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3,95

sur 396 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce néo-polar est une petite pépite.Il nous dépeint la société des années 1970 avec en toile de fond une sombre histoire de course-poursuite. Le héros ne trouve d'ailleurs d'autre issue que de revenir à son point de départ, peut-être n'existe-t-il d'ailleurs pas d'autre alternative. Le plus de ce livre : ses références au jazz West Coast, et surtout le style inimitable de Manchette qui ne décrit que des faits. A vous lecteurs de comprendre ce qui n'est pas dit.
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Maçacestchouette, ce Manchette !

Oui, oui, vous allez me dire qu'on ne moque pas des grands noms, décédés qui plus est. Néanmoins, je me permets une petite entorse au règlement car j'ai vraiment été séduit par l'écriture de cet auteur français des années 70-80.
Auteur, que dis-je, écrivain, traducteur, notamment de Westlake, critique littéraire, journaliste, j'en passe et des meilleurs. Manchette est également un passionné de Jazz dont le titre « Un petit bleu sur la côte ouest » s'avère être un morceau de jazz dans le roman, peut-être inventé par l'auteur en référence au blues américain.

Mais, pour le moment, je cède la parole à Zazie qui se met dans la peau du héros du roman, Georges Gerfaut, cadre commercial, marié deux enfants, qui tourne en rond sur le périf' parisien à 145 km/h pour échapper à sa propre existence :

♫ Je tourne en rond, je tourne en rond.
Je suis un homme plein d'ambition
Belle voiture et belle maison
Dans la chambre ou dans le salon
Moi je tourne en rond, je tourne en rond.
Je fais l'amour et la révolution
Je fais le tour de la question
J'avance, avance à reculons
Et je tourne en rond, je tourne en rond.♪

Et puis, un jour, quittant la région parisienne pour Troyes, Georges Gerfaut assiste incrédule à un accident de la route, poursuit son chemin ni vu ni connu et enfin, pris de remord, retourne sauver la personne blessée sur le bord de la route. Gerfaut dépose alors la victime aux urgences de l'hôpital de Troyes et quitte les lieux sans même communiquer son identité aux médecins… Hum, hum…

De retour en famille, Georges Gerfaut prépare déjà le voyage au bord de la mer en Charentes non loin de chez sa belle-mère qu'il … haït tant. Après les quelques heures de voiture et la visite de l'hideuse location retenue par la belle doche, rien de mieux que plonger une tête dans la mer ; oui l'océan atlantique pour les puristes.

Et devinez ce qu'il advint de notre homme :
a) Un requin, s'étant trompé de Réunion, tente de faire qu'une bouchée de Georges Gerfaut,
b) Deux tueurs musclés et beaux gosses en maillot de bain agrippent Georges Gerfaut et essaient en vain de le noyer,
c) Georges Gerfaut, se croyant sur le périf, fait des ronds dans l'eau à 145 km/h et déclenche une mini-tornade en bord de mer,
d) Tout simplement, Georges Gerfaut ne s'est pas suffisamment mouillé la nuque avant de rentrer dans l'eau et est foudroyé par une hydrocution.

Bien entendu, je comprends parfaitement que vous hésitiez fortement entre toutes ces réponses tout à fait crédibles, hormis peut-être la b) j'en conviens.

Toujours est-il qu'après cet évènement, Georges Gerfaut ne peut plus tourner en rond et doit fuir pour de bon sa famille ! A vous de découvrir la cavale de notre cadre dynamique en lisant le roman…

Hep, hep… Je devance même vos interrogations les plus folles à propos de Georges.

Cherche-t-il à s'éloigner à jamais du requin mangeur d'hommes ? A-t-il une peur paranoïaque des tornades tempérées de France ? Georges évite-t-il tout contact avec à l'eau dorénavant ? Ou encore, mais assez peu probable, veut-il échapper à la mort certaine des deux tueurs à ses trousses qui auraient un contrat sur sa tête ?

Lisant habituellement plutôt des romans américains, j'ai été séduit par le style et la construction de ce livre de Jean-Pierre Manchette. La première partie, que j'ai relue après la fin du roman, est particulièrement intrigante et permet d'embrouiller avec finesse le lecteur. Manchette, tel le petit poucet avec ses blancs cailloux, laisse suffisamment tomber d'indices au passage pour nous plonger dans un brouillard de suppositions au sujet de Georges Gerfaut et de son entourage.

Jusqu'au bout, j'ai été happé par ce roman noir, assez court et rythmé, qui ne fait pas de sentiments et délivre une course-poursuite des plus enivrantes. Un très bon moment de lecture que je recommande chaudement, excepté pour ceux qui ont peur des requins, des tornades ou de l'eau bien entendu.

♫ « Pour ma peine, ma punition », ma prochaine cible sera ‘La position du tireur couché' du même auteur. « Moi je tourne en rond, je tourne en rond » ♪
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Georges prend la route, direction la West Coast. Saint-Georges-de-Didonne. La radio branchée fip 514, Dave Brubeck au piano. Les étoiles swinguent, la lune bleue est absente. C'est le noir, cool jazz blue moon. Cadre plus ou moins dynamique, Georges fonce à travers la nuit, le périphérique, l'A10. Et voilà, ce qui devait arriver arriva. le saxophone de Paul Desmond entre en jeu, propre, net. le grand jeu, cool... Ambiance western, entre deux morceaux west-coast. Mais Georges dans tout ça ? Oui on a essayé de le flinguer, façon tontons flingueurs, avec le silencieux qui fait tchouk ! Mais cadre chanceux, il s'en réchappe. Faut toujours se méfier d'un cadre. Il sombre dans la nuit, plaque tout, pour où ? On ne se remet jamais tout à fait d'une virée à Saint-George-de-Didonne.

Donc, Georges Gerfaut... il en est où le Georges ? Il s'est arrêter dans un troquet, fume des gitanes sans filtre, un Ricard peu d'eau au comptoir. Et puis après. Chut ! la chute est encore loin, d'autant plus que Gerry Mulligan entame son solo, au baryton. La nuit n'est pas finie. La nuit, fip 514 distille toujours ses airs mélancoliques au milieu de la nuit, du cool et du jazz pour cadres. C'était d'ailleurs un autre temps, un temps où les affiches de Gitanes s'affichaient sur les panneaux publicitaires des abribus, un temps ancien où les femmes, même jeunes, s'appelaient encore Eliane. Chauffe Gerry, chauffe. Ses mélopées réchaufferaient toutes les culottes des Eliane, même celles qui ont plus de trente ans. C'est la puissance de son gros saxo, elles fondent, elles mouillent, elles rougissent. Moi aussi, Dave Brubeck reprend le tempo. All the things you are.

Le petit bleu de la côte Ouest, c'est du cinéma, des seventies et du jazz. La nuit, la lune. Il swingue, Georges. Il flingue aussi. C'est aussi ça l'esprit West-Coast à Saint-Georges-de-Didonne.
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Georges Gerfaut balade habituellement son mal de vivre la nuit à cent quarante-cinq à l'heure sur le périphérique, bercé par le jazz que diffuse son lecteur de cassette. Un jour, cet homme ordinaire (il est cadre commercial, marié et père de famille), après avoir hésité, secourt un automobiliste victime d'une course-poursuite sur la route de Troyes, puis s'en retourne chez lui. Pas pour continuer une vie banale comme il s'y attend car désormais deux tueurs sont à ses trousses…

Avec une économie de mots et d'effets, Jean-Patrick Manchette crée une remarquable version française des romans noirs américains, violence et critique sociale sur fond de jazz sont les ingrédients de ce petit bleu de la côte ouest, un héros improbable capable de sauver sa peau, mais pas son âme.

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Avant de me plonger dans les chroniques ludiques de Jean-Patrick Manchette récemment rééditées, me remettre dans l'ambiance des 70's avec le petit bleu de la côte Ouest.

Lire Manchette c'est se retrouver chez Sautet avec Georges Gerfaut, un cadre qui travaille dans une filiale du groupe ITT, lit France Soir, Playboy et dévore Strange pour Captain Marvel, Dardevil ou l'Araignée (mais qui a dit Spiderman ?), porte un slip Mariner et des chandails en laine ras du cou, se parfume avec Habit rouge après s'être aspergé d'aftershave Gibbs, est plutôt Gitane filtre que Gauloises qu'il écrase dans un cendrier - d'albâtre forcément -, boit du bourbon Four Roses ou du Cutty Sark noyé De Perrier, écoute du jazz dans le lecteur de cassettes de sa voiture ou sur sa chaîne Hifi Sanyo, tandis que sa femme trempe une Triscotte dans son thé qu'elle a acheté à la Coop et regarde une émission d'Armand Jammot.

Lire Manchette c'est aussi acheter un rouleau de Kodachrome X 36 poses pour garder les souvenirs de juilletistes à Saint-George-de-Divonne où l'on déambule le soir devant la mercerie Aux Doigts de Fée, envoyer un télégramme téléphoné, prendre une chambre au P.L.M. Saint-Jacques et rouler en Lancia Beta Berline 1800, en Ford Taunus, en Datsun Cherry ou plus classiquement, en 504 Peugeot.

Lire Manchette c'est goûter la conclusion de la délicieuse préface de James Sallis : « Il savait que le roman policier était la grande littérature morale de notre époque ».

Allez, c'est bon, le cadre est posé. Et maintenant, play it again, dupont.
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Georges Gerfaut n'a pas de bol. Par un concours de circonstances, il enchaîne les déconvenues, du genre sanglantes.
Georges Gerfaut a un bol monstre. Il va vivre une aventure qu'il n'aurait pu imaginer. Ça va lui changer, tout ce palpitant.

C'est donc l'histoire rocambolesque d'un mec désabusé.

Je n'ai pas bien compris toutes les références musicales et cinématographiques de Jean-Patrick Manchette (soit il a son univers d'érudit dans ce domaine, soit je ne pipe rien aux années soixante-dix, voire les deux), mais ça ne m'a pas empêchée d'apprécier ses saillies réjouissantes. À tel point que les morts ne deviennent qu'anecdotiques, et les catastrophes deviennent divertissantes.

Un vieux roman noir bien stylé, du genre inhabituel dans mes lectures. C'était vachement bien.
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Un bon blues
Georges Gerfaut est un cadre commercial qui tourne en rond sur le périph avec cinq ou six verres de whisky dans le sang et du jazz west coast en fond sonore. Il est marié à Béa. (Béa-Béatrice Gerfaut, née Changarnier, des origines catholiques et protestantes, bordelaises et alsaciennes, bourgeoises et bourgeoises, exerçant la profession d'attachée de presse free lance après avoir enseigné les techniques audiovisuelles à l'université de Vincennes et tenu une épicerie diététique à Sèvres). Or donc, au cours d'une de ses courses nocturnes, Georges Gerfaut porte secours à un accidenté, le dépose à l'hosto et rentre chez lui. Avec Béa-te, et les enfants, il part ensuite en vacances sur la côte ouest, à Saint-Georges-de-Didonne. Et là deux types essayent de le noyer puis de le descendre. Au lieu de prévenir la police, Gerfaut prend son envol...

Le livre est un très bon polar et une satire sociale des années soixante dix. L'écriture est formidable. Elle mêle réalisme et parodie, style oral direct et érudition. Il y a de la violence brute mais je me suis aussi beaucoup bidonnée. Les illustrations de Tardi sont également formidables: atmosphère sombre, expressions hyper-réalistes, références parodiques ( Haddock, Spiderman...) .

Je remercie grandement Lesyeuxdelamomie qui m'a fait découvrir Jean-Pat.
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« Gerfaut acheta France Soir et le feuilleta vaguement en mangeant des Francfort-frites sur un coin de comptoir. Il se passait dans le monde le même genre de choses que naguère. Pourtant on pouvait déceler une progression vague, mais Gerfaut ne savait pas vers quoi. »

Son nom évoque un oiseau de proie. Pour l'heure Gerfaut est de retour à Paris après bien des épreuves, poursuivi qu'il est par des affreux qui n'ont de cesse d'essayer de le trucider. Mais l'animal est coriace.

C'est en ce qui me concerne un premier contact avec Jean-Patrick Manchette, et, sans être un coup de coeur absolu, je dois reconnaître que j'ai été séduit par ce roman noir essentiellement grâce à son style, ses remarques ou digressions pleines d'intelligence et même d'humour (noir aussi, le plus souvent). L'intrigue en elle-même n'est pas d'une originalité folle. Les Zaffreux le sont vraiment : tueurs à gage sadiques et pervers ils ont une énorme capacité de résilience. Comme Gerfaut, ils seront blessés et meurtris à de multiples reprises.

Manchette, à mon sens, a parfaitement réussi à capturer l'atmosphère de ces années Giscard. Une foule de « petites madeleines » m'ont sauté dessus. « Triscotte », « slips Mariner », où êtes-vous ?

Le personnage de Gerfaut n'est pas univoque. Il a sa part d'ombre et ne se réduit pas à son rôle de victime.

Un mot sur le titre, « le petit bleu de la côte ouest », qui est une référence au jazz west-coast qu'il affectionne particulièrement. J'imaginais je ne sais quoi de régional en rapport avec la côte Atlantique, ce qui s'est avéré être une fausse piste. Enfin pas entièrement, car un des sommets de ce roman reste pour moi la description d'une maison de vacances à Saint-Georges-de-Didonne, dans son affreuse splendeur, précédant de peu la première tentative de meurtre sur Gerfaut, presque irréelle, pour tout dire à la plage et au grand jour…

Je n'en ai pas fini avec cet auteur et je lirai au moins ses autres romans les plus connus.
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Georges Gerfaut est cadre commercial. Bien que souvent sur les routes, il mène une vie plutôt agréable avec femme, enfants et appart studieux le profil parfait du type ayant réussit.
Or sa vie bascule, un soir ou au bord d'une route, il porte secours à un hommevictime d'un accident. Il le transporte à l'hôpital le plus proche et s'enfuit sans laisser d'adresse. le lendemain sur une plage des Charentes ou il a rejoint sa famille, deux types tentent de le noyer. Il décide de tout plaquer, la chasse est lancée.
Manchette décrit un homme en pleine crise existentielle, paumé qui se rend compte que tout ce qu'il a construit, obtenu n'est qu'un leurre. Qui sont ces tueurs sorti d'un mauvais film, qui veut lui faire la peau et pourquoi ?
Un polar hyper réaliste, qui perd le lecteur tandis que Gerfaut lui, se perd dans sa quête de vérité. Un style épuré, froid comme la mort, passionnant . Et puis l'autre passion de JPM, le jazz, omniprésent, qui égrène son envoutant univers, qui rythme de façon languissante la descente inéductable de Gerfaut.. Manchette était un novateur, incroyablement talentueux. Ce petit bleu en est une nouvelle fois la preuve.
Incontournable.
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J'ai passé un moment excellent, et drôle, avec ce road trip assez spécial. C'était ma première tentative dans l'univers de Manchette.
Le personnage principal de Georges Gerfaut est sympathique, et on est très vite concerné par ce qui lui arrive. Cadre commercial aimant le jazz, marié et père de deux enfants, sur le point de partir en vacances, il croise sur sa route un véhicule accidenté. Il s'approche de la carcasse et vérifie si quelqu'un a besoin de son aide. C'est louable. Et effectivement, le conducteur visiblement très mal en point, a besoin de secours au plus vite. Gerfaut l'embarque lui-même seul, à l'hôpital, et repart sans s'attarder à l'admission, ni même appeler la police parce que « c'est emmerdant ».

C'est alors que deux tueurs professionnels vont tenter de le tuer, et se mettre à le pourchasser.
C'est d'un Gerfaut doté d'un sens bien affuté de la survie, dont il s'agit et l'aventure qu'il s'apprête à vivre est assez incroyable et réjouissante.
Un roman noir pétillant, plein d'humour, et fantaisiste.
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