Jean-Patrick Manchette est un des meilleurs écrivains (français) de polars de l'après-guerre, reconnaissable entre tous à son style fluide, froid, sec, à la limite de l'impersonnel - qui fait penser à l'Anglais
Ted Lewis, autre très grand.
Ce style lui sert à accélérer sans cesse l'action, mais également à se distancier de ses personnages - et Manchette parvient ainsi à créer des romans sans vrais "bons" ni vrais "méchants".
Dans "
Nada", écrit en 1972, soit en pleine effervescence gauchiste, il peint les membres d'un groupuscule anarchiste (ni franchement des lumières, ni des cadors) aux prises avec la police (pas franchement angélique), pour renvoyer dos à dos le terrorisme d'extrême gauche et le "terrorisme" de l'Etat français.
Pour l'époque, condamner le terrorisme, où allait verser "Action Directe", était à la fois courageux et visionnaire - et on lui fera grâce de sa condamnation des "CRS-SS", un des rituels de l'époque.
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