AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La Fable des abeilles (32)

Les vices privés font les vertus publiques.
Commenter  J’apprécie          40
C’est ainsi que l’on trouve le vice avantageux, lorsque la justice l’émonde, en ôte l’excès, et le lie. Que dis-je ! Le vice est aussi nécessaire dans un État florissant que la faim est nécessaire pour nous obliger à manger. Il est impossible que la vertu seule rende jamais une Nation célèbre et glorieuse.
Commenter  J’apprécie          30
La ruche murmurante ou les fripons devenus honnêtes gens1
Ces insectes, imitant tout ce qui se fait à la ville, à l’armée ou au barreau,
vivaient parfaitement comme les hommes et exécutaient, quoiqu’en petit, toutes
leurs actions. Les merveilleux ouvrages opérés par l’adresse incomparable de leurs
petits membres, échappaient à la faible vue des humains : cependant il n’est parmi
nous, ni machine, ni ouvriers, ni métiers, ni vaisseaux, ni citadelles, ni armes, ni
artisans, ni ruses, ni science, ni boutiques, ni instruments, en un mot, il n’y a rien
de tout ce qui se voit parmi les hommes dont ces animaux industrieux ne se
servissent aussi. Comme donc leur langage nous est inconnu, nous ne pouvons
parler de ce qui les concerne qu’en employant nos expressions. L’on convient
assez généralement qu’entre autres choses dignes d’être remarquées, ces animaux
ne connaissaient point l’usage des cornets ni des dés ; mais puisqu’ils avaient des
Un nombreux essaim d’abeilles habitait une ruche spacieuse. Là, dans une
heureuse abondance, elles vivaient tranquilles. Ces mouches, célèbres par leurs
lois, ne l’étaient pas moins par le succès de leurs armes, et par la manière dont
elles se multipliaient. Leur domicile était un séminaire parfait de science et
d’industrie. Jamais abeilles ne vécurent sous un plus sage gouvernement :
cependant, jamais il n’y en eut de plus inconstantes et de moins satisfaites.
Commenter  J’apprécie          30
Morale

Cessez donc de vous plaindre : seuls les fous veulent
Rendre honnête une grande ruche.
Jouir des commodités du monde,
Être illustres à la guerre, mais vivre dans le confort
Sans de grands vices, c'est une vaine
Utopie, installée dans la cervelle.
Il faut qu'existent la malhonnêteté, le luxe et l'orgueil,
Si nous voulons en retirer le fruit.
La faim est une affreuse incommodité, assurément,
Mais y a-t-il sans elle digestion ou bonne santé?
Est-ce que le vin ne nous est pas donné
Par la vilaine vigne, sèche et tordue?
Quand on la laissait pousser sans s'occuper d'elle,
Elle étouffait les autres plantes et s'emportait en bois ;
Mais elle nous a prodigué son noble fruit,
Dès que ses sarments ont été attachés et taillés.
Ainsi on constate que le vice est bénéfique,
Quand il est émondé et restreint par la justice ;
Oui, si un peuple veut être grand,
Le vice est aussi nécessaire à l'État,
Que la faim l'est pour le faire manger.
La vertu seule ne peut faire vivre les nations
Dans la magnificence ; ceux qui veulent revoir
Un âge d'or, doivent être aussi disposés
À se nourrir de glands, qu'à vivre honnêtes.
Commenter  J’apprécie          20
C'est ainsi que, chaque partie étant pleine de vice,
Le tout était cependant un paradis.
Cajolées dans la paix, et craintes dans la guerre,
Objets de l'estime des étrangers,
Prodigues de leur richesse et de leur vie,
Leur force était égale à toutes les autres ruches.
Voilà quels étaient les bonheurs de cet État ;
Leurs crimes conspiraient à leur grandeur,
Et la vertu, à qui la politique
Avait enseigné mille ruses habiles,
Nouait, grâce à leur heureuse influence,
Amitié avec le vice. Et toujours depuis lors
Les plus grandes canailles de toute la multitude
Ont contribue au bien commun.
Voici quel était l'art de l'État, qui savait conserver
Un tout dont chaque partie se plaignait.
C'est ce qui, comme l'harmonie en musique,
Faisait dans l'ensemble s'accorder les dissonances.
Des parties diamétralement opposées
Se prêtent assistance mutuelle, comme par dépit,
Et la tempérance et la sobriété
Servent la gourmandise et l'ivrognerie.
La source de tous les maux, la cupidité,
Ce vice méchant, funeste, réprouvé,
Était asservi à la prodigalité,
Ce noble péché, tandis que le luxe
Donnait du travail à un million de pauvres gens,
Et l'odieux orgueil à un million d'autres.
L'envie elle-même, et la vanité,
Étaient serviteurs de l'application industrieuse ;
Leur folie favorite, l'inconstance
Dans les mets, les meubles et le vêtement,
Ce vice bizarre et ridicule, devenait
Le moteur même du commerce.
Commenter  J’apprécie          20
Voulez-vous rendre une société considérable et puissante ? Mettez en jeu les passions de ceux qui la composent. Partagez le terrain, quand bien même ils n'auraient pas assez d'épargne, la possession de ces biens les rendra avides. Réveillez-les de leur oisiveté, ne serait-ce qu'en les raillant ou par des louanges, leur vanité les fera bientôt travailler avec ardeur. Instruisez-les dans le commerce et dans les arts, vous leur donnerez en même temps de l'envie, de la jalousie et de l'émulation. Pour augmenter le nombre des habitants, érigez diverses manufactures et ne laissez aucun terrain en friche. Que tous les peuples, tranquilles et possesseurs de leurs biens, soient inviolablement défendus contre d'injustes agresseurs. Que les privilèges soient égaux pour tous les particuliers. Ne laissez personne rien faire que ce qui est légal et surtout qu'il soit permis à chacun de penser comme il veut. Un pays où ceux qui travaillent sont protégés, où toutes ces maximes sont observées, sera toujours suffisamment peuplé et ne pourra manquer d'habitants aussi longtemps qu'il y en aura sur la terre.

(Remarque Q)
Commenter  J’apprécie          10
C’est ainsi que l’on trouve le vice avantageux, lorsque la justice l’émonde, en ôte l’excès, et le lie. Que dis-je ! Le vice est aussi nécessaire dans un Etat florissant que la faim est nécessaire pour nous obliger à manger. Il est impossible que la vertu seule rende jamais une Nation célèbre et glorieuse. Pour y faire revivre l’heureux Siècle d’Or, il faut absolument outre l’honnêteté reprendre le gland qui servait de nourriture à nos premiers pères.
Commenter  J’apprécie          10
Quittez donc vos plaintes, mortels insensés ! En vain vous cherchez à associer la grandeur d’une Nation avec la probité. Il n’y a que des fous qui puissent se flatter de jouir des agréments et des convenances de la terre, d’être renommés dans la guerre, de vivre bien à son aise et d’être en même temps vertueux. Abandonnez ces vaines chimères. Il faut que la fraude, le luxe et la vanité subsistent, si nous voulons en retirer les doux fruits. La faim est sans doute une incommodité affreuse. Mais comment sans elle pourrait se faire la digestion d’où dépend notre nutrition et notre accroissement. Ne devons-nous pas le vin, cette excellente liqueur, à une plante dont le bois est maigre, laid et tortueux ? Tandis que ses rejetons négligés sont laissés sur la plante, ils s’étouffent les uns les autres et deviennent des sarments inutiles. Mais si ces branches sont étayées et taillées, bientôt devenus fécondes, elles nous font part du plus excellent des fruits.
Commenter  J’apprécie          10
Ce triomphe leur coûta néanmoins beaucoup. Plusieurs milliers de ces valeureuses abeilles périrent. Le reste de l’essaim, qui s’était endurci à la fatigue et aux travaux, crut que l’aise et le repos qui mettait si fort à l’épreuve leur tempérance, était un vice. Voulant donc se garantir tout d’un coup de toute rechute, toutes ces abeilles s’envolèrent dans le sombre creux d’un arbre où il ne leur reste de leur ancienne félicité que le Contentement et l’Honnêteté.
Commenter  J’apprécie          10
A mesure que la vanité et le luxe diminuaient, on voyait les anciens habitants quitter leur demeure. Ce n’était plus ni les marchands, ni les compagnies qui faisaient tomber les manufactures, c’était la simplicité et la modération de toutes les abeilles. Tous les métiers et tous les arts étaient négligés…
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (72) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Philo pour tous

    Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

    Les Mystères de la patience
    Le Monde de Sophie
    Maya
    Vita brevis

    10 questions
    438 lecteurs ont répondu
    Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

    {* *}