera sur un long épilogue surprenant, digne des meilleurs romans d'espionnage. Une autre constante de l'auteur apparait alors: ses prises de position politiques très tranchées.

Ce que j'en pense:

L'intérêt du roman n'est pas tant dans son pitch et son déroulé que dans la manière de conter l'histoire. le héros n'est pas Martin Terrier mais Manchette lui-même. L'auteur prend le premier plan, ses mots s'imposent, son style hypnotise, sa façon intrigue. le héros de papier s'efface peu à peu, prend l'arrière plan; encore n'a t'il pas fini d'en baver et de surprendre le lecteur ?

Manchette, comme d'habitude, impose un drôle de jeu littéraire. Son lecteur, c'est dit, ne saura presque rien des personnages qu'il va croiser. Seul le strict nécessaire s'imposera. Il ne sera question que d'actes à l'épreuve des faits. Black-out total, délibéré et définitif sur les espaces intérieurs des participants. Peu à peu, pourtant, des portraits psychologiquement fouillés se forment. L'auteur n'a rien fait pour çà (ou si peu), seul le lecteur est responsable de ce qu'il imagine.
Le béhaviorisme est l'étude psychologique de l'humain basée exclusivement sur son comportement extérieur. Manchette pratique l'hyper behaviorisme littéraire, il n'impose que ce que montrent ses protagonistes et pas ce qu'ils ressentent. Il se veut banal narrateur de faits divers. Manchette bat et distribue les cartes, le lecteur en reçoit sa part; libre à lui d'interpréter en fonction de ce qu'il a en mains.
A ce jeu là, l'auteur économise ses mots à ne rien intérioriser. La nature ayant horreur du vide, l'action pure bouche les trous, se fait omniprésente, dense et se pare pour faire bonne mesure d'une violence palpable, crue, non suggérée, délibérément visible et décrite sans fard (ce n'est néanmoins pas du Gore, loin de là). Elle apparait comme dans les thrillers, au sommet d'une montée crescendo du suspense, comme une cerise sur le gâteau. du grand art.

Autre particularité: Manchette épure souvent son style, enlève le gras, s'attaque au maigre. Les phrases sont réduites au minimum syndical. On se rapproche ici du polar noir US des années 30's et 40's. On entrevoit la sécheresse de style d'Horace MacCoy par exemple.
Paradoxalement le background objets est détaillé à l'extrême (armes de poing, électrophones, 33 tours de jazz, bouteilles de whisky, marques de voitures et de cigarettes, magazines, romans...) ce qui renforce le réalisme de situation.

Et, ainsi, Manchette, béhaviorisme aidant, hyper violence à l'étal, économie de mots en démonstration, hyper réalisme de rigueur fit naitre une école littéraire: le néo-polar. Il en sera le pape.

"La position du tireur couché" m'est, pour l'instant, le chef d'oeuvre de Manchette. Il a dynamité le ghetto du roman policier, s'est posé à la périphérie de la littérature générale par sa maîtrise inattendue de l'art de bien écrire.

A noter une constante chez Manchette: la fuite. Terrier s'échappe de son passé de tueur à gages, Gerfaut dans "Le petit bleu de la côte ouest" fuit la monotonie de son quotidien, Julie Ballanger se résorbe à son passé dans "Ô dingos, Ô châteaux"

Manchette, à l'égal de Simenon, m'intéresse. Ils maîtrisent un art qui rend la chose littéraire simple et efficace. Ce que perd Simenon en classicisme policier daté, Manchette le gagne en modernité. Ce que perd Manchette en déshumanisation, Simenon le gagne en universalité. Les deux semblent se compléter. Pas étonnant qu'ils s'inscrivent aussi souvent dans mon listing "lectures en cours".

En 1981 sort au cinéma "Pour la peau d'un flic", l'adaptation du manchétien "Que d'os !". Réalisé interprété par Alain Delon. C'est un succès commercial. L'acteur fait acheter les droits de "La position du tireur couché" alors que le roman est encore en cours d'écriture. L'adaptation sortira en 1982 sous le titre "Le choc". Deneuve tient compagnie à Delon en haut de l'affiche. le film est un loupé retentissant et commercialement un désastre. le scénario, peu fidèle au roman, fait apparaitre un Delon conforme à l'image qui est la sienne à l'époque...et ce n'est pas celle du Terrier de Manchette.

En 2015, sort "Gunman" d'après le roman qui nous occupe. Avec Sean Penn. J'en ai entrevu le trailer. Je suis dubitatif.

Manchette est t'il seulement adaptable en 25 images/seconde ?
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Je suis un peu trop impressionnable pour lire des romans noirs (trop sombres, trop pessimistes pour moi…). Pourtant j'étais curieuse de découvrir Jean-Patrick Manchette, dont j'entendais parler depuis à peu près toujours. Une dernière chaleureuse recommandation et je me suis lancée dans la lecture de ‘La position du tireur couché'.
Je confirme définitivement que les scènes ‘hémoglobinées' ne sont pas ma tasse de thé. Malgré elles (ou avec elles ?), j'ai été impressionnée par ce roman qui dépeint si bien la société, l'air du temps, du début des années 80. C'est un vrai voyage dans le temps.
Quant au style, il n'a l'air de rien mais il est simplement im-pres-sion-nant. Il est concis, efficace. L'action est rapide. Et soudain, une description de quelques lignes ancre encore mieux l'histoire. Tout se tient. Il n'y a aucun mot superflu tout le long du récit. Et la fin – quelle fin ! - est vertigineuse, tant elle ouvre des réflexions sur le triste monde décrit.
Vous l'aurez compris… c'est maintenant à moi de dire ‘si vous ne lisez qu'un roman noir, essayez celui-là…'.
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Martin Terrier souhaite changer d'activité après dix ans au service de la même entreprise. Quoi de plus naturel. Sauf que M. Terrier exerce un métier peu courant, il est tueur à gage… Et on ne quitte pas son entreprise dans ce secteur aussi facilement que ça !
Son projet est simple : retrouver son amour de jeunesse, Anne, et partir sous les tropiques vivre une vie de pacha… Sauf que M. Cox, son employeur n'est pas d'accord et veut lui confier un dernier contrat.
Souvent présenté comme le chef d'oeuvre de J.P. Manchette, on se trouve devant un polar brut et sans fioritures. Phrase courtes, des uppercuts, personnages simples, c'est finalement très cinématographique comme récit. le contexte, un peu daté, la France des années 70, donne un petit charme supplémentaire à cet excellent polar.
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RELIRE NOS CLASSIQUES

Je claviote « nos » et non « les ».

Quand on mentionne classique en littératures, on sent poindre Balzac, Flaubert, Dostoïevski, Zola... Tout l'orchestre en somme.

Je n'ai pas une culture classique.

J'en ai lu et apprécié : Hugo, Dumas, Twain (surtout) mais j'avoue que certains me tombent des pognes. Proust m'emmerde. voilà. J'ai du mal à considérer l'absence de verbes, la multiplication des trois petits points ... et l'infinitude des !!!! céliniennes comme du génie. Ce qui m'évite le douloureux sujet du génie qui passerait avant l'homme, puisque de génie, je n'en vois point.

Hissez vos fourches pendant que je sors par la porte de derrière et fuis à travers champs.
J'ai une culture de série B. de genre. Mes classiques ne possèdent pas l'imprimatur. Ce sont juste les miens, égocentrés et partagés.

Cette Position du tireur couché par exemple. Ce dévoiement systémique du tueur à gage omniscient, d'un Jason Bourne embourbé, est prodigieux. Un assassin, qui pense avoir tout prévu, tout compris, sombre peu à peu dans le ridicule. Terrier, qui ne peut honorer son amour de jeunesse, l'érection en berne, a ses moments de gloire mais ils ne durent pas, eux non plus.

Martin terrier, le héros de Manchette, est un anti Nicolas Hel, le protagoniste omnipotent du Shibumi de Trevanian. Un James Bond qui échoue et bande mou, atteint d'aphasie.

Une adaptation avec Delon (et son charisme de bulot taiseux) fut projetée sous le titre le choc. Pas vue. Je doute qu'elle fut à la hauteur de l'incendie qu'est le livre de Manchette

Son écriture clinique d'observateur intraitable, son béhaviorisme littéraire, altèrent le roman policier traditionnel pour en exploser les contours. Sa description des personnages (qui fait encore ça de nos jours ?) ancre La position dans un réalisme cru et l'impersonnalité du récit accouche un tempo décalé, vicié...

Manchette tire le polar de l'ornière, le fait accéder à autre chose.

Jusqu'à la fin. Les dernières pages, tragiques et loufoques, insufflent un goût de l'amer qui reste longtemps en bouche.

Un (de nos) classique.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Comme tout salarié après une décennie de travail routinier, Martin Terrier aspire au changement et veut réaliser enfin son plan de vie, réfléchi de longue date. D'abord il démissionne de son job de tueur à gages ; ensuite il plaque Alex sa compagne, en négociant la garde de Soudan, leur chat. Puis, il ne lui reste plus qu'à aller, la bouche en coeur, demander à Félix avec qui elle est mariée, de lui rendre Anne, son amour de jeunesse à qui le tueur naïf a demandé de l'attendre 10 ans. Martin projette de profiter avec elle de son capital, de s'installer dans un pays assez primitif, un bon climat, une monnaie faible, des rapports de gentillesse entre les gens. Peut-être Ceylan parce que ça ne risque pas de péter comme en Afrique ou en Amérique du Sud. Encore que, avec les Tamouls, sait-on jamais, même s'ils ne peuvent pas être plus dangereux que les touristes.


A partir de là, tout part en vrille. Lorsqu'il vient récupérer son chat, Martin trouve un mot d'Alex : «Je garde Soudan, crève ! », Anne n'a pas bien saisi qu'elle devait l'attendre durant 10 ans, mais surtout, son boss, Mr Cox, n'est pas vraiment d'accord pour lui rendre sa liberté. Et des méthodes pour obliger Martin à changer d'avis, il en connait Mr Cox... Au lieu de découvrir Ceylan, Martin découvre la forêt du Tronçais où il est sommé de préparer un attentat contre une huile pétrolière de l'Opep sur les Champs-Elysées.


Dans ce roman considéré par ses exégètes comme son chef-d'oeuvre, Jean-Patrick Manchette élève au rang d'un art ses théories littéraires en dynamitant toute la mythologie de la « grande » littérature : pas de héros romantique, pas d'histoire profonde, pas de psychologie, les descriptions sont plates : «la décharge publique comportait un panneau qui disait : Décharge interdite ». Ses personnages agissent, foncent en SM, Pallas, Ds, écoutent du jazz en buvant sec ; ils connaissent le maniement des M 16, Uzi, Colt Special Agent, CZ, Savage, Valmet, S & W avec lesquels ils font dans le dos de leurs cibles des trous grands comme des tomates ; leur philosophie est rudimentaire : « Entre le néant et le chagrin, j'aime mieux le lard » ; absurdes leurs noms de code en opération, comme « poisson rouge ». Il y a également dans ce roman des morceaux d'anthologie : Martin Terrier lisant le Chasseur français, ou instantanément aphone à la suite du choc psychologique causé par la vision d'Anne le trompant, ou encore amant pressé pour ne pas dire précoce.


Mais Jean-Patrick Manchette n'oublie jamais que la lutte des classes est toujours d'actualité, que ce sont les mensonges institutionnels qui maintiennent l'ordre social, comme le prouve l'épilogue du roman où l'on découvre l'ampleur des manipulations dont sont capables les Etats. A l'issue de cette seconde lecture, je reste pour la seconde fois, perplexe à propos du titre. Certes, La position du tireur couché a été enseignée à Martin dans une école spécialisée du KGB à Odessa puis dans des camps palestiniens et auprès de la DGI cubaine. C'est celle qu'il a choisie pour abattre le dignitaire de l'Opep. Mais le tireur n'est-il pas couché parce qu'il a été brisé, manipulé, abattu, symboliquement ou pas ?
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Jean-Patrick Manchette, auteur phare et maître incontesté du roman noir signe ici en 1981 un roman qui n'a pas pris une ride. Il livre ici le portrait froid d'un antihéros tueur à gage, qui veut pour ses trente ans prendre sa retraite. Il cherche à fuir mais rien ne se passe comme prévu, son maigre entourage est assassiné, il ne pense qu'à sauver sa peau et celle de Anne, son ex qui n'a pas vu depuis dix ans mais qu'il part récupérer dans son village d'enfance, comme on récupérerait son dû. Poursuivi, talonné, il va devoir raccrocher et accomplir encore une mission pour son étrange commanditaire. Nous suivons sa quête d'un ailleurs où il n'y a pas d'argent, pas de gens, pas de politique, rien. Comme le personnage, ses envies sont creuses, vide de sens. Exempt de toute psychologie, de tous sentiments, ce roman ne garde que la moelle sociale de ce qui fait ses personnages. Un roman glaçant, fluide à lire dont on sort chamboulé.
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Une prodigieuse écriture, alliant simplicité et maîtrise époustouflante de la langue. Machette est capable de dire en une phrase de trois lignes ce que bien d'autres auteurs transpireraient à écrire en dix ou quinze lignes. le Flaubert du roman noir... mais non, car Manchette, c'est bien au-delà de ce genre. Alors : le Flaubert du XXe siècle, pourquoi pas ?
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